David Allen a disparu il
y a un peu plus d’une vingtaine d’années, le 16 août 1999. Il
était avec Jim Danforth un des principaux disciples de Ray
Harryhausen, ce dernier, auteur des trucages d’un monument du 7ème
art comme Jason et les Argonautes (Jason and the
Argonauts), ayant lui-même été l’apprenti de Willis O’Brien
qui avait popularisé la technique de l’animation de figurines
image après image (stop motion) avec Le monde perdu (The
Lost World) en 1925 puis King Kong en 1933, avant d’être
rejoints par Phil Tippett, Doug Beswick, Tom St Amand, Peter Kleinow,
Randall William Cook ou encore Steve Archer pour ne citer que les
plus célèbres. Après toutes ces années, il redevient d’actualité
à la suite d’un évènement un peu singulier.
David Allen en compagnie du maître Ray Harryhausen.
Né
le 22 octobre 1944, David Allen avait fait ses débuts dans le
court-métrage estudiantin Equinox
en 1970, dont le producteur de Danger planétaire
(The Blob) Jack Harris
avait fait un long format. Il offrit aussi simultanément ses
services à la publicité, dont une fameuse parodie de King
Kong que la firme Volkswagen
décida finalement de ne pas diffuser en estimant que l’emploi d’un
singe géant au volant d’une de leurs automobiles ne servait pas
l’image de prestige que voulait cultiver la communication plus
sophistiquée de la marque. Les pâtisseries devenant de petits
personnages dans la séquence horrifico-comique du Secret
de la pyramide (Young
Sherlock Holmes) dans laquelle
ils tourmentent un jeune boulimique semblent d’ailleurs tout droit
sortir d’une réclame.
David Allen avec une armature d'un tyrannosaure miniature, et en dessous, posant avec la figurine de King Kong pour sa séquence publicitaire non diffusée pour la marque Volkswagen.
L’animateur avait
contribué à nombre de films depuis les années 1970 comme Quand
les dinosaures dominaient la terre (When Dinosaurs ruled the
World) en 1970, un digne pastiche d’Un million d’années
avant J.C. (Un million Years B.C.) agencé par le maître
Harryhausen, démontré à nouveau son excellence avec l’animation
du plésiosaure survivant du Mésozoïque de Crater Lake Monster
en 1977, production modeste au scénario imparfait mais bénéficiant
d’effets spéciaux et d’une photographie dignes d’un film à
grand budget, œuvrant comme pour le précédent aux côtés de son
ami Jim Danforth, ainsi qu’avec le monstre légendaire mis en scène
par Larry Cohen dans Q – the Flying Serpent en 1982. Il a
aussi créé la séquence du babouin se momifiant instantanément des
Prédateurs (The Hunger), assuré l’animation du
gremlin sur l’aile de l’avion pour certains plans du dernier
sketch de l’adaptation cinématographique de La Quatrième
dimension (Twilight Zone : The Movie), de la masse
anthropophage de The Stuff, une dénonciation satirique des
pratiques cyniques de l’agroalimentaire par Larry Cohen*, concouru à
l’animation des pantins homicides des Poupées (Dolls),
du dragon bicéphale de Willow, des petits engins
extraterrestres de Batteries non included, des arthropodes
géants de Chérie, j’ai rétréci les gosses (Honey, I
shrunk the Kids), et des manifestations surnaturelles de S.O.S.
Fantômes2 (Ghostbusters II). Il avait encore
animé la séquence image par image coupée de Hurlement (The
Howling) montrant un rassemblement nocturne de loups-garous
bipèdes. Dans les dernières années, l’animateur avait surtout
travaillé sur des productions moins prestigieuses de Charles Band ;
outre les colosses de ferraille de Robojox donnant
l’impression d’être gigantesqueset
les dinosaures lilliputiens de Prehysteria,
il s’était chargé des personnages miniatures de films versant
souvent dans la semi-parodie. Il avait fondé sa propre compagnie
d’effets spéciaux, David Allen Production, qui fut après sa
disparition reprise par son assistant Chris Endicott.
Jim Danforth à gauche et David Allen, les premiers héritiers de Ray Harryhausen, une photo prise par Bob Burns pour le compte de l'animateur Mark Wolf.
David Allen sur The Crater Lake Monster en 1977 et le résultat réaliste à l'écran lors du tragique duel au bulldozer, qui entraînera la mort à la fois du conducteur et du survivant de la préhistoire.
Un autre effrayant reptile, la divinité aztèque Quetzalcoatl qui fait de terrifiantes apparitions dans le film Epouvante sur New-York (Q the Winged Serpent) de Larry Cohen, évoqué dans l'hommage au cinéaste en avril 2019 suite à sa disparition.
Un plan coupé d'un inquiétant conciliabule nocturne de loups-garous pour Hurlement (The Howling) de Joe Dante de 1981.
David Allen travaillant sur l'animation image par image de la version miniature du Gremlin s'attaquant à une aile de l'avion dans le sketch Cauchemar à 20.000 pieds (Nightmare at 20.000 Feet) de George Miller dans le film de 1983 La Quatrième Dimension (Twilight Zone : the Movie).
