lundi 10 août 2020

C'ETAIT UN DES MAITRES DE L'EMPIRE


Le réalisateur Stuart Gordon a suivi d'assez près son maquilleur attitré dans la tombe, puisqu'il s'est éteint le 24 mars 2020 à l'âge de 72 ans de déficiences généralisées, soit à peine plus d'un an après John Carl Buechler auquel un hommage a été précédemment consacré en ces pages (1) ; il mérite qu'on se penche sur la carrière de celui qui fut un des représentants les plus notables de la société de Charles Band L'Empire rebaptisée Full Moon Pictures.

Faute d'avoir pu s'inscrire dans une classe de cinéma à l'Université du Wisconsin à Madison, Stuart Gordon avait intégré une formation d'acteur et fondé sa troupe. Il avait ainsi débuté sa carrière comme metteur en scène de théâtre en montant des pièces controversées. En mars 1968, il avait produit The Game Show qui avait pour objectif de choquer le public en simulant l'agression sur scène de faux spectateurs, de manière à pousser le public à intervenir, avant de révéler in extremis le subterfuge. Une adaptation politique de Peter Pan très modernisée et contestant notamment la Guerre du Vietnam, à laquelle il était parvenu à se soustraire en se faisant réformer, fut interdite pour "obscénité" et lui valut même d'être lui et sa femme Carolyn Purdy-Gordon d'être incarcérés avant que les charges fussent abandonnées, bien que cela les amena à quitter l'université du Wisconsin et à fonder The Organic Theatre à Chicago. En 1969, il adapte la pièce La perversité sexuelle à Chicago (Sexual perversity in Chicago) de David Mamet (futur réalisateur et scénariste du film Les Incorruptibles (The Untouchables), d'Hoffa, d'A couteaux tirés (The Edge) et d'Hannibal) qui traite avec des mots crus de la problématique sexuelle de deux hommes et deux femmes, ainsi que Mark Twain avec une adaptation en deux parties des Aventures de Huckleberry Finn. En 1979, Il porta au petit écran sa comédie improvisée Bleacher Bums qui fut aussi adaptée en 2002 à la télévision par l'acteur Saul Rubinek, E/R Emergency Room donna lieu de son côté à une série télévisée (inédite dans les pays francophones) scénarisée par son épouse, sa comédie mettant en scène un super-héros Warp ! bénéficia de la direction artistique de l'auteur de bandes dessinées Neal Adams, et en 1977, il transcrivit au théâtre Les sirènes de Titans avec l'assentiment de l'auteur de science-fiction Kurt Vonnegut.

Visions paillardes de Lovecraft

Ce n'est qu'en 1985 que Stuart Gordon fit ses débuts au cinéma avec une comédie noire, le film d'horreur Re-animator produit par le producteur de films de série B Charles Band, qui fut très remarqué, obtenant notamment le grand prix du Festival de Sitges et l'année suivante une mention spéciale au Festival international du film fantastique d'Avoriaz ainsi que le prix décerné au meilleur film et aux effets spéciaux pour le maquilleur Anthony Doublin au Fantasfestival de Rome. Jeffrey Combs y interprète un scientifique dépourvu de préoccupations éthiques, Herbert West, qui aspire à vaincre la mort. L'histoire de Re-animator écrite par Stuart Gordon avec Dennis Paoli et William Norris, s'inspirant d'une courte nouvelle d'Howard Phillips Lovecraft, exploite le filon de l'horreur sanguinolente en la poussant jusqu'à un paroxysme grotesque. Celui-là se concrétise en particulier lorsque de son détracteur défunt, le Docteur Carl Hill, s'extirpe son intestin animé de velléités agressives qui tente d'étouffer West tel un boa constrictor, tout comme lorsque le corps porte à bout de bras sa tête tranchée avec des intentions lubriques devant le corps dénudée de la belle Megan Hasley (Barbara Crampton). Stuart Gordon conte cette farce macabre sans faiblir.



Re-animator : en haut, Jeffrey Combs incarne un émule du Dr Frankenstein encore plus fanatique que celui joué par Colin Clive dans le classique éponyme de James Whale des années 1930 ;  en dessous, par la grâce à sa formule chimique, son adversaire décapité, le Docteur Carl Hill, retrouve une vigueur décuplée - celui-ci étant interprété par l'acteur britannique David Gale qui au travers de son physique d'emblée plutôt austère a incarné à la suite d'autres personnages survoltés, un scientifique contrôlé par un cerveau extraterrestre dans The Brain et un directeur de société versant dans la démence dans  Syngenor, suite de Scared to Death, reprenant aussi son rôle de tête autonome cette fois affublée d'ailes de chauve-souris dans la suite, Re-animator 2 : la fiancée de Re-animator (Bride of the Re-animator) réalisée par Brina Yuzna.

L'équipe de Re-animator se reforme l'année suivante autour d'une seconde adaptation toute aussi libre d'un autre cours texte de Lovecraft, De l'au-delà (From Beyond) en livrant là encore une version provocatrice associant sexe et horreur, Aux portes de l'au-delà (From Beyond). La découverte d'un univers parallèle grâce à un appareil expérimental, le "résonator", permet à des créatures dangereuses d'entrer en contact avec notre monde et stimule la sensualité chez ceux qui l'approchent, tel le Docteur Katherine McMichaels incarnée par Barbara Crampton qui dans une scène sulfureuse et troublante sur fond de musique dérangeante de Richard Band se frotte en porte-jarretelles contre le corps nu et à demi-inconscient de Crawford Tillinghast (Jeffrey Combs), glabre depuis sa rencontre éprouvante avec une entité, jusqu'à ce que l'inspecteur de police Buford Brownlee (Ken Foree), venu enquêter sur la mort du Docteur Pretorius (Ted Sorel), les rappelle à l'ordre comme la personnification du Surmoi. La conscience du défunt, dont la tête n'a pas été retrouvée, habite à présent l'organisme d'un être métamorphe qui permet au pervers polymorphe qu'est en fait le scientifique de donner libre corps à ses pulsions sadiques et libidineuses. Ce nouveau monde est celui de tous les périls puisque comme le fait remarquer le policier au Dr McMichaels qui fait l'analogie avec l'univers microscopique révélé par le microscope de Leeunwenhoek, ils se trouvent à la différence de celui-là directement immergés "au milieu des amibes". En dépit de son exubérance, Aux portes de l'au-delà bénéficie d'une atmosphère mystérieuse au travers de la photographie de Mac Ahlberg, de la partition de Richard Band, frère du producteur, des créatures et maquillages créés par les équipes de John Naulin, John Carl Buechler, Anthony Doublin et Mark Shostrom. Malheureusement, les apparitions de Pretorius dans ses incarnations monstrueuses sont gâchées par différents plans ratés au cours desquels le cadrage laisse voir en plus du faux cou du monstre auquel est rattaché la tête de Ted Sorel pour les plans rapprochés le vrai cou de l'acteur, et même parfois l'amorce des épaules, enduit du même maquillage que son visage. Bien que les effets spéciaux du film aient été honorés au Festival d'Avoriaz, ces erreurs grossières rompent régulièrement l'atmosphère du film, alors qu'il aurait été possible de ne cadrer le visage de Sorel qu'au dessus du menton ou de peindre son vrai cou et ses épaules en noir en utilisant le contraste pour les faire disparaître en ne laissant voir que la partie factice pour que l'illusion fonctionnât.



   En haut, Stuart Gordon à côté d'un buste de l'acteur Jeffrey Combs incarnant Crawford Tillinghast dans Aux portes de l'au-delà (From Beyond) avec sa glande pinéale hypertrophiée sous l'effet des stimulations du Résonator qui développe ses facultés perceptives et lui vaut d'être appelé "l'homme au serpent" par un sans-domicile-fixe terrifié. En dessous, croquis par Stuart Gordon d'une métamorphose de l'entité qui s'est appropriée l'esprit de Pretorius, dont le visage se délite sous forme de tentacules pour révéler sa face écorchée telles les bandelettes d'une momie et à droite, préparation du trucage sur un buste réalisé dans l'atelier du maquilleur John Carl Buechler - voir hommage consacré à l'artiste dans l'article de mai 2019 (1). En bas, Le Docteur Pretorius couplé avec le monstre (Ted Sorel) présente sa nouvelle enveloppe malléable à volonté.


L'intérêt scientifique ressenti par la sage psychologue Katherine McMichaels incarnée par Barbara Crampton devant ce que cette nouvelle dimension est susceptible d'apporter à la compréhension de la schizophrénie est bientôt supplantée par l'éveil de sa sensualité, ses pulsions libidinales étant stimulées par les ondes catalysées par le résonator.

   Le Docteur McMichaels retrouve ses esprits lorsque Pretorius l'harasse sous forme de monstre lubrique, comprenant alors que le résonateor doit être déconnecté/


    
Préparation du raccordement par le haut de la tête de l'acteur Ted Sorel au corps bipède monstrueux d'une de ses incarnations et, en dessous, un des cadrages bien approximatifs qui révèle à tort le vrai cou de l'interprète.

En haut, le réalisateur Stuart Gordon s'amuse à jouer au Père Fouettard avec un des bras de la créature volante en laquelle Prétorius se change à la fin du film (voir l'hommage à John Carl Buechler). En dessous, deux des créatures agressives surgies de l'au-delà, une sorte d'anguille qui attaque Tillinghast, prélude à la lamproie gigantesque qui va l'avaler dans la cave, et une méduse tout aussi assoiffée de sang qui se jette sur le bras du policier Brownlee (Bubba Smith) qui lui aussi connaîtra attaque plus radicale par la suite puisqu'il sera rongé sur l'os par une myriade de petites créatures. En bas, Neal Adams, l'artiste de bande dessinée qui avait créé les décors de la pièce Warp ! de Stuart Gordon, a été engagé par celui-là pour imaginer les créatures d'Aux portes de l'au-delà, notamment cette incarnation monstrueuse de Pretorius.  

