dimanche 30 octobre 2011

UNE ETOILE DANS LA GALAXIE DE LA SÉRIE B



Du haut de cette pyramide, les restes des infortunées expéditions précédentes échouées au fil des ans vous contemplent.

Il y a un peu plus d'un an était éditée aux Etats-Unis une nouvelle version du DVD de LA GALAXIE DE LA TERREUR (GALAXY OF TERROR) de Bruce D. CLARK, réalisé en 1981 ; étant donné qu'aucune édition française ne semble depuis avoir été prévue, on se propose d'en faire à présent état ici. Le film fait partie des petites productions des années 1980, auxquelles les cinéphiles les plus intransigeants refuseront sans l'ombre d'un doute la moindre respectabilité, mais qui ne sont pas dépourvues d'un certain charme pour l'amateur de science-fiction. Ces œuvres déclinent sous de nouvelles variantes des thèmes connus, et proposent souvent des créatures méritant notre attention.

Initialement produit sous le titre de MINDWARP : AN INFINITY OF TERROR (PLANET OF HORRORS et QUEST furent aussi envisagés) LA GALAXIE DE LA TERREUR est sans doute l'un des films les plus originaux du genre, n'étant principalement précédé pour le grand écran que par le classique de 1956 PLANÈTE INTERDITE (FORBIDDEN PLANET) - film évoqué lors de l'hommage à l'acteur Leslie NIELSEN - et JOURNEY TO THE SEVENTH PLANET (1962) dans sa peinture d'un monde extraterrestre au sein duquel les angoisses des cosmonautes prennent la forme de monstres effrayants.


 
La victime d'une atteinte à la pudeur, devant le portrait-robot de l'agresseur.

Produit par le fameux producteur Roger CORMAN, probablement dans l'intention de profiter du succès d'ALIEN (le film se concentre d'ailleurs sur une pyramide extraterrestre comme celle envisagée initialement par le scénariste de ce dernier - voir l'article "retour annoncé de deux grands monstres"), LA GALAXIE DE LA TERREUR baigne dans une ambiance de dépaysement et de mystère permanente, rehaussée par des décors surréels, à la création desquels James CAMERON, l'un des nombreux débutants auxquels le producteur a donné sa chance, a contribué en tant que concepteur artistique, avant de diriger la seconde équipe, qui se charge de réaliser les plans d'effets spéciaux du film. L'équipe des créateurs comportait aussi en son sein le jeune maquilleur Alec GILLIS, promis à une grande carrière de créateur de monstres avec son futur partenaire Tom WOODRUFF au sein de leur société Amagalmated dynamics (appelée à oeuvrer sur des productions comme ALIENS, TREMORS, etc...), tandis que le futur acteur Bill PAXTON (ALIENS) participait à la réalisation des décors. 



 
Le monstre vermiforme et tentaculé, du concept de Robert SKOTAK - qui a aussi construit sa version miniature - à sa création grandeur nature par l'équipe d'Allan APONE.

Le début du film nous révèle la surface rocailleuse et inhospitalière de la planète étrangère parsemée d'épaves de vaisseaux spatiaux. L'équipe nouvellement dépêchée sur les lieux - dont Robert ENGLUND, future vedette de la série V et de la saga des GRIFFES DE LA NUIT (NIGHTMARE ON THE ELM STREET) - ne tarde pas à être décimée par des périls divers. Parmi les moments les plus marquants, la descente du commandant de l'expédition dans un trou affleurant à la surface de la pyramide, dans lequel il disparaît après été vidé de son sang par des créatures ressemblant à une version apode pourvue de ventouses du parasite d'Alien, ou la mort d'une jeune fille engluée par un monstre vermiforme et tentaculé formé à partir d'un minuscule asticot. L'épilogue donnera finalement la clé de l'intrigue, duquel participe le mystérieux personnage de Morganthus interprété par Ray WALSTON.


Comme cela parait lointain le temps où les supérieurs se sacrifiaient pour leur subordonnés : le commandant du "Quest" a bien mérité sa "légion d'horreur".

Même si l'amateur de science-fiction le plus exigeant peut souhaiter en voir toujours davantage (il n' y a ainsi pas de dessin conceptuel des créatures du précipice), les suppléments du DVD réalisés par la société Red Shirt Pictures de Michael FELSHER permettent de voir certains aspects de la création du film, comblant ainsi un manque ancien.

