mercredi 29 septembre 2010

LA CHOSE SE CONCRETISE

Reconstitution de la base norvégienne, lieu d'origine de l'intrigue du film de John CARPENTER

On avait évoqué en septembre 2009 la préquelle en phase de production de THE THING, le film de John CARPENTER de 1982 mettant en scène une des plus extraordinaires formes de vie extraterrestres du cinéma.

Voici quelques maquettes qui auraient été conçues par le studio KNB dans l'intention d'être engagé sur le projet, représentant des manifestations du monstre qui copie l'apparence humaine, lesquelles ne sont pas sans rappeler l'effrayante grand-mère, armée d'une hache et munie de tentacules, que la compagnie d'Howard BERGER, Greg NICOTERO et Robert KURTZMAN - ce dernier a depuis pris son indépendance - avait auparavant réalisée pour L'ANTRE DE LA FOLIE, un autre film dirigé par John CARPENTER.

Un imposteur révélant sans ambigüité possible sa vraie nature.
Cette figurine, avec sa tête changée en un orifice béant dardant une langue allongée, n'est pas sans parenté avec la transformation du personnage de Palmer du premier film, plus particulièrement la version du storybord qui développait de fins tentacules.
Un critique de cinéma réputé avait un jour écrit que "la Chose" représentait la composante féminine de l'humanité, s'incarnant sous une forme cauchemardesque pour les douze hommes qui avaient choisi de rallier l'univers masculin relativement sécurisant d'une station de recherches en Antarctique, celui-ci arguant notamment, pour étayer son propos, du genre féminin de l'indéfinissable "Chose"... sauf que dans la version originale, le mot "Thing" est du genre neutre (plus proche du "ça" de FREUD si on veut faire référence à la psychanalyse). Cette fois, la Chose se féminise réellement puisque les scénaristes ont rajouté dans la base norvégienne une chercheuse, en rupture avec le film de CARPENTER et sa photo montrant la découverte du blog de glace par des Scandinaves barbus ; au nom de l'égalité des sexes, il n'y a dorénavant plus lieu que la féminité demeure indemne des effroyables métamorphoses...


Une manifestation sous forme d'une main pourvue d'une imposante dentition ( photo du haut, à gauche ), rappelant le monstre se propulsant depuis l'au-delà au travers des travées de la bibliothèque dans le film NECRONOMICON. La créature plus grande manifeste quelque parenté avec le gros monstre du chenil vu dans le film initial de John CARPENTER, avec sa profusion de pattes arachnéennes, ainsi qu'au travers de ses nombreux crocs aiguisés comme ceux disposés sur la structure rayonnantes composée de langues de chiens, désignée sous le nom de "chou-fleur", qui menace Childs ( Keith DAVID ) à la fin de la séquence du chenil.

Certes, proposer des monstruosités aussi marquantes que les hybrides stupéfiants de Rob BOTTIN est un sérieux défi, et le concept n'a dorénavant plus l'attrait de la nouveauté, mais si la mise en scène est à la hauteur et que les techniques d'effets spéciaux traditionnels sont enfin mises en valeur, peut-être la préquelle pourrait-elle restituer une petite parcelle de l'émerveillement suscitée par l'œuvre originale; après tout, des suites comme LA MOUCHE 2, POLTERGEIST 2 et PSYCHOSE 2 avaient trouvé leur intérêt propre.
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Il n'aimait sûrement pas beaucoup les créatures... Les médias français rendent unanimement hommage à "l'humanisme" du physicien Georges CHARPAK qui vient de disparaître, alors qu'il incarnait un scientisme poussé jusqu'à la caricature. Il avait ainsi déclaré qu'il ne fallait pas se désoler de la mort d'enfants asthmatiques causés par la pollution atmosphérique de Paris, car celle-ci n'était qu'un effet collatéral du développement technique, l'évolution devant nécessairement finir par engendrer des enfants plus adaptés à ces nouvelles conditions. Un "humanisme" particulier, qui rappelle la manière dont le Troisième Reich envisageait les handicapés, mépris qui avait d'ailleurs amené l'ancien ministre Brice LALONDE à faire le rapprochement entre les Nazis et ceux qui, au nom de l'économie, ignoraient délibérément la problématique de la protection des personnes les plus faibles et sensibles succombant à la pollution dans la capitale française. Les commentateurs ont aussi évoqué la légitime indignation qui s'était exprimée suite à l'interruption d'un entretien télévisé avec ce prix Nobel de physique par une grande chaîne de télévision française pour diffuser de la publicité, mais on a omis de rappeler avec quelle virulence l'homme coupait lui-même la parole à tous ceux qui osaient émettre la moindre réserve quant à des risques technologiques, sans parler de ceux qui exprimaient des inquiétudes écologiques, renvoyant systématiquement ses contradicteurs à "la vie dans les cavernes" et à la préhistoire. Son autorité scientifique lui permettait de pratiquer la désinformation, mélangeant allègrement les unités de mesure devant les néophytes pour dénier tout danger à la radioactivité produite artificiellement, avant, il est vrai, d'infléchir quelque peu sa position dans les toutes dernières années. En matière de prix Nobel de physique, on affichera une préférence plus marquée pour un autre Français disparu en mai 2007, Pierre Gilles de GENNES, qui donnait au contraire l'impression d'une grande modestie, et qui avait même poussé l'anticonformisme à critiquer le dogme intouchable de la sélection par les mathématiques dans le système français, jugée excessive y compris dans sa matière d'élection, position courageuse qui, pour un chercheur œuvrant dans les sciences exactes, est aussi peu fréquente que la compassion exprimée par un toréador pour un taureau... Hélas, l'humanisme véritable du professeur de GENNES fera sûrement moins école chez les technocrates que l'héritage de son confrère.