L'équipe technique tourne aussi la même année Les Poupées, un conte cruel sur des automobilistes en panne recueillis dans une demeure isolée par un vieux couple machiavélique qui a le pouvoir de changer les mauvaises personnes en poupées à leurs ordres. La partition de Richard Band confère une atmosphère envoûtante à cette histoire littéralement ensorcelante, qui s'ouvre par l'irruption saisissante d'un effrayant ours blanc en peluche, ce qui ne l'empêche pas d'être construite autour d'un crescendo horrifique tenant du huis-clos angoissant. Stuart Gordon réalise en 1990 Robot Jox dans lequel les guerres du futur sont remplacées par un affrontement entre robots géants, parvenant à rendre l'illusion de machines gigantesques dans plusieurs plans impressionnants. Certains éléments semblent annoncer notre époque, comme les masques destinés à protéger les spectateurs de la poussière, dont le port s'impose depuis la généralisation de l'infection mondiale au Coronavirus 19, et la volonté des élites, ici par sélection génétique, de créer une nouvelle génération issue du métissage, comme y incitent les publicitaires et nombre de discours politiques actuels. Le metteur en scène revient à la science-fiction en 1992 avec Fortress, dans lequel en 2017 le nombre d'enfant par famille est limité à un seul afin de limiter la surpopulation. Un couple qui a entrepris d'en concevoir un, le premier étant mort-né, est arrêté et incarcéré dans une prison ultra-moderne dans laquelle des implants permettent d'infliger des souffrances à distance. Tandis que le mari John Brennick (Christophe Lambert) doit lutter contre la violence d'autres détenus (notamment Maddox joué par Vernon Wells qu'il vaincra et dont il épargnera finalement la vie dans une scène réminiscente du final de Blade Runner), son épouse Karen (Loryn Locklin) est l'objet de la convoitise du directeur Mr Poe supervisant le système de surveillance inquisitorial informatisé dont la voix est dans la version originale celle de l'épouse du cinéaste, et qui s'avère être un cyborg. Kurtwood Smith, habitué aux rôles antipathiques (il a été le père psychorigide du Cercle des poètes disparus (Dead Poets Society), l'abominable mais charismatique truand de Robocop et a incarné Goebbels en poussant l'identification jusqu'à porter une chaussure déformée pour l'obliger à se mouvoir comme avec un pied bot), compose un personnage marquant et ambigu dans le rôle du directeur, sa nature non sexuée ne l'ayant pas dispensé d'une attirance irrépressible pour Karen. en dépit du départ d'Arnold Schwarzenegger qui devait initialement incarner le héros et de la division du budget par six conséquemment, Fortress qui fut tourné en partie dans une vraie prison a toute l'allure d'une grande production, d'allure somptueuse et brillamment orchestrée.






Une demeure inquiétante dans Les Poupées tenue par le couple Hartwicke (Guy Rolfe et Hilary Mason) qui décide qui mérite de vivre et qui sera changé en poupée à leurs ordres.

La prison ultra-moderne et sa surveillance informatisée omniprésente telle le panoptique imaginé par Jeremy Bentham n'est pas le seul élément terrifiant de Fortress, son inhumanité étant aussi ibcarnée par son directeur, Mr Poe, un cyborg dont la composante mécanique n'est sans doute pas la plus redoutable.

Un ascenseur permet au concurrent de Robot Jox, Achilles (Gery Graham), de parvenir jusqu'à la cabine de pilotage située dans la tête du robot géant.

Le public de Robojox, une étonnante préfiguration visuelle de notre actuelle pandémie...

Stuart Gordon reviendra à l'œuvre de Lovecraft pour sa dernière réalisation relevant du genre, Dagon tourné en Espagne en 2001, qui s'inspire très fortement de sa nouvelle Le cauchemar d'Innsmouth (The Shadow over Innsmouth), en replaçant l'histoire dans un village imaginaire de Galice, Inbocca. Il avait souhaité concrétiser le projet dès 1986 et Bernie Wrighston avait conçu à cet effet un certain nombre d'illustrations conceptuelles, mais le producteur Charles Band n'estima pas suffisamment porteur commercialement le sujet d'hommes-poissons, et Stuart Gordon dut remiser durant une quinzaine d'années cette ambition jusqu'à parvenir à intéresser des producteurs espagnols. Paul Marsh (Ezra Godden) fait de curieux rêves sur une créature féminine qui l'attire sous l'eau. Alors qu'il se trouve avec sa compagne Barbara (Raquel Meroño) sur le bateau d'un couple d'amis, une tempête sinistre l'embarcation et leur amie a la jambe prise alors que le niveau de l'eau commence à monter. Partis chercher du secours, Paul et Barbara découvrent un village dont les habitants ont formé une secte adorant Dagon, une monstrueuse créature marine, et qui dissimulent leur faciès déliquescent provoqué par leur fusion génétique avec l'entité sous un masque fait du visage de victimes, tandis que la fille du Maître de cette communauté s'avère celle que le mari a entrevue dans ses songes, en fait sa demi-sœur, qu'il sera contraint de suivre après avoir en vain tenté de mettre fin à ses jours suite à la révélation sur sa filiation. Dagon bénéfice d'une atmosphère très angoissante et le caractère sinistre du village de pêcheurs, dont l'appellation est l'équivalent espagnol d'Innsmouth (traduction en langue ibérique de la signification phonétique originelle) retranscrit bien celle de la nouvelle originelle. La rareté des images de synthèse permet aussi de concrétiser de manière plus tangible cette atmosphère pesante, pratiquement suffocante et incroyablement sombre. On peut cependant ressentir quelque malaise lorsque l'horreur qui est plus évanescente chez l'écrivain est à nouveau concrétisée par Stuart Gordon de manière extrême, alors que le seul habitant demeuré humain, Ezequiel (Francisco Rabal) se voit arracher son visage à vif pour revêtir la face d'un personnage monstrueux, laquelle évoque dorénavant les atrocités perpétrées par les gangs de trafiquants de drogue du Mexique qui ont inspiré les pires terroristes, et qui rappelle Castle Freak qu'il a a réalisé en 1995 avec dans les rôles principaux Jeffrey Combs et Barbara Crampton, un film au climat éprouvant sur un être dégénéré et psychopathe qui traque ses victimes dans un château, avec une volonté manifeste de choquer. Le réalisateur affirmait à ce sujet que l'horreur extrême présentée à l'écran servait d'exutoire pour évacuer le trop-plein de colère et de frustration des spectateurs et ainsi diminuer les risques qu'ils passent à l'acte.







Dagon, le village portuaire espagnol, ses inquiétants habitants et son culte impie, les secrets révélés par le dernier habitant encore réellement humain d'Inbocca et la vraie nature des résidents, dont la jeune fille (Macarena Gómez) qui révèle son identité partiellement monstrueuse, et au-dessous son père qui manifeste incontestablement un lien de parenté encore plus étroit avec l'entité des profondeurs marines. 

Les deux derniers films de Stuart Gordon ne ressortissent pas au domaine de l'imaginaire et abordent cette fois à cet égard directement la violence dans la société, après les tortures de l'inquisition dans The Pit and The Pendulum orchestrées par le prêtre malfaisant incarné par Lance Henriksen en 1990, réalisé dans le château qui accueillera ensuite le tournage de Castle Freak, et la vengeance impitoyable de King of the Ants en 2003. Ils prennent pour point de départ la même situation, un homme qui est amené à quitter son domicile et à se retrouver à la rue. Dans le premier tourné en 2005, le personnage éponyme d'Edmond (William Macy, le père de famille de Jurassik Park III) découvre le monde violent des bas-fonds ; le film est tiré d'une pièce de David Mamet dont il avait déjà adapté en 1974 la pièce La perversité sexuelle à Chicago (que l'auteur avait lui-même monté une première fois avec notamment William Macy précité dans la distribution). Le second est Stuck tourné en 2007, basé sur un terrible fait divers - bien que le nom et la race du personnage principal aient été changés dans le film, celui d'une femme (Mena Suvari) qui catapulte accidentellement un sans-domicile fixe dans son pare-brise et, rentrant chez elle avec l'homme toujours encastré, le laisse mourir durant plusieurs jours dans son garage, le réalisateur achevant ainsi sa filmographie sur une horreur bien réelle. Il aura aussi dirigé en 2005 et 2006 deux épisodes de la série Les maîtres de l'horreur (Masters of Horror) ayant fait appel à tous les réalisateurs du genre, dans lequel il met notamment en scène le triste destin d'Edgar Allan Poe sous les traits de Jeffrey Combs dans The Black Cat, et un autre de Fear itself en 2008. 


