Créatures
et imagination, les êtres réels et les êtres imaginaires, a pour
règle de s'intéresser aux manifestations les plus étonnantes de la
vie animale et aux êtres fictifs qui s'en inspirent plus ou moins
directement à travers ces interconnexions qui sont au cœur de
ce site. A l'origine de cette rencontre se trouvent les êtres de
légendes.
Ceux-là sont apparus dès les prémisses de la civilisation, notamment au travers des cultures chamaniques, postulant une continuité du vivant permettant notamment aux sorciers de pouvoir se changer en animaux, littéralement selon les croyances ancestrales, ou plus concrètement en se travestissant avec des peaux de bêtes et autres ornements pour s'identifier à eux, voire atteindre le degré de compréhension ultime embrassant l'ensemble du monde animé et le rattachant possiblement à celui des Cieux. La Grotte des Trois Frères dans l'Ariège offre un échantillon d'art pariétal comportant une fresque présentant la silhouette d'un être humanoïde pourvu notamment de bois de cerf. Avec l'essor des cités, les êtres humains se sont coupés de la nature au sein d'un environnement artificiel et ont développé une culture nouvelle rompant avec ce continuum. La transition d'humain en animal et quelquefois l'inverse ainsi que les formes hybrides, comme nombre de dieux de l'ancienne religion égyptienne, sont passées du cadre religieux aux croyances populaires des campagnes plus enclines aux mystères et à la fantaisie topographique, c'est à dire quittant le sacré pour le vernaculaire, d'une part, et à la pure fiction que nous honorons souvent ici, d'autre part. Les récits d'Ovide, dans l'Antiquité, relatent de telles métamorphoses, mais déjà sous un angle un peu distancié non dépourvu d'une tonalité humoristique, comme les aventures interplanétaires fantasmagoriques de Lucien de Samosate, même si, par la suite, de grands explorateurs ou supposés tels comme Marco Polo et Jean de Mandeville relateront sérieusement avoir rencontré des êtres fabuleux au cours de leurs voyages en des contrées lointaines.
Un
des plus anciens êtres fantastiques de l'histoire de l'humanité,
l'Homme-cerf de la Grotte des Trois Frères dans l'Ariège.
Une
exposition présentant des êtres légendaires mythiques prêtant des
caractéristiques animales à des êtres semi-humains créés par le Studio Naturaliter : de gauche à
droite, la divinité égyptienne à tête de lionne, Sekhmet, le dieu
égyptien de l'eau et de la fertilité à tête de crocodile, Sobek,
le sphinx de Thèbes apparaissant dans le fameux mythe grec d'Oedipe, inspiré d'une créature égyptienne similaire mais de sexe
masculin, et le Minotaure de Crête, né d'une union charnelle de
Pasiphaë avec un taureau divin auquel étaient censés selon la légende être
régulièrement sacrifiés de jeunes gens et de jeunes filles. En
dessous, deux autres hybrides grecs, un centaure, archer dont le
buste est monté sur le corps d'un cheval et la fameuse gorgone
Médusa de la légende de Persée, femme maudite et terrifiante à la
chevelure composée de serpents vivants, ici une sculpture présentée par le Musée londonien du film à l'effigie du monstre recréé par
Ray Harryhausen dans le film Le
Choc des Titans (voir
hommage consacré à cet artiste en juin 2013, "Un géant
entouré de miniatures").
La culture basque est la plus ancienne des cultures d'Europe, remontant aux temps immémoriaux des premiers hommes modernes s'étant établis sur notre continent, même si, au fil du temps, elle a évolué et s'est rapprochée notamment au Moyen-âge des folklores régionaux des régions limitrophes. Afin d'approcher le sujet avec le plus d'exactitude, il a été décidé de proposer au lecteur un entretien avec un éminent spécialiste de la culture basque légendaire, le plus à même d'apporter d'intéressantes précisions sur l'émergence de ces représentations des créatures vivantes autres que l'homme lorsqu'elles sont passées de la Nature à la Culture.
La croyance en l'existence d'Homme-bêtes, basée sur la crédibilité des auteurs de l'Antiquité relatant des histoires fabuleuses, les récits enjolivés de voyageurs parfois aussi illustres que Marco Polo et la naissance de véritables phénomènes tératologiques, a perduré au Moyen-Âge et jusqu'à la Renaissance sous la plume d'historiens comme Pierre de Boaistuau, de naturalistes comme Ulisse Aldrovandi et Conrad Gessner ou encore de médecins comme Ambroise Paré, qui a reproduit cet hybride dans un de ses ouvrages. La polysémie s'attachait à ces êtres, qui pouvaient être perçus selon un angle religieux, qu'ils soient d'essence diabolique ou représentent un prodige divin, ou bien qu'ils interrogent la morale, étant alors vus comme une progéniture issue d'accouplement contre nature avec un animal de ferme ou un partenaire du même sexe.
