Philippe Curval nous a quittés à l’âge de 93 ans le 5 août 2023. Homme affable, accessible, il était probablement l’un des deux écrivains français contemporains les plus renommés dans le domaine de la science-fiction avec Gilles d’Argyre connu sous le pseudonyme de Gérard Klein. Né Philippe Tronche le 27 décembre 1929 à Paris, son père l’intéresse très jeune à la science-fiction. Son goût pour le domaine le conduit à y participer en tant qu’auteur de nouvelles et de romans, créateur de publications ou encore pourvoyeur de critiques pour les revues spécialisées et « Le Monde ». Son éclectisme l’avait aussi amené à exercer les fonctions de visiteur médical itinérant, de journaliste, de contributeur à des journaux scientifiques, de photographe et auteur de collages et de photomontages utilisés aussi bien pour des couvertures de numéros de la revue « Fiction» que de publications et d’exposition sur de grandes toiles. A la manière d’Alexandre Jardin, il avait entrepris d’écrire en quatre volumes une histoire fantasmée de sa famille sous son vrai nom de Tronche, dont il avait achevé le deuxième malgré sa perte de mobilité suite à une mauvaise chute.
Si son intérêt pour la science-fiction n’était pas exclusif, l’écrivain y revint périodiquement, intéressé aussi bien par le surréalisme que par l’interdisciplinarité des connaissances. Plusieurs de ses romans ont pour cadre le Marcom, construction européenne (marché commun en condensé). L’auteur déplorait d’ailleurs que la construction européenne s’éloigne de la démocratie en confiant le pouvoir décisionnaire davantage à la commission, oligarchie désignée par les gouvernements, qu’au parlement européen, émanation de la population au suffrage direct. Lors d’une conférence à Amiens, il rappelait que dans son roman de 1976 Cette chère humanité s’étant vu décerner le Prix Apollo l’année suivante, il avait notamment prédit, comme son confrère britannique Brian Adliss dans L’instant de l’éclipse, l'importance que revêtirait pour le continent européen le sujet d’une immigration croissante - l'actualité confirme sa projection avec l’arrivée sur l’île de Lampedusa à la mi-septembre 2023 de centaines d’embarcations ayant amené 11000 migrants issus d'Afrique subsaharienne. Les deux auteurs de science-fiction imaginent qu’en dépit des moyens technologiques, l’Occident finira par céder à la pression démographique des autres régions du monde (les "payvoides" pour pays en voie de développement chez Curval). L'auteur y évoque aussi les moyens artificiels de s’évader de la réalité par le biais du virtuel, donnant notamment son titre à son roman La forteresse de coton, phénomène qui s’est depuis développé au Japon au point qu’un couple y a été condamné pour avoir causé la mort de son nourrisson en le délaissant plusieurs jours de suite pour nourrir un animal virtuel, le Tamagotchi, et que le terme d’"otaku" y a été forgé pour désigner des individus totalement coupés de la réalité vivant dans un monde régressif fictif auxquels le réalisateur Jean-Jacques Beneix avait consacré un documentaire entier. Le dormeur s’éveillera-t-il évoque notamment de son côté la problématique des énergies renouvelables au travers de la contestation de la multiplication de panneaux solaires géants, illustrant ainsi qu’aucun mode de production d’énergie, fut-ce l’utilisation de la source gratuite et illimitée que représente le Soleil, n’est totalement sans incidence environnementale – en ce cas, on sait déjà que sans atteindre l’ampleur de la contestation de leur utilisation dans le roman, ceux-ci nécessitent l’extraction de minéraux rares entraînant d’irréversibles dommages sur les sites d’extraction, d’autant plus que le recyclage du matériel usagé n’est pour l’instant pas garanti.
