ENTRETIEN AVEC RICHARD KLEMENSEN
Après
l’entretien pour le quinzième anniversaire de ce site avec Mario
Giguère, créateur du Club des monstres qui fêtait également le
sien, et qui nous a permis de nous pencher sur la symbolique du
cinéma de l’imaginaire et de ses créatures, c’est à présent
une discussion avec un des plus grands connaisseurs de la maison de
production britannique Hammer qui est proposée, afin de
permettre de redécouvrir ce que furent les caractéristiques de ces
films colorés, jugés outranciers par certains, et qui mettaient en
scène des personnages effrayants et quelquefois d’étranges
créatures. Avec son épouse Nancy qui était infirmière, l’Américain Richard Klemensen, qui gagnait sa vie en vendant des pièces détachés de camion, se consacre depuis des décennies à évoquer et analyser ces films
dans un magazine dont les numéros passés sont toujours réédités
et qui nous en donne ici un avant-goût. Qu’il soit remercié pour
sa grande affabilité et la qualité de ses réponses. Voici donc cet entretien réalisé par un Français auprès d’un Américain
passionné par la célèbre maison anglaise.

Richard Klemensen et son épouse dans une pièce vouée à la Hammer.
Est-ce
que vous vous souvenez quand vous avez pour la première fois éprouvé
de l’attirance pour l’imaginaire ? Aimiez-vous les contes de fée,
les histoires surnaturelles avec des fantômes ou même la
science-fiction durant votre enfance ?
-
Je lis de la science-fiction depuis ma prime jeunesse –
probablement depuis la fin des années 1950. J’ai débuté avec
Andre Norton et plus tard j’ai lu des œuvres d’Isaac Asimov,
Jack Vance, Brian Lumley (série Necroscope) et Keith Laumer (ses
nouvelles ainsi que son roman A Trace of Memory). Je n’ai pas lu beaucoup
d’histoires d’horreur exceptés certains texte de Poe et H.P.
Lovecraft. Mon imprégnation aux histoires de fantômes se fit principalement au travers des films.
-
J’ai une question un peu anecdotique ; vous habitez la ville de Des
Moines ; en tant que Français, j’ai appris pour la première fois
le nom de cette ville à la sonorité française en lisant le roman
de science-fiction de Robert Heinlein Marionnettes humaines
(Puppet Masters) - adapté deux fois à l’écran,
officieusement avec The Brain Eaters et plus tard avec Robert
Heinlein’s Puppet Masters produit par Disney. L’avez-vous lu
et en ce cas, cela-a-t-il suscité en vous une impression particulière étant donné que certaines scènes se déroulent
dans la ville où vous vivez, ancrant le récit de science-fiction
dans votre voisinage ?
-
Des Moines appartenait, je pense, à une part de la Louisiane quand les
Français, et Napoléon, vendirent une grande partie du centre de la
région aux Etats-Unis d’Amérique, en 1803. Il existe un certain
nombre de villes, même ici dans l’Iowa, portant des noms français
– comme Dubuque. Et non, je n’ai pas lu Les maîtres du monde.
Pour être franc, j’ai très peu lu d’œuvres d’Heinlein bien
que j’ai beaucoup apprécié ce que j’ai lu de lui. Mes habitudes
de lecture ont débuté loin de la science-fiction avec des livres
sur le cinéma, l’armée et autres livres d’histoire au cours des
années 1960.
-
Quand avez-vous décidé que votre magazine consacré aux films
fantastiques se tournerait exclusivement vers l’exploration du
monde des productions Hammer ?

-
En septembre 1969, je me rétablissait d’une mononucléose, et
j’avais rompu avec ma petite amie Margot (un prénom ayant une
bonne consonnance française !). Aussi, je suis allé jusqu'à un cinéma de
plein air à Waterloo dans l’Iowa (où nous avions emménagés en
1963) projetant (les drive-ins sont très américain avec notre amour
des voitures – et c'est une bonne façon d’emmener une famille entière,
ou des amis, permettant avec un montant modeste de voir des films)
Godzilla vs The Thing, The Valley of Gwangi (voir hommage à Ray Harryhausen) et Dracula has risen from
the Grave. Une dose de monstres de la Toho (compagnie japonaise qui a
produit la saga de Godzilla), de Ray Harryhausen et de film Hammer
très coloré et divertissant ! J’aimais les films merveilleux, de
science-fiction et d’horreur depuis le milieu des années 1950,
mais il n’était pas fréquent de pouvoir en visionner en dehors de
ce qui était à l’affiche des trois cinémas de Mason City, notre
petite ville de l’Iowa comportant 25 000 habitants. J’ai acheté
quelques numéros de revues comme Famous Monsters of Filmand et
Castle of Frankenstein. J’ai même fait paraître un petit magazine
d’humour quand j’étais au collège (9ème annéee) en 1962-1963
appelé “Fleabit”. Revenant tôt à mon domicile après une projection (avec mon travail débutant dès 8 heures du matin), j’ai
commencé à acquérir des exemplaires de ces magazines et à les
lire. Progressivement, je découvrais qu’il existait des fanzines
amateurs comme Photon, Cinefantastique, Gore Creatures et beaucoup
d’autres. J’ai commencé à en commander un paquet d’entre eux
et voulais réellement en créer un moi-même. Alors l’Oncle Sam est
venu avec sa convocation militaire en 1970 quand les Etats-Unis
se trouvaient toujours plongés dans la Guerre du Vietnam. J’ai
passé les deux années suivantes sous l’uniforme – heureusement,
je n’ai jamais été envoyé au Vietnam comme le furent nombre de
mes amis proches – et étant rendu à la vie civile en Janvier
1972, j’étais prêt à créer mon propre fanzine d’horreur. Ce
qui vit le jour fut La petite boutique des horreurs en 1972 (j’ai
toujours trouvé que c’était un nom qui sonnait bien) – le film
lui-même n’était alors pas très connu et était tombé dans le
domaine public tout comme la propriété du titre. C’est seulement
par la suite que la comédie musicale fut créée. Mes trois premiers numéros traitaient de l’épouvante en général – évocation des
acteurs Vincent Price, Lon Chaney, des films de la Toho, mais il y
avait aussi une large place réservées aux productions britanniques
et particulièrement à la Hammer. En 1974, après ces trois
numéros, je décidais de refermer la parenthèse du magazine parce
que je vivais avec ma première épouse et concevait une famille. Mais
je décidais de rependre et quatre ans plus tard, en 1978, je
réalisais un quatrième numéro, presque intégralement consacré
aux films de la Hammer. A partir de ce moment, chaque numéro traitait
de la Hammer, et plus tard, d’autres films merveilleux et
d’horreur britanniques de la période classique des années 1950 à
1980.
-
Que pensez-vous à ce propos des films réalisés au Royaume-Uni par
de petites compagnies cherchant à profiter des succès de la Hammer,
engageant quelquefois les plus célèbres acteurs de la Hammer et
même son réalisateur attitré Terence Fisher (Edward Small qui
refusa de produire Le septième voyage de Sinbad (The
Seventh Voyage of Sinbad) que lui proposait Ray Harryhausen fit de même pour Jack le tueur de
géants (Jack the Giant Killer) cinq ans plus tard), avec
L’île de la terreur (Island of Terror), Night of the
Big Heat, Blood Beast Terror, The Creeping Flesh –
ainsi que The Trollenberg Terror (The Crawling Eye) et Fiend without a Face, ces derniers complètement sans
Vincent Price, Christopher Lee et Terence Fisher, des films qui
peuvent sembler très proches de ceux de la Hammer aux yeux du public
?