La culture basque est la plus ancienne des cultures d'Europe, remontant aux temps immémoriaux des premiers hommes modernes s'étant établis sur notre continent, même si, au fil du temps, elle a évolué et s'est rapprochée notamment au Moyen-âge des folklores régionaux des régions limitrophes. Afin d'approcher le sujet avec le plus d'exactitude, il a été décidé de proposer au lecteur un entretien avec un éminent spécialiste de la culture basque légendaire, le plus à même d'apporter d'intéressantes précisions sur l'émergence de ces représentations des créatures vivantes autres que l'homme lorsqu'elles sont passées de la Nature à la Culture.
Claude Labat est un grand promoteur de la culture basque. Cet enseignant en physique-chimie et en arts plastiques retraité depuis 2008 a fondé en 1980 l'association Lauburu à Bayonne, dont il est actuellement le secrétaire, qui a pour mission de défendre le patrimoine basque tant par le biais de publications et de participations à des expositions que d'actions de préservation du patrimoine aussi bien architectural qu'incluant le littoral et les grottes. Passionné par les mythes basques, il ne s'en attache pas moins à distinguer la part d'exagération forgée par la culture populaire de la réalité historique dans laquelle ils s'enracinent. Ainsi, dans son livre au titre évocateur, Sorcellerie au pays basque, un rideau de fumée ? publié en 2019 et faisant suite à deux autres parutions explorant le thème, il rappelle que l'importance de la sorcellerie et des bûchers a été exagérée, et qu'après que le magistrat Pierre de Lancre mandaté par Henri IV pour purger le pays des êtres soumis à l'influence démoniaque a condamné plusieurs dizaines de personnes à périr de la sorte, au lieu des 600 parfois mentionnées, l'Inquisition espagnole s'est montrée bien plus mesurée en estimant que la très grande majorité des individus dont elle devait décider du sort relevaient plus simplement du désordre mental et épargna la vie de ceux-là. L'auteur a à son actif une quinzaine de titres sur divers sujets intéressant la culture basque, de la préhistoire à la Cathédrale de Bayonne en passant par les paysages locaux et par la figure populaire du personnage du charbonnier aux yeux multiples associée à Noël nommé Olentzero, ainsi que des nouvelles. Il réalise également des illustrations et a édité une étude scientifique sur l'art funéraire basque. Il a fort obligeamment accepté de s'entretenir en ces pages sur le sujet qui nous occupe.
Monsieur
Labat, il semble que le recueil du fond légendaire basque a été
effectué très récemment, au début XXème siècle par Jean
Barbier. Comment expliquez-vous que les auteurs romains qui aimaient
à relater les mœurs et légendes de différents peuples n'aient pas
abordé cet aspect de la culture basque?
− Non,
il faut bien voir la place du curé Barbier dans la liste des érudits
qui s'intéressent à la mythologie basque. Il y a avant lui des
sommités dans ce domaine : Dabbadie, Chaho, Cerquand, Webster et
Vinson. Barbier ne fait qu'utiliser les matériaux recueillis par ces
pionniers, notamment Cerquand. Son but est d'alimenter ses sermons
pour mieux "faire la morale" à ses ouailles. Après lui,
l'abbé Barandiaran accomplira un travail plus "scientifique"
mais sans doute aussi épuré des légendes "coquines" ou
grivoises. Je vous renvoie au schéma que j'ai mis dans mon
livre Libre
parcours dans la mythologie basque page
326.
− Comment
est-il possible d'inférer quelque chronologie, en distinguant par
exemple des modifications ultérieures de récits mythiques, et
peut-on par exemple déceler des évolutions relatives par exemple à
la symbolique, qui auraient pu intervenir avec la christianisation ?
− Cela
me paraît très difficile à faire. Cependant, on ne peut pas douter
que, de tout temps, les mythes évoluent et se métissent avec des
apports exogènes. Le christianisme a, bien entendu, marqué
profondément cette vieille mythologie, comme toutes celles du
continent européen. Voir par exemple la remarquable histoire du
diable faite par Robert Muchembled (2000).
− Peut-on
y distinguer des éléments mythiques essentiels sur lesquels repose
la représentation du monde pour les Basques, de d'autres qui
ressortiraient davantage du "folklore"?
− Personnellement,
pour évoquer la vision que les Basques se font du monde, j'ai adopté
la thèse de Hartsuaga (éditée seulement en basque et dont j'avais
trouvé un résumé en français). Le cosmos basque ne connaît que
la Terre (surface et monde sous-terrain), il n'y a pas de ciel (au
sens de demeure divine), ni d'étoiles, ni même de cosmogonie : le
monde a toujours été et sera toujours ! Ce n'est qu'avec certains
délires sur Internet que l'on trouve des généalogies montrant des
liens de parenté avec les entités basques comme on le fait pour les
divinités gréco-latines.
