mardi 20 avril 2010

LE CHOC DES TITANS : EXIGEZ L'ORIGINAL !

L'animation par Ray HARRYHAUSEN du monstre océanique, à la fois reptilien et tentaculaire, du CHOC DES TITANS ( 1981 ), qu'il a substitué au dragon marin de la légende originelle de Persée.

On lit souvent ces derniers temps, sous la plume de critiques de cinéma, un argumentaire établissant une opposition entre AVATAR et le remake du CHOC DES TITANS, au motif que ce dernier a été tourné en pleine nature de même que dans des décors recréés en studio. Néanmoins, si le cadre servant à la mise en scène a bien, en effet, une existence concrète, à l'instar des films traditionnels, les êtres fantastiques n'y ont en revanche pas davantage de réalité, ce qui atténue beaucoup la dichotomie alléguée. Les créatures fabuleuses constituant l'élément central du film, il est pour le moins peu compréhensible que celles-ci ne fassent pas l'objet d'un même souci de crédibilité que le cadre dans lequel évoluent les personnages.

On a déjà évoqué ce remake dans l'article "Un hommage purement virtuel" ( novembre 2009 ), en déplorant l'existence contestable de ce film remplaçant les remarquables trucages de Ray HARRYHAUSEN par l'infographie alors même qu'on refusa à ce dernier la mise en chantier d'un troisième film mythologique - l'article ayant été également l'occasion d'aborder les raisons de fond qui conduisent les cinéphiles exigeants à rejeter les effets spéciaux virtuels au nom du "naturalisme" dont la logique commanderait de récréer à l'identique les caractéristiques du vivant. On renvoie à cet article les lecteurs intéressés. Il va de soi que Créatures et imagination, les êtres réels et les êtres imaginaires, reste fidèle à la version initiale du merveilleux magicien des effets spéciaux et propose pour la célébrer quelques photographies des monstres qui la peuplent.

Les deux "titans" du film de Desmond DAVIS de 1981, à l'incroyable présence. Difficile d'imaginer Gorgone plus terrifiante (en haut) que celle créée par Ray HARRYHAUSEN. En dessous, gros plan sur un colossal monstre marin, le Kraken.

Un critique anglo-saxon rejoint la présente analyse, même si l'acception prêtée à la notion de "réalisme" n'est pas la même que celle définie ici, et qu'il faut par ailleurs relever que l'auteur crédite à tort Ray HARRYHAUSEN des trucages de JACK LE TUEUR DE GÉANTS (qui devrait lui-même faire l'objet d'un remake par Bryan SINGER ), lesquels sont en fait imputables à Jim DANFORTH qui s'était inspiré de ses techniques et qui seconda son modèle sur LE CHOC DES TITANS. L'auteur pose la question essentielle : "pourquoi refaire un film en éradiquant ce qu'il avait de plus excitant ?" Les anglophones peuvent lire l'article et voir la scène avec Medusa à cette adresse : http://www.scene-stealers.com/blogs/clash-of-the-titans-1981-vs-2010-are-we-sacrificing-fun-for-realism/

Les Grands Anciens sont toujours là...

Evincé du cinéma depuis trente ans ( voir l'hommage à Charles SCHNEER de mars 2008), Ray HARRYHAUSEN continue d'honorer de sa présence nombre de conventions de science-fiction. Il a même créé une fondation destinée à protéger les reliques des films d'animation image par image : http://www.rayharryhausen.com/the_foundation.php .

Ray HARRHYAUSEN toujours aussi passionné.

Le grand maquilleur Rob BOTIN, évoqué quant à lui dans l'article "Les derniers grands créateurs déclarent forfait" de mars 2009, n'aurait pas, malgré la fermeture de son site dont on a rendu compte immédiatement en ces pages - s'il s'agissait bien réellement de lui, renoncé à apporter sa contribution au cinéma, bien qu'étrangement, son nom n'ait pas été évoqué par les initiateurs de la préquelle inspirée par le chef d'œuvre de John CARPENTER, THE THING, sur lequel il avait œuvré à la tête d'une importante équipe. Son confrère Vincent PRENTICE a confié en janvier 2010 que Rob BOTTIN s'attellerait de manière imminente à un mystérieux projet qui pourrait de nouveau faire parler de lui ( l'article original peut être lue à la page suivante: http://www.famousmonstersoffilmland.com/tag/joe-dante). Souhaitons ardemment que ce prodige des effets spéciaux puisse de nouveau être en mesure d'enchanter les cinéphiles.

vendredi 16 avril 2010

PHOTO-MYSTERE n°1


Créatures et imagination propose à la curiosité des lecteurs son premier postulant à la photo-mystère.

Quelle est donc cette étrange créature? Un animal transgénique, une espèce de mammifère récemment découverte dans une forêt tropicale, ou bien encore un monstre vu dans une série télévisée ?