David Allen œuvrant sur le modèle de la fourmi de Chérie, j'ai rétréci les gosses (Honey, I shrunk the Kids) de Joe Johnston, qui apparaît gigantesque à l'écran à côté des adolescents miniaturisés qui parviennent à l'apprivoiser et à laquelle l'animation et le modèle mécanique confèrent une vraie personnalité. Les tiges métalliques servent de repères visuels entre deux prises afin de permettre une manipulation cohérente du modèle.
Il
existe un projet auquel est associée la vie de David Allen, celui de
The Primevals. David
Allen a écrit le scénario dès 1967 sous le titre Raiders
of the Stone Ring. Dans cette
histoire, un zeppelin chargé de larguer des bombes est au cours de la
Première Guerre mondiale détourné par une tempête apocalyptique
jusqu’à une terre inconnue peuplée d’hommes-lézards et de
paresseux géants, et est aussitôt la cible d’une attaque par un
groupe de reptiles volants contemporains des dinosaures. Jim Danforth
et Dennis Murren révisèrent l’histoire sous la forme d’un
traitement d’une trentaine de pages. La société Cascade Picture,
une importante compagnie de production de films publicitaires pour
laquelle travaillait couramment Jim Danforth, témoigna d’un vif
intérêt pour le projet, mais n’y donna finalement pas suite.
Un très jeune David Allen déjà tout à sa passion pour les figurines animées, au côté de l'éditeur Forrest J. Ackerman ayant fondé la première revue consacrée au cinéma fantastique et de science fiction, Famous Monsters, et également fidèle ami de Ray Harryhausen.
Illustration conceptuelle de David Allen pour son projet Raiders of the Stone Ring, montrant le dirigeable attaqué par des reptiles volants, autour de laquelle la société de production anglaise Hammer avait songé à construire un film.
L’année
suivante, la société anglaise Hammer qui s’enthousiasmait pour le
travail de Danforth et d’Allen sur leur production Quand
les dinosaures dominaient la terre
(When Dinosaurs ruled the World)
se montra désireuse de porter à l’écran le sujet. Cependant, les
producteurs trouvaient que les séquences-test manquaient de ressort
dramatique et ils rebaptisèrent aussi le film du titre très
explicite de Zeppelin versus Pterodactyls.
Il s’avéra progressivement que les producteurs pressaient David
Allen de questions sur la faisabilité du projet, étant échaudés
par le temps nécessité pour la réalisation des effets spéciaux de
Quand les dinosaures dominaient la terre,
se montrant ainsi moins disposés à se lancer dans un nouveau film
comportant beaucoup d’animation image par image, et par ailleurs,
que le nouveau titre de Zeppelin versus Pterodactyls
n’éveillait aucun intérêt
de la part de potentiels distributeurs américains. De surcroît,
David Allen lui-même commença à se désinvestir du projet. Non
seulement il n’appréciait pas la réécriture du scénario sous
l’égide de la Hammer, lui paraissant, en empruntant aux récits
d’Edgar Rice Burroughs, verser dans un genre d’aventure et de
romance par trop conventionnel, mais cette nouvelle mouture lui avait
fait prendre conscience de la faiblesse de sa propre histoire
initiale mise en évidence par ses bouts d’essais. Enfin, il
n’avait pas touché un seul centime de la compagnie en échange de
son implication prolongée.
Néanmoins, David Allen n’avait pas complètement renoncé à son sujet et il s’était mis à réviser son script. Il reçut finalement l’aide d’un autre animateur, Randall William Cook, pour refondre l’histoire, lequel était soutenu par un producteur qui souhait lui en confier la réalisation mais qui fut jeté en prison. Par l’intermédiaire du maquilleur Steve Neill, David Allen et Randall William Cook furent engagés par le producteur Charles Band pour donner vie aux extraterrestres reptiliens qui apparaissent au début et à la fin du film Laser Blast. Le script de Raiders of the Stone Ring fut d'abord réintitulé The Glacial Empire au début des années 1970 et c'est semble-t-ilà cette époque que David Allen décida d'attribuer aux hommes-lézards une origine extraterrestre. Au fil des réécritures, le projet qui devint The Primevals vit aussi l’adjonction du personnage de yéti colossal dont l’autopsie révèle une intervention non humaine. Le scénario dévoile la découverte d’une cité installée dans l’Himalaya par des extraterrestres d’aspect reptilien. Cette œuvre de longue haleine à laquelle son concepteur ne cessa jamais réellement de se consacrer parut définitivement compromise lorsque le cancer emporta David Allen en 1999.
Illustration conceptuelle de préproduction exécutée par le célèbre illustrateur George Barr montrant la cité souterraine.
David Allen et une maquette d'humanoïde reptilien, ainsi que gros plan sur le modèle et la figurine achevée.
Une des premières images filmées, une composition associant un plan avec un acteur avec une figurine animée ajoutée photo après photo pour donner l'impression du mouvement.
Figurine d'un monstre reptilien pour une première version du film ; l'animal paraît moins fantaisiste depuis que dans les dernières décennies ont été exhumés des fossiles de Sauropodes (dinosaures végétariens à long cou) présentant une arrête dorsale ornée de piquants qu'on pensait auparavant l'apanage d'un autre groupe de dinosaures, les Ankylosaures (dinosaures cuirassés). Le site Créatures et imagination présentera d'autres images de créatures du cinéma inédites dans une grande série à venir.
