dimanche 24 novembre 2019

L'OBAMANIA DRESSE ENCORE L'OREILLE

Une curieuse petite bête.. .mais avec une tête qui ne nous est pas totalement inconnue...

Dans l'article d'octobre 2009 évoquant le changement d'inspiration pour la dénomination scientifique des espèces, on avait pris pour point de départ l'adulation pour le Président Obama, qui allait au-delà du monde médiatique pour inspirer également la communauté scientifique des taxonomistes. Bien que celui-là n'exerce plus la fonction suprême aux Etats-Unis, l'engouement pour son patronyme dans la perspective de baptiser de nouvelles formes de vie est toujours d'actualité.

Dès son élection, un lichen s'était vu attribuer un nom d'espèce honorant le nouveau locataire de la Maison blanche, Caloplaca obamae, hommage anticipant le supposé soutien à la recherche scientifique du nouveau président. L'espèce avait été découverte deux ans plus tôt, en 2007, sur l'île de Santa Rosa en Californie, et le chercheur s'est arrangé pour que son étude paraisse juste avant l'intronisation du nouveau président. Ce coup d'éclat, dont le retentissement reste cependant principalement limité à la communauté des lichénologues, devait inspirer d'autres scientifiques en quête de lustre pour désigner des formes de vie jusqu'alors inconnues.

A la suite de l'article précité, un post-scriptum ajouté en septembre 2015 avait précisé qu'un ver gordien, représentant du groupe des Nématomorphes apparenté à celui plus connu des Nématodes, s'était aussi vu attribuer comme nom d'espèce celui du président de l'époque, Paragordius obamai. Ce petit groupe d'organismes vivent sous forme larvaire comme parasites d'arthropode et ne se muent en adulte que durant la brève période nécessaire à la reproduction, étant dépourvus de tube digestif. L'espèce concernée a ainsi été baptisée parce que le Nématomorphe a été découvert dans la région du Kenya où vivait le père du politicien.

Un autre biologiste tout autant empressé à utiliser la taxonomie zoologique pour rendre hommage à l'icône médiatique n'a pas laissé la moindre part d’ambiguïté en attribuant à une araignée du Nord de la Californie le nom d'espèce transparent d'Apostichus barackobamai. La motivation des taxonomistes est peut-être un peu plus fondée dans quelques autres cas. Le passereau amazonien Nystalus obamai et le poisson Etheostoma obama ont ainsi été dénommés au nom de la promotion des énergies renouvelables plus favorables à la préservation des écosystèmes par le président américain, le nom du poisson Teleogramma obamaorum lui a été attribué pour mettre en valeur le soutien du couple présidentiel à la défense de l'environnement en Afrique et le poisson Tosanoides obamaendémique pour saluer l'extension par décision présidentielle de la réserve naturelle du récif de corail d'Hawaï où vit cette espèce endémique.

Etheostoma obama

Le célèbre personnage a même eu l'honneur que l'on forge des noms de genres eux-mêmes en référence à sa personne, comme pour une douve du sang, un représentant d'un groupe de vers plats filiformes ressemblant superficiellement à des Nématodes, qui vivent dans le flux sanguin et qu'on appelle des Bilharzies, connues pour leurs incidences en terme de santé publique dans les pays tropicaux. Ces organismes, aussi désignés sous le terme de Schistosomes, sont également notables par l'union intime qui lie la femelle très fine et le mâle dans lequel elle est enchâssée, ce qui est un cas plutôt rare, en général, c'est le mâle qui est de dimension plus réduite voire minuscule, fixé à sa partenaire comme dans les divers groupes de Crustacés parasites très modifiés par leurs adaptations ainsi que chez certains poissons abyssaux, ou bien logé dans son corps, comme les mâles microscopiques qui vivent dans le corps du ver échiurien à trompe bifide, la bonellie, et dans celui du ver forant les squelettes des baleines échoués sur le plancher océanique, Osedax, récemment découvert et dont des individus sont présentés in vivo au public dans le fameux aquarium de Monterey Bey à l'instar des vers tubicoles géants au panache rouge composé de deux mille tentacules, les Vestimentifères qui se développent dans les sources hydrothermales des profondeurs appelées "fumeurs noirs". Le prénom du président américain a été retenu pour forger le nom du genre du parasite qui vit au détriment de tortues d'eau douce en Malaisie, et il est complété par son nom de famille pour désigner l'animal selon la règle de la nomenclature binominale instaurée par Carl Von Linné, soit Baracktrema obamai ; l'association sera rompue si le genre se voit par la suite attribuer une nouvelle espèce, laquelle ne comporterait plus alors que le prénom comme référence à l'ancien dirigeant des Etats-Unis.

