dimanche 17 juin 2012

QUAND STAN WINSTON CROISAIT E.T. L'EXTRATERRESTRE




DOUBLE ANNIVERSAIRE

Il y'a quatre ans, le 15 juin 2008, disparaissait un des plus fameux créateurs de monstres du cinéma, Stan WINSTON, ce qui m'incitait à mettre en ligne un petit hommage écrit spontanément, et accessoirement à créer ce blog, dont c'est donc également le quatrième anniversaire.

Malgré l'importance de sa disparition, la grande époque de son studio était cependant malheureusement déjà passée, puisque son équipe avait du se contenter de la conception artistique sur un film comme AVATAR, tous les éléments fantastiques étant virtuels. Le studio Stan WINSTON n'avait par ailleurs pas survécu au décès de son fondateur, celui-ci ayant été fermé pour permettre de régler la question de l'héritage, les proches collaborateurs du disparu créant une nouvelle compagnie, Legacy Fx ( littéralement "héritage effets spéciaux" ), ainsi nommée pour évoquer la filiation avec le grand créateur.

Un internaute bulgare incollable sur les créateurs d'effets spéciaux contemporains d'Hollywood, Dimitar DIMITROV, a d'ailleurs récemment, avec le concours de son ami hongrois Balasz FOLDESI, créé sur le fameux réseau Facebook une page d'hommage contribuant à faire vivre son souvenir et comportant une revue très complète de ses états de service, où l'on apprend même que cet artisan ayant accédé à la plus haute consécration au sein du cinéma américain, à la fois grâce à son enthousiasme, son inventivité et aussi aux liens privilégiés qu'il avait su entretenir avec les personnalités les plus influentes du show-business tels qu' Arnold SCHWARZENEGGER, James CAMERON et Steven SPIELBERG, soutenait aussi beaucoup plus discrètement la cause des enfants maltraités:


Mais 2012 représente par ailleurs le trentième anniversaire d'une des plus fastueuses années du cinéma fantastique. En 1982 sortaient sur les écrans nombre de grands films fantastiques de qualité, comme THE THING, POLTERGEIST, LA FELINE (CAT PEOPLE ), BLADE RUNNER ou encore le plus fameux d'entre eux, mis en scène par Steven SPIELBERG, E.T. L'EXTRATERRESTRE ( E.T. THE EXTRATERRESTRIAL ). Le très bon accueil du film ne l'empêcha pas cependant d'être interdit au jeune public dans les pays scandinaves, où une scène difficile, comme la mort apparente de l'extraterrestre, et plus encore la vision quelque peu désenchantée du monde des adultes, avaient semblé ne pas convenir aux enfants.

A priori, il n'existe guère de rapport entre Stan WINSTON et E.T, même si ce dernier a ressenti aussi les conséquences de la vague hégémonique des images créées par ordinateur, avec une ressortie de l'oeuvre additionnée de quelques plans assez désolants avec un E.T. virtuel, choix que SPIELBERG avouera finalement regretter par l'atteinte qu'il portait au film tel que les spectateurs l'avaient apprécié. Cependant, les trajectoires du créateur de monstres renommé et de l'extraterrestre de cinéma semblent s'être quelque peu croisées.

A l'origine, Steven SPIELBERG avait à l'esprit les récits supposés d'enlèvements extraterrestres ( ce qui lui fournira l'idée d'une série, DISPARITION (TAKEN) en 2002 ) et voulait faire de son projet une sorte de version plus sombre et inquiétante de RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE ( CLOSE ENCOUNTERS OF THE THIRD KIND ) qu'il avait réalisé en 1978. Le célèbre maquilleur Rick BAKER avait été engagé pour concevoir les humanoïdes extraterrestres au faciès peu accueillant. Puis le projet n'aboutit pas, SPIELBERG s'orientant finalement vers une histoire amicale entre deux enfants ( dont l'adorable Drew BARRYMORE encore toute empreinte de naïveté enfantine ) et un visiteur de l'espace, et Rick BAKER finit par abandonner la partie suite à une incompréhension avec le réalisateur, à l'instar de Michael McCRACKEN Sr. sur RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE ( comme évoqué dans l'hommage à ce dernier en août 2011 ) .