− Le
chamanisme est réputé oriental, mais il était très certainement
au cœur des croyances de toutes les cultures originelles. Selon
l'hypothèse habituellement admise, les Basques seraient les
héritiers de l'avant-garde d'Européens modernes s'étant installée
en Europe de l'ouest et ayant produit les fresques pariétales,
pourrait-on s'avancer à déceler une quelconque filiation entre
certains éléments de la culture basque et les mythes ancestraux
chamaniques ?
− J'avoue
que je n'ai jamais pris le temps de travailler les liens entre la
tradition basque et le chamanisme. Je pense qu'il est impossible de
n'avoir pas été touché comme le reste du vieux monde par le
chamanisme. Ce qui me retient pour l'instant c'est que les
"spécialistes" dans ce domaine ont souvent un discours
militant qui consiste à "convertir" leurs auditeurs à une
sorte de "religion ancienne" sans en décortiquer le
mécanisme et les liens avec les cultures qui ont connu le
chamanisme. Mais je suis disposé à écouter les personnes qui
approchent ce sujet d'une façon culturelle et anthropologique.
− Une
représentation célèbre de l'art pariétal est celle de la Grotte
des 3 frères dans l'Ariège, figurant un humanoïde portant des bois
de cervidé : vous est-il arrivé de songer à l'art de ces lointains
ancêtres, et selon vous, s'agirait-il plutôt d'un démiurge revêtu
d'une parure ou bien d'un être hybride, craint ou vénéré, d'une
créature censée être réelle, ou bien encore de la représentation
d'un défunt, un chasseur respecté caractérisé par un trophée ?
− Voilà
une question que j'apprécie. A la différence des "savants"
qui imposent une piste, vous ouvrez plusieurs voies. À mon avis,
toutes sont valables et mériteraient d'être exposées
parallèlement. Cet humanoïde est une légende à elle seule. Et
comme toutes légendes, elle nous laisse libre de choisir ce qu'elle
nous dit.
− Les
légendes basques recèlent-elles également des êtres immatériels,
des esprits, et que deviennent les âmes des défunts :
continuent-elles de peupler le monde sous d'autres formes ou
gagnent-elles un ailleurs comme les Champs Elysées dans l'Antiquité
gréco-romaine ?
− On
peut citer les "Âmes errantes" c'est-à-dire les revenants
qui souvent importunent les vivants. Dans un conte de Barbier il y a
un ange ! Mais au-delà des personnage, je place aussi des éléments
immatériels comme la lumière et l'obscurité qui
sont, à mon avis, des "territoires mythiques" qui abritent
des êtres tels que Laminak , dragons, la Dame (Mari)… et surtout
qui tissent le temps et donc la ronde des saisons et les fêtes qui
les accompagnent.
− Existe-t-il
une certaine forme de manichéisme dans le folklore basque, comme on
en trouve quelque trace dans une certaine mesure dans l'univers des
Celtes et des Vikings, ou est-on plus proche d'un surnaturel plus
multiforme? (dans le roman Mascarades de
Philippe Ward, les nationalistes les plus radicaux semblent susciter
l'irruption d'esprits maléfiques légendaires).
− Manichéisme
ou dualisme ? Le Bien et le Mal. Dieu et le Diable. Egu (la Lumière
du jour) et Hil (l'Oscurité). Eguzki (le Soleil) et Hilargi (la
Lune)… ? Chacun de ces couples est un aimant à deux pôles, que je
m'interdit de classer dans la case manichéisme ou dualisme. Ils
sont, et cela me suffit. J'ai trop peur de tomber dans des
explications routinières. Mais j'ai peut-être tort. Car vos
questions montrent que c'est dans l'échange des interprétations que
l'on avance.
Le
dieu Sugaar ou Sugoi, parfois présenté comme une déesse mais dont
le patronyme porte une terminaison masculine, est dit avoir engendré
le monde en s'accouplant soit avec le dragon Herensuge, lorsqu'on ne
considère pas qu'il s'agit de la même figure, soit avec son épouse
Mari à laquelle on prête aussi parfois quelque connotation
androgyne. Sugaar présente également une certaine ambivalence, sans
être fondamentalement maléfique comme les démons des religions
orientales païennes et Satan chez les Chrétiens, il peut tel le
Zeus de la mythologie grecque lancer
de terribles éclairs comme illustré par le sculpteur Tira Ta Floja, tout comme
son épouse Mari généralement bienveillante est capable de
déchaîner les éléments.
La figure
grimaçante du démon cornu trouve un équivalent dans ce carnaval
suisse.
− Quelle
place l'homme occupe-t-il face aux êtres surnaturels et aux animaux,
et y a-t-il une certaine unité du monde surnaturel face au monde
des hommes ou au contraire une omniprésence et une multiplicité des
puissances éventuellement antagonistes au sein de notre monde ?