Un couple romantique, celui de la douve du sang.

Un petit saurien disparu du Crétacé, appartenant au groupe des Polyglyphanodontes qui a disparu en même temps que les dinosaures, a été dénommé Obamadon, littéralement "à dents d'Obama" par assimilation de sa dentition avec le sourire conquérant de l'intéressé.

Alors que le président Obama a quitté la Maison blanche à l'issue de son second mandat, le politicien démocrate continue d'inspirer les taxonomistes. L'an dernier, le fossile d'une créature d'une autre époque révolue plus reculée, une des plus anciennes ayant vécu sur la Terre, a été appelée Obamus. Elle appartient à l'étrange faune à corps mou du Précambrien terminal, la période désignée sous le nom d'Ediacara, du nom des collines australiennes où ces fossiles ont été pour la première fois découverts et dont les représentants sont des formes plates, souvent arrondies, et constituées d'un agencement de boursouflures comme des petits boudins, dont une version alternative est fixée et évoque l'allure générale d'une plume - les lecteurs ont pu lire quelques allusions à ces créatures dans les articles de février 2009 et de septembre 2014. Ces organismes étant énigmatiques se prêtent à différentes interprétations. La forme générale d'Obamus coronatus, évoquant un anneau formé de segments torsadés, lui a valu son nom générique par le rapprochement avec la morphologie de l'oreille de l'ancien président. Il est rangé avec Tribrachidium parmi les Tribolozoaires, ces formes de l'Ediacarien caractérisées par leur symétrie ternaire. Selon la taphonomie, discipline étudiant le terrain sur lequel le fossile est découvert, Obamus aurait été benthique, c'est à dire qu'il aurait vécu sur le fond, un autre fossile découvert simultanément, Attenborites janeae, aurait quant à lui évolué en eau libre. Il n'est pas établi si ce dernier représente un type de méduse, un Cténophore (le groupe auquel appartiennent les "groseilles de mer" comme Mnemiopsis évoqué dans l'article "La revanche des plus humbles" d'août 2010), ou bien constitue un exemple de lignée disparue. Son nom lui a quant à lui été attribué en hommage au naturaliste anglais Sir David Attenborough, célèbre pour ses émissions télévisées, honneur récurrent puisque son patronyme se retrouve dans le nom scientifique de plus d'une vingtaine d'espèces, comme Materpiscis attenboroughi, littéralement "la mère des poissons d'Attenborough", le fossile du vertébré marin le plus primitif connu à avoir été vivipare, ainsi que dans le nom de genre d'un Plésiosaure, ces reptiles océaniques à long cou contemporains des Dinosaures, Attenborosaurus conybeari, sans oublier la plus petite espèce d'Echidné à long bec, pratiquement éteinte, une des quatre espèces encore existantes de mammifères ovipares au corps hérissé de piquants.
Obama "prête l'oreille" littéralement à cette curieuse créature de la fin du Précambrien.

En 2018 toujours, un genre d'araignée, Spintharus, s'est enrichi d'une vingtaine de nouvelles espèces ; trois espèces cubaines ont été gratifiées du nom de l'ancien président, de son épouse, et du représentant de l'aile gauche du parti démocrate et concurrent malheureux à l'investiture du parti face à Hillary Clinton, Bernie Sanders, respectivement Spintharus barackobamaiSpintharus michelleobamaae et Spintharus berniesandersi ; d'autres espèces font, elles, référence au chanteur et acteur David Bowie, au comédien Leonardo DiCaprio et au naturaliste David Attenborough précité.

En ce qui concerne l'utilisation à l'identique du nom Obama, les lecteurs assidus qui ont lu l'article de septembre 2015 se rappellent peut-être qu'il désigne un genre de ver plat terrestre d'Amérique du sud, l'une de ces formes tropicales introduites accidentellement en Europe occidentale où ces prédateurs détruisent les lombrics, compromettant l'écosystème du sol en décimant les lombrics qui leur servent de mets, comme annoncé dans l'article d'août 2010, "La revanche des plus humbles". Cependant, cet Obama-là n'est pas un hommage au dit personnage, mais une coïncidence, le nom ayant été constitué, dans le plus complet mépris des conventions scientifiques stipulant que les noms savants doivent s'appuyer sur une étymologie gréco-latine, par l'addition de deux mots de la langue tupi signifiant "animal-feuille". De la même façon, un dinosaure découvert en Afrique du sud a été dénommé Ngwevu intlokowich, ce qui signifie "crâne gris" dans la langue des Xhosas - lesquels furent les premiers à conquérir  les terres de l'Afrique du Sud déjà peuplées, avec d'ailleurs des méthodes plus radicales que les Européens qui leur succédèrent. La nomenclature zoologique n'a pas vocation à devenir une annexe de la diplomatie et de la célébration ethnologique des cultures du monde, elle est cependant en train de devenir une nouvelle Tour de Babel, où plus personne ne comprendra l'étymologie des noms scientifiques.

