mardi 16 juin 2015

UN SEUL "VRAI DINOSAURE" DANS JURASSIC WORLD !


Les spécialistes des effets spéciaux de Legacy fx (héritier des studios de feu Stan WINSTON) ont du batailler ferme pour que les responsables du quatrième volet de la série JURASSIC PARK, intitulé JURASSIC WORLD, puissent être autorisés à concevoir une portion robotisée de dinosaure, en l’occurrence le cou et la tête d'un brontosaure. Et encore peut-on noter que la sculpture a été réalisée d'après un modèle numérisé (depuis plusieurs années, les sculptures sont souvent créées par un laser d'un modèle à partir d'un modèle informatisé - ce qui conduit les connaisseurs à estimer que le détail de la peau est moins réaliste que s'il avait été façonné directement par les sculpteurs eux-mêmes à partir de la glaise comme cela se pratiquait auparavant).

Un contact charnel avec un dinosaure, un Brontosaure à la peau plissée - le seul de tout JURASSIC WORLD.
 
Tous les autres dinosaures, à la manière des singes des dernières version de LA PLANÈTE DES SINGES, sont des animations numériques, comme on pouvait le craindre - d'autant que le concepteur des effets animatroniques des trois premiers films, Stan WINSTON et son studio, ont depuis disparu (voir hommage sur l'ouverture de ce blog). Aux modèles concrets animés par de grands artistes se substituent donc des modèles informatiques créés par une foule anonyme d'infographistes lesquels, quelque soit leur implication et leur savoir-faire, ne peuvent aussi bien retranscrire à l'écran des animaux disparus que ne le rendent possible leur recréation par le moyen de robots réalistes.


"Monsieur Hammond, combien avez-vous créé de dinosaures avec tout votre argent pour ce nouveau parc? Seulement UN dinosaure! Et tous les autres sont juste des animations graphiques par ordinateur ? Hmmm, c'est un parc à dinosaures sans dinosaures, alors..!"

 
"Je ne peux croire qu'ils ont produit un film de la série JURASSIC PARK ne faisant pratiquement pas appel à des dinosaures robotisés!"
 
 
"Et les foules se précipitent en masse dans les cinémas pour le voir, comment est-ce possible ?"

Les décors de JURASSIC WORLD sont eux-mêmes pour leur grande majorité des créations numériques, aussi, en dépit de leur esthétique, le film se rapproche finalement plus d'"un dessin animé réaliste" dans lequel on aurait inséré des acteurs.

Les thuriféraires du modernisme feront valoir que le public se rue en masse dans les salles pour le visionner ; c'est d'une part oublier qu'une partie importante des budgets des films est consacré à la promotion (rappelons qu'AVATAR qui a coûté 237 millions de dollars, s'est vu de surcroît gratifié de 150 millions de dollars pour assurer sa publicité, on imagine ce que cette somme faramineuse aurait pu engendrer si elle avait été convertie en décors et créatures réalistes); et d'autre part que les spectateurs vont voir par nature ce qu'on leur propose et qu'ils n'ont plus guère d'autre choix, à charge pour ceux qui sont attachés aux films tels qu'on les entend traditionnellement de garder leur argent pour financer les projets qui leur sont fidèles (voir à ce sujet l'article de novembre 2015 "Le nouveau cinéma fantastique hors d'Hollywood?": http://creatures-imagination.blogspot.fr/2014/11/le-futur-de-lanimation-hors-dhollywood.html).

La tête d'un reptile volant primitif, un Dimorphodon, sculpté par l'équipe de Legacy Fx ; malheureusement, cette superbe création n'apparaît pas directement dans le film, n'étant destinée qu'à être scannée et retouchée par ordinateur.


 
Si la séquence de l'attaque du Mosasaure avait été réalisée par des effets spéciaux concrets, sans doute eut-elle ressemblé à ces vues de cette très belle figurine de la collection Sideshow, dont les détails sont très soignés et permettent même de reconnaître quelque parenté entre le monstre marin éteint et les varans, dont il est un proche cousin.

 Il est d'ailleurs pour le moins paradoxal que Steven SPIELBERG qui produit ce nouveau volet presque intégralement en images de synthèse déclare régulièrement qu'Hollywood s'expose à des déconvenues car le public va finir "par se lasser des images de synthèse et revenir vers des films avec des effets spéciaux concrets filmés avec un éclairage direct"; certains d'entre nous n'ont pas attendu plus longtemps que le premier film pour s'en lasser...


Hélas, la déviance est ancienne, la saga JURASSIC PARK retranscrivant de manière très édifiante le processus fatal qui a amené la fin des créatures concrètes à l'écran. Le premier film est célèbre pour avoir remplacé par des séquences agencées par ordinateur l'animation image par image de Phil TIPPETT, digne héritier de Ray HARRYHAUSEN, en dépit des tests d'animation très convaincants qu'il avait effectués sur le film, notamment pour la marche du tyrannosaure; néanmoins, le film comportait encore nombre de versions robotisés grandeur nature réalisées par l'équipe de Stan WINSTON. Pour la première suite, LE MONDE PERDU (THE LOST WORLD), la part du virtuel s'est accrue, le stégosaure mécanique adulte n'ayant pas eu l'honneur de l'écran, seules des versions infographiques des spécimens adultes figurant dans la scène, comme pour celle de la poursuite des dinosaures par l'équipe du neveu de Hammond; dans JURASSIC PARK 3, une version grandeur nature des deux prédateurs géants fut construite, mais la part du virtuel était importante, avant de conduire à l'éviction pratiquement totale des modèle concrets dans le dernier opus, JURASSIC WORLD. Ainsi, le reptile volant de la volière de JURASSIC PARK 3, incarné par un interprète dans un costume remarquable, n'a pour ainsi dire pas été utilisé, au profit d'une version virtuelle. La vidéo ci-jointe montre le réalisme stupéfiant de cette création filmée dans les studios de Stan Winston pour un essai malheureusement sans suite.


 
Pour représenter un reptile volant, on peut utiliser un modèle mécanique grandeur nature, ou bien une figurine animée image par image, comme celle de ce court métrage de Mark SULLIVAN (HOUSE 2, THE BLOB, ROBOCOP 2) intitulé MISS BURMA; là encore, on appréciera le réalisme de l'épiderme de l'animal, rien ne vaut décidément les vrais modèles en trois dimensions.*




Le créateur a aussi réalisé une vidéo qui retrace la création de la séquence, l'animation seule du ptérosaure suivie de son intégration dans la séquence avec l'actrice, qui ne peut être visionnée que sur la page de Mark SULLIVAN : https://vimeo.com/20431648.

Ne cherchez pas ailleurs, vous ne verrez nulle part que sur cette page de reconstitutions plus proches de ce qu'ont pu être les véritables reptiles volants qui emplissaient les cieux au temps de l'ère mésozoïque. 

* Une conférence est donnée le vendredi 26 juin 2015 en direct sur internet par les créateurs des robots géants de JURASSIC PARK : inscription pour 5 euros avant le 21 juin, 10 euros après : http://bit.ly/JurassicPartyFB


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