Quelques films anglais produits par des compagnies indépendantes, en haut, La Chair du diable (The Creeping Flesh) mettant en scène un nouvel affrontement entre deux personnages antagonistes joués par les célèbres acteurs de la Hammer Christopher Lee et Peter Cushing, ce dernier seul à l'affiche du Vampire a soif (The Blood Beast Terror) et en dessous une troisième illustration pour la revue "The Little Shop of Horrors" reproduisant une créature extraterrestre de The Trollenberg Terror (The Crawling Eye aux Etats-Unis) dans lequel ne figure aucune des deux vedettes.
-
J’ai aimé tous les films venus d’Angleterre, au minimum quelque
peu dans tous les cas, et ceux financés par des compagnies
américaines mais réalisés par des Anglais créatifs – comme en
1979 Dracula avec Frank Langella. Au-delà de la Hammer, nous avons
rendu compte de manière complète des productions d’Amicus, ainsi
que Blood on Satan’s Claw, Dance of the Vampire/Fearless
Vampire Killers, les deux films consacrés au Docteur Phibes,
Frankenstein : the True Story – téléfilm cité dans les hommage à Michael
Sarrazin et plus récemment à David McCallum, Le village des
damnés (Village of the Damned), sa suite The Children
of the Damned, The Creeping Flesh, les films de la
compagnie Tempean (Blood of the Vampire) et beaucoup d’autres œuvres et d’entretiens.


Illustrations du magazine pour Frankenstein : the True Story, une coproduction anglo-américaine traitée par le magazine ; en haut, on reconnaît de gauche à droite les acteurs James Mason, Michael Sarrazin et David McCallum.


D'autres illustrations du magazine évoquant des productions concurrentes de la Hammer, notamment de la compagnie Amicus, particulièrement les monstres pittoresques de Centre Terre, septième continent (At the Earth's Core) avec Peter Cushing ; l'illustration du bas comporte aussi un vaisseau spatial et un envahisseur robotique des Daleks envahissent la Terre (Daleks' Invasion Earth : 2150 A.D.).
Un film anglais considéré comme un classique du cinéma même au-delà du cercle des amateurs de science-fiction, Le village des damnés (Village of the Damned) concernant de mystérieux enfants aux pouvoirs surnaturels nés après qu'une petite commune a été isolée, d'après un roman du Britannique John Wyndham.
-
D’un point de vue plus général, qu’estimez vous définir le
plus fondamentalement les films de la Hammer, en dehors de leur
esthétique très colorée et saturée ? Diriez-vous par exemple
qu’ils se caractérisent par un certain classicisme formel couplé
à un certain goût de la transgression, mélange qui pourrait
expliquer leur popularité ?
-
Les films de la Hammer ne ressemblaient en rien à ce qui était
produit aux Etats-Unis à la fin des années 1950. Aucune production
américaine ne peut se comparer à Curse of Frankenstein,
Horror of Dracula ou encore The Mummy. Même après les
adaptations d’Edgar Poe par Roger Corman, l’allure des films de
la Hammer est toujours si fort et unique. Dans cette réussite ne
sont pas pour rien des réalisateurs comme Terence Fisher, les décors
agencés par Bernard Robinson, les éclairages de Jack Asher et tant
de merveilleux acteurs de la région de Londres ayant suivi une
formation classique. Même lorsque l’époque de la Hammer touchait
à sa fin, laquelle s’étend réellement de 1954 avec Le Monstre
(Quatermass Experiment) à 1975 avec Une fille pour le
diable (To the Devil… a Daughter), la Compagnie
continuait toujours à produire des films attrayants et de qualité
comme The Hands of the Ripper, Frankenstein and the Monster
from Hell et Captain Kronos vs the Vampire Hunter.


En haut, le plus célèbre réalisateur de films d'épouvante britannique notamment pour la Hammer, Terence Fisher ; en dessous, Val Guest qui a réalisé plusieurs films de science-fiction pour la compagnie, Le Monstre (Quatermass Xpoeriment), La marque (Quatermass II/ Enemy from Space), Le redoutable Homme des neiges (The abominable Snowman) et la fantaisie préhistorique Quand les dinosaures dominaient le monde (When dinosaurs ruled the Earth). On pourrait citer un troisième metteur en scène célèbre de la compagnie, Roy Ward Baker (voir petit hommage : http://creatures-imagination.blogspot.com/2010/11/le-dernier-dino-sest-eteint.html).
- Peut-on percevoir une forme d’épouvante propre à la Hammer, de manière comparative si on rapporte par exemple les films de loups-garous de la Hammer à des films américains comme les productions de l’Universal Le monstre de Londres (The Werewolf of London) et Le loup-garou (The Wolf Man) et les productions des années 1950 I was a teenage Werewolf ainsi que The Werewolf de Fred Sears ?
-
Les films de la Hammer étaient en couleur et avaient la possibilité
de montrer du sang (et des soutiens-gorge 😉) ; ce avec quoi les
premiers et merveilleux films d’Universal ne pouvaient entrer en
compétition. J’aime les productions de l’Universal des années
1930-1945, (avec une affection toute particulière pour Abbott and
Costello meet Frankenstein de 1948, qui est à la fois amusant
tout en étant un véritable hommage respectueux aux créations de
l’Universal). Les derniers films de la Hammer n’ont pas pu
rivaliser avec les sorties de L’Exorciste (The Exorcist),
La Malédiction (The Omen) et autres films similaires.
Comme déclara le producteur de la Hammer Aida Young : “Il y a eu
un temps, et ce temps n’était plus”. La Hammer avait été
dirigée par des hommes plus vieux de la génération de la Seconde
Guerre mondiale, et ceux-là ne disposaient pas de l’argent ou de
l’expérience pour des temps de changement, tel George Romero avec
La nuit des morts-vivants (Night of the Living Dead), permettant de demeurer sur le marché américain. A cela s’ajoute la fin du
financement américain (toutes les grandes compagnies américaines de
production connaissaient des difficultés fiscales à la fin des
années 1960), cela sonna vraiment le glas pour le cinéma classique
de la Hammer.