Le prédécesseur de Donald Trump demeurera probablement en tête de l'inspiration des noms scientifiques. Jimmy Carter et Bill Clinton voient aussi leur nom attribué à des espèces de scarabées du genre Arianops, tout comme l'ancien vice-président Al Gore, et celui de Ronald Reagan a servi à désigner une espèce de guêpe du genre Heterospilus comme son lointain devancier George Washington. Le président actuel a pour ce qui le concerne eu l'honneur de voir ses prénom et nom accolés à un oursin fossile, Tetragramma donaldtrumpi en 2016 et à un papillon découvert l'année suivante dans la région constituée par le Sud de la Californie et le Nord du Mexique, Neopalpa donaldtrumpi ; un batracien sans pattes, du groupe des Apodes ou Gymnophiones, a de la même manière été baptisé Dermophis donaldtrumpi, mais le nom n'a quant à lui pas encore été validé officiellement. Ces noms d’espèces furent décernés dans l"espoir d'attirer l'attention du président climato-sceptique sur l'importance cruciale des problématiques écologiques mais à ce jour, ces nobles attentions n'ont pas eu les effets escomptés.

George Bush Junior qui occupa la Maison blanche avant Obama s'était vu attribuer comme ses comparses Dick Cheney et Donald Rumsfeld, le nom d'une espèce de scarabée du genre Agathidium comme évoqué dans l"article d'octobre 2009. Le belliciste déstabilisateur du Proche-Orient figure en bonne compagnie dans la nomenclature entomologique puisqu'un autre Coléoptère, cavernicole et aveugle, porte quant à lui le nom du Führer de l'Allemagne, Anophtalmus hitleri, qu'un collectionneur allemand lui attribua en faisant référence à l'accession au pouvoir du chef du Parti nazi la même année que son acquisition, lequel fut officiellement homologué en 1937 et flatta l’ego de l'intéressé ; il est vrai qu'à l'époque, le dictateur mégalomane n'avait pas encore démontré la pleine mesure de son pouvoir de nuisance en engendrant la Seconde Guerre mondiale. Cette dénomination ne porte pas chance à cette espèce rare dont les spécimens sont massivement récoltés afin de les vendre sur le marché des collectionneurs recherchant tout article se rattachant au Troisième Reich, représentant ainsi de nouvelles victimes récentes et inattendues du dictateur. Ce triste sort ne menace pas l'autre espèce d'insecte portant le funeste patronyme, Rochlingia hitleri, puisqu'il s'agit d'une forme préhistorique, appartenant à l'ordre éteint, et peut-être artificiel, des Palaeodictyoptères, ancêtres de tous les autres insectes ailés ; le nom de genre ne dépare pas ce voisinage puisqu'il renvoie à l'industriel Herrman Röchling, fervent nazi. D'autres hommes politiques également fort néfastes ont aussi légué leur patronyme à des espèces. Le dictateur italien Benito Mussolini s'est vu attribuer un mûrier, Rubus mussolinii, et une espèce de punaise, Phyllontocheila mussolinii, deux espèces abyssiniennes de l'Ethiopie conquise par l'Italie fasciste. Un reptile mammalien couvert de poils a été dénommé Maotherium en 2003, accolant au fossile le nom du responsable de massacres effroyables à très grande échelle Mao Tsé-toung et Cheguevaria est le nom décerné à un genre de luciole au nom d'un romantisme révolutionnaire peu regardant. En 2013, un nouveau genre d'Ichtyosaure, ces reptiles pisciformes du Crétacé, a été dénommé Leninia pour la simple raison que le fossile est hébergé par le Musée Lénine. Par contre, une espèce appartenant à un groupe de petites guêpes qui pondent généralement leurs œufs dans une chenille, Entedonomphale stalini qui s'était vue attribuer en 1934 un nom glorifiant son non moins terrifiant successeur, maître tout-puissant de l'Union soviétique, a été réassignée à l'espèce Entedonomphale margiscutum, qui avait déjà été décrite en 1915.

