lundi 5 mars 2012

Petites victimes méconnues de Fukushima


Un spécimen de "poisson Napoléon" - surnommé ainsi à cause de sa bosse qui évoque un peu le bicorne de l'Empereur des Français; élevé pour assurer sa protection dans l'aquarium de la région de Fukushima, il a été frappé par la catastrophe qui a mis à mal l'établissement.

Il y'a un an, à la date du 11 mars 2011, un tremblement de terre frappait le Japon, engendrant un raz-de-marée terrifiant ( tsunami ) qui ravageait la côte de la région de Fukushima et des environs, causant des dégâts considérables, la mort de milliers de personnes et un accident nucléaire majeur, contraignant les populations limitrophes à évacuer durablement la zone, condamnée comme celle de Tchernobyl en Ukraine depuis 1986.

Des fonds considérables durent être mobilisés pour la reconstruction. Une polémique est d'ailleurs soulevée par le célèbre défenseur des Cétacés, Paul WATSON, relayée par Brigitte BARDOT au titre de sa Fondation - laquelle remarque au passage que les animaux familiers n'ont quant à eux pas été évacués des zones désertées - sur l'utilisation d'une partie des dons collectés, partiellement affectés au soutien de la campagne de chasse à la baleine, au motif qu'un des ports dévastés se consacrait à cette activité, plutôt qu'au profit des survivants de la catastrophe auxquels ils étaient principalement destinés - le Japon étant l'un des rares pays avec la Norvège à poursuivre cette pratique en dépit du moratoire sur la chasse commerciale, même si, théoriquement, celle-ci ne cible plus que les espèces de Rorquals n'étant pas en danger immédiat d'extinction  :

Le sort tragique des habitants a également occulté celui d'autres victimes indirectes. La région de Fukushima comporte notamment un important complexe d'aquariums inauguré en juillet 2000, L'Aquamarine Fukushima à Iwaki, dont la majorité des pensionnaires ont péri des suites de la catastrophe. A la différence des bassins extérieurs affectés à la reproduction des Poissons, qui furent ravagés par le tsunami, la structure résistante du bâtiment a bien préservé l'intégrité des aquariums, mais néanmoins la coupure d'électricité imputable à l'arrêt automatique des quatre centrales nucléaires les plus proches et à la capacité limitée en réserve de carburant du groupe de secours, a occasionné la mort des Poissons, Crustacés, Mollusques et de l'immense majorité des pensionnaires - Les Mammifères marins ( Loutres et Pinnipèdes ) et les Oiseaux de mer, dont la respiration et la température ne sont pas strictement dépendantes des infrastructures, furent quant à eux évacués temporairement, incluant un phoque femelle qui donna naissance dans ces circonstances à un petit, baptisé "Espoir" en japonais (Kibo). A l'issue de travaux de restauration, l'aquarium d'Iwaki, qui se trouve dans une zone non directement exposée à la radioactivité de la centrale sinistrée, a été rouvert en juillet 2011, le jour de son onzième anniversaire, bénéficiant du don de pensionnaires venus d'une vingtaine d'aquariums et zoos du Japon, et même du monde entier.

Le bassin des Morses a toujours captivé les jeunes visiteurs de l'Aquamarine.

Belle reconstitution de Dunkleosteus ( aussi appelé Dinichthys ), un très grand Placoderme ("poisson cuirassé") qui vivait dans les océans au Dévonien, il y'a plus de 360 millions d'années, suspendue au plafond de la salle du rez-de-chaussée présentant des reconstitutions des animaux marins des temps anciens.

Autre animal disparu assez inquiétant surgissant de l'obscurité, un Euryptéride prêt à fondre sur sa proie et à la saisir avec ses pinces effilées; surnommés "scorpions de mer", ces prédateurs marins étaient relativement plus proches de la Limule, un "fossile vivant", que des Arachnides au sein desquels se rangent les Scorpions terrestres.

Pensionnaires de l'Aquamarine, ces spécimens de Nautiles, animal considéré comme un "fossile vivant", Céphalopode à coquille enroulée comparable à ceux qui servaient de proies à de grands Reptiles marins contemporains des Dinosaures, n'ont pas survécu à la catastrophe de Fukushima.

L'équipe de l'aquarium de Fukushima s'est notamment distinguée par sa participation à l'expédition qui a pris les premières photographies d'une espèce asiatique de Coelacanthe dans son milieu naturel en mai 2006, rééditant plusieurs fois l'expérience par la suite. Ce Poisson appartient à un groupe qui fut considéré comme éteint en même temps que les Dinosaures, jusqu'à l'identification en 1938 d'un spécimen ramené par des pêcheurs au large des côtes d'Afrique du sud, et dont l'articulation des nageoires annonce celle des membres des Vertébrés terrestres de même qu'une poche d'air dans l'estomac préfigure le futur poumon - il existe cependant des Poissons actuels paraissant plus engagés sur la voie qui mène à la sortie des eaux, les Polyptères et les Dipneustes, possédant aussi bien des branchies que des poumons. Certains créationnistes ont cherché à tirer partie de la découverte du premier Cœlacanthe vivant pour arguer que, l'animal n'ayant en apparence guère évolué - même si ses nageoires sont devenues plus symétriques au fil du temps - alors qu'il est vu comme un "chaînon manquant", cette immuabilité contredisait la théorie de l'évolution; la polémique est assez absurde, puisque, les derniers représentants fossiles connus datant de la fin du Crétacé, la paléontologie avait déjà établi que l'animal s'était perpétué plus de 300 millions d'années après que des formes voisines avaient engendré les Vertébrés terrestres, sa survie dans les derniers 65 millions d'années n'apportant rien de nouveau sur le fond(*)... L'hypothèse qu'une seconde espèce de Cœlacanthe ait pu se maintenir en Indonésie parut à beaucoup très improbable, celle-ci se basant principalement sur une sculpture traditionnelle récupérée par un antiquaire, jusqu'à ce qu'en 1997, l'animal quitte le domaine de la cryptozoologie pour constituer officiellement une seconde espèce à côté de son parent comorien.

Autre "fossile vivant", le Cœlacanthe indonésien, découvert en 1997 - bien que l'hypothèse de son existence se heurta à l'incrédulité, la preuve de son existence eut moins d'écho médiatique que celle de son parent africain, un demi-siècle plus tôt.

(*) Rappelons que l'évolution des espèces, déjà évoquée ici à l'occasion de l'article sur DARWIN et le créationnisme, n'implique pas que la transformation affecte nécessairement l'intégralité d'une population : tandis que certains représentants des poissons à nageoires lobés - probablement du genre Tiktaalik -s'aventuraient sur la terre ferme, donnant naissance à nos lointains ancêtres, d'autres rameaux du groupe comme le Cœlacanthe demeuraient dans les eaux, se maintenant tant bien que mal jusqu'à notre époque.

PS : Comme pour l'explosion de la centrale de Tchernobyl, le précédent nucléaire majeur, des hommes ont sacrifié leur vie pour empêcher que la catastrophe ne soit pas pire encore. Les territoires demeurent radioactifs durant une très longue période. Beaucoup d'enfants, plus particulièrement, résidant dans la région de Tchernobyl connaissent toujours de très graves problèmes de santé, des associations internationales récoltent des dons pour leur venir en aide, en Ukraine : http://www.chernobyl-international.comet en Biélorussie : http://enfants-tchernobyl-belarus.org/


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