− Décidément,
je constate que vous avez déjà beaucoup réfléchi et je suis
surpris de voir à quel point vos questions rejoignent mes
interrogations. Pour ce qui est de la place des hommes face aux êtres
surnaturels je dirais seulement que la mythologie basque semble
montrer que les hommes ont des rapports fréquents avec les "entités"
mythiques qu'ils ne considèrent pas comme des divinités (ils
peuvent même leur donner des ordres). Cette proximité a-t-elle des
origine pré-chrétiennes ? C'est possible. Je pense que c'est
surtout la vision du cosmos qui a dû induire cela : pas de ciel,
mais la terre et le monde souterrain. Donc je pense qu'il s'agit bien
plutôt "d'une certaine unité" comme vous le dite. Quant
aux rapports des hommes avec les animaux, je n'ai pas réfléchi à
la question. Dernièrement je lisais la façon avec laquelle l'Église
et le pouvoir civil ont peu à peu représenté le diable comme un
animal, brutal ou insignifiant, avant de faire entrer le diable dans
le corps des hommes et des femmes pour mieux les dominer. Par
ailleurs, je constate que, dans les légendes basques et autres, les
rapports avec les animaux ne sont jamais "affectueux" comme
on le voit de nos jours, mais les animaux font "partie du
paysage" qu'ils soient domestiques ou sauvage et, parfois, se
révèlent être des entités mythiques (voir les légendes où des
chevaux "kidnappent" les filles des hommes "pour les
éduquer dans le monde souterrain). Reste la cas de l'ours qui, selon
la tradition de plusieurs peuples a une place particulière puisqu'on
dit que "l'ours c'est l'homme".
Costume d'ours dans un défilé ; ces animaux pourraient représenter les ancêtres des Basques selon certains récits mythiques, et diverses légendes l"associent à la sexualité en évoquant des unions entre des femmes et des ours. Avant que les peuples européens se convertissent au christianisme, cet animal intelligent et assez malin était perçu comme une sorte d'homologue des hommes vivant dans les forêts, puis la nouvelle religion va rapprocher sa ruse de celle du Malin et le présenter comme inquiétant. Le symbolisme préférera dorénavant l'image plus exotique du lion, dont la crinière rappelle la couronne ornant la tête des rois et, comme animal noble des forêts, lui préférera le cerf, notamment au travers de la légende de Saint-Hubert, l'apparition d'un crucifix lumineux entre les bois d'un cerf ayant amené l’ecclésiastique à renoncer à la chasse qui accaparait tout son temps - c'est donc pour le moins fort mal à propos que les chasseurs en ont fait leur Saint patron, puisque celui-là symbolise au contraire le renoncement à l'activité à laquelle ils se consacrent !
− Il
semble qu'on retrouve dans les légendes basques les archétypes
mythiques : géants, cyclopes, hommes-bêtes et "loups-garous",
dragons, chimère, êtres élémentaux, etc...Ces différentes créatures
présentent-elles selon vous des caractéristiques spécifiques ou
une charge symbolique qui les distingueraient quelque peu de leurs
homologues présents dans d'autres traditions régionales ?
− Ici
encore, force est de constater que les Basques font partie d'un
ensemble mythologique très vaste puisqu'il est connu sur tout le
continent européen. Géants, cyclopes, hommes-bêtes et
"loups-garous", dragons, sont présents dans les légendes
basques, en particulier le dragon qu'un noble tue pour débarrasser la
population d'un malheur mais surtout pour asseoir sa généalogie
donc son pouvoir sur cette population. Mais comme toujours (et
partout) ces légendes sont mises à la portée des gens en
l'adaptant à leur géographie à leur histoire.
− Il
est dit qu'il existe une légende semblable à la mésaventure du
Cyclope Polyphème vaincu par Ulysse dans L'Odyssée d'Homère,
ayant l'œil crevé par un héros, le gigantesque berger étant un
consommateur régulier de chair humaine. On indique souvent
que L'Odyssée d'Homère,
qui rapporte les aventures de ce héros grec, aurait pu inspirer les
contes orientaux de Sinbad. Pensez-vous que le mythe basque a pu
également s'inspirer de la légende grecque au vu de ces
concordances très importantes, voire l'inverse puisque la culture
basque est probablement plus ancienne que la civilisation grecque
elle-même ?
− Très
bonne remarque de votre part. Les Basques auraient dû être "les
premiers" dans la conception de la légende du Cyclope. Mais
deux découvertes nous renvoient à l'universalité de ces mythes
fondamentaux. La première c'est qu'Antoine d'Abbadie, scientifique
renommé d'origine basque qui a passé 12 ans à cartographier
l'Éthiopie et a pour cela appris 14 dialectes locaux (il était doué
pour les langues) a décris la légende du Cyclope. Très sagement,
il a conclu que l'on ne pouvait établir qui des Grecs, des Basques
et des Ethiopiens avaient "inventé" le mythe. Mais
d'Abbadie ajoute une remarque essentielle : il semble que le Cyclope
n'est connu que chez les peuples de pasteurs.