Deux grandes occasions en partie manquées 

Ses compétences de scénariste qu'il avait déjà employées sur Re-animator et Aux portes de l'au-delà, ont aussi failli à plusieurs reprises amener Stuart Gordon à la tête de grandes productions. Regrettant que contrairement à son voisin également cinéaste, il ne puisse montrer aucun de ses films à ses enfants, il eut l'idée, avec le réalisateur Brian Yuzna avec lequel il avait fondé une société de production, de l'histoire d'enfants accidentellement réduits à une taille minuscule par une invention de leur père et contraints de survivre dans leur jardin devenu à leur échelle une jungle impénétrable emplie de périls. Les deux hommes exposent leur sujet au directeur de production également trentenaire de Disney, Jeffrey Katzenberg, qui se montre intéressé et évoque ses propres idées comme la chute dans un chariot de courses, suggérant aux deux compères la scène dans laquelle les lilliputiens manquent de peu d'être avalés par leur géniteur après être tombés dans son bol de lait rempli de flocons de céréales. Start Gordon part ensuite durant neuf mois avec sa famille à Mexico pour superviser la construction des décors géants, des faux brins d'herbe de douze mètres de haut, d'une version mécanisée grandeur nature couvert de crins de cheval, comme le King Kong de 1976, de la fourmi avec laquelle les enfants se lie nt (une version de petite taille animée image par image sera aussi utilisée) et une piscine de contenance de 60.000 litres pour représenter le bol de lait. Malheureusement, deux semaines avent le début du tournage de Chérie, j'ai rétréci les gosses (Honey, I shrunk the Kids), lors d'une des toutes dernières réunions de direction, Stuart Gordon est victime d'un très grave accident circulatoire, un flot de sang jaillissant de son nez et traversant toute la longueur de la table. Son médecin diagnostique une conséquence du poids que fait peser sur ses épaules la responsabilité d'une grande production sous la pression d'un responsable très énergique aux méthodes stressantes et lui fait comprendre de manière tout à fait non équivoque que s'il poursuit son entreprise, cela lui coûtera la vie. Il est ainsi contraint de renoncer et Brian Yuzna est aussi évincé, au profit d'une nouvelle équipe dirigée par Joe Johnston, un collaborateur de George Lucas dont la connaissance du monde des effets spéciaux lui permet ainsi de pouvoir faire ses débuts de réalisateur sur un film dans lequel ils ont une part essentielle.

La construction des décors surdimensionnés de Chérie j'ai rétrécit les gosses (Honey, I shrunk the kids)  en 1989 sous la supervision de Stuart Gordon qui a écrit le scénario avec son ami Brian Yuzna (en haut), afin de donner l'impression que les héros du film sont devenus minuscules, et qu'une simple fourmi devient une monture avec laquelle ils parviendront à tisser une relation (en dessous) ; au milieu et en bas, la scène finale dont ils ont eu l'idée, les enfants revenus dans la demeure sont tombés dans un bol de lait et sur le point d'être avalé par leur père Waybe Zalinsky (Rick Moranis) mais comme il s'agit d'une comédie produite par Disney, le dénouement sera heureux in extremis.

Avec son ami Dennis Paoli, Stuart Gordon est au début des années 1990 engagé pour réécrire le scénario du second remake de L'invasion des profanateurs qui devait initialement être la suite du précédent et qu'il devait là aussi mettre en scène, Body Snatchers. Les deux hommes avaient décidé de situer toute l'intrigue dans un camp militaire, alors que celui-là n'apparaissait que dans le dernier tiers du scénario initial de Larry Cohen. Le film devait éventuellement être suivi de plusieurs autres, le prochain montrant les envahisseurs s'emparant de Washington et remplaçant le président des Etats-Unis. Stuart Gordon avait comme à son habitude inclus dans son script un certain nombre de séquences d'horreur très explicites. Une autre innovation apportée à l'histoire était aussi que les imposteurs extraterrestres qui naissent dans des cosses depuis le roman originel de Jack Finney conservaient sous leur apparence humaine factice des caractéristiques végétales dans leur conformation interne et leur physiologie, de sorte que leur intelligence ne soit pas localisée que dans la tête, et soient vaincus par une aspersion de désherbant comme dans une séquence se déroulant dans un garage après l'utilisation sans résultat probants des divers outils de jardinage. Stuart Gordon quitta finalement le projet pour accepter la proposition de réaliser Fortress et sera remplacé par Abel Ferrara qui estimera l'idée ridicule, jugeant que les duplicatas extraterrestres ne pouvaient être que des copies conformes de leur modèle, mais il subsiste nonobstant dans le film l'aspersion finale au défoliant sur les imitations réalisée par le héros de son hélicoptère - lequel ne devait être qu'un mécanicien pour Gordon, ainsi amené pour sauver sa vie à s'improviser pilote, non sans appréhension. A nouveau donc, Stuart Gordon avait contribué à l'élaboration d'un film ambitieux du cinéma de l'imaginaire sans avoir finalisé lui-même le projet. On peut songer au vu de son expérience théâtrale avec The Game Show que le thème de la passivité qui se trouve au cœur du film de Ferrara dont il loue avec honnêteté les mérites a pu constituer un des éléments qui l'avaient intéressé dans l'histoire.






Le second remake de Body Snatchers finalement réalisé en 1993 par Abel Ferrara qui parvient par ses procédés de mise en scène (travelling, utilisation de la musique oppressante, effets sonores..) à communiquer si directement au spectateur le sentiment de paranoïa comme dans The Thing de John Carpenter, autre chef-d'œuvre sous-estimé : en haut, Terry Young (Billy Wirth), devait se révéler plus progressivement héroïque dans la version écrite par Stuart Gordon et Dennis Paoli ;  en dessous, la scène de substitution dans l'hôpital, dont les malades sont vidés de leur énergie au profit des doubles qui prennent leur place, rappelant le scandale du sang contaminé qui démontra qu'on pouvait recevoir la mort dans un établissement de soin ; c'est le duo Gordon-Paoli qui a décidé que le film entier se déroulerait dans un camp de l'armée, dirigé par l'autoritaire General Platt (R. Lee Ermey, un authentique militaire et également acteur) qu'il n'est sans doute pas très difficile de remplacer par un double non humain  ; la belle-mère Carol Malone (Meg Tilly) qui assène à son mari qu"'il n'y a plus nulle part personne comme lui", rejet sans appel qu'on entend parfois dans la vie réelle mais qui est ici la marque sans ambiguïté de l'inhumanité de celle qui professe ce propos dévalorisant ; en bas, un être humain dont la vie a été aspirée au travers d'effets spéciaux réalisés avec efficacité par le studio de Tom Burman - dans le scénario de Gordon et Paoli, c'étaient les usurpateurs vaincus qui perdaient leur forme, démontrant qu'il n'avaient pas une anatomie véritablement humaine.

Stuart Gordon s'était aussi à l'occasion fait producteur. L'ironie est que le projet d'enfant devenu démesuré suite à une manipulation scientifique, Big Baby, a intéressé les studios Disney qui soutinrent l'entreprise en décidant de le renommer Chérie, j'ai agrandi le bébé  (Honey I Blew Up the Kid) pour en faire la suite de Chérie, j'ai rétréci les gosses en y réinjectant les personnages du film inventés par Stuart Gordon et Brian Yuzna, à l'exception de l'adolescente Amy Zalinsky, censée se trouver être au collège - comme celle de Poltergeist pour le second volet mais en ce cas pour des raisons autrement plus tragiques suite à l'assassinat de l'actrice concernée. Stuart Gordon produit aussi le film réalisé par son associé Yuzna, Progeny, un film au climat dérangeant traitant des angoisses de la maternité et des problèmes de couple au travers d'expériences génétiques dans le cadre d'enlèvements par des extraterrestres, sur lequel on reviendra un peu plus bas au sujet de l'acteur Wilford Brimley.

                                               
Une épouse inquiétée par le souvenir d'un viol extraterrestre à l'origine de sa grossesse, une angoisse qui finit à se communiquer à son mari (en bas) dans L'enfant du futur (Progeny) de Brain Yuzna produit par son ami Stuart Gordon. 

Stuart Gordon avait fait ses débuts sur les planches en compagnie de son épouse Carolyn Purdy Gordon qui est ensuite apparue dans un certain nombre de ses films. Il est peu dire qu'il n'en donnait pas une image très flatteuse, lui faisant figurer des personnages rebutants, comme le Docteur Bloch fort revêche d'Aux portes de l'au-delà ou Rosemary Bower, la mégère épouvantable accueillie dans la maison ensorcelée des Poupées. Elle s'étant ensuite éloignée du métier en étant chargé de la restauration sur les plateaux de tournage de films fantastiques entre 2003 et 2013, avant de reprendre quelque rôle à l'écran à partir de 2007 et était aussi parfois scénariste à l'occasion, comme précédemment évoqué au sujet des 22 épisodes de la série E/R.

Carolyn Purdy-Gordon dans deux apparitions marquantes, le médecin qui pense que Crawford Tillinghast est irrémédiablement fou dans Aux portes de l'au-delà (From Beyond) alors que sa collègue McMichaels désire faire preuve de davantage de compréhension à l'égard d'un patient très éprouvé et en-dessous la belle-mère odieuse des Poupées (Dolls) qui subit une sévère correction dans la maison de redressement pour adultes tenue par le couple Hartwicke.


NOTA : la vocation de ce blog étant d'être tout public, c'est délibérément que les photos les plus provocatrices des films de Stuart Gordon, concrétisant l'aspect le plus érotique ou le plus horrifique de son œuvre, ont été écartées de manière à heurter le moins possible la sensibilité des lecteurs, quel que soit leur âge ou leur pays d'origine.