La transformation du personnage maudit joué par Oliver Reed dans The Curse of the Werewolf.
-
Pensez-vous que le succès des films de la Hammer portant sur la
Créature de Frankenstein et les vampires ont poussé la société de
production à se détourner ouvertement de la science-fiction de ses
débuts après Quatermass Xperiment/The Creeping Unknown, X
the Unknown, Quatermass 2//Enemy from Space,à de
très rares exceptions comme Les monstres de l’espace
(Quatermass and the Pit) – par exemple, il n’y a guère de films
comportant des robots ou traitant de menaces technologiques, ou bien
parce que cela était plus facile et économique de réemployer les
décors gothiques des Studios Bray. ?
-
La Hammer a toujours fonctionné ainsi, comme le Colonel James
Carreras, le responsable de la compagnie, disait à l’époque :
“Donnez-moi un autre film comme le dernier qui a rapporté de
l’argent”. La première production mettant en scène le
Professeur Quatermass a été très rentable, la seconde a eu moins
de succès, et X the Unknown rapporta encore moins de recettes. Alors,
The Curse of Frankenstein fut un triomphe. Souvent, également,
c’était moins une affaire de ce que les dirigeants de la Hammer
voulaient faire (leur troisième film sur Quatermass en 1967, Les
monstres de l’espace (Quatermass and the Pit), fut un échec
commercial, que de ce à quoi les financiers accorderaient leur
aval. De la sorte, la Hammer était connue pour des films d’action,
certains films de guerre, quelques comédies, des films à suspens
avec des maniaques… et BEAUCOUP de films d’horreur.


En haut, l'affiche du Monstre (Quatermass Xperiment), un film populaire jusqu'au Japon, mettant en vedette Richard Wordsworth en astronaute vampirisé sur lequel le promoteur du vol spatial, Bernard Quatermass, joué beaucoup plus froidement que son modèle de la série télévisée originelle par Brian Donlevy, porte un regard clinique.
Dean Jagger, à droite, devait incarner un homologue du Professeur Quatermass (le scénariste Nigel Kneale ayant refusé qu'un autre utilise son personnage) dans une série de films originaux, mais cette nouvelle offre ne remporta nullement le succès escompté.
-
On prétend parfois qu’un petit garçon serait mort de terreur
durant une projection du Monstre (Quatermass Xperiment) ;
diriez-vous qu’il s’agit juste d’une publicité de mauvais goût
comme beaucoup le pensent ?
-
Eh bien, je ne pourrais être affirmatif à 100%, mais j’ai
toujours pensé que cela semblait sortir de l’imagination exacerbée
de quelque chargé de la publicité, et que cela ne s’était
jamais produit.
-
John Carpenter souhaitait que Nigel Kneale, qui imagina le premier
des extraterrestres tout à fait non humanoïdes pour l’écran
avec les séries mettant en scène le Professeur Quatermass adaptées
au cinéma par la Hammer, écrive le script de The Thing, mais
décida d’y renoncer étant donné qu’il vivait hors des
Etats-Unis, mais cela ne l’empêcha pas de lui demander un peu plus
tard un scénario pour Halloween 3 (Halloween III : Season
of Witch), même si le scénariste ne parut nullement satisfait du
résultat à l’écran. Il y a eu nombre de productions américaines
tournées en Angleterre comme Le Village des damnés (Village
of the Damned), souvent dans les studios Pinewood comme pour
Alien, suivant l’exemple de Ray Harryhausen qui s’établit
en Europe – et œuvra sur une production Hammer, Un million
d’années avant J.C. (One Million Years B.C.).
Diriez-vous qu’il existe principalement un unique cinéma
anglo-saxon faisant régulièrement recours à des talents de part et
d’autre de l’Océan, ou distingueriez-vous deux approches
différentes comme s’il existait un fossé entre les deux
industries nationales – Ridley Scott reconnut avoir eu initialement
des difficultés relationnelles lorsqu’il tourna Blade Runner aux
Etats-Unis ?
-
John Carpenter travailla avec Nigel Kneale et leur relation ne fut
pas heureuse. Comme Carpenter le déclara ultérieurement : "ne
rencontre jamais tes héros”. En ce qui concerne la raison pour
laquelle tant de films furent tournés en Angleterre plutôt qu’aux
Etats-Unis, c’était dû au fait qu’à l’époque, ils étaient
moins onéreux à faire en Angleterre. Il y avait ce dispositif dénommé the Eady Levy (une partie de l’argent que rapportait chaque ticket de cinéma vendu au Royaume-Uni était reversé aux producteurs de films britanniques pour les aider à financer leurs films). Les Américains utilisaient
cet argument pour faire baisser les coûts de production. De plus, le
producteur James Carreras avait établi une relation amicale
personnelle avec nombre de responsables d’Universal, Columbia,
Warner Bros ou encore 7Arts et fut capable de conclure des contrats
grâce à ces amitiés (la plupart au travers du Variety Club
international). Au début des années 1970, toutes les grandes
compagnies d’Hollywood traversaient des difficulté financières ;
il n’était plus meilleur marché de filmer en Angleterre plutôt
qu’aux Etats-Unis ; de surcroît, les lois fiscales américaines
avaient été modifiées de manière à protéger l’industrie de la
concurrence des œuvres tournées à l’étranger. Le but principal
en était d’aider à financer la guerre au Vietnam se prolongeant.
Toutes les personnes qu’avait connues James Carreras étaient alors
décédés ou en retraite. Il savait que les choses touchaient à
leur fin et c’est à cette époque qu’il vendit la compagnie à
son fils, Michael. Celui-ci n’aurait jamais dû l’acheter, il n’y
avait aucune possibilité qu’elle survive. Toutes les sociétés
britanniques de production comme Hammer, Tigon et Amicus avaient
fermé en 1980.