Très intéressé par l’avenir de la société, Philippe Curval le connecte aussi au thème des créatures extraterrestres qui nous intéresse tout particulièrement ici dans sa conférence "Politique de l’extraterrestre" tenue à Nancy les 14 et 15 mai 2001, contestant que le sujet appartienne à un genre de science-fiction ayant fait son temps (le lecteur de la trilogie ici consacrée au film The Thing se rappellera peut-être de quelle manière fort peu enthousiaste pour dire le moins Richard Matheson avait accueilli la proposition du Studio Universal d’écrire le scénario de l’adaptation sur grand écran de La Bête d’un autre monde (Who goes there ?) que réalisera John Carpenter). Il y rappelle la multiplicité des approches que permet ce thème, du spectre des conflits et de l’anticipation de la 1ère guerre mondiale chez H.G Wells au travers de La guerre des mondes (War of the Worlds) en 1898 à la peinture d’une irréductible altérité avec différentes espèces dépeintes dans L’Odyssée martienne (A Martian Odyssey) de Stanley Weinbaum, les Xiphéhuz éponymes de J H Rosny aîné ainsi que ses Zoomorphes des Navigateurs de l'infini, la menace des Seigneurs des sphères (Lords of the Psychon) de Daniel F. Galouye et l’Océan impénétrable de Solaris de Stanislas Lem, de la mise en valeur de l’individualisme américain menacé par le contrôle mental collectiviste par les envahisseurs des Marionnettes humaines (The Puppet Masters) de Robert Heinlein, selon un clivage qu’on retrouve d’ailleurs dans le film L’invasion des profanateurs de sépultures (Invasion of the Body Snatchers) de Don Siegel de 1956 tiré d’un autre classique par Jack Finney, Graines d’épouvante, ou encore de la possibilité d’un échange entres espèces différentes comme l’amitié interplanétaire esquissée dans la nouvelle Le vieux fidèle (The Old Faithful) de Raymond Z. Gallun. Dans le cycle Hyperion de Dan Simmons, Philippe Curval y décèle une peinture du monde moderne, avec l’effondrement des repères traditionnels, l’hégémonie croissante de la technostructure, l’emprise potentielle de l’intelligence artificielle et la montée d'un islam hégémonique, même si ce dernier élément est probablement convoqué de manière plus évidente dans le roman Dune qu’il ne cite que pour mémoire.
L’écrivain a lui-même mis quelquefois en scène des créatures d’outre-espace. Dans sa courte nouvelle de 1955, L’oeuf d’Eluo, il évoque l’infection d’un astronaute par une créature immatérielle qui s’extrait de son corps en s’incarnant dans une forme élaborée à partir des souvenirs emmagasinés dans l’esprit de sa victime, lecteur féru de science-fiction : « Expansé tel un ballon, étonnamment gros par rapport à la taille de la coquille, le corps de la créature en forme de cône se terminait par une énorme ventouse. Sa peau, d'un rose obscène marbré de vert, se tendait en triangle sur chacun de ses flancs, masquant une aile repliée. Il palpitait doucement, frémissait par endroits et rejetait quelques glaires visqueuses par sa ventouse, en fonction de laquelle il semblait intégralement conçu. » Dans Un soupçon de néant en 1971, une drogue, le lidi, permet de matérialiser les rêves, et même la Mémoire électronique centrale qui encadre le système social solaire est dépassée par la profusion d’alter ego au sein de ce qui constitue dorénavant des univers alternatifs. L’enquêteur du gouvernement galactique Carlos Rodriguez est amené à faire équipe avec un ver des sables intelligent qui se nomme Clifford et ressemble assez à l’illustration réalisée pour Dune de Frank Herbert qui avait été reprise pour l’affiche de la première tentative sérieuse d’adaptation cinématographique par Alejandro Jodorowsky. Dans la conclusion de l’histoire, Rodriguez réalise que dans ce monde mouvant, quelqu’un est parvenu à changer son compagnon Clifford en chien.
Dans Les sables de Falun, des extraterrestres humanoïdes amphibies aux doigts palmés et pourvus d'un genre de carapace de tortue, les "hommes-coquillage", dont les colons volent les cristaux de la planète-océan offrant la possibilité de visualiser l'avenir, ourdissent une conspiration pour renverser le pouvoir totalitaire qui gouverne la galaxie grâce au trucage de la procédure des jeux électoraux - dans sa nouvelle de 1959 C'est du billard, l'auteur imaginait déjà qu'une compétition de billard électronique décide de la nomination de l'Empereur de la galaxie, et dans le film The Last Starfighter, c'est par un procédé identique qu'est sélectionné le meilleur pilote de chasse pour contrer des envahisseurs. Dans la suite de l’histoire, le héros Nils Aldenerer assiste une autre espèce humanoïde alliée, les Amériens au corps longiligne doté d’ailes, contre une invasion d’extraterrestres ressemblant à des bacilles géants qui les pétrifient en les vidant de leurs éléments nutritifs dans des scènes qui rappellent les attaques par la vessie volante connue sous le terme de la Mort vidant de leur essence vitale les extraterrestres humanoïdes du roman Star ou Psi de Cassiopée de Charlemagne Ischir Defontenay. Pourvus d'yeux non visibles, ils sont dépeints comme des cylindres gris, haut de deux mètres, larges de cinquante centimètres environ, et pourvus de minuscules dépressions d’où suintent des gouttelettes d’un liquide pâle transformant leur proie en nourriture assimilable. Il n'ont pas de cerveau localisé et se déplacent rapidement grâce à « une sorte de réduction du moteur à gravité.»