La deuxième découverte va
plus loin. Dans les années 2000, un article du Monde relate
sur deux pages qu'un anthropologue spécialiste de cette légende l'a
retrouvée dans le monde entier, et toujours chez des bergers. Cela
explique pourquoi les ovins sont présents dans tous ces récits.
Mais, au cours de ses recherches, il a rencontré deux cas où les
légendes parlaient de mouflons et de chamois, et non de brebis ou de
chèvres. Or les mouflons et les chamois sont des animaux que l'on ne
peut pas domestiquer. On serait donc en face d'une légende qui
remonterait non pas au néolithique mais au paléolithique. Hypothèse
très intéressante car, tous les spécialistes jusqu'à présent
disent qu'on ne peut pas connaître les mythes de la préhistoire.
La
figure de Tartalo ou Tartaro, le cyclope basque, dans un défilé et représenté par le sculpteur Tira Ta Floja.
− Il
a été dit que les créatures les plus fantastiques de la mythologie
gréco-romaine, comme les monstres (l'Hydre de Lerne terrassée par
Heraklès/Hercule, la Gorgone Méduse vaincue par Persée ou encore
le Minotaure tué par Thésée) relevaient sans doute à l'époque
davantage d'évocations poétiques qu'elles ne faisaient réellement
l'objet de croyances quant à leur réalité, et qu'il en allait
peut-être de même pour le panthéon de l'Olympe, à la différence
des Larres, associés aux ancêtres que chaque foyer vénérait
pieusement. Les géants, hommes-bêtes et autres figures légendaires
basques étaient-elles selon vous réellement craintes ou honorées,
ou vous paraissent-t-elles pour une part des fables transmises par
les conteurs, à l'instar de cette théorie ?
− Je
vous avoue que je suis plutôt du côté de ceux qui se rangent dans
l'hypothèse "poétique". Ce qui ne veut pas dire que
c'étaient des légendes "pour faire joli" ou distraire les
foules. La poésie est une dimension essentielle dans une
civilisation. Ce n'est pas un enfantillage, comme le mythe elle prend
l'Homme au sérieux et l'invite à de la hauteur d'âme ou, plus
trivialement, à ne pas être un animal. La poésie et le mythe
laissent les individus libres, et n'imposent ni morale ni dogme.
Comme les tags et autres fresques sauvages qui apparaissent sur nos
murs aujourd'hui, les mythes et la poésie sont des cris pour nous
garder éveillés.
− Vous
même, établissez-vous, en raison de l'ancrage ancien des mythes
basques probablement hérités de croyances ancestrales, une
dichotomie avec par exemple les légendes occitanes (comportant des
monstres comme la Tarasque ou Mélusine), susceptibles d'être
davantage perçues comme des fantaisies populaires ?
− Plus
j'avance dans l'étude des Basques et de leur culture, plus j'élargi
mon regard à l'Europe. Les Basques sont une fleur avec une couleur
donnée et un parfum particulier, mais cette fleur fait partie d'un
immense bouquet aux mille couleurs et aux mille parfums. Les peuples
sont divers, mais le genre humain est un. La globalisation galopante
qui est en train d'uniformiser les cultures du monde, aurait-elle
comme résultat de transformer l'humanité en tribu de robots ?
− A
ce propos, décelez-vous une influence des mythes basques sur le
folklore de provinces limitrophes ?
− La
mythologie basque fait partie d'une mythologie montagnarde que l'on
connaît de la Catalogne à la Galice, tout le long de la chaîne
pyrénéo-cantabrique. Et les Basques ne sont pas
obligatoirement les fondateurs de cette mythologie. La légende des
Gentils, connue dans tout cet espace montagnard, évoque l'existence
d'un peuple aujourd'hui disparu, qui aurait précédé les Pyrénéens
actuels.
− Que
sait-on de la culture bâtisseuse de dolmens qui peupla jadis
l'Europe avant l'arrivée des Celtes en Europe de l'ouest, et de son
contact éventuel avec les Basques, puisque leurs constructeurs, vus
comme des géants, sont censés n'avoir disparu qu'avec l'arrivée du
christianisme, d'ailleurs sans descendance selon les anthropologues ?
− Et
bien justement, la légendes des Gentils affirme que ce peuple
antique se serait "suicidé" en entrant dans un dolmen. Et
tout le long des Pyrénées les dolmens s'appellent "maison des
Gentils". Vous avez compris que ce mythe fait référence à une
acculturation profonde (celte, romains ?). Et sans doute aujourd'hui
des géants annoncent encore un nouveau
paradigme : le métissage culturel est à l'œuvre (mais il ne s'agit
pas de la globalisation).
