samedi 5 juillet 2008

L'ÉTRANGE FIN DES MARSUPIAUX ?

Les Marsupiaux comme le Kangourou représentent une lignée de Mammifères chez lesquels les petits naissent à un stade fœtal et achèvent leur développement dans la poche maternelle, ou marsupium, laquelle donne son nom au groupe; seuls les Monotrèmes pondeurs d'œufs comme l'Ornithorynque présentent des caractéristiques plus ancestrales chez des Mammifères vivants. Apparus à la fin de l'ère des Dinosaures en même temps que les ancêtres des Mammifères plus modernes ou Placentaires, les Marsupiaux se sont répandus dans le monde entier avant d'être évincés par ces derniers, sauf dans les régions plus isolées.
Ils ont ainsi pu se maintenir au sommet de la chaîne alimentaire en Amérique du sud jusqu'à l'invasion des Tigres à dents de sabre. Aujourd'hui encore, le Nouveau-monde abrite quelques espèces de petits Marsupiaux comme l' Opossum. On trouve également en Indonésie plusieurs espèces comme le Couscous à la robe tachetée. Néanmoins, c'est en Océanie, en dépit de la présence, à l'origine, d'un petit Mammifère plus moderne, Tingamarra, vite supplanté, que les Marsupiaux ont pu pleinement prospérer.
Lorsque les premiers humains ont investi l'Australie il y' a quelques dizaines de milliers d'années, les Marsupiaux y régnaient sans partage malgré la présence de quelques Reptiles prédateurs. L'un de ces Marsupiaux était vraisemblablement un carnivore redoutable, tandis qu' une espèce végétarienne devait peser jusqu'à 3 tonnes. Ces différentes créatures ont disparu après l'installation des populations "arborigènes".

Beaucoup plus récemment, les Européens transformèrent à leur tour l'environnement australien, et, après le Dingo, Chien d'Asie importé par les "Arborigènes", ceux-ci amenèrent avec eux de nouveaux animaux de compagnie, ce qui eut pour effet d'occasionner une seconde vague d'extinction, cette fois de petits Marsupiaux. Le dernier grand Marsupial carnivore, le Thylacine ou Loup marsupial, concurrencé par le Dingo, qui ne substituait plus qu'en Tasmanie à l'arrivée des Européens, fut quant à lui totalement exterminé au milieu des années 1930 par les éleveurs parce qu'il s'attaquait aux Moutons.


Or, alors que nombre d' Australiens prennent conscience de leur devoir de préserver les espèces encore vivantes de cette faune unique, une mystérieuse maladie décime le plus grand Marsupial restant, de la taille d'un Chien, le Diable de Tasmanie ( parfois appelé aussi Sarcophile ), lequel ne subsiste plus que sur l'île de Tasmanie. Les représentants de cette espèce, qui est l'équivalent écologique du Glouton en Océanie, sont en effet rongés par de volumineuses tumeurs faciales cancéreuses qui leur sont fatales, et qui les font ressembler à l' Ourse mutante victime du mercure dans le film PROPHECY, inspiré indirectement de la catastrophe écologique de Minamata . Il semblerait que l'origine du mal soit
à rechercher parmi des cellules malignes, qui se propageraient, à l'occasion de morsures, d'un individu à l'autre, la population s'étant suffisamment homogénéisée sur un espace réduit pour que la variabilité immunitaire se soit estompée. Même s'il arrive, comme l'illustre tristement le drame de l' encéphalopathie spongiforme bovine, que des composants déviants d'un organisme puissent non seulement infecter d'autres individus mais aussi franchir la barrière génétique entre espèces, le danger pesant sur le Diable de Tasmanie illustre la difficulté d'assurer la pérennité d'une espèce lorsque celle-ci ne subsiste plus qu'au travers d'un nombre assez restreint d'individus dans quelques réserves, ce qui empêche que se développent des profils génétiques relativement variés, susceptibles de développer des spécificités individuelles profitables à l'espèce. Ces considérations prennent un tour particulièrement sinistre quand on songe que bien des espèces dans le monde sont réduites à un très petit nombre d'individus : il ne resterait plus que 1500 Pandas géants, ainsi que seulement quelques centaines de Gavials ( Crocodilien indien piscivore à museau très effilé ) et de Dauphins d'eau douce à long bec ( en Inde et en Amazonie ) après l'extinction du genre chinois Lipotes en 2006 suite à l'édification d'un barrage ).
En l'absence de remède, l'espèce, popularisée par un personnage des dessins animés de la Warner Bros, ne devrait plus en dernier recours sa survie qu'aux individus vivant en captivité, et il ne resterait alors qu'à souhaiter que les zoos gèrent leur population avec une plus grande efficience que cela s'est produit pour le Loup marsupial : en 75 ans, le zoo de Londres avait ainsi hébergé 18 individus, puis l'animal s'est éteint simultanément dans la nature et en captivité.

Et voici que les Koalas, déjà fragilisés par leur régime alimentaire spécialisé les rendant dépendants des Eucalyptus, dont les forêts cèdent du terrain devant l'extension des activités humaines et qui pâtissent de l'aridité due notamment au réchauffement climatique, sont eux aussi menacés, étant les victimes d'un mystérieux Virus causant le cancer. Ce Virus semble apparemment être entré dans une phase active qui vient au plus mauvais moment fragiliser encore davantage une espèce mise en péril par la réduction des espaces naturels.

Cette concordance troublante paraît sonner comme le glas de la faune résiduelle de Marsupiaux, alors que, pour cette fois, l'implication directe de l'action humaine n'est pas avérée. On dirait que, après avoir dû céder leur place devant les Mammifères placentaires, sauf en Océanie, les derniers Marsupiaux y étaient finalement rattrapés par la marche incoercible de l'évolution, à la manière de Faust que le diable vient chercher lorsque son sursis est épuisé et que l'heure des comptes a sonné. Ces événements, même si on ne peut exclure qu'il s'agisse de simples coïncidences, ne peuvent que surprendre ceux, au rang desquels je me place, qui ne sont pas réellement de grands adeptes de la théorie de la pandémie ( bien qu'ayant en ce qui me concerne écrit il y' a longtemps une courte nouvelle sur ce thème ), laquelle est censée selon quelque chercheurs avoir décimé la plupart des grands Mammifères à la fin de la dernière ère glaciaire . Lorsque la nature vient seconder l'action destructrice de l'homme, on ne peut qu'être extrêmement inquiet quant aux chances de maintien de la richesse de la vie sur notre planète.