Dans la nouvelle Regarde fiston s’il n’y a pas un extraterrestre derrière la bouteille de vin, un extraterrestre de Tau Ceti capable de modifier sa masse et se présentant le plus souvent comme une forme aplatie couverte d’une fourrure jaune rase sans autre caractéristique apparente, aspire comme le Martien éponyme de la nouvelle Le vieux fidèle (The Old Ffaithful) de Raymond Z. Gallun et l’extraterrestre humanoïde d’Alaree de Robert Silverberg à s’afranchir de sa communauté trop fusionnelle à son goût. Exilé par les siens lui reprochant de tendre à une osmose avec d’autres espèces que la sienne, il demande à Decroux qui travaille sur la base spatiale de Kourou en Guyane française de le faire embarquer sur la prochaine fusée afin de lui permettre de se rendre à Proxima Centauri. Entre-temps, il s’insère dans le corps de son fils Philippe dont Decroux est très proche jusqu’à frôler l’ambiguïté - concrétisée dans L'homme à rebours - et propose que les trois s’unissent dans une même harmonie, à la manière de ce que laisse entendre son confrère Gérard Klein à la fin de sa nouvelle Le monstre proposant aussi qu’un couple rejoigne l’entité extraterrestre au sein de son organisme bouillonnant. Le père finit par accepter, mais lorsque son fils accède à sa mémoire dévoilant que la mère est morte dans un accident d’automobile très certainement imputable à son alcoolisme, il ne se sent plus digne de participer à cette fusion et en dépit du pardon de son fils, préfère le laisser partir seul avec l'être étranger. Dans l’épilogue, un humanoïde extraterrestre translucide de l’espèce Vegalyre également banni par les siens lui demande à son tour de l’envoyer vers Proxima Centauri, comme si la Terre était devenue un point de passage obligé telle la station spatiale secrète d’Au carrefour des étoiles de Clifford Simak.
Dans Pas de bic et pas de bonbons, le reporter de L’étoile de la galaxie Volt Dalart est envoyé sur la planète Lageens par le bureau de la colonisation. Il y assiste à diverses manifestations stupéfiantes, un festival de chants imitant ceux des oiseaux, puis les Lageenois, des êtres informes et quelque peu évanescents, se dématérialisent pour se changer en filet mouvant et phosphorescent constituant un vrai spectacle visuel, apparaissent par la suite sous la forme de grandes créature tripodes à trompe arborant sur le dessus de la tête un masque à son effigie et enfin, les filets constituent une réplique finement ciselée de lui-même. Le narrateur réalise qu’après la venue des premiers explorateurs, on a fait appel à ses capacités de s’imprégner de l’atmosphère d’un lieu et de son empathie naturelle pour améliorer la communication non verbale avec les Lageenois, de telle sorte que ceux-là affinent leurs cérémonies ethnologiques en accord avec les attentes potentielles des futurs touristes. Craignant que son rapport ne profite aux agences touristiques et que cela aboutisse à polluer la culture des Lageenois, Dalart préfère le détruire, en accord avec les habitants ayant pénétré ses pensées qui lui implantent de faux souvenirs d’anthropophagie pour que ses supérieurs décident de classer ce monde comme dangereux – à noter qu’il s’agit d’anthropophagie et non de cannibalisme comme l’écrit l’auteur, le cannibalisme désignant la consommation de membres de sa propre espèce quelle qu'elle soit ; la précédente nouvelle comporte aussi deux erreurs scientifiques : les cafards figurent bien parmi les premiers animaux ayant conquis la terre ferme, mais ils sont apparus il y a environ 400 millions d’années et non 3 milliards d’années, de même, le pécari est zoologiquement trop éloigné du cochon pour permettre tout croisement entre eux.