− Doit-on
entrevoir une assimilation symbolique progressive des Basques avec ce
peuple de Géants, étant donné qu'il fut lui-même confronté à un
changement culturel avec la christianisation? Ou bien ces géants
sont-ils néanmoins vus comme des créatures antérieures à
l'installation des Basques, un peu à la manière des Achéens venus
du nord ayant conquis et fondé politiquement la Grèce, qui auraient pu avoir
tendance à se représenter sous les traits des Dieux de l'Olympe
ayant vaincu les Titans issus du Chaos initial ?
− Je
pense que vous exprimez très bien ce que j'ai essayé de vous dire
en répondant aux deux questions précédentes. C'est une façon
dynamique de voir l'avancée de l'Humanité. On a trop longtemps
insisté sur l'originalité des Basques, je préfère les voir
participer à un vaste phénomène d'évolution qui leur a permis de
survivre au lieu de s'enterrer.
Représentation
d'un Jentilak ou Gentil, un représentant d'une race ancienne de
Géants, peut-être la transcription mythique d'un ancien peuple
païen qui aurait dressé les mégalithes qu'on retrouve dans toute
l'Europe occidentale au travers des menhirs, dolmens et autres
cromlechs. Ils auraient été anéantis par un mystérieux nuage
noir, à l’exception d'Olentzero, réputé avoir annoncé la
naissance du Christ et assimilé au Père Noël, associant figure
païenne et chrétienne à l'occasion de cette fête de la même
façon que dans les pays scandinaves et germaniques.
− Les
Basajauns, sortes d'homme sauvages - auxquels pourrait s'apparenter le
cyclope évoqué plus haut, semblent être une figure importante de
la culture basque. On retrouve dans celle-là le mythe de croisements
entre des Basques et des hommes sauvages, qui rappelle semble-t-il
certaines légendes similaires avec le Yéti tibétain ou l'Almasty
du Caucase, autres humanoïdes velus ; faut-il lui donner une portée
symbolique universelle de l'homme se percevant comme en voie
d'émancipation de l'état de nature ?
− Ma
réponse sera brève, car je viens de lire un ouvrage (texte et
photos remarquables) qui montre les liens de parenté entre tous les
hommes sauvages encore connus aujourd'hui en Europe et en
Asie. Wildermann ou la Figure du Sauvage.
Charles Fréger, ed. Thames & Hudson, ISBN 978-2-87811-386-0.
− Les
Basajauns auraient notamment transmis au peuple basque sa connaissance
de l'agriculture. Pourrait-on y voir une analogie avec le demi-dieu
grec Prométhée enseignant aux hommes comment s'affranchir de l'état
de nature? Plus généralement, dans les mythes basques, les éléments
sont-ils opposés à l'homme, comme dans les conceptions prométhéenne
autant que chrétienne, ou procèdent-ils davantage d'une expression
plus neutre, plus animiste, de la Nature ?
− Vous
avez dû comprendre avec mes réponses que la mythologie tout entière
essaye d'affranchir l'homme de l'état de nature. Ce qui ne signifie
pas de se couper de la nature. C'est pour cela que dans le livre que
j'ai écrit sur la mythologie basque, j'ai "greffé" les
mythes sur les paysages. L'homme n'est homme que par la connaissance
et la connaissance vient des rapports à la nature. L'homme faisant
partie de cette nature, il doit aussi apprendre qui il est. Et la
boucle est bouclée : nature – connaissance – humanité. Cette
façon - un peu grossière j'en conviens - me satisfait cependant car
elle donne une cohérence à tout. Serait-ce le Grand Tout ?
− Une
théorie audacieuse, mais pas complètement absurde, décèle dans
les derniers Néandertaliens croisés par les premiers Européens
modernes la source des hommes sauvages de cette légende. Certains
autres auteurs voient plutôt dans l'Homme sauvage des mythes
européens, à défaut de singes anthropoïdes présents sur notre
continent (même si un Primate, le magot, vit en bordure
méditerranéenne à Gibraltar) une anthropomorphisation de l'Ours,
dont la bipédie occasionnelle et la malice supposée le rapprochent
de notre espèce. Selon vous, ces êtres sont-ils une création
symbolique, au sens de l'anthropologie structuraliste, ou bien
prennent-ils leur source dans une origine concrète, et en ce cas
laquelle de ces théories a votre préférence ?
− Je
suis incapable de répondre à cette question, car depuis peu j'ai
appris que notre vision de l'ours ne satisfait plus les
anthropologues. Mais vos mots confortent ce que je pense : seule une
démarche pluridisciplinaire pourrait permettre d'avancer. Hélas,
dès que l'on touche à la préhistoire, les archéologues montent
sur leurs ergots, et les autres spécialistes rechignent
souvent car la confrontation remet parfois en question leurs petits
pouvoirs. Et comme j'estime qu'un poète peut collaborer avec un
scientifique je pense que nous avons encore beaucoup à
faire pour progresser dans la connaissance. Ceci-dit, votre "théorie
audacieuse" pourrait être un point de départ pour une
réflexion.