Si le concept du personnage éponyme de E.T. L'EXTATERRESTRE doit beaucoup à la tortue, avec son long cou et sa peau plissée, ses grands yeux de batracien le rapproche soudainement aux yeux des spectateurs des grenouilles objets d'un exercice de vivisection à l'école, contre lequel s'insurge son ami humain, le jeune Elliott ( Henry THOMAS ), en empathie avec le visiteur venu de l'espace qui ressent de la compassion pour toutes les formes de vie.


SPIELBERG renoue avec Carlo RAMBALDI, qui avait conçu la tête mécanique pour le gros plan de RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE, et lui demande de concevoir l'extraterrestre. Toujours hésitant au vu de la création de l'artiste italien, il s'adresse au studio de Stan WINSTON afin qu'il lui propose sa propre version. Le principal sculpteur attitré du studio, James KAGEL, réalise un modèle en glaise, dont la spécificité est sans doute représentée par ce qui s'apparente à deux longues oreilles, lui conférant un air de parenté avec le Yoda de L'EMPIRE CONTRE-ATTAQUE. SPIELBERG préférera en définitive la vision de RAMBALDI, en tenant à avoir une boîte crânienne très allongée - à l'instar d'ailleurs d'un autre célèbre extraterrestre également d'allure quelque peu reptilienne, ALIEN, déjà créé par Carlo RAMBALDI - lointaine similarité qui n'est cependant pas imputable au créateur d'effets spéciaux commun aux deux films, l'idée du crâne du monstre du film de Ridley SCOTT venant directement des peintures du peintre suisse H.R. GIGER, et pour ce qui concerne E.T., c'est bien SPIELBERG en personne qui a souhaité que soit conférée à l'arrière de la tête l'allure d'un sac de golf. Quant à Stan WINSTON lui-même, il déclina l'offre de travailler sur le film pour ne pas avoir à composer avec un autre spécialiste d'effets spéciaux et conserver la maîtrise de son travail - et peut-être aussi afin d'éviter la relative déconvenue qu'avait éprouvée le maquilleur Rick BAKER lorsqu'il avait eu lui-même affaire avec Carlo RAMBALDI sur le remake de KING KONG.

La version en glaise d' E.T. aux allures de lutin, proposée par James KAGEL, révélée par la page Facebook de l'artiste.

L'histoire ne s'arrête cependant pas là. On fit de nouveau appel en 1999 aux talents du studio de Stan WINSTON pour qu'il réalise une réplique du personnage animée par servo-moteur et tiges actionnées par plusieurs marionnettistes, destinée au tournage de plusieurs réclames commerciales utilisant le personnage comme le spot "Together" pour British Telecom, réalisées en Grande-Bretagne (et qui, pour cette raison, devait être facilement transportable). Rob BURMAN, fils du célèbre maquilleur Rob BURMAN et un des techniciens de THE THING, qui a participé à la recréation de E.T., a précisé qu'il n'avait alors pu disposer que de photos de très petite dimension pour tout matériel de référence. Cette version de l'extraterrestre était constituée de métal et d'aluminium, et recouverte d'une peau en résine et silicone. Deux bras supplémentaires furent aussi fabriqués.


La recréation du célèbre personnage par le studio de Stan WINSTON.

E.T. a tellement envie de "retourner à la maison" qu'il s'est mis lui-même dans la valise pour être sûr de partir...

Stan WINSTON et E.T. L'extraterrestre, deux grandes figures du cinéma de science-fiction, étaient donc appelées à se rencontrer, même si cette rencontre est demeurée ponctuelle.




1 commentaire:

Anonyme a dit…

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