mardi 16 mars 2021

Jerry Goldsmith enfin célébré par les francophones !

    

        Quel est le point commun entre les abeilles tueuses de L'inévitable catastrophe (The Swarm), le gentil mogwaï pelucheux de Gremlins, l'extraterrestre effrayant d'Alien, les brontosaures survivants dans une jungle africaine de Baby, le secret de la légende oubliée (Baby : Secret of the Lost Legend), les créatures cauchemardesques de La Quatrième Dimension (Twilight Zone : The Movie), les incarnations surnaturelles démoniaques de Poltergeist et Poltergeist 2 (Poltergeist 2 : The Other Side), les monstruosités génétiques effroyables de Leviathan ou encore les impressionnants mutants de Total Recall

    Toutes ces manifestations marquantes de l'altérité au cinéma ont été magnifiées par les compositions brillantes et inventives de Jerry Goldsmith.


     Des années après que sa disparition a été honteusement ignorée par les médias audiovisuels, une vidéo francophone (sous-titrée pour nos amis anglo-saxons) lui rend enfin l'hommage qu'il mérite et on ne résiste pas à la satisfaction d'en faire ici état.


     Il faut saluer cet excellent documentaire, même si la partie sur First Blood/Rambo aurait mérité d'être un peu plus développée. Il aurait également été bienvenu d'indiquer parmi les musiques retoquées par les compositeurs, celles d'Alien, Basic Instinct, sans parler de celle de Legend qui figurait parmi ses préférées, totalement supprimée de la version américaine du film - au profit d'une autre partition plus planante confiée au groupe Tangerine Dream, que sur Star Trek, le film (Star Trek: The Motion Picture) le thème principal avait été aussi beaucoup modifié à la demande du réalisateur, la composition originelle étant beaucoup plus subtile que celle très martiale exigée par Robert Wise, dont la poésie sous-jacente cède ainsi le pas à une emphase plus proche de l'atmosphère d'un péplum.

        L'oeuvre de Jerry Goldsmith est d'une incroyable variété et richesse, de la grâce de River is wild, de l'entrain enthousiasmant d'Hoosiers, de la mélancolie imprégnant sa trilogie composée autour du personnage de soldat perdu et trahi de John Rambo ou de l'évocation malaisante de la folie dans Freud et Psychose 2. On a trop tendance à sous-estimer le talent éclatant de ce génie de la musique, dont la subtilité se décline notamment dans les habiles variations du thème principal - d'ailleurs, il fallut attendre la sortie de l'édition spéciale de la bande musicale de L'Aventure intérieure (Innerspace) pour entendre au lieu des chansons des années 1960 sa composition éclectique et parfois surprenante, bien plus riche que la simple musique linéaire et un peu écrasante qui avait jusque-là seule été diffusée. Loin de se cantonner à des musiques "utilitaires" accompagnant l'action ou l'ardeur guerrière des héros, son inventivité exprime une grande profondeur quelque peu mélancolique mais qui n'est pas sans recéler une étincelle qui convoque en nous le Merveilleux comme dans Small Soldiers ou ranime l'instinct de survie dans les moments les plus noirs comme lors de la sortie salutaire de John Rambo de la mine dans First Blood qui illustre la renaissance depuis les catacombes vers la lumière ou après l'éloignement définitif de l'hélicoptère de secours dans A couteaux tirés (The Edge) qui laisse les protagonistes sans ressources et un temps sans espoir, et dont trouve aussi quelque équivalent dans Leviathan après un passage particulièrement violent.

Le maître dans ses œuvres.

            Cela fait déjà un certain nombre d'années que Jerry Goldsmith nous a quittés, mais son œuvre et sa sensibilité perdurent en nous à jamais.

On pourra aussi retrouver l'hommage consacré au compositeur qui lui fut consacré en juillet 2009 pour l'honorer à l'occasion du cinquième anniversaire de sa disparition :
ainsi qu'un petit article sur son héritage musical :


Jerry Goldsmith et sa fille lors d'une soirée

Une seconde vidéo dans la même série est consacrée à un autre grand compositeur disparu, Basil Poledouris, auquel on doit notamment les musiques si riches des deux premières aventures de Conan sur grand écran. 