Basajaun,
l'homme sauvage, représenté sous des traits d'allure
néandertalienne par le sculpteur Tira Ta Floja.
Représentation
du Basajaun présenté aux côtés des autres figures basques
légendaires au parc d'attraction Izenaduba basoa à Mungia, dans la
province de Biscaye au pays basque espagnol.
− Les
loups-garous sont perçus comme une légende des pays baltes qui
aurait été propagée en Europe (culminant lors de la Renaissance)
par les auteurs latins. Des éléments vous laissent-ils penser qu'un
mythe lycanthropique indigène aurait pu se développer
indépendamment dans le fonds basque?
− Le
lycanthrope n'a sans doute pas été inventé en terre basque mais il
y est connu. Le juge-démonologue Pierre de Lancre sollicité pour
les procès de sorcellerie au 17 ème siècle a longuement parlé de
l'Homme-Loup dans le livre qu'il a écrit après sa venue, mais il
faisait référence à des versions extérieures au Pays basque car
il avait rencontré des "spécialistes" durant sa formation
en Italie. Détail : le loup a laissé des traces dans la toponymie,
et des légendes ici comme ailleurs.
Déguisement
de loup-garou dans un festival américain dédié au fantastique ;
des origines chamaniques ancrées dans les légendes des pays baltes
jusqu'aux auteurs fantastiques modernes en passant par les peurs de
l'époque de la Renaissance se l'imaginant comme manifestation
diabolique et alimentant les bûchers, la figure du lycanthrope
appartient depuis des temps immémoriaux à la culture populaire.
− Dans
le même ordre d'esprit, pourriez-vous nous éclairer sur l'apparence
des dragons dans les récits basques et la présence de pattes dans
leur description; selon vous, est-ce une figure biblique (sans doute
forgée d'après le Crocodile au Proche-Orient - figure du Léviathan)
qui a été introduite sur notre continent ou percevez vous plutôt
les dragons basques comme une transfiguration du serpent ? Je me suis
posé la même question pour les dragons germaniques, sachant que les
légendes n'avaient été transcrites par écrit que quelques siècles
après la pénétration du christianisme et souvent par des hommes
d'église à l'esprit curieux, me demandant ainsi si cet animal
fantastique n'aurait pas remplacé dans ces mythes d'autres figures
initiales comme des sangliers géants et des ogres.
− Je
n'ai pas trop étudié la question, mais il semble que les Basques
assimilent le dragon au serpent. Mais il serait intéressant d'aller
plus loin car il existe une quinzaine de nom pour désigner cette
entité polymorphe. Pour la petite histoire, les hommes d'Église
utilisaient des crocodiles empaillés pour représenter le diable
dans les églises.
Recréation
de dragons basques par le sculpteur Tira Ta Floja.
Bien
que le nom du principal dragon basque parfois assimilé à la figure de Sugaar, l'Herensuge, provienne du mot
suge qui signifie serpent dans cette langue et que son corps est
souvent décrit comme celui d'un reptile dépourvu de pattes, on lui
attribue aussi fréquemment une forme humanoïde, comme celle de la
créature hybride du film The Heart of the Clan,
ci-dessus.
D'autres
récits dotent Herensuge de sept têtes comme l'Hydre de Lerne
qu'affronte le demi-dieu grec Hercule, mais avec un corps humanoïde,
tel la Bête biblique figurée sur cette représentation de
l'Apocalypse selon Saint Jean visible sur la grande tapisserie du château d'Angers réalisée à la fin du XIVème siècle à la demande du Duc Louis 1er d'Anjou.
Il
est rapporté qu'au début du XVème siècle, le Chevalier Gaston
Armand de Belsunce, fils du Seigneur de Macaye, près d'Hasparren,
fit le sacrifice de sa vie en débarrassant le pays d'une hydre à
trois têtes, peut-être assez semblable au monstre Ghidorah
qu'affronte Godzilla (ci-dessus, sa figurine commercialisée) dans
les célèbres films japonais de la société Toho. Alors qu’on
prétend qu'on livrait des jeunes filles ou des sacrifiés tirés au sort pour tenter d'apaiser les redoutables dragons des grottes
nommés Herensugue, le monstre serpentiforme vivant dans la mer, la
Lehen, était bénéfique, indiquant volontiers leur chemin aux
navigateurs et bloquant même si nécessaire le gouvernail de leur navire
pour s’assurer que celui-ci aille dans la bonne direction et ramène
à bon port ses passagers. Les marins faisaient l’offrande d’un
poisson pour que la Lehen les garde des tempêtes. Après la christianisation, une légende a substitué la Lehen à la baleine ayant avalé Jonas dans le récit biblique.