Au cours du très long processus d'élaboration, d'autres changements ont eu lieu comme pour le Yéti dont le faciès a été reconfiguré pour se rapprocher davantage de celui d'un gorille (à droite) ; les animateurs ont une attirance pour cet animal comme Willis O'Brien qui lui consacra trois films, dont le King Kong donna sa vocation à Ray Harryhausen, comme celui-ci ne manquait pas de le rappeler et qui l'assista sur Mr Joe (Mighty Joe Young), Jim Danforth rêvait de l'animer avec la même technique que l'original pour le remake abandonné au profit de celui porté par Dino de Laurentiis et souhait monter son projet Krangoa autour d'une famille de gorille géant, et enfin comme indiqué plus haut, David Allen avait animé un King Kong pour une publicité non diffusée.
Une première version du poster.
Version ultérieure du poster avec un Yéti plus anthropomorphe.
David Allen avec un comédien costumé pour les prises de vues réelles.
David Allen derrière la caméra.
Une carte de vœux de David Allen avec une photo de son personnage favori.
Cependant,
le producteur Charles Band avait récemment annoncé qu’il n’avait
pas renoncé à ce que le film soit terminé, affirmant que
l’essentiel avait déjà été tourné, non seulement les prises de
vue réelles avec les acteurs - incluant Robert Cornthwaite connu notamment pour son interprétation du scientifique de La Chose d'un autre monde (The Thing from Another World) en 1951, mais aussi une bonne part des effets
spéciaux, l’animateur ayant fait appel au renfort de Randall
William Cook et de Peter Kleinow afin de l’assister pour les
séquences employant la technique d’image arrêtée. Le dirigeant
de la Compagnie Full Moon Pictures (anciennement Empire) a prouvé
tout récemment qu’il avait bien tenu son engagement de donner
corps au rêve de toute une vie de David Allen, en complétant
l’investissement consenti par sa société avec un financement
participatif proposé au travers du site Indiegogo. On pourra noter
qu’entre-temps, l’animateur Peter Montgomery a entrepris en
faisant appel à la même ressource de réaliser un autre film
comportant des séquences d’animation propulsant des personnages de
l’époque victorienne dans des aventures rocambolesques les
confrontant dans un monde inconnu à des créatures hostiles, Dark
Earth, dont il a été ici
question précédemment. Ainsi, le producteur Charles Band a pu annoncer à la mi-juin 2023 que le film était finalement terminé.
A droite, Ken Ralston, le responsable de la séquence des "anguilles de Tau Ceti" de Star Trek 2 : la colère de Kahn (Star Trek 2 : the Wrath of Khan) et des "microbes" de Star Trek 3 : à la recherche de Spock (Star Trek III : the Search of Spock), supervise l'arme à laser des créatures.
David Allen à gauche avec ses collègues Randy Cook et Pete Kleinow encadrant un spécialiste des effets optiques, Spencer Gill.
David Allen et son collaborateur Chris Endicott au milieu des modèles de The Primevals.
Chris Endicott prenant la relève de son ami disparu pour poursuivre son projet
Kent Burton en renfort en 2019.
The
Primevals ne convaincra peut-être pas les détracteurs catégoriques de l’animation image par
image, en dépit de la volonté affichée de David Allen d’entraîner
le spectateur dans un grand film d’aventure ne se réduisant pas à
ses effets spéciaux. Il faut néanmoins rappeler aux spectateurs
l’incroyable perfection qu’a permis cette technique de
reconstitution de mouvements sur une figurine comme dans les
apparitions saisissantes de la terrifiante Gorgone au regard
fulgurant rampant sinistrement dans son antre à la lueur de l’âtre
pour semer la mort dans Le Choc des titans
(Clash of the Titans),
fabuleusement mises en œuvre par Ray Harryhausen, et les courts
plans du dragon Falkor à la fourrure frémissante ondulant dans les cieux de L’Histoire
sans fin (The
Neverending Story) et surgissant in
extremis pour sauver le héros Atreyu sur une majestueuse partition
de Klaus Doldinger, imputables au talent de Steve Archer – des
articles détaillés suite à leur disparition ont été consacrés
sur ce site à ces deux magiciens du cinéma. Il convient de saluer
la persévérance d’un artiste à l’échelle d’une vie, ainsi
que la constance d’un producteur qui a su se donner les moyens de
mener à son terme le projet par-delà la disparition de l’animateur
qui y tenait tant, et il incombe dorénavant aux spectateurs de se
laisser porter par l’atmosphère de dépaysement en acceptant la
part inhérente de naïveté renvoyant à l’imaginaire juvénile
que promet cette aventure si longtemps différée.
Le corps du Yéti ramené à la civilisation.
Un monstre reptilien surnommé le "Lézard de la rivière".
La cité souterraine.
Les explorateurs captifs des reptiles humanoïdes.
Le Yéti se rebellant contre les créatures étrangères.
Des extraterrestres prêts à combattre en déclenchant leur rayon.
Le nouveau poster du film.