-
Comment expliquer la consécration rapide de Christopher Lee étant donné que son premier grand rôle fut celui
d’une brute muette défigurée dans La revanche de Frankenstein
(Curse of Frankestein) et plus tard en tant que momie (à
l’opposé de l’interprétation de Boris Karloff dans les versions
originelles, très pathétique et tragique) ? Dans La revanche
de Frankenstein, j’ai perçu son rôle comme très limité,
n’étant appelé qu’à grommeler de temps en temps, le "vrai
monstre" étant le savant fou joué par Peter Cushing, un
expérimentateur très inhumain comme l’ancien Nazi testant le
conditionnement humain qu’il a joué plus tard dans un épisode
d’une série télévisée de la Hammer La maison de tous les
cauchemars (The House of all the Nightmares) ?
-
En fait, Christopher Lee avait eu des rôles mineurs depuis 1954 et
n’avait guère impressionné le public. Il a même indiqué qu’il
n’avait jamais reçu une lettre d’admirateur pour son
interprétation de la Créature de Frankenstein. Pour la Hammer, à
cette époque, il était seulement un acteur de grande taille. C’est
avec Dracula que se produisit la révélation. Sa taille avait
toujours été un inconvénient pour lui lorsqu’il apparaissait
avec de petits acteurs comme Alan Ladd. Avec la Hammer, sa stature
devint un avantage. Il n’était pas aussi bon qu’un acteur
accompli tel que Peter Cushing, mais il était plus charismatique. Je
ne peux imaginer personne d’autre aussi éclatant dans le rôle de
Dracula que lui à cette époque.
Un Christopher Lee terrifiant en vampire, sans doute la figure la plus populaire du cinéma de la Hammer.
-
Comment les productions de la Hammer emplies d’histoires et de
scènes horrifiques parvinrent à survivre à la censure ? En 1951,
le premier extraterrestre réellement non humanoïde fait pour La
Chose d’un autre monde (The Thing from another
world) aux Etats-Unis fut écarté comme “trop horrible”. En Angleterre au
début des années 1970, Orange mécanique (The Clockwork
Orange) fut retiré des cinéma pour cause d’horribles crimes
commis par imitation et alors dénoncé comme promotion de
l’ultraviolence ?
-
La Hammer a combattu durement les censeurs au travers des années.
Les producteurs voulaient tourner une version du roman de Richard
Matheson de 1958 Je suis une légende (I am Legend) et
avaient même fait venir l’auteur en Angleterre pour qu’il écrive
un script. Alors les censeurs affirmèrent que s’ils menaient à
bien leur projet, ils banniraient le film aussitôt. Après une
bataille vigoureuse quant à ce qu’il était possible de montrer
dans La Nuit du loup-garou (The Curse of the Werewolf), la Hammer atténua le contenu
de ses films. Kiss of the Vampire en 1962 n’était en aucune
façon aussi spectaculaire que, par exemple, Brides of Dracula.
A de rares exceptions, il faudra attendre le début des années 1970
pour que des films de la Hammer puissent montrer des images plus
explicites - et une poitrine féminine dévoilée ici ou là.
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Cette scène dans laquelle le loup-garou s'en prend à la servante n'a pas été censurée; elle n'a jamais été tournée, elle n'a d'autre existence que des photos publicitaires : Dans La nuit du loup-garou, le personnage incarné par Yvonne Romain trouve effectivement la mort en donnant naissance à l'enfant du viol qui va devenir le lycanthrope.
-
Que répondriez-vous à ceux affirmant que les films de la Hammer
ressortissent principalement à du mauvais cinéma d’exploitation
reposant sur des scènes choquantes, sanguinolentes, cruelles et
sadiques – même s’il y existe moins d’horreur viscérale que
dans les films d’horreur italiens ?
-
Ils étaient de leur époque. Maintenant, ils ressemblent à de doux
contes de fée. Mais pour faire venir le public des années 1950 à
1970 au cinéma, tu ne pouvais plus juste suggérer les choses comme
dans les films de Val Lewton du début des années 1940. Les temps
avaient changé. Les gens étaient plus sophistiqués. La Hammer a
été aussi loin qu’elle pouvait, mais toujours en gardant à
l’esprit qu’il devrait y avoir des changements pour obtenir la
classification “X” appropriée - nota : projection interdite au jeune public. Comme pour les critiques, les
auteurs étaient pris dans une époque de cinéma avec un long passé
derrière. Les spectateurs n’étaient certainement pas d’accord
avec eux.
Le producteur James Carreras (au milieu) avec le Prince Philippe à droite, serrant la main du comique et magicien Tommy Cooper lors d'une soirée mondaine.
-
En tant que grand défenseur des productions de la Hammer, que
pouvez-vous dire à ce qui croient que les séries de films
impliquant Frankenstein et les vampires sont un peu répétitifs ?
-
Les films relatifs à Dracula pourraient être perçus comme tels,
parce que les auteurs semblaient ne jamais savoir comment employer le
personnage. Il a pu faire son apparition occasionnellement mais à
partir de Dracula Prince des ténèbres (Dracula Prince of
Darkness), les films traitaient davantage de couples et d’autres
personnages. La série sur Frankenstein était pittoresque et très
bien écrite. Le Baron était au premier plan et au centre,
créativement, ces films étaient bien meilleurs que ceux impliquant
Dracula. Mais Christopher Lee était une figure si marquante, bien
au-delà de son personnage de La revanche de Frankenstein, qu’il a
toujours rapporté davantage de recettes que Frankenstein. Le
dirigeant de la Hammer dans les années 1970 dit que Frankenstein
faisait juste assez de bénéfice pour permettre d’en réaliser un
autre. Dracula a été le gagne-pain de la Hammer jusqu’à
la fin. S’agissant des films de vampires, la Hammer n’en a pas
tant produit que cela. Et la plupart ont été réalisés après
1970. Je dirais que Brides of Dracula, Kiss of the Vampire, la
trilogie Karnstein (The Vampire Lovers, Lust for a Vampire et Twins of
Evil) étaient uniques). Comme l’étaient Vampire Circus, Captain
Kronos vs Vampire Hunter et certainement Legend of the 7 Golden
Vampires (qui était un univers en soi - nota l'histoire qui se déroule en Extrême-Orient est mêlée avec les arts martiaux). Countess Dracula n’était
pas un film de vampire, en dépit du titre.
-
Est-ce qu’au travers de la reprise des fameux personnages de
l’Universal, les producteurs de la Hammer n’ont pas négligé des
créatures plus originales au bénéfice exclusif de la peinture
d’incarnations anthropomorphiques du Mal de manière classique, se
privant d’explorer un nouveau registre de l’épouvante – le
Grand Inconnu dans l’acception lovecraftienne – comme par exemple
l’effrayant premier sketch du film Necronomicon ? Quelle est votre
opinion à ce sujet, pensez-vous que cela manque à la gloire de la
Hammer ?
-
La compagnie a toujours fait ce pour quoi les financiers lui versaient de
l’argent. A un moment, la Hammer a pu avoir trente projets ou même
davantage en cours. Michael Carreras pour la Hammer voulait faire
quelques fictions inspirées de Lovecraft ; la seconde moitié du
Peuple des abîmes (The Lost Continent) en 1968 comporte certainement
beaucoup d’images évoquant l’œuvre du célèbre écrivain. Une fois que
la Hammer avait creusé son sillon, ses responsables écartaient tout
ce qui n’était pas un clone de ce qui avait été fait auparavant.
C’est en vérité l’histoire de la fabrication de films dans le
genre d’Hollywood. Demons of the Mind était unique. Et cela fut un
échec commercial, tout comme These are the Damned.
Le Peuple des abîmes (The Lost Continent) est tiré d'un roman de Dennis Wheatley bien que ses arthropodes géants menaçants évoquent aussi beaucoup les monstres qui hantent également les Sargasses dans les nouvelles d'épouvante maritime de William Hope Hogdson.
-
Quelquefois, la Hammer a proposé quelques créatures plus
inhabituelles comme la femme reptile interprétée par Jacqueline
Pearce, et Barbara Shelley jouant une villageoise possédée par une
Gorgone diabolique de la mythologie grecque. Ces films ont-ils reçu
un accueil du public décevant expliquant que les producteurs de
la Hammer soient revenus vers des monstres plus conventionnels comme
la Créature de Frankenstein, les vampires, et les loups-garous ?
-
La Gorgone fonctionna bien pour Columbia en 1964, mais entraîna une
perte financière pour La Hammer car le film avait nécessité un
investissement trop important pour sa production. Les deux doubles
sorties que la Hammer fit en 1965 – Dracula Prince of
Darkness/Plague of the Zombies et Rasputine the Mad
Monk/The Reptile connurent aussi un certain succès commercial,
mais les quatre films ont été tournés aux Studios Bray dans la foulée, ce qui avait permis de combiner les frais et ainsi de réduire les coûts. Deux années plus
tard, en 1967, la Hammer a dépensé plus de 250 000 livres sur des
films comme Les monstres de l’espace (Quatermass and the
Pit) et The Devil rides out (les quatre films de 1965
avaient à peine dépassé 100 000 livres chacun) et Le continent
perdu (The Lost Continent) avait largement dépassé 500
000 livres. Tous perdirent de l’argent. Les pontes de la Hammer
avaient découvert qu’à l’exception de Dracula, il y avait une
limite aux bénéfices que leurs films d’horreur pouvaient
rapporter, et ils veillèrent soigneusement alors sur leur budget.