Convoité par les nostalgiques du IIIème Reich en raison de sa dénomination tandis que d'autres que la référence horrifient souhaitent sa disparition, Rochlingia hitleri n'a mérité ni cet excès d'honneur ni d'indignation, et comme toute espèce animale, mérite d'être préservée.

Sur un mode plus léger, on peut noter parmi la surreprésentation de chanteurs, sur laquelle on portait un regard critique dans l'article d'octobre 2009 en se limitant à quelques exemples, que les découvreurs du fossile d'un ongulé trouvé en Egypte dans un terrain datant du Miocène, appartenant à la famille des Anthracothères qui sont considérés comme proches de la souche de porcins ancestraux qui mène aux hippopotames, ont choisi de mettre en évidence son groin et sa lèvre inférieure proéminents révélés par les huit points latéraux d'insertion des nerfs en le nommant Jaggermeryx d'après le chanteur Mike Jagger aux lèvres charnues (que l'amateur de science-fiction a pu voir sur grand écran dans le film Freejack), après avoir hésité avec l'actrice Angelina Jolie - sa consœur Emmanuelle Béart qui de la même manière s'est faite gonfler les lèvres échappe pour l'instant à cet hommage douteux faute d'être aussi connue internationalement...

Si les Anthracothères ont habituellement l'allure du croisement entre un pécari et un hippopotame nain, le nouveau genre Jaggermeryx tel qu'il a été représenté par le studio 10tons évoque avec son cou délié davantage un petit cheval en dépit de ses sabots à nombre pairs de doigts.

Autre exemple récent, un lointain parent sud-américain des cigales a reçu un nom d'espèce inspiré par les tenues fantasmagoriques de la chanteuse connue sous le nom de scène de Lady Gaga. L'insecte appartient au groupe des Membracides, caractérisés par leurs étranges ornements constitués par des excroissances de leur cuticule. Cette propension à nommer des formes nouvellement décrites d'après des vedettes du monde des variétés à la gloire par nature plutôt éphémère tend à devenir une habitude qui prend l'allure d'un vrai conformisme. Mais le nom de genre qui a été donné à Kaikaia gaga est encore plus discutable et même contestable si c'était possible. A l'instar du ver plat terrestre Obama évoqué dans l'article de septembre 2015 précité, ce nom à connotation exotique ne trouve son étymologie dans aucun lexique gréco-latin mais est forgé à partir d'une langue amérindienne d'Amérique centrale pratiquée notamment au Nicaragua. Cela ne viole pas seulement une nouvelle fois les règles internationales admises jusque-là par la communauté des taxonomistes qui se basaient sur la nomenclature latine binominale instaurée par le naturaliste suédois Carl Von Linné au siècle des Lumières, mais comme l'évoquait l'article d'octobre 2009, ces nouvelles appellations sont incompréhensibles pour toute personnes étrangères au pays et de surcroît souvent imprononçables et non mémorisables avec des noms à rallonge bien difficiles à orthographier que créent beaucoup de zoologistes et paléontologistes chinois et japonais, pas de quoi inciter les plus jeunes générations à se familiariser avec l'étude du monde vivant...

La chanteuse Lady Gaga dans une tenue ne se prêtant guère à faire ses emplettes au supermarché avec discrétion, et Kaikaia gaga, le lointain cousin des cigales orné d'une exubérante paire de cornes frontales qui lui vaut d'être scientifiquement affublé du pseudonyme de la précédente ainsi immortalisée dans les ouvrages d'entomologie*.