Désireux de travailler dans le cinéma, Jim WYNORSKI, futur metteur en scène de série B, rencontra Roger CORMAN alors que LA GALAXIE DE LA TERREUR s'achevait. Il parvint à obtenir son accord pour son scénario de MUTANT (FORBIDDEN WORLD) lorsque le producteur réalisa qu'il pouvait tourner un second film de science-fiction en recyclant certains décors encore en place. Comme le film précédent, MUTANT (1982) d'Allan HOLZMAN est une production ciblant un certain public (comportant son inévitable quota de plans sanglants et quelques peu érotiques - quoique depuis, on en voit plus à la télévision...), dont le synopsis s'inspire plus ouvertement d'ALIEN, avec une équipe de scientifiques - dont June CHADWICK, plutôt légèrement vêtue, connue comme l'interprète de l'adjointe de Diana, chef des envahisseurs dans la série V originale - s'efforçant de combattre le monstre qu'ils ont eux-mêmes créé à la suite de leurs expériences génétiques, en faisant entrer un germe extraterrestre dans un zygote humain. Le monstre issu de l'hybridation provoque la multiplication des cellules de ses victimes qu'il cultive pour s'en nourrir ; il faut préciser que l'infâme conglomérat multicolore et gélatineux qui en résulte, créé par John Carl BUECHLER, est l'une des choses les plus suggestivement ignobles de toute l'histoire du cinéma.



Ébauche du premier stade du monstre de MUTANT.



La monstruosité adulte révélée, créée par Steve NEILL.


Une belle vue de la maquette montrant l'extérieur de la station de recherches.


Deux autres "films de monstres" de l'époque produits par Roger CORMAN sont également édités en DVD par Shout Factory, avec des suppléments, LES MONSTRES DE LA MER (HUMANOIDS FROM THE DEEP) et ses mutants (1980), ainsi que PIRANHA (PIRANHAS) de Joe DANTE (1978), qui fait à présent figure de mini-classique - et dont James CAMERON fut chargé de réaliser la suite pour son premier passage à la mise en scène d'un long métrage, PIRANHA 2 LES TUEURS VOLANTS (PIRANHAS PART TWO : THE SPAWNING) en 1981 - sans oublier DEAD SPACE (1990), et son monstre à allure de dragon médiéval, les mutants post-apocalyptiques peu amènes de THE TERROR WITHIN (1989), dans lequel on retrouve l'angoisse de la maternité procréant un monstre comme dans LES MONSTRES DE LA MER, ou encore BATTLE BEYOND THE STARS de 1980, un succédané de LA GUERRE DES ETOILES.


Un échantillon de créatures des autres films cités : PIRANHAS et LES MONSTRES DE LA MER (en haut), THE TERROR WITHIN et DEAD SPACE.

S'il n'est pas possible de trouver une version française de ces DVD, le passionné d'effets spéciaux pourra trouver plaisir à les acquérir, même si le format américain ne leur permet d'être lus que sur ordinateur, avec un programme compatible ; par ailleurs, la société n'étant pas habilitée à vendre à l'étranger, l'acquéreur potentiel devra les commander en passant par un intermédiaire faisant de l'export. Espérons qu'un jour, d'autres suppléments pour des films fantastiques verront le jour, comme pour PHANTOMS, duquel les effets spéciaux ont été jusqu'à présent soustraits, pour leur grande majorité, au regard du public.



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Concernant les films de série B, signalons la disparition de l'acteur Charles NAPIER. Né le 12 avril 1936 dans le Kentucky, il s'est éteint le 5 octobre 2011 en Californie à l'âge de 75 ans. Plutôt décomplexé, cet ancien professeur de peinture a principalement débuté dans certains films érotiques de Russ MEYER et a tourné en 2008 dans un film improbable, THE ONE-EYED MONSTER, dans lequel il est attaqué par une partie intime d'un individu ayant développé une existence propre... Il est apparu aussi dans des rôles secondaires de quelques films renommés comme LE SILENCE DES AGNEAUX (THE SILENCE OF THE LAMBS) et PHILADELPHIA sous la direction de Jonathan DEMME qui l'employa de manière récurrente, mais son visage au menton proéminent demeurera surtout pour le public au travers de son personnage d'agent de la C.I.A. particulièrement retord et cynique, Murdock, dans RAMBO 2 : LA MISSION (RAMBO : FIRST BLOOD PART 2), qui abandonne délibérément le soldat John Rambo (Sylvester STALLONE) aux mains de l'ennemi pour des raisons politiciennes, avec ce commentaire terrible à l'intention de son ami, le Colonel Trautman (le regretté Richard CRENNA), qui expliquait précédemment que le vétéran était familier de l'enfer de la guerre : "Disons qu'il est rentré chez lui!"