Deux tentatives de renouveler la galerie des figures de l'épouvante de la Hammer, la Gorgone mythologique possédant une villageoise dans le film éponyme de 1964 de Terence Fisher et la femme victime d'une malédiction prenant périodiquement des traits ophidiens dans The Reptile de John Gilling en 1967, sur un sujet cependant déjà traité en 1961 par une modeste production américaine, The Snake Woman réalisée par Sidney J. Furie - qui réalisera beaucoup plus tard L'Emprise (The Entity).
-
L’horreur est souvent dépeinte par les psychanalystes comme un
substitut de la sexualité à l’écran, et les critiques expliquent
que celle-là est sous-jacente. Nous nous souvenons cependant que le
Baron Frankenstein joué par Peter Cushing viole une femme dans le
bien nommé Frankenstein
must be destroyed. Le
personnage de prêtre joué par Christopher Lee dans la dernière
production Hammer pour le grand écran, Une
fille pour le diable
(A Daughter for the
Devil) est vu en
train de commettre un acte sexuel explicite (en réalité doublé par
le futur cascadeur d’Alien
Eddie Powell vu de dos), et l’auteur du roman originel s’offusqua
pour cette raison. Selon vous, la fin de la Hammer au cinéma
s’explique-t-elle par ce changement de registre dû à la volonté
du studio de correspondre davantage au climat plus licencieux des
années 1970 ou au contraire ce film est-il l’ultime tentative
quelque peu désespérée pour ne pas être supplantée par des
productions comme Tanya’s Island (un des premiers contrats du
maquilleur Rob Bottin) se tournant résolument vers l’érotisme –
nous savons que Roger Corman exigeait souvent de la sorte pour les
productions de sa compagnie New World des scènes de nudité dans
l’intention d’attirer un assez jeune public, notamment un certain
nombre d’adolescents ?

Illustration du magazine pour Une fille pour le diable (A Daughter for the Devil) avec l'enfant diabolique et le prêtre satanique joué par Christopher Lee, une autre adaptation d'un roman de Dennis Wheatley.
-
La Hammer dut évoluer avec le temps. Le début des années 1970, en
particulier, fut une période prolixe en nudité et en scènes de
sexe au moins implicites. Faire venir les spectateurs au cinéma a
toujours été la motivation première de ceux qui financent les
films. Et très certainement, la Hammer et d’autres compagnies
comme American International Pictures repoussaient les limites. A
cette époque, la fréquentation des salles de cinéma continuait de décliner, elle ne représentait plus qu’une fraction de ce qu’elle
avait été après la Seconde Guerre mondiale et avant que la
télévision prenne réellement toute sa place. Détacher les gens de
leur poste de télévision signifie qu’on DOIT LEUR DONNER quelque
chose sur le grand écran qu’ils ne pourraient voir sur le petit.
Le sexe et la violence représentaient la grande affaire de ce temps en
la matière.
-
Avez-vous appris au travers de vos contacts avec des personnalités
du cinéma, et en particulier concernant la Hammer, certaines
informations et anecdotes qui vous ont étonné et que vous voudriez
bien nous révéler ?
-
Il y a toujours beaucoup d’histoires. On doit être précautionneux
de ce qu’on imprime afin de ne pas blesser les sentiments des
personnes, bien que la plupart des gens concernés ne soient plus
parmi nous, car on ne veut pas non plus heurter les familles.
Cependant, si tout ce qu’on peut écrire est “elle était
charmante, il était charmant, tout le monde était charmant”, ce
serait ennuyeux – nota, c’est d’ailleurs la tonalité de ce qui
tient souvent lieu de documentaire sur les DVD et même ceux dont
les effets spéciaux ont été supprimés au profit du virtuel se
montrent ravis… On a ainsi trouvé qu'un producteur de films
fameux des années 1960 avait une liaison avec le compositeur. Ou
que le dernier maquilleur de la Hammer, Roy Ashton (un chanteur
d’opéra accompli avant le déclenchement de la Seconde Guerre
mondiale, mais lorsqu’elle prit fin, il a eu besoin d’un travail
rémunérateur), requis pour être la voix chantante de
Christopher Lee, a dit “Bien, il était assourdissant..” Ou
que lorsque le responsable précédent du maquillage, Phil Leakey, se
rendit dans son atelier pour prendre un engrenage tandis qu’une
scène était filmée, la porte était verrouillée – des
membres de l’équipe s’adonnaient à une relation sexuelle à
l’intérieur de sa pièce et dirent “Phil, prend patience. Nous
avons presque fini…” - nota, c’est sans doute plutôt la
perspective d’un poste mieux payé que cette infortune ponctuelle
qui a poussé le supérieur de Roy Ahston à quitter la compagnie…


Le premier responsable des effets spéciaux de maquillage de la Hammer, Phil Leakey maquillant Christopher Lee en Créature sur Frankenstein s'est échappé (Curse of Frankenstein) et son successeur Roy Ashton maquillant Jacqueline Pearce.
Un autre créateur d'effets spéciaux qui travailla sur un certain nombre de productions de la Hammer fut Les Bowie, qui créa sa compagnie, œuvra ensuite officieusement sur 2001, l'Odyssée de l'espace (2001 : A Space Odyssey) et collabora régulièrement avec Ray Harryhausen avant son ultime contribution pour le film Superman.
-
Les films de la Hammer n’ont-ils pas mis essentiellement en avant
l’allure effrayante du monstre en laissant de côté sa capacité à
susciter la sympathie au delà de sa différence comme l’acteur
Boris Karloff dans ses incarnations de la Créature de Frankenstein
et de la momie dans les productions de l’Universal des années
1930, à la possible exception du film La révolte de Frankenstein (Frankenstein must be destroyed) en 1969 présentant une Créature vengeresse mais aussi pitoyable
interprétée par le talentueux Freddie Jones – on pourrait aussi dans ce registre penser au
personnage disgracié de Quasimodo, à la fin émouvante du remake de
King Kong
de 1976, à Martin Brundle métamorphosé en mouche humanoïde et au
chien affreusement transformé dans La
Mouche 2 (The Fly 2). Est-ce que,
d’une certaine façon, la Hammer n’a-t-elle pas été un peu
enfermée dans un moule qu’elle s’est elle-même forgée ?
-
Il est certain que les productions de la Hammer ont usé de l’aspect
horrifique de leurs créatures. Freddie Jones suscite la sympathie
dans Frankenstein must
be destroyed. En dehors
de celui-là, la Hammer a élaboré une formule – qui naturellement
fonctionnait, mais ne laissait pas beaucoup de place pour l’analyse
de la raison pour laquelle les choses se produisaient ou le ressenti
de ceux qui en souffraient. Il haut ajouter que la fin de The
Gorgon est marquée
par les tristes sorts de personnes fondamentalement innocentes. Tout
le monde périt… Les enfants de Never
take Sweets/From
a Stranger et These
are the Damned (des
enfants radioactifs enfermés dans un bunker comme survivants
potentiels d’une guerre nucléaire) sont des personnages tragiques.