QUELQUES DISPARUS NOTABLES ASSOCIES AUX CREATURES DU CINEMA 


Du Vietnam à Antarès

Décédé le 15 avril 2020 à l'âge de 81 ans des suites d'une infection, l'acteur américain d'origine irlandaise Brian Dennehy avait accédé à la notoriété auprès du grand public au travers du personnage de shérif teigneux et borné de Rambo (First Blood) réalisé en 1982 par Ted Kotcheff, Will Teasle, celui qui harassait un ancien combattant du Vietnam désabusé (Sylvester Stallone) jusqu'à en faire une bête traquée, et presque un surhomme faisant corps avec la forêt, paraissant aussi invulnérable que l'Immortel d'Highlander. Mais à la différence des films fantastiques dans lesquels la transformation en être surpuissant aboutit le plus souvent à une inévitable tragédie et à la dissolution de l'identité comme dans le remake de La Mouche (The Fly) par Cronenberg, dans The Earth vs The Spider produit par Stan Winston, et dans tant d'autres films comme Le Monstre qui vient de l'espace (The Incredible Melting Man) et Alien Metamorphosis, John Rambo redevient complètement humain à la fin, ayant pu grâce à l'écoute du Colonel Trautman (Richard Crenna, autre brillant acteur qui comme Brian Dennehy avait accepté son rôle après bien des refus de vedettes) exprimer toute sa souffrance poignante et donc, par la verbalisation cathartique, retrouver sa qualité d'être conscient en recherche de reconnaissance sociale. La fin initiale conforme à celle du roman d'origine de David Morell voyait néanmoins le forcené se suicider à l'issue de sa confession dans une fin aussi sombre que sobre, qui consacrait donc in fine la victoire du policier belliqueux. Une nouvelle fin fut cependant tournée montrant la reddition de John Rambo, ouvrant ainsi la voie à plusieurs suites, dont la seconde fondée sur une idée de James Cameron qui comporte une évocation glaçante de la trahison avec l'instrumentalisation de Rambo par un bureaucrate odieux de cynisme, Murdock (Charles Napier) qui ordonne qu'on l'abandonne dans la jungle à ses ennemis et le discours final émouvant du survivant qui rappelle le sort des anciens combattants abandonnés - 150 000 anciens soldats américains du Vietnam se seraient suicidés - et cela n'a pas changé avec la Guerre d'Irak. Personne ne veut plus entendre parler de cet épisode de l'histoire des Etats-Unis, comme le dit Teasle "Il n'est pas le seul à en avoir bavé au Vietnam ", assurant dans les premiers échanges que s'il se coupait les cheveux et retirait sa tenue militaire, plus personne ne lui ferait d'ennuis, alors qu'il ne parvient justement pas à retrouver une vie normale, traumatisé par ses souvenirs et sans insertion sociale satisfaisante. Brian Dennehy avait lui-même servi six ans dans le corps des Marines, s'y faisant une blessure, et affirmait avoir au cours de son engagement été affecté au Vietnam. Contrairement aux caricatures faciles, le film Rambo, en dépit de la violence qu'il contient, ne comporte qu'un seul mort, et encore il s'agit de l'adjoint sadique du shérif dont le personnage principal provoque la chute mortelle dans un cas de légitime défense face à son exécution arbitraire et imminente. Brian Dennehy assume totalement le caractère entier de son personnage en n'hésitant pas à laisser transparaître une nature de plus en plus antipathique avec une  obstination qui confine au fanatisme.






Violente confrontation entre deux fort tempéraments amenés à servir leur pays dans Rambo (First Blood), un shérif (Brian Dennehy) et un ancien combattant du Vietnam en déshérence (Sylvester Stallone), désabusé mais qui n'a pas renoncé à porter lui aussi l'insigne du pays qui a pourtant décidé de refermer la parenthèse du conflit passé, jusqu'à ce que l'ancien supérieur (Richard Crenna) dénoue finalement la tension après avoir su proposer une écoute attentive de l'écorché vif. 

Les amateurs du cinéma de l'imaginaire le retrouveront sous les traits faussement humains du chef d'un détachement d'extraterrestres dans Cocoon de Ron Howard en 1985 et sa suite Cocoon le retour (Cocoon : the Return) dirigé en 1988 par Daniel Petrie, chargé de récupérer les corps en état d'animation suspendue dans des cocons de ses congénères qui appartenaient à l'ancienne société des Atlantes. Il compose cette fois un personnage chaleureux, compréhensif à l'égard des humains qui, en se baignant dans l'eau régénératrice d'une piscine où les corps avaient été provisoirement stockés, ont épuisé à leur profit les capacités du liquide qui devaient permettre aux êtres de recouvrer leur vitalité. Il avait accepté de reparaître sans être rémunéré à la fin du second volet par amitié pour le reste de la distribution. Brian Dennehy était aussi à l'affiche du film F/X, effets de choc (F/X) en 1986 et la suite F/X 2 en 1991 dans lequel il est le Lieutenant Leo McCarthy utilisant les talents d'un créateur d'effets spéciaux, Rolly Tyler (Bryan Brown de Gorilles dans la brume), pour piéger des criminels comme l'avait réellement fait Carlo Rambaldi comme évoqué dans l'hommage consacré à ce dernier en août 2012. Il était apparu de nombreuses fois à la télévision, dans des téléfilms comme dans des séries, et avait obtenu en 1999 deux fois la plus haute distinction décernée à un acteur de théâtre ainsi qu'un certain nombre de prix pour des rôles dans des programmes télévisés. Marié deux fois, il avait cinq enfants.
   En haut, le rôle qui a rendu célèbre Brian Dennehy, le shérif Teasle de Rambo (First Blood) qui a décidé de faire plier un ancien vétéran du Vietnam traumatisé, John Rambo (Sylvester Stallone), en dépit des avertissements du Colonel Trautman (Richard Crenna) et qui finit à son tour par devenir le gibier, jusqu'à la confession déchirante du soldat perdu et à sa reddition dans l'épilogue émouvant; en dessous, l'acteur joue le chef des extraterrestres de Cocoon en compagnie de ses congénères qui saura en partageant l'expérience commune de la mort de proches, se montrer compréhensifs à l'égard des humains du troisième âge qui ont gravement perturbé sa mission.


De l'androïde d'Alien à Bilbo le Hobbit

Disparu le juin 2020 à l'âge de 88 ans, l'acteur Ian Holm n'était pas une vedette à l'instar de nombre de ses collègues auxquels on rend couramment hommage ici, mais un visage connu du cinéma et un acteur respecté, qui sous une allure réservée et un jeu un peu effacé, savait composer des personnages marquants. D'origine écossaise, l'acteur né Ian Holm Cuthbert dans la région de Londres le 12 septembre 1931 a débuté sur les planches au sein de la troupe du Shakespeare Memorial Theatre. A partir de 1957, il figure dans des programmes télévisés tels que deux épisodes de la série Mystery and imagination, The Body Snatcher en 1966 traitant de recherches médicales illégales mais surtout Frankenstein en 1968 dans lequel l'acteur a la tâche d'incarner à la fois le savant fou imaginé par Marie Shelley et la créature faîte de morceaux de cadavres qu'il a assemblés pour lui donner vie. Cette année-là, il se tourne aussi vers le cinema en 1968 dans L'Homme de Kiev (The Fixer) puis enchaîne les rôles, figurant notamment dans la distribution de Jésus de Nazareth de Franco Zeffirellli en 1977. En 1979, il incarne un personnage important du cinéma de science-fiction, Ash, l'officier scientifique d'Alien, le huitième passager (Alien). Il apparaît au commencement du film comme entièrement tourné vers la collecte de connaissances tel le scientifique personnifié par Leonard Nimoy sous les traits de Monsieur Spock dans la série Star Trek, mais tandis que la menace extraterrestre apparaît toujours plus redoutable, les autres membres de l'équipage commencent à trouver de plus en plus problématique son détachement et sa froideur jusqu'à finalement le suspecter de chercher à protéger l'organisme étranger. Le réalisateur Ridley Scott a modifié le scénario initial de Dan O'Bannon en faisant d'Ash un androïde au service de la Compagnie, qui a pour mission en liaison avec l'ordinateur de bord de conduire le Nostromo à recueillir la forme de vie étrangère et de la ramener sur Terre pour son profit. Lors d'un affrontement avec Ripley, amenée à prendre la direction des opérations après la mort du Commandant Dallas, Il perd littéralement la tête, révélant le sang laiteux synthétique qui circule dans son organisme artificiel, avant de recouvrer son ton flegmatique et de délivrer à ses anciens compagnons un message d'encouragement mais sans illusion sur leurs chances de survie face à un organisme aussi parfait. 

La taille modeste (1 m 65) lui vaut d'incarner un faune dans Le songe d'une nuit d'été (A Midsummer's Night Dram) de Peter Hall en 1968, d'après Shakespeare qu'il illustrera à diverses reprises.


Ash dans Alien, du scientifique analytique à l'androïde démasqué qui révèle à ses compagnons de voyage qu'il est tout autant une création artificielle que "Maman", l'ordinateur qui gère le vaisseau Nostromo, et que sa loyauté va essentiellement à la Compagnie, quitte à sacrifier leur vie conformément à une directive secrète.