Nota : Cet article devait paraître dès juillet, mais sa publication fut différée dans l'attente de la mise à disposition du film pour le public ; cependant, la société de production Full Moon Pictures qui a indiqué que l'œuvre a été présentée au Fantasia Film Festival de Montréal les 23 et 24 juillet puis au Festival du film fantastique de Sitges en Catalogne les 11 et 12 octobre, n'a pu préciser à ce jour la date à laquelle il serait possible de la visionner sur le site internet, ce qui amène finalement à défaut à le faire paraître ce jour.
Philippe
Curval nous a quittés à l’âge de 93 ans le 5 août 2023. Homme
affable, accessible, il était probablement l’un des deux écrivains
français contemporains les plus renommés dans le domaine de la
science-fiction avec Gilles d’Argyre connu sous le pseudonyme de
Gérard Klein. Né Philippe Tronche le 27 décembre 1929 à Paris,
son père l’intéresse très jeune à la science-fiction. Son goût
pour le domaine le conduit à y participer en tant qu’auteur de
nouvelles et de romans, créateur de publications ou encore
pourvoyeur de critiques pour les revues spécialisées et « Le
Monde ». Son éclectisme l’avait aussi amené à exercer les
fonctions de visiteur médical itinérant, de journaliste, de
contributeur à des journaux scientifiques, de photographe et auteur
de collages et de photomontages utilisés aussi bien pour des
couvertures de numéros de la revue « Fiction» que de
publications et d’exposition sur de grandes toiles. A la manière
d’Alexandre Jardin, il avait entrepris d’écrire en quatre
volumes une histoire fantasmée de sa famille sous son vrai nom de
Tronche, dont il avait achevé le deuxième malgré sa perte de
mobilité suite à une mauvaise chute.
Illustration originale de Philippe Curval pour son roman Lothar Blues qui traite comme Les Humanoïdes de Jack Williamson et La Tour de verre de Robert Silverberg de la place des êtres artificiels conçus à l'image de l'homme dans la société de l'avenir.
Si
son intérêt pour la science-fiction n’était pas exclusif,
l’écrivain y revint périodiquement, intéressé aussi bien par le
surréalisme que par l’interdisciplinarité des connaissances.
Plusieurs de ses romans ont pour cadre le Marcom, construction
européenne (marché commun en condensé). L’auteur déplorait
d’ailleurs que la construction européenne s’éloigne de la
démocratie en confiant le pouvoir décisionnaire davantage à la
commission, oligarchie désignée par les gouvernements, qu’au
parlement européen, émanation de la population au suffrage direct.
Lors d’une conférence à Amiens, il rappelait que dans son
roman de 1976 Cette chère humanité s’étant vu décerner
le Prix Apollo l’année suivante, il avait notamment prédit, comme
son confrère britannique Brian Adliss dans L’instant de
l’éclipse, l'importance que revêtirait pour le continent européen le sujet d’une immigration croissante - l'actualité confirme sa projection avec
l’arrivée sur l’île de Lampedusa à la mi-septembre 2023de centaines d’embarcations ayant amené 11000 migrants issus d'Afrique subsaharienne. Les
deux auteurs de science-fiction imaginent qu’en dépit des moyens technologiques, l’Occident finira par
céder à la pression démographique des autres régions du monde
(les "payvoides" pour pays en voie de développement chez Curval).L'auteur y évoque aussi les
moyens artificiels de s’évader de la réalité par le biais du
virtuel, donnant notamment son titre à son roman La forteresse de
coton, phénomène qui s’est depuis développé au Japon au
point qu’un couple y a été condamné pour avoir causé la mort de
son nourrisson en le délaissant plusieurs jours de suite pour
nourrir un animal virtuel, le Tamagotchi, et que le terme d’"otaku" y
a été forgé pour désigner des individus totalement coupés de la
réalité vivant dans un monde régressif fictif auxquels le
réalisateur Jean-Jacques Beneix avait consacré un documentaire
entier. Le dormeur s’éveillera-t-il évoque notamment de
son côté la problématique des énergies renouvelables au travers
de la contestation de la multiplication de panneaux solaires géants,
illustrant ainsi qu’aucun mode de production d’énergie, fut-ce
l’utilisation de la source gratuite et illimitée que représente
le Soleil, n’est totalement sans incidence environnementale – en
ce cas, on sait déjà que sans atteindre l’ampleur de la contestation de
leur utilisation dans le roman, ceux-ci nécessitent l’extraction
de minéraux rares entraînant d’irréversibles dommages sur les
sites d’extraction, d’autant plus que le recyclage du matériel
usagé n’est pour l’instant pas garanti.