-
Pour vous, est-ce que le cinéma fantastique est principalement
source de divertissement, ce que des grands noms des effets spéciaux
comme Jim Henson et Rick Baker - auxquels des dossiers ont été ici
consacrés - semblaient considérer, ou bien s’apparente à une
catharsis traitant de nos angoisses existentielles, comme l’écrivain
Stephen King et le réalisateur David Cronenberg l’ont dit, de
menaces mondiales comme Joe Dante le suggère au sujet de la bombe
atomique dans Panic à Florida Beach (Matinee), ou même à une
introspection de la réalité, presque comme un langage capable de
convoquer au travers du symbolisme la nature profonde de la réalité
– nous avons en mémoire qu’un certain nombre de spectateurs furent
désorientés ou même déçus par la fin ouverte de The
Thing, John Carpenter
ayant souhaité se soustraire au standard de la fin heureuse
réconfortante afin de laisser entendre, comme déjà dans l’épilogue
du remake de 1978 de L’invasion
des profanateurs
(Invasion of the Body
Snatchers), que le Mal
n’est jamais vaincu comme nous le voyons aussi à la fin de La
tempête du siècle
(Storm of the Century),
et que les torts et incompréhensions se faisant jour entre les
individus sont irrémédiables comme à la fin de l’épisode de La
Quatrième dimension
(The Twilight Zone)
L'abri (The
Shelter)
?

Une figure du Mal, le médecin occultiste et ponctuellement clown pour enfants dans le film anglo-américain Rendez-vous avec la peur (Night of the Demon) de Jacques Tournrur en 1957 dans une illustration du magazine de Richard Klemensen.
Le Diable en personne apparaît dans Les Vierges de Satan (The Devil rides out) de Terence Fisher en 1968, mais il n'est qu'une figure très secondaire derrière Mocata joué par Charles Gray, un sataniste qui exerce une emprise puissante sur les êtres les plus influençables ; il est combattu par le Duc de Richleau incarné par Christopher Lee qui trouve là son second rôle positif après La Gorgone.
-
Je suis âgé et pas toujours un grand partisan des fins ouvertes.
Naturellement, The
Thing tel que
tourné par John Carpenter est aussi réussi que possible. Mais un
spectateur de mon âge est nostalgique du brillant final de la
version réalisée en 1951 par Howard Hawks, La Chose d'un autre monde (The Thing from Another World). La Hammer, en quelque
sorte, a plus en commun avec Monogram et PRC que de plus grands
studios. Ses responsables étaient si tributaires des produits que le
distributeur demandait qu’ils craignaient souvent de s’aventurer
hors des sentiers battus. Le film favori du producteur Anthony Hind
qu’il fit mener à terme était Never
take Sweets/From
a Stranger en 1959. Un
triste conte sur l’enfance maltraitée. Il n’eut pas de succès au
Royaume Uni et fut peu projeté aux Etats-Unis bien que le
distributeur, Columbia, considérait qu'il s’agissait d’un
merveilleux film et voulait le diffuser. Les censeurs et la Ligue
catholique le firent pratiquement interdire. La même chose s’est
produite avec These are
the Damned. Le
merveilleux film de Joseph Losey fut mis de côté.
-
Est-ce que le genre d’épouvante de la Hammer vous semble
intemporel en dépit du décor historique dans lequel les intrigues
sont contées qui pourrait le rendre particulièrement attrayant pour
un certain public, ou diriez vous néanmoins que ces productions
reflètent même à minima certaines angoisses contemporaines ?
-
Intemporel ? Oui. Depuis les Contes des Frères Grimm jusqu’à
Poe et à ses pareils – Hammer les a concrétisés, bien qu’en
tant qu’hommes d’affaires à la tête froide, les responsables restèrent
soigneusement très loin de ce qui était attendu. Ses promoteurs
savaient qu’ils devaient fournir un film bien fait, de qualité,
avec une interprétation talentueuse, une bonne mise en scène et
une photographie soignée. Par ailleurs, les dirigeants de la Hammer n’ont pas toujours
obtenu l’aval nécessaire pour leur partition musicale généralement
réussie. Anthony Hinds disait “nous n’avons jamais eu beaucoup
d’argent en banque et la seule politique de la compagnie était de
faire ce que les grands studios d’Hollywood nous demandaient”. Les critiques comme les fans appréciaient beaucoup les films,
ce qui est gratifiant. Mais je suspecte qu’aucun d’entre eux n’a
jamais rencontré les esprits des gens de la Hammer. Ceux-là étaient
des artisans de grand talent, capables de créer des films qui ont
passé l’épreuve du temps. Un statut dont beaucoup de films à
l’approche plus ouvertement tournée vers une ambition artistique ne peuvent se
targuer.
-
Quels sont les films de la Hammer qui méritent le plus selon vous d’être visionnés ?
-
Dans la veine science-fictionnelle, je conseillerais Les
monstres de l’espace
(Quatermass and the
Pit). Celui que je
montrerais à un cinéphile qui n’a jamais vu un film de la Hammer,
afin de lui laisser apprécier par lui-même ce qu’était la compagnie
Hammer, serait Horror
of Dracula, un film
bien écrit, sans temps mort ou fin inachevée, avec certains passages visuellement étonnants et une conclusion qui à l’époque
fit hurler de terreur les spectateurs. Cependant, le meilleur des
films d’horreur de la Hammer est The
Brides of Dracula en
1960. Tout y est achevé, c’est la grande œuvre de Terence Fisher.
La troisième adaptation sur grand écran des aventures du Professeur Quatermass, Les monstres de l'espace (Quatermass and the Pit), avec Andrew Keir reprenant le rôle-titre, aux côtés de Barbara Shelley vue dans La Gorgone et Le village des damnés.
-
Parmi les projets non concrétisés de la Hammer, lequel auriez-vous
le plus aimé voir réaliser ?
-
Je ne sais pas ce que cela aurait donné à l’écran, mais si
Vampirella
était sorti en 1976 comme prévu, je pense que cela aurait sauvé la
carrière de Michel Carreras et la société Hammer.
- Pour moi, en dehors du mystérieux script de Jimmy Sangster
Goldenfish Bowl in the
Sun, une expédition
solaire découvrant des extraterrestres, dont on ne connaît rien, c’est celui qui devait être
consacré au monstre du Loch Ness, qui je suppose aurait été
présenté sous un jour effrayant, une coproduction avec le studio
japonais Toho – avez-vous certains détails sur le scénario
envisagé ? Et connaissez-vous la raison exacte pour laquelle ce
partenariat échoua ?
-
Nessie était juste un projet trop ambitieux pour la Hammer à
l’époque. Ils n’avaient pas de fonds à leur disposition et
l’équipe ne comptait que trois personnes. A la fin, ils essayaient
d’arracher plus qu’ils ne pouvaient mâcher. Le Nessie de la Toho
aurait semblé surgir de l’univers de Godzilla,
et ce n’est pas ce à quoi on se serait attendu de la part d’un
film de plusieurs millions de dollars. Les producteurs de la Hammer
voulaient engager Jim Danforth, qui avait fait les merveilleux effets
spéciaux de Quand
les dinosaures dominaient le monde
(When Dinosaurs
ruled the Earth)
en 1968, mais il était indisponible car il travaillait alors sur un
projet de remake de King Kong – nota : lequel devait utiliser comme
son modèle l’animation par image et fut abandonné suite à la
concurrence de la production de Dino de Laurentiis. A la fin, un film
plus dans la lignée de ce que le Studio Amicus avait produit pour la
compagnie American International (trois films inspirés par les
aventures d’Edgar Rice Burroughs) aurait pu être mené à bien par
la Hammer. Et encore une fois, aurait fait partie d’un long
cheminement pour préserver la compagnie de la faillite. J’ai lu
une fois que Michael Carreras au nom de la Hammer, tandis qu’il
s’efforçait de persuader Columbia Pictures de financer Nessie,
montra aux responsables le type d’effets spéciaux que Toho
employait pour ses monstres. Les dirigeants de la Columbia se mirent
à rire. Ce n’était pas encourageant…