Il a comme Kurtwood Smith incarné le propagandiste du IIIème Reich Josef Goebbels, dans le téléfilm Inside the Third Reich inspiré en 1982 des mémoires de l'architecte et responsable nazi de l'armement Albert Speer joué par Rutger Hauer (Batty dans Blade Runner) - qui incarnera aussi en 1994 un SS découvrant l"Holocauste dans le téléfilm uchronique Le Crépuscule des aigles (Fatherland) - et dont le père est interprété par John Gieguld (le directeur de l'hôpital d'Elephant Man), tandis qu'Hitler apparaît sous les traits de Derek Jacobi. Il avait auparavant en 1978 prêté sa physionomie à un autre dirigeant nazi de tout premier plan, Heinrich Himmler dans la série Holocaust, traduisant notamment sa révulsion devant une exécution de masse par balle durant laquelle il est éclaboussé par quelques gouttes de sang, l'incitant à réflechir à un procédé d'extermination moins direct.  Il participe ensuite aux Chariots de feu (Chariots of Fire) dans lequel il interprète un entraîneur sportif, incarne un Emprereur Bonaparte à la fois irascible et assez ridicule dans la comédie surréaliste Bandits, bandits (Time Bandits) de Terry Gilliam, et endosse le rôle du précepteur de "l'homme singe" dans Greystoke, la légende de Tarzan (Greystoke : the Legend of Tarzan, Lord of Apes) dirigé par le réalisateur des Chariots de feu, Hugh Hudson, avec le rôle du Capitaine Philippe d'Arnot, faisant contrepoint par sa pondération et sa retenue à la fougue du jeune anglais ayant grandi dans la jungle, inventé par Edgard Rice Burroughs, qu'interprète Christophe Lambert. Il retrouve Terry Gilliam en 1985 pour le plus grand film du réalisateur, Brazil, univers extravagant dans lequel il est Mr Kurtzmann, le supérieur du personnage principal, un chef de bureau austère et peu chaleureux qui représente un maillon hiérarchique dans l'administration tentaculaire. A l'inverse, dans Dreamchild, il est le Révérend Charles Dodgson, plus connu sous le pseudonyme littéraire de Lewis Carroll, un homme mal assuré qui raconte des contes fantastiques à la jeune Alice ironisant sur sa propension au bégaiement, jusqu'à ce que dans ses vieux jours, le souvenir de l'homme et de ses histoires lui reviennent et qu'elle prenne conscience de son attitude blessante entre deux visions fantasmagoriques. Il avait déjà représenté, à l'occasion des trois épisodes de la série télévisée The Lost Boys en 1978, un autre auteur pour la jeunesse, figurant James Matthew Barie, créateur du personnage de Peter Pan, qui sera en 2004 confié à Johnny Depp pour le grand écran dans Neverland. Il compose brillamment en 1990 un nouveau personnage introverti pour un épisode de la série Les cadavres exquis de Patricia Highsmith (Chillers/Mistress of suspens/Patricia Highsmith's Tales), The Stuff of Madness, Christopher Waggoner, un mari délaissé d'une femme entourée de ses anciens animaux familers qu'elle a fait naturaliser, qui se met à fixer ses aspirations romantiques sur un mannequin d'un magasin d'habillement qui ressemble à une ancienne maîtresse qu'il regrette et, après en avoir fait l'acquisition, il finit par le considérer comme une personne réelle et l'habiller avec soin, avant de finalement mettre fin à ses jours dans un épilogue soudain et tragique. En 1991 avec Kafka de Steven Soderbergh qui met en scène un autre écrivain célèbre, l'auteur de La Métamorphose, Ian Holm renoue avec un personnage abrupt, cette fois au sommet de l'administration, qui, du haut de son château, orchestre de sinistres expériences de conditionnement à base de lobotomie, agissements qui seront mis en échec par la version romancée de l'écrivain (Jeremy Irons) qui renonce dans l'épilogue à l'écriture au profit d'une vie privée épanouie conformément au souhait de son père, à l'opposé de l'auteur réel. Dans Le Festin nu (The Naked Lunch) en 1991, il côtoie un autre écrivain célèbre du Fantastique joué par Peter Weller qui lui prête un regard halluciné, William Lee Burroughs, auteur du roman éponyme, qui a tué son épouse dans un état second sous l'emprise de la drogue. Dans un état de confusion mental extrême, l'écrivain se croît dans un Tanger fantasmatique où les objets prennent vie et où il croise d'inquiétante créatures et de singuliers personnages. L'un de ceux-ci, Tom Frost, est marié avec un sosie de la défunte épouse ; le mari, interprété par Ian Holm qui lui confère une aura quelque peu énigmatique, se vante de la tuer insidieusement un peu tous les jours. En 1994, Ian Holm tourne dans une des plus brillantes adaptations de Frankenstein réalisée et interprétée par Kenneth Branagh qui l'avait déjà dirigé dans Henri IV en 1989, avant une autre adaptation d'une pièce de Shakespeare l'année suivante, Hamlet, pour laquelle il retrouve le réalisateur Franco Zeffirelli, mais contrairement à l'épisode de la série Mystery and imagination qui s'inspirait du roman de Mary Shelley, il n'est plus ici l'audacieux savant mais son père, veuf éploré dont le fils éprouvé jure de s'attacher à repousser les frontières de la mort, initié par le Professeur Waldman (le membre de la troupe des Monty Python John Cleese qui fit partie comme Ian Holm de la distribution de Bandits, bandits réalisé par son acolyte Terry Gilliam, dans le rôle de Robin des Bois).




Ian Holm incarne un Lewis Carroll timide inventant des personnages fantasmagoriques dans Dreamchild de Gavin Millar, auxquels Lyle Conway confère une saisissante impression de vie.

Le bougon M. Kurtzmann, petit Cerbère vigilant de la vie administrative dans Brazil de Terry Gilliam.


Mr Waggoner ne craint paradoxalement pas d'être en froid avec son nouvel amour, un mannequin dépourvu de vie qui cristallise son fol espoir d'un amour sincère dans la fuite en avant désespérée de The Stuff of Madness.


L'un peu énigmatique Tom Frost dans Le festin nu (The Naked Lunch).

En 1996, Ian Holm livre une nouvelle composition particulièrement remarquable dans Loch Ness de John Henderson avec Walter Bailiff, "le Gardien du Loch", un personnage secret et mystique, imprégné de spiritualité celtique et animiste qui veille sur le respect de la vocation millénaire du lac, la préservation de son mystère immanent et l'aspiration au sacré contre un matérialisme niveleur. Avec son jeu intérieur et son sens de l'épure, son visage qui évoque par moment celui du Pape Jean-Paul II personnifie le sage tarkovskien pénétré par la tradition et l'aspiration à la transcendance, de manière aussi incontestable qu'il avait auparavant incarné la figure inverse du scientiste sans état d'âme dans Alien. La séquence très intense dans le train durant laquelle il supplie le chercheur John Dempsey (Ted Danson, qui sera aussi la même année un formidable Gulliver pour la télévision) de ne pas divulguer l'existence des créatures géantes du Loch en lui confiant ses photos, réfutant son projet de protection par les autorités scientifiques par la cinglante réplique que "tout ce que la science a pu apporter, ce sont les pluies acides", est émouvante, pratiquement bouleversante. Le plaideur n'aura pas gain de cause mais la force de sa conviction lui aura permis de triompher par la ruse en substituant à l'insu du Professeur Dempsey les documents cruciaux, et son contradicteur se ralliera finalement à sa cause, avec l'assentiment du scientifique écossais plus partagé Adrian Foote (James Frain qui incarnait le personnage le plus inquiétant de la série Invasion évoquée suite au décès de l'actrice Lisa Sheridan en avril 2019). Il est dommage que les quelques plans des créatures sous l'eau emploient des images de synthèse au caractère plus artificiel que les modèles concrets comme l'extraordinaire version animatronique vue dans le souterrain du château, rompant quelque peu à l'instar de la chanson du générique de fin à l'irritante voix braillarde et éraillée cette grâce à laquelle Ian Holm a grandement contribué. 

Walter Bailiff dans Loch Ness n'est pas qu'un pêcheur ordinaire mais le veilleur attaché au célèbre site lacustre d'Ecosse s'attachant à remplir une mission ancestrale, auquel Ian Holm prête toute sa puissance de jeu. 

D'autres apparitions plus tardives de l'acteur sont malheureusement un peu moins enthousiasmantes, que ce soit en 1997 dans Le Cinquième élement, où il joue l'équivalent d'un maître Jedi, le Père Vito Cornelius, trimballé dans des aventures frisant la bouffonnerie, ou en 1999 dans Existenz, dans lequel, dans le rôle de Kiri Vinokur, il incarne un faux résistant à l'emprise des jeux virtuels, étant en fait mandaté par le concurrent de la firme dominant le marché, semblant jouer un peu en retrait dans un film que Cronenberg paraît réaliser en ayant un peu perdu sa capacité à rendre l'imaginaire exaltant dans le monde de faux-semblants qu'il dépeint, comme s'il avait voulu pour la forme payer sa dette à un genre qui l'avait fait connaître avant de le délaisser, en réalisant une synthèse légèrement atone du Festin nu et de Vidéodrome. Entretemps, en 1998, Ian Holm a pour la télévision figuré dans une troisième pièce de Shakespeare avec King Lear et retrouvé le réalisateur de Loch Ness tout en renouant avec l'univers de Lewis Carroll avec Alice au pays des merveilles : à travers le miroir (Alice through the Looking Glass), la suite que l'écrivain a donnée à Alice au pays des merveilles, dans le costume du personnage du Chevalier blanc qui tient quelque temps compagnie à l'héroïne interprétée par Kate Beckinsale. En 2000, il apparaît dans l'univers victorien de From Hell sous les traits de Jack L'éventreur tandis que le public est fasciné par l'Homme-éléphant Joseph Merrick, et incarne à nouveau Napoléon Bonaparte, après l'avoir portraituré dans ses rapports avec les femmes dans la série Napoleon and Love en 1974 puis représenté sous la version assez dérisoire de Bandits, bandits, dans The Emperor's New Clothes en 2001 qui s'attache à dépeindre l'exil de Bonaparte à Saint-Hélène et le projet d'évasion pour échapper aux gardes anglais. Il fait partie en 2004 de la distribution d'Aviator, un film remarqué sur le milliardaire Howard Hugues interprété par Leonardo DiCaprio. Vers la fin de sa carrière, Ian Holm se révèle surtout auprès du jeune public au travers des adaptations de J.R.Tolkien en incarnant le personnage âgé de Bilbo Sacquet (Baggins en anglais) le Hobbit, représentant d'un peuple de la taille de farfadets, auquel il confère une bonhommie tranquille mais chaleureuse dans le premier et le troisième film de l'adaptation par Peter Jackson du Seigneur des anneaux (The Lord of the Rings), Le Seigneur des anneaux : La communauté de l'anneau (The Lord of the Rings : The Fellowship of the Ring) et Le Seigneur des anneaux : le retour du Roi (The Lord of the Rings : The Return of the King), ainsi que dans les deux derniers films de sa trilogie The Hobbit qui se situe chronologiquement avant la précédente, The Hobbit : an Unexpected Journey en 2012 et The Hobbit : the Battle of the Five Armies en 2020 qui signera la dernière apparition de Ian Holm sur le grand écran, alors atteint par la maladie de Parkinson et à la mémoire défaillante, qui s'efforce jusqu'au bout de servir au mieux sa vocation comme bien avant lui Boris Karloff très malade dans ses derniers rôles. L'acteur avait déjà incarné un personnage miniature de 1992 à 1993 dans les douze épisodes de la série télévisée des Borrowers inspirés par le film homonyme. Il s'est vu décerner de nombreuses récompenses pour sa carrière et a été fait en 1989 Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique. Marié quatre fois, il laisse lui aussi cinq enfants.