Très
intéressé par l’avenir de la société, Philippe Curval le
connecte aussi au thème des créatures extraterrestres qui nous
intéresse tout particulièrement ici dans sa conférence "Politique
de l’extraterrestre" tenue à Nancy les 14 et 15 mai 2001,
contestant que le sujet appartienne à un genre de science-fiction
ayant fait son temps (le lecteur de la trilogie ici consacrée au
filmThe
Thing se rappellera peut-être de quelle manière fort peu enthousiaste pour
dire le moins Richard Matheson avait accueilli la proposition du
Studio Universal d’écrire le scénario de l’adaptation sur grand
écran de La
Bête d’un autre monde
(Who goes
there ?)
que réalisera John Carpenter). Il y rappelle la multiplicité des
approches que permet ce thème, du spectre des conflits et de
l’anticipation de la 1ère guerre mondiale chez H.G Wells au
travers de La
guerre des mondes
(War of the
Worlds) en
1898 à la peinture d’une irréductible altérité avec différentes
espèces dépeintes dans L’Odyssée
martienne
(A Martian
Odyssey)
de Stanley Weinbaum, les Xiphéhuz éponymes de J H Rosny aîné ainsi que ses Zoomorphes des Navigateurs de l'infini, la
menace des Seigneurs
des sphères
(Lords of
the Psychon)
de Daniel F. Galouye et l’Océan impénétrable de Solaris
de Stanislas Lem, de la mise en valeur de l’individualisme
américain menacé par le contrôle mental collectiviste
par les
envahisseurs des Marionnettes
humaines
(The Puppet
Masters)
de Robert Heinlein, selon un clivage qu’on retrouve d’ailleurs
dans le film L’invasion
des profanateurs de sépultures
(Invasion
of the Body Snatchers)
de Don Siegel
de 1956 tiré
d’un autre classique par Jack Finney, Graines
d’épouvante,
ou encore de la possibilité d’un échange entres espèces
différentes comme l’amitié interplanétaire esquissée dans la
nouvelle Le
vieux fidèle
(The Old
Faithful)
de Raymond Z. Gallun. Dans le cycle Hyperion
de Dan Simmons, Philippe Curval y décèle une peinture du monde
moderne, avec l’effondrement des repères traditionnels,
l’hégémonie croissante de la technostructure, l’emprise
potentielle de
l’intelligence artificielle et la montée d'un islam hégémonique, même si ce
dernier élément est probablement
convoqué de
manière plus évidente dans le roman
Dune
qu’il ne cite que pour mémoire.
Deux exemples opposés d'extraterrestres dans la science-fiction que cite Philippe Curval : en haut, l'explorateur Dick Jarvis regarde une forme de vie inquiétante sur Mars en compagnie d'un indigène avec lequel il a sympathisé et surnommé Tweel dans L'Odyssée martienne (The Martian Odyssey) de Stanley Weinbaum en 1934, ici figurés par l'illustrateur René Petillo ; en dessous, découverte sur le dos d'une femme d'un parasite extraterrestre venu de Titan contrôlant sa volonté, symbolisant la menace communiste au temps de la Guerre froide cherchant à s'infiltrer en Amérique du Nord dans Marionnettes humaines (The Puppet Masters) de Robert Heinlein en 1951 - l'année précédente, les époux Rosenberg avaient été arrêtés pour suspicion d'espionnage des Etats-Unis au profit de l'URSS et divulgation de secrets d'importance stratégique.
L’écrivain
a lui-même mis quelquefois en scène des créatures d’outre-espace.
Dans sa courte nouvelle de 1955, L’oeuf d’Eluo, il évoque
l’infection d’un astronaute par une créature immatérielle qui
s’extrait de son corps en s’incarnant dans une forme élaborée à
partir des souvenirs emmagasinés dans l’esprit de sa victime,
lecteur féru de science-fiction : « Expansé
tel un ballon, étonnamment gros par rapport à la taille de la
coquille, le corps de la créature en forme de cône se terminait par
une énorme ventouse. Sa peau, d'un rose obscène marbré de vert, se
tendait en triangle sur chacun de ses flancs, masquant une aile
repliée. Il palpitait doucement, frémissait par endroits et
rejetait quelques glaires visqueuses par sa ventouse, en fonction de
laquelle il semblait intégralement conçu. » Dans
Un soupçon de néant en 1971, une drogue, le lidi, permet de
matérialiser les rêves, et même la Mémoire électronique centrale
qui encadre le système social solaire est dépassée par la
profusion d’alter ego au sein de ce qui constitue dorénavant des
univers alternatifs. L’enquêteur du gouvernement galactique Carlos
Rodriguez est amené à faire équipe avec un ver des sables
intelligent qui se nomme Clifford et ressemble assez à
l’illustration réalisée pour Dune de Frank Herbert qui
avait été reprise pour l’affiche de la première tentative
sérieuse d’adaptation cinématographique par Alejandro Jodorowsky.
Dans la conclusion de l’histoire, Rodriguez réalise que dans ce
monde mouvant, quelqu’un est parvenu à changer son compagnon Clifford en chien.
Une représentation du monstre de la nouvelle L'Oeuf d'Eluo.
Dans
Les sables de Falun, des extraterrestres humanoïdes amphibies aux doigts palmés et pourvus d'un genre de carapace de tortue, les "hommes-coquillage", dont les colons volent les cristaux de la planète-océan offrant la possibilité de visualiser l'avenir, ourdissent
une conspiration pour renverser le pouvoir totalitaire qui gouverne
la galaxie grâce au trucage de la procédure des jeux électoraux - dans sa nouvelle de 1959 C'est du billard, l'auteur imaginait déjà qu'une compétition de billard électronique décide de la nomination de l'Empereur de la galaxie, et dans le film The Last Starfighter, c'est par un procédé identique qu'est sélectionné le meilleur pilote de chasse pour contrer des envahisseurs.