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    Quelques acteurs ayant côtoyé des êtres surnaturels à l'écran nous ont récemment quittés. Barbara Shelley, disparue le 4 janvier 2021 à l’âge de 88 ans, fut l’élève du réalisateur britannique Terence Fisher, son professeur d’art dramatique qui la mit en scène à plusieurs reprises. Elle le retrouve après avoir tourné quelques films en Italie et avoir été en 1957 l'interprète principale de Cat Girl inspiré par La Féline (Cat People) et qui tient aussi de The Living Idol sorti un peu plus tôt avec l'esprit d'une jeune femme connecté à un félin, en l'occurence à travers une malédiction familiale dans une ambiance qui évoque celle de The Undiying Monster. Elle faisait partie de ces visages féminins qui apportaient un peu de douceur, au moins apparente, dans les univers tourmentés, sombres et horrifiques des productions Hammer. Elle apparaîtra ainsi dans Dracula, prince des ténèbres (Dracula, Prince of Darkness) en 1965, subvertie par l’emprise irrépressible sur la gent féminine du vampire Dracula interprété par l’iconique Christopher Lee. L’année précédente, le cinéaste lui avait confié le rôle-titre de La Gorgone (The Gorgon) en 1964, Carla Hoffman, épouse réservée et délaissée repoussant néanmoins les avances d’un soupirant pressant, s’avérant finalement possédée par une terrible créature mythique, une parente de Méduse nommée Megaera susceptible de changer les hommes en pierre par un simple regard, comme la traduction de l’expression métaphorique d’une frustration trop refoulée, et sur le compte de laquelle s’interroge un professeur incarné par Christopher Lee, le Professeur Meister, tandis que son célèbre partenaire au cinéma Peter Cushing s’efforce de protéger celle qui semble n’agir que sous un état second. L’actrice s’était déclarée prête à porter une coiffe dans laquelle auraient été enchevêtrés de vrais serpents, mais la production a opté pour une prothèse et le réalisateur a préféré recourir à l’actrice Prudence Hyman pour concrétiser sa part sombre afin de ménager la révélation finale quant à son identité humaine. L'actrice apparaît aussi dans le troisième volet de la série de films de science-fiction de la Hammer, Les monstres de l’espace (Quatermass and the Pit) de Roy Ward Baker en 1967 dans lequel elle assiste le Professeur Quatermass – dont le rôle précédemment confié à Brian Donlevy échoit cette fois à Andrew Keir, qui incarnait le prêtre vigoureux tentant de soustraire les femmes à l’influence maléfique dans Dracula, prince des ténèbres – découvrant que l’humanité fut un jour soumise par des extraterrestres insectoïdes qui pourraient bien recouvrer leur domination sur notre espèce. Une interprétation particulièrement marquante de Barbara Shelley fut celle d’Andrea Zellaby dans Le village des damnés (Village of the Damned) de Wolf Rilla en 1960, ayant le rôle d’une des femmes ayant donné naissance à des enfants mystérieux aux pouvoirs surnaturels après que le village a été provisoirement coupé du monde, et dont le mari est un enseignant joué avec force par George Sanders qui sera seul capable de tenir tête à la menace.



En haut, Barbara Shelley dans le rôle d'une femme dont l'instinct maternel est mis à rude épreuve dans  Le village des damnés (Village of the Damned) de Wolf Rilla en 1960 ; en desous, le Docteur Namaroff (Peter Cushing) confronté à une série de morts éprouvantes dans La Gorgone (The Gorgon), dont en dépit de son allure réservée la responsable involontaire se trouve à l'arrière-plan ; en dessous, confronté à une menace extraterrestre dans Les monstres de l'espace (Quatermass and the Pit/Five Millions Years to Earth).

Hal Holbrook, disparu le 21 janvier 2021 à l’âge de 95 ans, était notamment connu aux Etats-Unis pour avoir incarné le fameux écrivain Mark Twain en 1967 grâce à un maquillage de Dick Smith. Après avoir été en 1978 le cynique Docteur Nick Kelloway de Capricorn One, sacrifiant la vie de ses amis pour couvrir une fausse exploration de Mars dont l’imposture état finalement dévoilée, John Carpenter lui avait confié le rôle du Père Malone de The Fog en 1980 – au côté du réalisateur dans le rôle de son bedeau - pressentant la malédiction avec ses spectres vengeurs et il était aussi apparu en 1982 dans la séquence The Crate du film Creepshow de George Romero et Stephen King sous les traits du Professeur Northrup ayant ramené d’une expédition un être monstrueux et féroce aux allures de yéti carnassier.


Le responsable de la Nasa interprété Hal Holbrook demande au nom de l'amitié au pilote incarné par James Brolin de cacher la vérité dans Capricorn One réalisé par Peter Hyams, avant de décider de sa mort pour couvrir le mensonge de l'institution (en haut), mais ce dernier réchappera de cette terrible décision et, seul survivant du programme, se présentera à son propre enterrement, le Dr Kalloway réalisant à la fois la fin du secret et que le crime effroyable auquel il a concédé a finalement été vain lors de l'épilogue rendu bouleversant grâce à l'émotion suscitée par l'envolée empreinte de sentimentalité de la partition de Jerry Goldsmith concrétisant les retrouvailles du mort allégué avec sa famille (en bas).