Ian Holm ne joue pas un grand-père retrouvant sa famille miniaturisée dans un remake du film Chérie j'ai rétréci les gosses évoqué plus haut, mais le membre d'une communauté de très petite taille dans des décors à grande échelle aussi soignés pour les séries télévisées The Borrowers et The Return of the Borrowers (photo de la seconde ci-dessus).

C'est avec un autre personnage de petite taille que Ian Holm achève sa carrière, Bilbo le Hobbit imaginé par J.R.R. Tolkien

Ian Holm (ici en 2004), un acteur simple qui ne'aspirait qu'à exercer son art sans chercher à s'impliquer exagérement dans la psychologie de ses personnages mais qu'il servait avec professionnalisme et efficacité.


En selle pour la science-fiction

Wilford Brimley a lui disparu le 1er août 2020, à 85 ans. Il était reconnaissable à sa moustache lui conférant un peu l'allure du morse gourmand de l'adaptation par les Studios Disney d'Alice au pays des merveilles, même s'il était glabre dans le rôle qui l'a sans doute consacré auprès des amateurs de science-fiction. Comme Brian Dennehy, il a la plupart du temps tenu des rôles secondaires qui le tinrent longtemps éloigné de la notoriété. Né à Salt Lake City dans l'Utah le 27 septembre 1934, il abandonna ses études pour rejoindre lui aussi le corps des Marines, servant durant trois dans les Îles aléoutiennes. Il exerça ensuite différentes professions, servant de garde du corps au milliardaire Howard Hugues et occupant divers emplois dans des fermes notamment comme forgeron et c'est ainsi qu'il se trouve amené à ferrer des chevaux pour des productions télévisuelles et cinématographiques jusqu'à ce que son ami l'acteur Robert Duvall lui propose de passer devant la caméra comme cascadeur et figurant à cheval, comme dans La Planète des singes (Planet of the Apes). Il avait doublé Burt Lancaster dont le fils Bill écrira le scénario de The Thing qui lui donnera sans doute son rôle le plus célèbre. Il avait à nouveau repris les outils du forgeron, mais cette fois pour un rôle, dans la série La famille des Collines (The Waltons) - dont la musique a été pour partie composée par Jerry Goldsmith. Il apparaît par la suite dans des rôles de complément dans des films célèbres comme Le syndrome chinois (The Chinese Syndrom) en 1979 qui avertit les spectateurs des dangers de l'industrie nucléaire trois jours seulement avant que ne se produise un véritable accident à Three Mills Island et Brubaker qui s'inspire d'une affaire de corruption en milieu carcéral. En 1979, il endosse brièvement le rôle du président des Etats-Unis Grover Cleverland qui avait une moustache similaire à la sienne pour le téléfilm Le retour des mystères de l'Ouest (The Wild Wild West Revisited), dans lequel les deux acteurs de la célèbre série, Robert Conrad et Ross Martin, incarnent à nouveau les agents secrets aguerris, rappelés pour mettre en échec le plan redoutable du fils du Dr Loveless (incarné par Paul Williams, le Fantôme de l'opéra du remake de Brian de Palma) qui remplace les dirigeants par des clones sous son contrôle à la manière des Rescapés du futur (Futureworld) six ans plus tôt et dispose d'un armement sophistiqué incluant robots et bombes atomiques. L'acteur se verra décerner en 2005 le Soulier d'or pour avoir contribué à illustrer l'histoire de l'Ouest américain à l'écran.

Wilford Brimley promu pour endosser le rôle d'un véritable président des Etats-Unis dans Le retour des mystères de l'Ouest .

C'est The Thing de John Carpenter qui lui procure en 1982 un rôle significatif, celui du biologiste en chef d'une petite station de l'Antarctique, Blair, qui est le premier à réaliser que l'organisme qui a transformé le chenil en un enfer terrestre est une forme de vie extraterrestre mimétique, ainsi que la menace que sa propagation représente pour l'humanité entière. Le doute sur la nature de ses compagnons cède le pas à la panique qui le conduit à des actes radicaux pour couper la base du reste du monde, mais cette acuité ne l'empêchera pas d'être à son tour la victime de "la Chose" lorsqu'il est enfermé à part dans une baraque, laquelle défie les survivants lors de l'ultime affrontement en arborant sa physionomie bientôt couplée à des attributs monstrueux et tentaculaires. Pour cause de problèmes de santé, Wilford Brimley sera le seul acteur du film à ne pas se rendre sur le tournage en Colombie britannique où les décors de la station conçue par John Lloyd ont été construits pour les scènes extérieures, les autres séquences étant tournées dans les studios d'Universal à Hollywood. C'est initialement Donald Pleasance (Le voyage fantastique, Mutations, La nuit des généraux, la saga d'Halloween) qui avait été pressenti pour incarner le Docteur Blair, mais son emploi du temps et probablement aussi le salaire assez consistant qu'il aurait demandé pour tourner dans une grande production - il sera par contre engagé ultérieurement par John Carpenter comme co-vedette de Prince des ténèbres (Prince of Darkness) au budget plus modeste - ont conduit à laisser la place à Wilford Brimley. Les conditions de tournage en Colombie britannique avaient d'ailleurs dissuadé les acteurs de premier plan de postuler et comme pour Rambo, les refus des grands noms laissèrent le champ libre à des acteurs peu connus qui se révèlent brillants, l'absence de vedettariat contribuant en réalité à conférer encore plus une impression de véracité à l'histoire - même si les spectateurs familiers de John Carpenter avaient déjà pu voir en vedette Kurt Russell dans son film précédent New-York 1997 (Escape from New-York) et les amateurs de science-fiction reconnaître sous les traits du chef de la station Donald Moffat, l'androïde sympathique de la série L'âge de cristal (Logan's Run) - voir l'hommage qui lui a été consacré suite à sa disparition (2). Bien que totalement crédible dans son rôle, Wilford Brimley ne goûta pas cette première exposition d'importance même si le film ne connut pas un grand succès, déclarant que The Thing s'avérait beaucoup trop sanglant à son goût, à l'instar des acteurs de La Chose d'un autre monde (The Thing from another world) que le studio avait invités à une projection dans l'espoir déçu qu'ils fissent la promotion de la nouvelle version, et probablement aussi influencé par les critiques très largement négatives pour ne pas dire plus de la presse. Par la suite, la rencontre avec des admirateurs du film dans les conventions de science-fiction finiront par lui rendre quelque fierté d'avoir été une des figures notables de ce classique encore insuffisamment considéré de la science-fiction.



Dans The Thing de John Carpenter (John Carpenter's The Thing), un des premiers rôles à lui offrir de la visibilité au cinéma, Wilford Brimley interprète le Docteur Blair, biologiste en chef, amené à autopsier l'étrange cadavre ramené du camp norvégien (en haut), puis la créature extraterrestre métamorphe qui s'est attaquée à leurs chiens (la troisième photographie est issue de la scène coupée dans laquelle il déclarait qu'une forme d'activité cellulaire subsistait dans les corps passés au lance-flamme) ; en dessous, il est le premier à réaliser que l'entité a déjà pu mener le processus de substitution jusqu'à son terme avec certains de ses camarades et décide suite à une projection sur l'étendue de la menace avec l'aide de son ordinateur de couper tout lien de l'avant-poste 31 avec l'extérieur, sabotant la radio, détruisant l'hélicoptère et massacrant le restant des chiens, avant d'être mis à l'isolement par ses compagnons (en bas).

Blair réapparaît subitement à la fin du film, nouvelle incarnation de l'entité extraterrestre décidée à éliminer ceux qui veulent entraver sa propagation.




Moulage de Wilford Brimley destiné à la dernière apparition de la Chose qui s'est accaparée son apparence avant de recouvrer un aspect monstrueux destiné à terroriser MacReady (Kurt Russell), un des tous derniers survivants, à la fin de The Thing.