Dans la suite de l’histoire, le héros Nils Aldenerer assiste une autre
espèce humanoïde alliée, les Amériens au corps longiligne doté d’ailes,
contre une invasion d’extraterrestres ressemblant à des bacilles
géants qui les pétrifient en les vidant de leurs éléments
nutritifs dans des scènes qui rappellent les attaques par la vessie
volante connue sous le terme de la Mort vidant de leur essence
vitale les extraterrestres humanoïdes du roman Star ou Psi de
Cassiopée de Charlemagne Ischir Defontenay. Pourvus d'yeux non visibles, ils sont dépeints comme des cylindres gris, haut de deux mètres, larges de cinquante
centimètres environ, et pourvus de minuscules dépressions d’où suintent
des gouttelettes d’un liquide pâle transformant leur proie en nourriture assimilable. Il n'ont pas de cerveau localisé et se déplacent rapidement grâce à« une sorte de réduction du moteur à gravité.»
Des Amériens pétrifiés par de redoutables envahisseurs dans le roman Les sables de Falun.
Dans la nouvelle Regarde fiston s’il n’y a pas un extraterrestre derrière la bouteille de vin, un extraterrestre de Tau Ceti capable de modifier sa masse et se présentant le plus souvent comme une forme aplatie couverte d’une fourrure jaune rase sans autre caractéristique apparente, aspire comme le Martien éponyme de la nouvelle Le vieux fidèle (The Old Ffaithful) de Raymond Z. Gallun et l’extraterrestre humanoïde d’Alaree de Robert Silverberg à s’afranchir de sa communauté trop fusionnelle à son goût. Exilé par les siens lui reprochant de tendre à une osmose avec d’autres espèces que la sienne, il demande à Decroux qui travaille sur la base spatiale de Kourou en Guyane française de le faire embarquer sur la prochaine fusée afin de lui permettre de se rendre à Proxima Centauri. Entre-temps, il s’insère dans le corps de son fils Philippe dont Decroux est très proche jusqu’à frôler l’ambiguïté - concrétisée dans L'homme à rebours - et propose que les trois s’unissent dans une même harmonie, à la manière de ce que laisse entendre son confrère Gérard Klein à la fin de sa nouvelle Le monstre proposant aussi qu’un couple rejoigne l’entité extraterrestre au sein de son organisme bouillonnant. Le père finit par accepter, mais lorsque son fils accède à sa mémoire dévoilant que la mère est morte dans un accident d’automobile très certainement imputable à son alcoolisme, il ne se sent plus digne de participer à cette fusion et en dépit du pardon de son fils, préfère le laisser partir seul avec l'être étranger. Dans l’épilogue, un humanoïde extraterrestre translucide de l’espèce Vegalyre également banni par les siens lui demande à son tour de l’envoyer vers Proxima Centauri, comme si la Terre était devenue un point de passage obligé telle la station spatiale secrète d’Au carrefour des étoiles de Clifford Simak.
Dans Pas de bic et pas de bonbons, le reporter de L’étoile de la galaxie Volt Dalart est envoyé sur la planète Lageens par le bureau de la colonisation. Il y assiste à diverses manifestations stupéfiantes, un festival de chants imitant ceux des oiseaux, puis les Lageenois, des êtres informes et quelque peu évanescents, se dématérialisent pour se changer en filet mouvant et phosphorescent constituant un vrai spectacle visuel, apparaissent par la suite sous la forme de grandes créature tripodes à trompe arborant sur le dessus de la tête un masque à son effigie et enfin, les filets constituent une réplique finement ciselée de lui-même. Le
narrateur réalise qu’après la venue des premiers explorateurs, on
a fait appel à ses capacités de s’imprégner de l’atmosphère
d’un lieu et de son empathie naturelle pour améliorer la
communication non verbale avec les Lageenois, de telle sorte que
ceux-là affinent leurs cérémonies ethnologiques en accord avec les
attentes potentielles des futurs touristes. Craignant que son rapport ne profite aux agences touristiques et que cela aboutisse à polluer la culture des Lageenois, Dalart préfère le détruire, en accord avec les habitants ayant pénétré ses pensées qui lui implantent de faux souvenirs d’anthropophagie pour que ses supérieurs décident de classer ce monde comme dangereux – à noter qu’il s’agit d’anthropophagie et non de cannibalisme comme l’écrit l’auteur, le cannibalisme désignant la consommation de membres de sa propre espèce quelle qu'elle soit ; la précédente nouvelle comporte aussi deux erreurs scientifiques : les cafards figurent bien parmi les premiers animaux ayant conquis la terre ferme, mais ils sont apparus il y a environ 400 millions d’années et non 3 milliards d’années, de même, le pécari est zoologiquement trop éloigné du cochon pour permettre tout croisement entre eux.
Même si les Lageenois de Curval sont assez informes, évoquant des pommes de terre pourvues de tentacules, cette illustration de Roy Virgo n'est pas sans rappeler ces êtres assez indiscernables capables de se dématérialiser pour se changer en une myriades de lueurs scintillantes pour l'ébahissement de l'explorateur.