La série n'est pas près de se terminer. Un membre de la famille des iguanes atteignant 1 m 80 qui vécut au début de l'ère des Mammifères, à la période éocène, a été en 2013 dénommé Barbaturex morrisoni, d'après le nom du chanteur Jim Morrison du groupe The Doors. Un escargot marin abyssal qui vivait à la même époque, appartenant au genre Orbitestella, s'est vu en 2018 attribuer le nom d'espèce dioi, d'après un chanteur de hard rock s'appelant Ronnie James Dio aux faux-airs du chanteur français farfelu Philippe Catherine. Une ophiure ("étoile-serpent") du Crétacé, Brezinacantha, a été gratifiée comme dénomination d'espèce du patronyme d'un groupe de "rock métal", tolis. Un ver annelé polychète fossile de l'Ordovicien terminal a été baptisé Kalloprion kilmisteri d'après le chanteur britannique Lemmy Kilmister du groupe Motörhead, son parent du Silurien Kingnites diamondi basé sur le Danois King Diamond officiant lui encore dans le même genre musical. Quant au Trilobite (classe d'Arthropodes marins) du Silurien Arcticalymene viciousi, le passionné de paléontologie chercherait en vain la signification de l'adjectif qui caractérise l'espèce hors du monde des variétés, celui-ci étant tiré du nom de scène de Sid Vicious, du groupe "Sex Pistols" dont les autres membres ont aussi vu former les noms d'autres espèces canadiennes du genre, tous à l'initiative des chercheurs Adrian et Edgecombe en 1997. Ce dernier récidivait l'année suivante avec un autre Arthropode, un possible parent de la limule malgré son allure de mille-pattes, Maldybulakia, affublé du nom d'espèce angusi, d'après Angus Young du groupe de hard rock ACDC. Ceux qui n'apprécient pas la musique bruyante ont de quoi avoir les oreilles qui chauffent... La liste n'est pas exhaustive puisqu'on pourrait encore citer les noms de leur homologue Corey Taylor, du guitariste Frank Zappa, du chanteur David Bowie ou encore de Mark Knoepffler dont on a déjà dit dans le premier article de la série qu'il avait servi à qualifier une espèce du dinosaure Masiakasaurus. Un des tous premiers oiseaux, qui vécut il y a 120 millions d'années, Quiliani graffini, est un hommage au chanteur Greg Graffin du groupe Bad Religion. Un groupe de rock suisse, Eluvie, s'est quant à lui vu dédier un oursin du Jurassique, Paracidaris eluveiti. Une exposition, interrompue jusqu'au 28 avril 2020 par la pandémie, se tenait à Munich depuis le mois de février de l'année, avec une conférence destinée aux enfants, sur ce thème.


L'exposition du Musée d'histoire naturelle de Maastricht avec les beaux modèles du Studio 10tons, mettant notamment en valeur le ver annelé fossile Kalloprion.

Ainsi se trouve confirmée la mode évoquée dans la première partie de cet article, "la peoplisation du monde vivant" en octobre 2009, qui déplorait qu'au lieu des noms des spécialistes qui s'attachaient au nom des espèces des groupes qu'ils étudiaient, les représentant du monde des variétés, en particulièrement du rock, emplissent désormais les pages des revues zoologiques, ce qui est beaucoup moins évocateur pour l'histoire de la discipline. Avec également la fin de la nomenclature gréco-latine dont il a été question dans le même article ainsi que dans celui de septembre 2015 "Obama est un ver !", empruntant des noms exotiques rendant inintelligible l'étymologie pour la communauté internationale censée appliquer la taxonomie définie par Linné, c'est la fin de toute une culture zoologique - sans parler du quasi-abandon des méthodes traditionnelles au profit de la biologie moléculaire, mais cela fera l'objet d'un autre article. C'est d'autant plus triste que bien des naturalistes restent dans l'ombre, notamment des amateurs passionnés. La mise sur le devant dans le contexte de l'épidémie de coronavirus du Professeur Raoult, quoi qu'on pense par ailleurs de ses positions médicales, rappelle qu'un virologue réputé dans le monde entier a pu devenir médecin parce que la ségrégation par les mathématiques n'existait pas alors, reconnaissant que cela ne lui serait plus possible aujourd'hui. De la même façon, certains de ceux qui travaillent sur les coraux dans les DOM TOM sont passés par l'Ecole des Hautes Etudes qui permettait de faire des études en sciences naturelles sans avoir suivi le cursus officiel, possibilité qui a été supprimée suite à des pressions, alors que personne ne remet en cause les compétences de ces spécialistes et que les fondateurs des sciences naturelles étaient étrangers au domaine, Darwin théoricien de l'évolution des espèces et Wegener qui a défini la dérive des continents.


(*source : https://www.ctvnews.ca/sci-tech/there-s-a-new-insect-named-for-lady-gaga-and-it-s-every-bit-as-otherworldly-as-the-pop-diva-1.4848751).

exposition du musée de Maastricht : https://nhmmaastricht.nl/exposities/-nu-te-zien-rock-fossils-/francais-rock-fossils.html
La page de l'exposition par ses créateurs : http://www.10tons.dk/rock-fossils-on-tour

pour plus d'information sur ce thème :
https://creatures-imagination.blogspot.com/2009/10/la-peoplisation-du-vivant.html
https://creatures-imagination.blogspot.com/2015/09/obama-est-un-ver.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_animaux_portant_le_nom_d%27une_c%C3%A9l%C3%A9brit%C3%A9
https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_organisms_named_after_famous_people