Wilford Brimley enchaînera ensuite régulièrement les apparitions au cinéma et à la télévision, avec souvent de nouveau des rôles plutôt subalternes comme dans Le Meilleur (The Natural) en 1984 dans lequel il incarne un entraîneur sportif dans un film inspiré d'une histoire vraie tel Ian Holm trois ans plus tôt dans Les Chariots de feu (Chariots of Fire), ou dans La Firme (The Firm) en 1993. C'est la science-fiction qui lui donnera l'occasion de figurer à nouveau en tête de la distribution, comme sur le petit écran dans Meurtre dans l'espace (Murder in Space) en 1985 où il interprète le Dr McAllister qui doit élucider des meurtres commis lors d'une mission spatiale avec une rigueur analytique qui rappelle celle du personnage de Wendell Urth inventé par Isaac Asimov. Il est aussi le principal acteur adulte du téléfilm La revanche des Ewoks (Ewoks : The Battle for Endor) dans lequel il joue un ermite, Noa Briqualon, amené à secourir une petite fille naufragée (l'éphémère actrice Aubree Miller) et à aider les Ewoks (ces petits humanoïdes pelucheux vus dans Le retour du Jedi) contre les attaques de maraudeurs. Au cinéma, il fait partie des acteurs principaux de Cocoon de Ron Howard, interprétant avec Don Ameche et Hugh Cronyn un des trois retraités facétieux qui s'affranchissement de la tutelle de la maison de retraite pour une escapade dans la piscine d'une demeure non occupée qui a pour effet de les faire rajeunir, au grand désespoir du responsable d'une mission extraterrestre qui y entreposait des cocons renfermant les corps de congénères en état de stase interprété par Brian Dennehy évoqué un peu plus haut. Wilford Brimley passe aisément de la jovialité au registre dramatique dans le film et la suite Cocoon, The Return que réalise Daniel Petrie en 1988 dans laquelle une nouvelle expédition sur Terre des "Atlantes" permet aux retraités de revoir leur famille avec des conséquences tragiques, le jeu de Wilford Brimley se prêtant particulièrement bien à rendre l'éventail de ces nuances au travers de son personnage de Ben Luckett.

Wilford Brimley interprète avec Ben Ameche et Hugh Cronyn (en haut) un des trois retraités de Cocoon qui rêvent de s'échapper quelques heures du cadre étouffant de leur maison de retraite et découvrent dans une riche demeure apparemment inoccupée une piscine aux eaux miraculeuses ; en dessous, Ben Luckett partage un moment de complicité avec son petit-fils interprété par Barret Oliver - le garçonnet au livre magique de L'Histoire sans fin (The Neverending Story), l'enfant artificiel de DARYL, celui inconsolable de la mort de son chien dans le court-métrage Frankenweenie de Tim Burton et le fils d'une famille envoutée par le Démon dans Invitation pour l'enfer de Wes Craven ;  après avoir revu l'enfant lors d'une escale sur la Terre, Ben décide de finir ses jours avec lui, lors d'adieux touchants avec le chef de la mission antarienne toujours incarné par Brian Dennehy évoqué plus haut (à gauche sur la photo du bas face à Wilford Brimley).   

Il retrouvera un rôle scientifique dans un nouveau film de science-fiction et d'épouvante,  L'enfant du futur (Progeny) réalisé en 1998 par Brian Yuzna, un film au climat inquiétant dans lequel il interprète le Docteur David Wetherly qui découvre que l'enfant qu'attend sa patiente Sherry Burton (Jill McWhirter) n'est pas parfaitement humain alors que cette dernière commence à se rappeler d'un enlèvement par des extraterrestres au cours duquel elle aurait été inséminée, souvenir renforcé sous l'effet de l'hypnose pratiquée par le professeur Clavell (Brad Dourif) alors que sa psychologue, le Dr Lamarche (Lindsay Crouse), s'efforce d'attribuer l'origine de ses angoisses au comportement de son mari (Arnold Vosloo), lui-même médecin. L'enfant du futur est baigné d'un climat constant de paranoïa.

L'acteur qui était affecté par le diabète avait prêté son concours pour une campagne de prévention de la maladie qui en avait fait une figure télévisuelle connue aux Etats-Unis et son visage apparaissait aussi régulièrement sur le petit écran pour promouvoir les flocons de céréales du petit déjeuner de la marque Quaker Oats. Un autre de ses engagements publics était plus discutable, sa défense inconditionnelle au nom de la permanence de la tradition régionale des controversés combats de coqs. Des acteurs qui le connaissaient, comme Jean-Claude Van Damme qui fut son partenaire dans Chasse à l'homme (Hard Target) en 1993 et Shannen Doherty qui avait tourné avec lui dans la série de la NBC Our house en 1986 et qu'elle considérait pratiquement comme son grand-père, lui ont rendu hommage en faisant part de leur émotion. Il était aussi resté ami avec des acteurs de The Thing comme Richard Masur (Clark) et Keith David (Childs) en la compagnie duquel il participait à des conventions à la rencontre de fans. Il laisse quatre fils d'un premier mariage.
Une caricature de l'acteur moquant sa passion pour les combats de coqs au travers de l'univers de l'Ouest américain auquel il est associé.


Enfin, on vient d'apprendre le décès en Autriche le 18 août 2020 d'un autre acteur à l'âge de 72 ans de l'agravation subite d'une pathologie, Ben Cross, Britannique d'origine irlandaise qui avait été à l'affiche des Chariots de feu (Chariots of Fire) avec Ian Holm et venait de tourner un film d'épouvante, incarnant un cardinal dans The Devil's Light de Daniel Stamms. Il avait auparavant été un prêtre très convaincant, le Père John Michels, affrontant le démon dans L'ange des ténèbres (The Unholy) de Camilo Vila. Son personnage était nommé dans une paroisse dont le curé était régulièrement assassiné et désigné par les puissances occultes comme le combattant du Bien, devant résister à la tentation du Malin s'incarnant en une jeune femme rousse (Nicole Fortin) avant que l'être démoniaque ne révèle sa nature sous l'apparence d'une Bête hideuse conçue par Bob Keen (en remplacement du succube géant à la poitrine proéminente initialement prévu) dans une scène très sombre qui augure l'atmosphère du final de The End of Days. Le Mal sera finalement vaincu in extremis, mais le prix à payer est le même que dans La sentinelle des maudits (The Sentinel), la perte de la vue. Il était apparu dans la préquelle de L'Exorciste en 2004, L'Exorciste : Au commencement (Exorcist : The Beginning) et dans une suite de La Mutante (Species) en 2007, La Mutante 4 (Species - The Awakening). Il avait aussi incarné en 2019 le Père de Spock pour la nouvelle mouture cinématographique de Star Trek par J.J. Abrams. Il avait endossé le rôle du vampire Vald dans Nightlife en 1989 et d'un second, Barnabas Collins, dans la série Dark Shadows en 1991, avant que Johnny Deep ne reprenne le rôle dans l'adaptation cinématographique. Comme Ian Holm, Kurtwood Smith et Rutger Hauer, il avait aussi incarné un Nazi célèbre, en l'occurrence Rudolf Hess, proche d'Hitler qui avait à l'insu de celui-là tenté de mettre fin à la guerre entre l'Allemagne nazie et l'Angleterre, dans la minisérie Nuremberg ; le procès des Nazis (Nuremberg : Nazis on Trial) en 2006 pour le soixantième anniversaire de l'évènement judiciaire. Il avait aussi été investi du rôle d'autres personnages historiques célèbres, le Cardinal Richelieu dans La jeunesse des trois mousquetaires (Young Blades) en 2001 et à la télévision, l'écrivain Charles Dickens dans What the Dickens ! en 1983, Salomon en 1997 dans Solomon, Le Prince Charles dans Kate et William : Quand tout a commencé (William and Kate) en 2011, l'Empereur Tibère dans la mini-série Ben Hur l'année précédente et deux militaires romains célèbres, Titus Glabrus basé sur le personnage de Gaius Claudius Glaber dans Spartacus en 2004 et deux ans plus tard Fabius Valens dans Hannibal : le pire cauchemar de Rome (Hannibal - Rome's Worst Nightmare).






L'acteur Ben Cross : de haut en bas, portrait, son affrontement avec des suppôts de Satan qui finissent par le sacrifier pour le livrer au Démon Daesidarius dans L'ange des ténèbres (The Unholy), les deux photos ci-dessus, l'acteur dans le rôle du Docteur Tom Hollander et sa protégée Miranda (Helena Mattsson) sous sa forme humaine et monstrueuse.

    Mentionnons enfin le décès de l'acteur américain d'origine italienne Carmine Orrico connu sous le nom de John Saxon le 26 juillet 2020 à l'âge de 83 ans. Il est notamment connu des amateurs de films d'épouvante pour son rôle du Lieutenant Thompson, père de l'héroïne incarnée par Heather Langenkamp dans Les Griffes de la nuit (Nightmare on the Elm Street) qu'il reprend dans la seconde suite, Les Griffes du cauchemar (Nightmare on Elm Street 3 : The Dream Warriors) de Chuck Russell et retrouve pour la réappropriation par Wes Craven de son personnage maléfique dans Freddy sort de la nuit (New Nightmare). Il était aussi apparu dans le film que David Cronenberg avait consacré aux voitures de courses, Fast Company en 1979, avait tourné pour Dario Argento dans Ténèbres. Il avait enquêté sur un monstre marin dans La Plage sanglante (Blood Beach) de Jeffrey Bloom et avait été le héros d'un téléfilm écrit par le créateur de Star Trek, Gene Roddenberry, Planète Terre (Earth Planet) de Marc Daniels, remake de Genesis II réalisé l'année précédente par John Llewellyn Moxey avec Tex Cassidy reprenant son rôle. John Saxon y reprenait le personnage de Dylan Hunt incarné précédemment par Alex Cord, savant en hibernation se réveillant dans le futur, en l'occurrence sous la domination d'une société de femmes esclavagistes.