En
matière de créatures, son œuvre incontournable demeure Le
ressac de l’espace qui obtint dès sa publication en 1962 comme
centième parution livresque de la collection « Le Rayon
fantastique » le Prix Jules Verne. Son sujet est très original
et brillamment traité, celui de l’arrivée sur Terre d’une
créature extraterrestre dénommée Txalq, qu’il qualifie de
« caricature d’extraterrestre » dans sa réédition de
1975 pour mieux en souligner l’étrangeté, qui va de planète en
planète en contrôlant les formes de vie dominantes pour les plier à
ses desseins et qui va progressivement tenir toute l’humanité sous
sa coupe.
Certains
individus, individualistes, artistes ou anarchistes, qui refusent
l’utilitarisme et sont attachés à la libre créativité et à
l’autonomie de la pensée, se sont soustraits à l’influence
extraterrestre en demeurant à l’écart dans de vieux quartiers
tandis qu’ailleurs, les humains se pliant aux injonctions du Txalq
construisent une nouvelle civilisation à l’esthétique achevée,
au sein de laquelle règne l’harmonie, se consacrant entièrement à
la mise en œuvre d’un plan unique, au prix de leur volonté propre
(une problématique qui évoque l’alternative de l’épilogue du
feuilleton français Le
mutant avec l'annonce d'une ère pacifiée au détriment de toute autonomie personnelle).
On pourra trouver quelque antécédant de l’intrigue avec le film
de Roger Corman de 1956 It
conquered the world
et son Vénusien dirigeant l’humanité pour en faire une
civilisation plus organisée et aboutie, même si le conditionnement,
la coercition et même la destruction qu’il emploie pour
parvenir à
ses fins amènent finalement son plus grand partisan humain à se
rebeller contre lui et à chercher à l’anéantir. Dans le roman de
Curval, le grand plan du Txalq se déroule de manière plus pacifique
au travers d’une conversion de masse rendue possible par ses
capacités télépathiques à laquelle semble se plier d’assez
bonne grâce et presque naturellement l’immense majorité des
humains, et même les plus rétifs finissent par s’interroger quant
à l’opportunité qui s’offre de participer à l’édification
de ce programme annonçant un monde enjolivé et apaisant. Le
roman de Philippe Curval porte donc la science-fiction à la hauteur
d’une réflexion philosophique sur les buts que peut se donner
l’humanité ainsi que sur le phénomène d’asservissement
volontaire – on a déjà vérifié au XXème siècle à quel point
l’adhésion à une entreprise commune idéalisée pouvait aboutir à
une obéissance absolue jusqu’à la commission des actes les plus
effroyables, même si le projet du Txalq semble engendrer un monde
édénique.
Couverture du roman laissant entrevoir les Zyrions ailés.
Dans le film It conquered the world de Roger Corman, le Docteur Paul Nelson (Peter Graves), à gauche sur la photo du haut, se montre rétif au projet de société idéale promise par la créature vénusienne dont le Docteur Tom Anderson (Lee Van Cleef) se fait le partisan résolu, avant de se ranger tardivement aux arguments de son ami et de décider de tuer l'extraterrestre (en bas).
La seule traduction du roman, l'édition roumaine, bien loin du récit de l'écrivain français, convoque l'image d'Arnold Schwarzenegger incarnant le terrible cyborg Terminator et une photo de Stargate !
Rien
n’est cependant tout
à fait
simple dans cette œuvre dans
laquelle on perçoit que la sympathie de l’auteur se partage entre
les rebelles, souvent de doux rêveurs un peu marginaux et
spécifiquement humains, et l’utopie concrétisée qu’apporte la
civilisation des Txalqs permettant
à chacun de se sentir utile et
de s’épanouir à sa place en
participant à
une grande œuvre en tous points parfaite. En
se plaçant dans une perspective
plus lointaine,
on réalise cependant
que
si
le Txalq propose à ceux qui se mettent à son service une association
qui s’apparente à une symbiose profitable
aux deux parties,
il se peut que cette reprogrammation de l’espèce humaine finisse
par nuire à son élan vital, avec en
fin de compte un
résultat comparable à celui imputable aux envahisseurs de Graines
d’épouvante
(adapté plusieurs fois au cinéma sous le titre L’invasion
des profanateurs de sépultures
– en anglais, Invasion
of the Body Snatchers)
qui se substituent en l’imitant à la forme de vie la plus évoluée
d’une planète puis selon l’auteur Jack Finney finissent par
migrer après avoir détruit l’espèce indigène. Dans Le
ressac de l’espace,
le Txalq est accompagné à son arrivée sur la
Terre
par un serviteur Zyrion, une créature ailée à tentacules
préhensibles qui représente l’espèce utilisée précédemment
par son maître. L’auteur nous laisse entendre que celle-ci a été
exploitée pour le bénéfice des Txalqs dans une apparente
coopération puis a fait son temps, et on peut augurer que cela
préfigure le destin des humains. L’écrivain l’a exprimé
explicitement dans un texte faisant notamment allusion à son roman
«[…] je décrivais en 1962 dans le
Ressac de l'espace la
symbiose proposée à des Humains par des extraterrestres télépathes
et pacifiques, dénués de tous moyens physiques. Cela afin de
construire une civilisation harmonieuse vouée à l'expression
artistique où chaque espèce développerait ses qualités
ontologiques. Mais
la synergie imposée aboutit à la dégénérescence des espèces ».