James Carreras devant une affiche pour une diffusion japonaise d'une production Hammer.
- Je crois qu’il avait été envisagé d’utiliser
principalement l’animation image par image pour donner vie aux
reptiles volants du projet Zeppelin versus Pterodactyls ?
-
En 1970, La Hammer ne pouvait une fois de plus obtenir les fonds
nécessaires pour faire un brillant film épique comme Quand les
dinosaures dominaient le monde (dont le coût final, publicité
incluse, s’éleva pratiquement à une hauteur de 5 millions de dollars). Ils pensaient peut-être à user d’animation au début et
à la fin, tandis que le milieu du film se déroulerait parmi les
hommes sauvages comme leur production ratée de 1970 Creatures
the World forgot – nota : le film fut réécrit plusieurs fois,
finalement produit par Charles Band et
achevé en juin 2023 sous le titre The Primevals ; il en a été
largement rendu compte sur ce site dans l’article de novembre 2023.


Couverture du magazine pour le film Quand les dinosaures dominaient le monde (When Dinosaurs ruled the Earth), un film dans la continuité d'Un million d'années avant J.C. (One Million Years B.C.) pour lequel l'animateur Jim Danforth suppléa brillamment Ray Harryhausen alors indisponible. En dessous, cette seconde illustration fut réalisée par le célèbre illustrateur William Stout pour la revue.
-
La Hammer se tourna finalement vers la télévision en proposant
notamment La maison de tous les cauchemars (The House of All
Nightmares), qui génère une certaine angoisse – avez-vous une
même considération pour cette production que pour les films, et
dans le cas contraire, qu’est-ce qui vous paraît faire défaut par
rapport à eux ? Les épisodes que j’ai vus m’ont paru effrayants,
en est-il de même pour vous ?
-
La Hammer a toujours essayé d’obtenir un succès à la
télévision. Cela remonte à 1958 lorsqu’elle produisit un pilote
avec Columbia Pictures/Screen Gems – Tales of Frankenstein (que
Columbia vient juste d’acheter afin d’obtenir les droits de
diffusion de la suite de Frankenstein, Revenge of Frankenstein). Hell of the City en 1959 était un film que le directeur de la Hammer
Michael Carreras espérait décliner en une série, de même pour
Visa to Canton en 1960. La Hammer réalisa une grande série
pour ABC en 1968, Journey to the Unknown, qui ne connut qu’une
saison de 17 épisodes.
Durant
toute le règne de Michael Carreras à la tête de la Hammer, les
producteurs pensèrent toujours que leur seul espoir de perdurer
résidait dans la télévision. Il y eut en 1980 la série La
maison de tous les cauchemars (The Hammer House of Horror) fait
par Roy Skeggs et Brian Lawrence, qui acquirent la Hammer de Michael
Carreras en dépôt de bilan auprès de ses créanciers, et en 1983
la production Skeggs-Lawrence-la Hammer Hammer House of Mystery
and Suspense. Un des plus récents groupes possédant la Hammer
créa une série en streaming en douze parties Let the Right One
in/ Let Me in en 2022 basée sur un film de la Hammer de
2012 lui-même inspiré d’un film suédois.
-
La Hammer fut relancée récemment bien que les Studios Bray devraient
être vendus. Souhaitez-vous que la Hammer soit fidèle à son
héritage ou bien essaie d’explorer de nouvelles directions dans la
limite de sa marque de fabrique, et concevez-vous des attentes
particulières en la matière ?
- A la fin du mois de septembre 2023, John Gore a acquis la société
Hammer Films. Il a une longue expérience du théâtre et de la
télévision, ainsi que l’argent nécessaire pour produire plus de
films Hammer. Je pense que les propriétaires précédents ont fait
du bon travail avec notamment les deux films Woman in black.
Mais l’aspect financier étant hors de leur contrôle, la compagnie
a été entravée jusqu’à être mise sous séquestre au début de
l’année 2023. Aussi, un tout nouveau futur débute pour la Hammer.
Difficile de dire ce qui peut fonctionner auprès du public actuel.
Espérons que la nouvelle Hammer saura trouver la bonne approche. De
plus, les Studios Bray existent toujours. Tous les projets ayant
envisagé de les transformer en appartements ont été abandonnés. De
nombreuses émissions y sont réalisées et en 2020 y a été tournée
la troisième partie du Dracula diffusé sur Netflix.
-
Merci beaucoup pour ce long entretien qui je l’espère aura
intéressé les lecteurs.
site du magazine qui existe depuis 52 ans et réimprime tous les numéros épuisés : http://www.littleshoppeofhorrors.com/
*
Mentionnons succinctement quatre disparitions récentes concernant lointainement notre sujet.
L'actrice britannique Maggie Smith s'est éteinte paisiblement le 27 septembre 2024 dans sa quatre-vingt dixième année. Récompensée par de nombreuses distinctions et notamment deux Oscars, elle avait figuré dans le dernier film mythologique usant d'effets spéciaux concrets, Le Choc des Titans (Clash of the Titans) de Desmond Davis en 1981, incarnant la déesse Thétis qui déchaîne sa colère contre le héros Persée, lequel est alors contraint d'affronter le redoutable Kraken pour sauver sa bien-aimée Andromède auquel elle doit être sacrifiée. Elle était l'épouse en second mariage du scénariste du film, Beverley Cross. Dans le domaine du fantastique, elle avait joué un autre personnage revêche dans Hook, la revanche du Capitaine Crochet (Hook) de Steven Spielberg et aussi incarné le Professeur Minerva McGonagall dans nombre de films de la saga Harry Potter jusqu'à ce que ses problèmes de santé l'en éloignent. Elle déplorait qu'à la différence du théâtre, sa notoriété imputable au cinéma et plus encore à la télévision avec la série Dowtown Abbey l'avait empêché de pouvoir dorénavant circuler seule dans l'espace public. Elle s'était consacrée à certaines actions caritatives, en tant que membre d'une association pour la prévention du glaucome, avait réalisé un dessin pour une vente aux enchères au profit de la protection des chats nécessiteux et avait versé en septembre 2011 4,6 millions de dollars néozélandais pour la reconstruction du théâtre de Christchurch détruit par un tremblement de terre. Elle avait survécu à un cancer du sein. Les deux enfants de sa première union sont eux aussi devenus acteurs.