En matière de créatures, son œuvre incontournable demeure Le ressac de l’espace qui obtint dès sa publication en 1962 comme centième parution livresque de la collection « Le Rayon fantastique » le Prix Jules Verne. Son sujet est très original et brillamment traité, celui de l’arrivée sur Terre d’une créature extraterrestre dénommée Txalq, qu’il qualifie de « caricature d’extraterrestre » dans sa réédition de 1975 pour mieux en souligner l’étrangeté, qui va de planète en planète en contrôlant les formes de vie dominantes pour les plier à ses desseins et qui va progressivement tenir toute l’humanité sous sa coupe.
Certains individus, individualistes, artistes ou anarchistes, qui refusent l’utilitarisme et sont attachés à la libre créativité et à l’autonomie de la pensée, se sont soustraits à l’influence extraterrestre en demeurant à l’écart dans de vieux quartiers tandis qu’ailleurs, les humains se pliant aux injonctions du Txalq construisent une nouvelle civilisation à l’esthétique achevée, au sein de laquelle règne l’harmonie, se consacrant entièrement à la mise en œuvre d’un plan unique, au prix de leur volonté propre (une problématique qui évoque l’alternative de l’épilogue du feuilleton français Le mutant avec l'annonce d'une ère pacifiée au détriment de toute autonomie personnelle). On pourra trouver quelque antécédant de l’intrigue avec le film de Roger Corman de 1956 It conquered the world et son Vénusien dirigeant l’humanité pour en faire une civilisation plus organisée et aboutie, même si le conditionnement, la coercition et même la destruction qu’il emploie pour parvenir à ses fins amènent finalement son plus grand partisan humain à se rebeller contre lui et à chercher à l’anéantir. Dans le roman de Curval, le grand plan du Txalq se déroule de manière plus pacifique au travers d’une conversion de masse rendue possible par ses capacités télépathiques à laquelle semble se plier d’assez bonne grâce et presque naturellement l’immense majorité des humains, et même les plus rétifs finissent par s’interroger quant à l’opportunité qui s’offre de participer à l’édification de ce programme annonçant un monde enjolivé et apaisant. Le roman de Philippe Curval porte donc la science-fiction à la hauteur d’une réflexion philosophique sur les buts que peut se donner l’humanité ainsi que sur le phénomène d’asservissement volontaire – on a déjà vérifié au XXème siècle à quel point l’adhésion à une entreprise commune idéalisée pouvait aboutir à une obéissance absolue jusqu’à la commission des actes les plus effroyables, même si le projet du Txalq semble engendrer un monde édénique.
Rien n’est cependant tout à fait simple dans cette œuvre dans laquelle on perçoit que la sympathie de l’auteur se partage entre les rebelles, souvent de doux rêveurs un peu marginaux et spécifiquement humains, et l’utopie concrétisée qu’apporte la civilisation des Txalqs permettant à chacun de se sentir utile et de s’épanouir à sa place en participant à une grande œuvre en tous points parfaite. En se plaçant dans une perspective plus lointaine, on réalise cependant que si le Txalq propose à ceux qui se mettent à son service une association qui s’apparente à une symbiose profitable aux deux parties, il se peut que cette reprogrammation de l’espèce humaine finisse par nuire à son élan vital, avec en fin de compte un résultat comparable à celui imputable aux envahisseurs de Graines d’épouvante (adapté plusieurs fois au cinéma sous le titre L’invasion des profanateurs de sépultures – en anglais, Invasion of the Body Snatchers) qui se substituent en l’imitant à la forme de vie la plus évoluée d’une planète puis selon l’auteur Jack Finney finissent par migrer après avoir détruit l’espèce indigène. Dans Le ressac de l’espace, le Txalq est accompagné à son arrivée sur la Terre par un serviteur Zyrion, une créature ailée à tentacules préhensibles qui représente l’espèce utilisée précédemment par son maître. L’auteur nous laisse entendre que celle-ci a été exploitée pour le bénéfice des Txalqs dans une apparente coopération puis a fait son temps, et on peut augurer que cela préfigure le destin des humains. L’écrivain l’a exprimé explicitement dans un texte faisant notamment allusion à son roman «[…] je décrivais en 1962 dans le Ressac de l'espace la symbiose proposée à des Humains par des extraterrestres télépathes et pacifiques, dénués de tous moyens physiques. Cela afin de construire une civilisation harmonieuse vouée à l'expression artistique où chaque espèce développerait ses qualités ontologiques. Mais la synergie imposée aboutit à la dégénérescence des espèces ». Sous la conduite du Txalq, l’humanité aurait peut-être atteint son apogée mais pour notre espèce dorénavant domestiquée, cela pourrait représenter son ultime moment de gloire avant sa régression une fois de nouveau livrée à elle-même et sa prévisible extinction.