Sous
la conduite du Txalq, l’humanité aurait peut-être atteint son
apogée mais pour notre
espèce dorénavant domestiquée, cela pourrait représenter son
ultime moment de gloire avant sa régression une fois de nouveau
livrée à elle-même et sa
prévisible extinction.
Txalq - à la différence de la description de Philippe Curval, l'extraterrestre n'a pas été doté d'yeux opaques afin de le rendre plus expressif pour les lecteurs compte tenu de son petit nombre de caractéristiques physiques. On peut aussi deviner au travers de son épiderme translucide le squelette interne sous forme de plaques coulissantes.
Zyrion, un serviteur des Txalqs sans lequel leurs maîtres seraient pratiquement impotents en dépit de leurs capacités.
Merci Monsieur Curval pour ce merveilleux roman.
Philippe Curval participant à l'émission littéraire de Bernard Pivot.
L'acteur David McCallum, figure télévisuelle, qui fut également le premier mari de l'actrice Jill Ireland avant qu'elle ne se remarie avec son confrère Charles Bronson.
Acteur
et musicien, David McCallum, né le 19 septembre 1933 en Écosse, qui
s’est éteint à l’âge de 80 ans le 25 septembre 2023, avait
tourné dans un certain nombre de films d’aventures et d’espionnage
et incarné notamment en 1965 Judas dans l’adaptation de la vie de
Jésus (interprété par Max Von Sydow) dans La plus grande
histoire jamais contée (The Greatest Story Ever Told)
C’est cependant à la télévision qu’il était devenu familier
au public. Il avait joué le rôle d’Henry Clerval dans le
téléfilm de Jack Smight de 1973 Frankenstein : the True Story,
probablement l’adaptation la plus fidèle du roman de Mary Shelley
même si en dépit de ce que laisse entendre le titre, l’histoire
est bien sûr une pure fiction. Son personnage y est témoin des
expérimentations macabres du Docteur Frankenstein, comme l’animation
d’une chimère constituée par une tête de renard sur un corps de
serpent. Lorsqu’il périt accidentellement, le savant transfère
son cerveau dans le corps de sa Créature faite d’un assemblage de
morceaux de cadavres à laquelle il insuffle la vie, incarnation
dévolue à Michael Sarrazin.
Henry Clerval regarde avec quelque réticence le fruit des expériences de son ami Victor Frankenstein qui restitue quelque semblant de vie à un bras amputé - le malheureux ignore qu'il sera à son corps défendant son prochain cobaye dans Frankenstein : The True Story.
Ses rôles
récurrents dans des séries en avaient fait un visage reconnu, celui
qu’il prêta à l’agent russe Illya Kouriakine coopérant contre
le crime international avec un équivalent américain joué par
Robert Vaughn dans Des agents très spéciaux (The
Man from UNCLE) de 1964 à 1968, et qu’il retrouva au cinéma
en 1966 dans Un espion de trop et Un de nos
espions a disparu, L’espion au chapeau vert en
1967, Espions en hélicoptère en 1968 et au travers
du téléfilm Le retour des agents très spéciaux en
1983. En 1975 et 1976, il est le Docteur Daniel Westin, héros
éponyme de L’Homme invisible (The Invisible
Man), qui suite à une expérience, disparaît à la vue de ses
contemporains. De 2003 à 2023, il a incarné un médecin légiste,
le Docteur Donald Mallard dans JAG puis NCIS : Enquêtes
spéciales (NCIS : Naval Criminal Investigative Service).
Il était
apparu dans deux épisodes d’Au-delà du réel (The
Outer Limits), Le Sixième doigt (The Sixth
Finger) en 1963 et La porte du passé (The
Forms of the Things Unknown), ainsi que dans un de ceux de la
nouvelle version, Au-delà du réel, l’aventure
continue (The New Outer Limits), Des hommes
de pierre (Feasibility Studies) en 1997 dans lequel
le Docteur Joshua Hayward doit envisager de sacrifier au sein de sa
petite communauté l’inoculation d’une maladie changeant en
pierre provenant d’une autre espèce extraterrestre afin de
préserver l’Humanité d’envahisseurs esclavagistes. Le
sixième doigt présentait une autre transformation
spectaculaire ; David McCallum y interprétait le Docteur Gwyllim
Griffiths qui expérimentait sur lui-même une accélération du
processus évolutif au point de devenir un mutant effrayant sa petite
amie avec son cerveau hypertrophié et l’appendice surnuméraire du
titre. Le maquilleur John Chambers, qui obtiendra un Oscar du
maquillage en 1968 pour La planète des singes (Planet
of Apes), a réalisé les stades successifs de l’audacieux
scientifique, dont le faciès est devenu très célèbre parmi les
amateurs de science-fiction.
Le Docteur Griffiths au début de son expérience se prenant lui-même comme cobaye dans l'épisode Le sixième doigt (The Sixth Finger)
David McCallum entre les mains du célèbre maquilleur John Chambers en haut, et posant à ses côtés avec Verne Langdon.
David McCallum avec Laura Harris dans l'épisode Des hommes de pierre (Feasibility Studies).