 


Il a aussi à l'occasion, ce qui justifie qu'on l'évoque dans cette colonne, joué dans des films de série B aux côtés de créatures monstrueuses. Dans le film italien ALIEN, LA CRÉATURE DES ABYSSES (ALIEN DEGLI ABISSI) de 1989, il interprète un miliaire, le Colonel Kovacks, qui a fort à faire pour protéger un complexe militaire de l'intrusion de reporters trop curieux ainsi que d'une énorme créature extraterrestre d'allure bio-mécanique promenant sa pince puissante, qui a tout d'une sorte de robot. Plus notable est L'INVASION DES COCONS (DEEP SPACE*), film réalisé l'année précédente par Fred Olen RAY. Comme le remake de DANGER PLANÉTAIRE (THE BLOB) réalisé une année plus tôt par Chuck RUSSELL, un satellite militaire s'écrase, libérant le fruit d'expériences biologiques conduites par le service de recherches scientifiques de l'armée américaine. Charles NAPIER en est la vedette au travers de son personnage d'inspecteur de police Ian McLemore, qui, bien que dépossédé de l'enquête au nom du secret Défense, s'efforce d'éradiquer les créatures, des formes arthropodiennes qui ne sont pas sans rappeler les face huggers d'ALIEN, ainsi que la forme adulte (qui est dite identique aux larves alors qu'elle semble dépourvue de membres postérieurs), présentant deux bouches voraces, dont l'une en position thoracique - créatures conçues par Steve NEILL, déjà à l’œuvre sur MUTANT précité. Ce qui singularise L'INVASION DES COCONS est que ce petit film de science-fiction horrifique efficacement mené est parsemé d'un humour absurde auquel se prête remarquablement NAPIER sans jamais se départir réellement de son allure de dur-à-cuir. L'acteur était aussi apparu dans une peu glorieuse production de Roger CORMAN, DINOCROCODILE, pour laquelle l'habituellement inventif cinéaste avait mis en vedette un triste reptile géant en image de synthèse qui ne pourrait à la rigueur qu'effrayer un enfant de cinq ans, et avait tourné dans différentes séries, comme STAR TREK et JAKE CUTTER (TALES OF THE GOLD MONKEYS) - précédemment citée dans l'hommage tout récent au spécialiste d'effets spéciaux Michael McCRACKEN.


 

Un moment un peu léger - enfin, façon de parler.. - en tout cas saugrenu de L'INVASION DES COCONS, avec une tentative de séduction à la cornemuse.



La recherche du monstre anthropophage semble toucher à sa fin. Confronté auparavant à de plus jeunes spécimens très vivaces, le policier découvrait que son expérience de joueur de football américain pouvait être de quelque utilité dans l'accomplissement de sa mission.

Mentionnons aussi pour mémoire un autre acteur, décédé un peu plus tôt, le 10 septembre 2011, à l'âge de 88 ans, Cliff ROBERTSON, qui avait joué dans le pilote de la célèbre série AU-DELA DU RÉEL (THE OUTER LIMITS), avant d'incarner un personnage dans l'épisode JOYSTICK de la nouvelle série AU-DELA DU RÉEL, L'AVENTURE CONTINUE (THE NEW OUTER LIMITS). Il était aussi apparu dans deux épisodes de la série LA QUATRIÈME DIMENSION (THE TWILIGHT ZONE), dont le fameux épisode LA MARIONNETTE (THE DUMMY) où il incarne un ventriloque en perdition obsédé par son pantin auquel il prête une vie propre, a interprété deux fois l'arriéré mental devenu artificiellement un surdoué d'après l'œuvre de Daniel KEYES, DES FLEURS POUR ALGERNON (FLOWERS FOR ALGERNON) avec les adaptations THE TWO WORLDS OF CHARLIE GORDON dans le cadre de "The United States Steel Hour" et CHARLY pour la version cinématographique, fait partie de la distribution de BRAINSTORM de Douglas TRUMBULL et de LOS ANGELES 2013 (ESCAPE FROM L.A.) de John CARPENTER dans le rôle du président des Etats-Unis. En 2002, il avait été l'oncle du super-héros timide de SPIDER-MAN.





( * A ne pas confondre avec DEAD SPACE cité un peu plus haut ).