Pour avoir comparé la beauté de sa fille Andromède à celle de Thétis au détriment de cette dernière dans son propre temple, la reine Cassiopée s'attire le courroux de la déesse de la mer, dont la statue se désagrège et qui édicte sa malédiction.
Maggie Smith dans le rôle de Thetys, au côté de Poséidon (Jack Gwillim, qui interprétait le Roi de Colchide dans Jason et les Argonautes) qui libère le terrible Kraken pour assouvir sa vindicte contre la bien-aimée de Persée dans Le choc des Titans (Clash of the Titans).
L'actrice Maggie Smith au côté de son dernier mari Beverley Cross, scénariste de Jason et les Argonautes (Jason and the Argonauts) et du Choc des Titans (Clash of the Titans) dans lequel elle a figuré.
Le scénariste Pierre Christin a disparu le 2 octobre 2024, suivant d'assez près le dessinateur Jean-Claude Mezières éteint le 23 janvier 2022 comme il en avait été rendu compte ici à l'époque. Il retrouva en 1965 à Salt Lake City où il enseignait la littérature cet ami d'enfance dont il avait fait la connaissance durant la guerre dans un abri anti-bombardements. Ils s'associèrent pour envoyer depuis les États-Unis au journal Pilote une courte bande dessinée, Les mauvais rêves, première aventure de la saga de science-fiction Valérian et Laureline qui débouchera sur de nombreux albums. Pierre Christin écrivit ses premiers scénarios sous pseudonyme afin de ne pas pâtir de la mauvaise réputation qu'avait alors la bande dessinée dans les cercles universitaires. Il écrivit aussi des nouvelles de science-fiction pour la revue française Fiction, puis des romans comme Les prédateurs enjolivés. Une autre association de longue date de Pierre Christin, toujours dans le registre de la science-fiction, l'unit au dessinateur d'origine serbe Enki Bilal, au style brut très reconnaissable. comme pour le recueil Mémoires d'outre-espace ; lorsque ce dernier passa à la mise en scène, il écrivit parmi d'autres scénarios celui de son film Bunker Palace Hotel, un huis-clos sur la fin d'une dictature imaginaire.

Le scénariste Pierre Christin (à droite sur la photo) avec le dessinateur Enki Bilal.
Dans le récit Le Plitch, figurant dans Mémoires d'Outre espace, qu'Enki Bilal a illustré, le dessinateur n'a pas hésité à donner à deux dirigeants confrontés à une créature amorphe carnivore à l'instar de la menace de Danger planétaire (The Blob), et qui rappelle aussi visuellement l'extraterrestre plastique de la nouvelle Le pantomorphe (The Pliable) de Daniel Galouye, les traits du président et du premier ministre de l'époque, tournés en ridicule, Valéry Giscard d'Estaing et Raymond Barre.
Le pouvoir confronté à un curieux clandestin dans Le Plitch.
Le scénariste Pierre Christin représentée dans son autobiographie racontée en bande dessinée dans l'album Est-Ouest dessiné par Philippe Aymond.
Mentionnons au passage la disparition cet été, le 24 août 2024 à Nice, de l'explorateur français Michel Siffre des suites d'une pneumonie. Passionné par l'exploration des grottes dès l'âge de dix ans, il a fait partie des chercheurs qui expérimentaient sur eux-mêmes les conséquences physiologiques d'un séjour prolongé dans les grottes, où l'obscurité permanente fait rapidement perdre la notion du temps sans parler d'autres facteurs singuliers comme un taux considérable d'humidité qui façonne stalactites et stalagmites. Ces incidences sur la biochronologie de l'organisme ont des implications sur la vie dans l'espace où les systèmes sensoriels sont également désorientés, de sorte que ses expériences ont intéressé aussi bien le cosmonaute russe Youri Gagarine que la NASA qui l'a missionné pour passer pas moins de 205 jours dans la Midnight Cave au Texas.
Michel Siffre à l'air libre.
Passionné par tout ce qui se trouve sous la Terre dans ses endroits les moins accessibles, des merveilles géologiques aux trésors archéologiques en passant par la vie souterraine, Michel Siffre mérite particulièrement d'être mentionné ici pour son ouvrage paru en 1979 Les animaux des gouffres et des cavernes, qui s'intéressait aux créatures ayant trouvé refuge loin des regards et soulignait la nécessité de préserver ces écosystèmes fragiles, préoccupation rejoignant celle de l'explorateur Picard qui avait obtenu qu'on ne jette pas dans les profondeurs marines les déchets nucléaires pour ne pas nuire à leur faune remarquable comme évoqué dans l'article "nos précieux cousins des abysses" - le présent site évoquera ultérieurement ce que les adaptations des animaux cavernicoles peuvent nous apprendre sur les mécanismes de l'évolution.

On vient juste de l'apprendre, le réalisateur et scénariste William Sachs, ancien pilote durant la guerre du Vietnam pour l'aviation américaine, conflit auquel il a consacré un film, There is no No 13, et diplômé en sociologie, est décédé en avril de cette année. Il était notamment connu pour avoir réalisé deux petits films de science-fiction. Le premier, Le monstre qui vient de l'espace (The Incredible Melting Man), suit le parcours d'un astronaute dont la chair se liquéfie et qui est poussé à tuer pour assouvir son besoin de sang humain, alors que son ami le Docteur Nelson joué par Burr DeBenning* s'efforce de la protéger ; le film bénéficie des horrifiants maquillages de Rick Baker. Le réalisateur avait initialement l'intention d'opter pour une parodie de films d'horreur portée sur le surréalisme, mais les producteurs qui ont fait retourner postérieurement des scènes, ont préféré conserver à l’œuvre une tonalité plus tragique. Plus léger, Galaxina en 1980 est un space opera comique, qui fut couronné au festival du film fantastique de Bruxelles en 1983 et demeure tristement célèbre pour l’assassinat de l'interprète de son héroïne, Dorothy Stratten, par son petit ami jaloux - comme un peu plus tard Dominique Dunn après la sortie de Poltergeist. De la même manière que Le monstre qui vient de l'espace fut retouché postérieurement par les producteurs, il fut lui-même souvent amené à tourner en post-production des scènes pour des films réalisés par d'autres cinéastes dont les producteurs n'étaient pas satisfaits en l'état. Ses mérites furent régulièrement reconnus et seule la peur de la polémique en raison du sujet empêcha que son film sur le Vietnam se voit décerner l'Ours d'or au Festival international du film de Berlin en 1974.

William Sachs
Steve West (Alex Rebar, maquillé par Rick Baker), de retour d'un voyage vers Saturne, lequel n'a pas vocation à demeurer la seule victime de l'espace...
Poster de Galaxina
Dorothy Stratten, interprétant la jolie androïde Galaxina qui confère au film son titre, dans une taverne de l'espace fréquentée par de curieux clients dont un sosie du Monsieur Spock de Star Trek, et dont l'être affalé sur le comptoir n'est pas le moins exotique.
* pour le spectateur français, l'acteur est surtout connu des plus observateurs comme l'adjoint du redoutable directeur d'une pension militaire joué par Patrick McGoohan dans l'épisode assez fameux Entre le crépuscule et l'ombre (By Dawn's Early Light) de la série Columbo.
*