La mesure de l'épouvante 

On se doit à nouveau d'évoquer The Thing avec la disparition d' Ennio Morricone le 6 juillet 2020 à l'âge de 91 ans, peut-être le compositeur de musique de film le plus célèbre au monde, même si sa notoriété éclipsait celle d'autres confrères tout aussi talentueux comme le brillant Jerry Goldsmith auquel un hommage assez détaillé a été rendu ici pour le cinquième anniversaire de sa disparition (3). Le compositeur italien ne cachait pas que la musique de film ne relevait pour lui que d'un genre mineur par comparaison avec la musique classique, ce qui ne l'a pas empêché de livrer nombre de partitions pour l'audiovisuel. A la différence de Jerry Goldsmith qui s'efforçait d'adapter ses thèmes aux films, Ennio Morricone ne se souciait pas de leur aspect visuel, composant ses partitions bien avant que ceux-ci soient tournés, se basant seulement sur le scénario pour en dégager une atmosphère, et le réalisateur Sergio Leone faisaient diffuser ses compositions sur le plateau pour que les acteurs s'en imprègnent avant de tourner. Ce sont en effet les westerns italiens dans un Far West utilisant les décors naturels désertiques de l'Italie qui lui ont apporté la célébrité, comme Il était une fois dans l'Ouest et son final nostalgique au point d'être déprimant, cette mélancolie étant l'une de ses marques de fabrique. Il illustre également un certain nombre de films français noirs comme certains mettant en vedette Jean-Paul Belmondo en représentant des pouvoirs publics prêt à se jouer des règles pour régler leur compte aux malfaisants, comme Peur sur la ville, Le Marginal ou encore Le Professionnel, dont la musique devint ensuite emblématique d'une célèbre publicité pour l'alimentation animale. Dans la veine nostalgique, il illustre aussi excellement le climat de mélancolie existentielle de la série Marco Polo, reposant sur le jeu subtil de Ken Marshall (Krull) dans le rôle-titre et James Hong (Blade Runner, Les aventures de Jack Burton) dans celui de Phags-pa, le précepteur du Grand Kahn. La réussite sera moins au rendez-vous avec la musique de Kalidor, la légende du talisman (Red Sonja) seconde suite prétendue de Conan le Barbare, qui n'est que décorative quand à l'inverse Basil Poledouris avait vraiment su conférer une âme empreinte de profondeur aux deux premiers volets. L'évocation est plus marquante au travers de l'épure quelque peu liturgique de The Mission en 1985, composition très remarquée accompagnant le combat perdu d'avance de deux ecclésiastiques prêts à sacrifier leur vie dans leur défense d'Indiens soumis à l'exploitation par des Conquistadors impitoyables, tout comme avec Orca en 1977 qui fait partager la tragédie d'une orque dont la femelle gestante a été tuée lors d'une tentative de capture pour un parc d'attraction. L'émotion est aussi au rendez-vous avec Mission to Mars, soulignant notamment la scène éprouvante dans laquelle un époux accepte d'être fatalement emporté dans l'espace pour sauver l'existence de sa femme, tout en conférant au film une dimension cosmique, de même que dans l'épilogue de Wolf qui rappelle celui de Scanners 2 dans lequel un être qui se sent rejeté par la société décide de s'en éloigner durablement pour mener sa propre existence avec un thème mêlant une certaine tristesse à une relative noblesse. Le thème principal du troisième volet de La Cage aux folles dont Morricone a illustré la saga apporte une nuance émouvante qui suscite l'empathie envers des personnages efféminés qui relevaient initialement en premier ressort du ridicule de la farce.


Ennio Morricone demeurera aussi pour avoir conféré à un grand film de monstre, The Thing, sa sombre atmosphère. Jerry Goldsmith étant déjà très occupé, le coproducteur Stuart Cohen requit les talents du compositeur italien qui se trouvait alors aux Etats-Unis pour Il était une fois en Amérique. Après l'obtention de son accord, le réalisateur John Carpenter alla le rencontrer à Rome durant deux jours, lui montrant au piano le type d'accords qu'il souhaitait voir constituer la trame musicale du film. Ennio Morricone lui fit donc parvenir sa partition, que John Carpenter a adaptée librement avec pertinence de manière à conférer plus d'unité à l'ensemble. Il en a en effet retranché les passages les plus dissonants ainsi que les pizzicatos (Bestiality rappelait particulièrement L'apprenti sorcier de Paul Dulas, utilisée pour la danse des balais magiques dans la séquence créée sous le même titre du dessin animé Fantasia) au bénéfice d'une musique plus enveloppante, ajoutant quelques passages au synthétiseur composés avec Alan Howarth comme pour la séquence d'ouverture ainsi que pour la disparition du personnage de Fuchs (Joel Polis) puis le retour de MacReady (Kurt Russell) à la station, qui préfigurent la composition qu'ils livreront peu après pour Halloween 3 (Halloween 3 : Season of the Witch). Ennio Morricone se montra déçu en découvrant qu'une partie de son travail n'avait pas été conservée. Il n'en demeure pas moins que ses thèmes les plus achevés figurent dans le film et ce souvent à plusieurs occasions, imprimant réellement leur marque à l'œuvre et contribuant à engendrer cette atmosphère très prégnante. Le morceau conservé d'Humanity 1 qui se caractérise par ses martèlements et sa structure cyclique mêle à la fois une tension porteuse d'inquiétude et une impression de fatalité, accompagnant la poursuite du chien de traineau par deux Norvégiens désespérés qui savent qu'il s'agit de bien autre chose que d'un brave canidé, et fermant le film puisqu'il constitue le générique de fin. Les thèmes retenus d' Humanity 2 sont empreints d'une noirceur incommensurable, le principal est notamment entendu dans l'épilogue, suggérant qu'il n'y aucune échappatoire pour les deux survivants et un autre passage plus court accompagnant l'exploration de la base norvégienne dévastée est aussi glacial que le site est gelé et exprime la tragédie avec une gravité lugubre qui va au-delà du désespoir. Enfin, les deux thèmes de Despair sont absolument étonnants, le premier utilisé pour la découverte de l'épave du vaisseau spatial par les Américains est une montée haletante aux notes tremblées comme le générique de La chose d'un autre monde (The Thing from another world) de Dimitri Tiomkin, qui s'achève en apothéose avec des accords majestueux et époustouflants qui ne laissent pas oublier que les Norvégiens ont extirpé du site plurimillénaire le péril mortel. Il se prolonge par un second morceau orchestré sur un mode moins ample, presque en demi-teinte, mais dont sourd une étrangeté extraordinaire, qui, comme la première partie, ne figure lui aussi qu'une fois dans le film, au moment où le biologiste en chef Blair étudie la masse monstrueuse de l'organisme inconnu qui s'est attaqué aux chiens dans le chenil et qui nous ouvre réellement à la réalité de ce monde étranger dont il est le terrifiant vecteur. Ces deux morceaux avaient été repris par le réalisateur Quentin Tarantino pour conclure son film Les huit salopards (The Hateful Eight), parmi d'autres thèmes créés pour le film de John Carpenter ainsi que des morceaux de L'Exorciste 2 (Exorcist II : The Heretic), tout comme Oliver Stone avait repris pour son film Platoon l'Adagio for strings de Samuel Barner que David Lynch avait auparavant utilisé pour conclure de manière très émouvante Elephant Man (The Elephant Man) consacré à la vie de Joseph Merrick. On peut se demander pour quelle raison Ennio Morricone qui était un homme distingué empreint de délicatesse avait à plusieurs occasions apporté son concours à Tarantino aux films violents frisant souvent le sordide ; le compositeur avait à diverses occasions laissé entendre qu'il n'appréciait pas la violence et l'improvisation sur lesquelles le metteur en scène fondait ses films, avant de se rétracter ensuite diplomatiquement. Sur les quatre enfants d' Ennio Morricone, l'un est devenu lui aussi chef d'orchestre et compositeur, Andrea, et Giovanni qui s'est installé à New-York est réalisateur.

Ennio Morricone à Rome en compagnie du réalisateur John Carpenter discutant de la teneur musicale de The Thing.

La poursuite de ce qui semble apparemment un inoffensif chien de traîneau par des Norvégiens terrifiés qui ouvre The Thing de Carpenter, sur une musique laissant d'autant plus augurer d'une menace cyclique qu'une version télévisée de l'œuvre s'achevait par les mêmes image, un simulacre de chien prêt à infecter une nouvelle station poursuivi par les derniers Américains achevant le film sur une boucle.
MacReady (Kurt Russell) pénètre dans un univers figé, celui de la base norvégienne dont provenaient les deux forcenés, investie par le froid et dans laquelle ses occupants ont subi une mort horrible, tandis que Morricone communique au spectateur cette atmosphère réfrigérante.
La découverte de l'épave extraterrestre initialement dégagée de sa gangue de glace par les Norvégiens, qui loin d'augurer d'une récompense scientifique a libéré sur les chercheurs une horreur incontrôlable.

La sensation d'étrangeté et d'épouvante cosmique s'est propagée dans la station américaine, alors que les restes de la forme de vie étrangère qui s'est manifestée dans le chenil occupent à présent la table du laboratoire de Blair, suivi avec attention par son assistant Fuchs (Joel Polis) et le Docteur Copper (Richard Dysart dont a évoqué à l'époque la disparition).

Les deux derniers survivants se retrouvent dans le dénouement dans un climat de déréliction absolue mâtinée de suspicion mutuelle alors qu'ils ont dû faire sauter leur propre base, sur fond des basses tétanisantes d'Ennio Morricone.





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