Photo de plateau de The Fog figurant le maquilleur Rob Bottin dont a évoqué la carrière abrégée par la mainmise des images de synthèse sur le cinéma, grimé en Blake, le chef des pirates revenus se venger des descendants des villageois qui les ont attirés vers les récifs pour causer leur mort afin de s'accaparer leur or, au côté d'Hal Hoolbrok dans le costume du Père Malone, qui est amené à réaliser la terrible vérité d'une effrayante légende.

Avec sa haute stature et sa prestance, l’acteur américain Christopher Plummer évoquait quelque peu le style de Christopher Lee même si sa physionomie le rapprochait aussi de Max Von Sydow, mais avec une expression plus sévère – on l’aurait d’ailleurs très bien imaginé s’il avait fallu remplacer ce dernier dans le rôle de l’antiquaire à la fois sirupeux et diabolique du Bazaar de l’épouvante (Needful Things). Décédé à l'âge de 91 ans le 21 février 2021 des suites d’une chute, il était apparu dans plusieurs films oniriques. Dans Quelque part dans le temps (Somewhere in Time) de Jeannot Szwarc , il interprétait l’agent intransigeant d’une actrice (Jane Seymour) s’attachant à l’éloigner d’un soupirant ayant voyagé dans le temps pour la retrouver, incarné par Christopher Reeves. Dans Dreamscape de Joseph Ruben qui fut remarqué lors de sa sortie en 1984, il incarne Bob Blair, défavorable à la politique de dénucléarisation, qui tente de faire assassiner le président des États-Unis (Eddie Albert) au travers d’une invention permettant de contrôler les songes et il sera victime de son adversaire Alex Gardner (DennisQuaid) convoquant l’image d’un terrifiant homme-cobra issu du cauchemar d’un enfant. Il endosse la fonction d'un chasseur de vampires dans le rôle du Professeur Paris Catalano dans Nosferatu à Venise (Nosferatu a Venezia) en 1988 puis d’Abraham Van Helsing dans Dracula 2001 il joue dans Wolf de Mike Nichols Raymond Alden, un financier méprisant auquel se heurte l’éditeur incarné par Jack Nicholson se changeant en loup-garou et il est un archevêque dans L’Ange des ténèbres (The Unholy), un film efficace et très sous-estimé de 1988 réalisé par Camilo Vila, dans lequel se manifeste un démon terrifiant, oeuvre déjà évoquée suite à la disparition récente de l’acteur principal Ben Cross. Il avait encore prêté ses traits au général Chang dans Star Trek VI : the Undiscovered Country de Nicholas Meyer en 1991 et à un scientifique, le Docteur Leland Goines dans L’Armée des douze singes (Twelve Monkeys) de Terry Gilliam en 1995. Parmi les personnages historiques, il avait figuré le Roi Hérode dans le Jésus de Nazareth de Franco Zefirelli, Leon Tolstoï et l’Empereur Guillaume II. Sa fille Amanda Plummer est également actrice et a notamment prêté son visage assez austère à une vengeresse usant d’une machine à voyager dans le temps dans un épisode d’Au-delà du réel, l’aventure continue (The New Outer Limits), Un saut dans le temps (A Sitch in Time), qui lui a valu une récompense télévisuelle, un Emmy Award.






Christophe Plummer incarne l'intransigeant imprésario de Quelque part dans le temps (Somewhere in Time) qui veut imposer une vie monastique à l'actrice dont il est l'agent, en haut ; en dessous, l'agent gouvernemental Bob Blair entrevoit une utilisation machiavélique de l'invention du Professeur Novotny (Max Von Sydow, à droite sur la photo), qui matérialise les pires cauchemars, comme ce terrifiant homme-cobra, en dessous - Stephen Czerkas à qui on a rendu hommage avait contribué aux séquences d'animation image par image ; en bas, Raymond Alden est un homme d'affaire méprisant qui pense que l'éditeur Will Randall (au dessous) a fait son temps, mais une morsure par un loup peu ordinaire va bientôt lui rendre toute sa combativité.