article sur la figure de l'extraterrestre chez Philippe Curval : http://journals.openedition.org/resf/531
Les extraterrestres dans la science-fiction vus par Philippe Curval :
http://www.quarante-deux.org/archives/curval/divers/Politique_de_l%27extraterrestre/
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Il avait été un célèbre mutant de la télévision
Acteur et musicien, David McCallum, né le 19 septembre 1933 en Écosse, qui s’est éteint à l’âge de 80 ans le 25 septembre 2023, avait tourné dans un certain nombre de films d’aventures et d’espionnage et incarné notamment en 1965 Judas dans l’adaptation de la vie de Jésus (interprété par Max Von Sydow) dans La plus grande histoire jamais contée (The Greatest Story Ever Told) C’est cependant à la télévision qu’il était devenu familier au public. Il avait joué le rôle d’Henry Clerval dans le téléfilm de Jack Smight de 1973 Frankenstein : the True Story, probablement l’adaptation la plus fidèle du roman de Mary Shelley même si en dépit de ce que laisse entendre le titre, l’histoire est bien sûr une pure fiction. Son personnage y est témoin des expérimentations macabres du Docteur Frankenstein, comme l’animation d’une chimère constituée par une tête de renard sur un corps de serpent. Lorsqu’il périt accidentellement, le savant transfère son cerveau dans le corps de sa Créature faite d’un assemblage de morceaux de cadavres à laquelle il insuffle la vie, incarnation dévolue à Michael Sarrazin.
Ses rôles récurrents dans des séries en avaient fait un visage reconnu, celui qu’il prêta à l’agent russe Illya Kouriakine coopérant contre le crime international avec un équivalent américain joué par Robert Vaughn dans Des agents très spéciaux (The Man from UNCLE) de 1964 à 1968, et qu’il retrouva au cinéma en 1966 dans Un espion de trop et Un de nos espions a disparu, L’espion au chapeau vert en 1967, Espions en hélicoptère en 1968 et au travers du téléfilm Le retour des agents très spéciaux en 1983. En 1975 et 1976, il est le Docteur Daniel Westin, héros éponyme de L’Homme invisible (The Invisible Man), qui suite à une expérience, disparaît à la vue de ses contemporains. De 2003 à 2023, il a incarné un médecin légiste, le Docteur Donald Mallard dans JAG puis NCIS : Enquêtes spéciales (NCIS : Naval Criminal Investigative Service).
Il était apparu dans deux épisodes d’Au-delà du réel (The Outer Limits), Le Sixième doigt (The Sixth Finger) en 1963 et La porte du passé (The Forms of the Things Unknown), ainsi que dans un de ceux de la nouvelle version, Au-delà du réel, l’aventure continue (The New Outer Limits), Des hommes de pierre (Feasibility Studies) en 1997 dans lequel le Docteur Joshua Hayward doit envisager de sacrifier au sein de sa petite communauté l’inoculation d’une maladie changeant en pierre provenant d’une autre espèce extraterrestre afin de préserver l’Humanité d’envahisseurs esclavagistes. Le sixième doigt présentait une autre transformation spectaculaire ; David McCallum y interprétait le Docteur Gwyllim Griffiths qui expérimentait sur lui-même une accélération du processus évolutif au point de devenir un mutant effrayant sa petite amie avec son cerveau hypertrophié et l’appendice surnuméraire du titre. Le maquilleur John Chambers, qui obtiendra un Oscar du maquillage en 1968 pour La planète des singes (Planet of Apes), a réalisé les stades successifs de l’audacieux scientifique, dont le faciès est devenu très célèbre parmi les amateurs de science-fiction.
Article de Starlog en anglais sur la participation de David MacCallum à Au-delà du réel sur le site des fans de l'acteur : http://www.davidmccallumfansonline.com/Outer%20Limits.htm