Toutes les propositions sont les bienvenues pour restituer son identité à notre invité du jour.

ponse:
Non, ce n'est pas l'Écureuil de la Caisse d'Épargne, les yeux rougis pour cause de crise économique. Il semblerait que les lecteurs soient restés perplexes quant à l'identité de notre bel inconnu. Il s'agit de la "Fausse tortue" du film DREAMCHILD, conçue pour une adaptation d'ALICE AU PAYS DES MERVEILLES par l'équipe de Jim HENSON, qui s'impose par sa présence très physique alors que la nouvelle version de Tim BURTON se contente de créatures virtuelles. "Créatures et imagination" vous propose à partir du 16 mai 2010 un hommage au célèbre marionnettiste créateur d'un grand studio d'effets spéciaux pour le vingtième anniversaire de sa disparition.

samedi 3 avril 2010

N'EN DÉGOUTEZ PAS LES AUTRES, MONSIEUR BESSON !

Décidément, ces derniers temps, l'offensive finale contre les "vrais effets spéciaux" ayant généré tant de superbes créatures paraît déclenchée. Comme si l'adulation médiatique unanime pour les "extraordinaires effets d'AVATAR" ne suffisait pas, voilà que le cinéaste Luc BESSON, évoquant le Ptérodactyle virtuel de son adaptation cinématographique de la fameuse bande dessinée de TARDI, LES AVENTURES D'ADÈLE BLANC-SEC, affirme avec forfanterie que grâce à "l'évolution des effets spéciaux", celui-ci n'est pas "en carton-pâte" ( à la différence comprend-t-on sans peine de ceux qui ont précédé ). Toujours ce même dédain pour tout ce qui a été fait auparavant, cette outrecuidance des zélateurs du virtuel ( il fallait par exemple entendre leurs concepteurs se vanter de la création des entités du téléfilm LES LANGOLIERS, à peine plus réels pourtant que les "Pacmans" des jeux vidéos ), pour lesquels rien de valable n'avait encore été fait jusqu'à ce qu'ils interviennent, comme si les plus grands créateurs qui ont œuvré jusque là n'avaient jamais existé.

L'étau se resserre sur l'ultime rescapé


Disciple de Dick SMITH et mentor de Rob BOTTIN, le maquilleur Rick BAKER qui, après avoir connu la consécration, est aujourd'hui relégué au rang de supplétif par les promoteurs du virtuel. Spécialiste des singes, on lui devait la majeure part des effets spéciaux du remake de KING KONG en 1976, mais il avait aussi conçu certains des extraterrestres des MEN IN BLACK.

Ces propos ne sont pas anodins, s'inscrivant dans une volonté sans cesse réaffirmée d'éradication totale des effets spéciaux physiques - révélatrice d'un fantastique allant au plus facile. On a rendu compte dans l'article de mars 2009 "Les derniers grands créateurs déclarent forfait" du découragement de très grands noms des effets spéciaux - dont le Français Patrick TATOPOULOS qui a sans doute compris que son atelier n'aurait pas davantage sa place dans la cité du cinéma que crée Luc BESSON, qu'à Hollywood à présent. On ajoutait que Rick BAKER était le dernier des créateurs de monstres prestigieux à poursuivre apparemment son activité, malgré l'hostilité et la condescendance actuelles pour les maquillages spéciaux. Or voilà que cet artiste, dont chacun s'accorde à reconnaître la modestie et la réserve, avoue sa déception, la seule véritable scène de transformation lycanthropique de WOLFMAN, film de Joe JOHNSTON auquel il a apporté récemment sa contribution, ayant été effectuée par des infographistes au détriment des trucages qu'avait agencés le grand maquilleur, pourtant auteur du Loup-garou le plus impressionnant de toute l'histoire du cinéma ( LE LOUP-GAROU DE LONDRES ). Ainsi donc, aucun des génies des effets spéciaux n'est finalement épargné par la désaffection pour les vrais effets spéciaux en trois dimensions. Ce n'est sans doute plus qu'une question de temps pour que Rick BAKER, qui s'était déjà fait volontairement plus rare ces derniers temps, n'écourte à son tour définitivement sa merveilleuse carrière, dans l'indifférence générale.

Rick BAKER terrassé à l'issue de sa collaboration à WOLFMAN - une attaque plus redoutable qu'il ne l'imaginait.

C'était la dernière séance...

Ce blog se sera ainsi fait le témoin de la dernière phase de la mort programmée des trucages de cinéma qui n'étaient pas réductibles à une simple addition de pixels assemblés par un programme informatique. Pour notre part, nous persistons à défendre les tours-de-force de ceux qui nous faisaient rêver, nous permettant de croire RÉELLEMENT, le temps de la projection, à des créations tangibles. Monsieur BESSON, vous pouvez dévaloriser les "monstres en carton-pâte" ( quelle méconnaissance de la variété des matériaux utilisés, à croire qu'il n'est pas allé au cinéma depuis 35 ans ), ici, nous les aimons passionnément - il conviendrait peut-être de fonder une société protectrice des monstres ( faits de mousse de latex et de plastiline, à défaut de chair et de sang ) ! - et, en attendant un hommage prochain à une autre sommité du genre, nous gardons, bien volontiers, pour notre part, notre "Ptérodactyle en carton-pâte", celui du CONTINENT OUBLIÉ, une bien belle bête ( ci-dessous ) semblant surgie directement d'une époque ancienne, ce qu'elle est malheureusement à double titre.

Mâchoire aux dents aiguisées et œil vicieux, un Reptile volant trop curieux agresse un biplan dans LE CONTINENT OUBLIÉ de Kevin CONNOR ( 1977 ).