PROCHAINEMENT : dans le cadre de la vulgarisation, un long article en plusieurs parties mettra en question l'orientation actuelle de classement des espèces animales, en montrant ce qu'elle comporte de discutable, afin de contribuer au regard anticonformiste que propose ce site concernant son vaste domaine envisageant les formes de vie les plus diverses dans la science comme dans la fiction. Une autre longue série d'articles à venir devrait quand à elle attirer tout particulièrement l'attention des amateurs du cinéma de science-fiction. Restons prudents pour que la pandémie ne vienne pas interrompre prématurément notre passion pour les créatures sous toutes leurs formes.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut à toi Goret80! Ton inscription est ok sur le site et on jette un coup d'oeil à ton blog. c'est bien crade t'as de sacrés goûts! Réponds vite pour la petite fête de samedi. on a pas beaucoup de place. avec tes goûts morbides tu pourrais noous faire des costumes de monstres pour une soirée à théme halloween? ça vaudrait le "coup" ah! ah! ton blog sera visible par tout les "membres" (oarf ouarf) beaucoup vont y jeter un coup d'oeil j'imagine vu ce que tu nous as dit. je te mets des messages soon. a pluche. pense à samedi!!!!!
l'Admin

Momo le PISTON a dit…

Ah ça va être compliqué pour samedi. on en discute entre nous et on voit. Sinon je passerais avec van de bitte prendre les costumes chez toi vers 15heures rue du cabaret. j'avais une tante : une vraie hein pas autre chose! qui habitait là il ya bien longtemps. A samedi peut être mais ça parait compromis. t'as de droles de gouts quand même. Le PISTON

Tonton flingueur a dit…

Bon tout va se décider à la dernière minute. Comme dit en mp, on se tient au jus vendredi Goret80. On ne te cache pas que tu as quand même des goûts bizarres avec tes monstres et tes costumes, on est plusieurs à ne pas être trop branchés par ça, les tentacules les monstres et tout ça mais peut-être que nous nous amuserons bien quand même!!!! Dans tous les cas, comme tout risque d'être annuleé, on se mettra un mp et on essaiera de se voir. Admin me dit qu'il ne faut pas que tu rendes publique ton adresse et ton mail car tout le monde peut le voir, y compris ce blog. Faut quand même se méfier, normalement on est un peit groupe entre nous à organiser nos soirées entre gars mais il peut y avoir des homophobes et des gens malintentionnés (c déjà arrivé). A bientôt mon Goret80

Dr. Alien a dit…

Eh les gars, je ne sais à quoi vous faîtes allusion, il y a un quiproquo, ce blog n'est pas un site de rencontres, mais destiné aux passionnés de créatures, vous vous êtes égarés sur le net..

Anonyme a dit…

Désolé mais quelqu'un s'est inscrit sur notre site sous une fausse identité en donnant un lien vers ce site. Il nous a affirmé travailler pour le cinéma et pplus particulièrement dans les effets spéciaux crades (je cite). Il voulait organiser des soirées costumés en monstres et ne parlait que de tentacules et de pratiques abérrantes. Nous avons supprimé son profil ainsi que l'adresse et le tél visible dans ses posts, ce qui est d'ailleurs contraire à notre réglement. Il s'agit sans doute d'une attaque homophobe dirigé contre vous tout en nous visant aussi. Avec toutes nos excuses, mais soyez vigilant car comme vous devez le savoir, tout est très compliqué aujourd'hui quand on est homo.

Dr. Alien a dit…

Merci de votre intervention et de ces précisions. Ce site rend notamment hommage à des personnalités disparues et je m"efforce qu'il respecte une certaine tenue, et moi-même je ne l'utiliserai point pour ce qui s'écarte de son sujet, les commentaires sont réservés aux discussions relatives aux sujets évoqués dans les articles (incluant éventuellement les costumes à tentacules, il est vrai mais pas cette manière, naturellement). L'imposture semble au moins témoigner d'une certaine visibilité acquise par ce site à moins qu'une connaissance ne s'en soit effectivement servi pour y exprimer de manière détournée l'aversion que vous suggérez... PS : avec l'imprégnation féministe au moins inconsciente, des auteurs et chroniqueurs comme Michel Houellebecq, Eric Zemmour et Judith Waintraub pourraient vous apporter quelque consolation en vous disant que l'homme blanc hétérosexuel ne vit pas nécessairement sa période la plus heureuse, le nombre énorme de célibataires et la dénatalité le corroborant...

OscarJewerly a dit…

et qu'est-ce qui se passe avec https://yapeol.co/ les films... La vie est un art dans lequel on reste souvent dilettante. Tu dois verser beaucoup de sang de ton cœur pour vivre.

Dr. Alien a dit…

OscarJewerly, cela inspire même le titre d'un de mes recueils de nouvelles, avis aux éditeurs...