Le
dragon basque Traganarru était assimilé à un tourbillon,
exactement comme celui dépeint allégoriquement sous la forme du
monstre Charybde dans L'Odyssée d'Homère,
représenté ici par Eugène Titeux en 1842. De la même
manière, Odéi qui personnifie les pluies torrentielles trouve
un équivalent avec le Dieu Éole qui incarnait le vent dans la
mythologie gréco-romaine.
− J'ai
lu quelque part que le folklore intégrait des hommes-plantes ?
Existe-t-il des êtres hybrides combinant les caractéristiques de
différents règnes et revêtent-ils une charge symbolique?
− Personnellement
je n'ai rien rencontré dans ce domaine. Seul indice, mais très
ténu, une légende raconte "qu'autrefois, l'herbe et
les animaux parlaient". Mais peut-on voir là une
quelconque trace d'hybridation ?
− Les créatures marines ne paraissent pas revêtir une importance réellement significative dans les légendes
basques, bien que les zoologistes aient
quant à eux nommé un Cétacé la "Baleine des Basques".
De la même manière, il existe des créatures
lacustres dans le folklore celte, plus particulièrement de l'autre côté de la Manche,
mais guère d'océaniques malgré la réputation de navigateurs des
Bretons, contrairement aux légendes scandinaves ou grecques, jusqu'à
toutefois une découverte très récente. On trouve cependant dans
l'art rupestre des représentations d'animaux marins, poissons,
phoque et même dauphin. Comment expliqueriez-vous l'apparente
rareté des créatures marines mythiques chez des peuples proches de
l'océan, comme les Basques ?
− Vaste
sujet ! D'après mes recherches tous les peuples maritimes en Europe
possèdent quasiment le même bestiaire marin. L'explication
habituelle est de dire que les marins voyagent et échangent plus
facilement que les bergers en montagne. Une
légende basque dit que le serpent marin (Léviathan ?) représentait
pour certains un dragon chassé de la montagne par des bergers. Mais
surtout, je constate que, contrairement à ce que l'on affirme
aujourd'hui, les peuples dit maritimes ne le sont devenus que fort
tard par nécessité alimentaire. Ils ont commencé l'exploitation
des océans par la récoltes sur les rivages (crustacés, poissons et
cétacés échoués) et n'ont appris à naviguer que beaucoup
plus tard.
Le
premier exemple de monstre marin figuré par des Celtes, au côté de la représentation d'une épée, découvert sur le site d'anciennes constructions sur la colline de Trusty près de la ville de
Gatehouse of Fleet en Ecosse.
Cette
Lamina a beau s'apprêter, il paraît bien improbable qu'elle puisse
trouver à sa taille le soulier que lui ferait essayer un Prince
charmant.
Les
Laminak sont souvent dépeints sous forme de femmes, généralement
de petite taille, ayant un trait animal, en général des pieds de
canard, des pattes de poule, des sabots de chèvre ou, dans les
régions côtières, une queue de poisson comme les sirènes
scandinaves. Elles sont souvent associées à l'eau, qu'il s'agisse
de sources comme pour les nymphes de l'Antiquité ou de la mer où
ces créatures sont réputées capables d'agir sur les éléments. Comme les figures de Sugaar et Mari, leur attitude est ambiguë ; ces personnages sont souvent bénéfiques, mais peuvent à l'occasion être menaçants. Ils sont couramment associés à l'or comme les lutins celtiques, tels ceux mis en scène pour Disney par Robert Stevenson en 1959 dans Darby O'Gill et les Farfadets (Darby O'Gill and The Little People), gardant des trésors au fond de leurs grottes à la manière du nain Fafnir changé en dragon dans la légende germanique des Niebelungen, et récompensant les humains qui savent se montrer désintéressés en leur prodiguant des richesses.
Parfois,
les Laminak sont aussi représentés comme des lutins mâles. Cet
être hybride qui s'en rapproche, pourvu de sabots, a été créé
pour son film Troll par le maquilleur John Carl
Buechler auquel le blog a rendu hommage dans son antépénultième
article en mai 2019, Un serviteur de l'Empire aux
marionnettes diaboliques.
Si les Laminak peuvent se montrer généreux et offrir aide, abri ou fortune, d'autres étaient susceptibles de porter à des humains un intérêt bien moins honorable, des Laminak marins pouvant aller jusqu'à violer des femmes ; le monstre surgi de la mer du film muet de 1917 du Hongrois Alfred Déesy, A Tryton, prenait une apparence humaine pour tenter de kidnapper (ci-dessus) puis de séduire une femme mariée avant de voir son amour trahi et de regagner déçu les profondeurs.
Des hommes qui avaient consommé des algues réputées rendre immortels étaient eux-mêmes censés devenir des tritons à queue pisciforme, dés lors incapables de vivre sur la terre ferme, quittant à jamais leur monde d’origine à la manière du mutant du film russe de 1962 de Vladimir Chabotaryov et Gennadi Kazansky, The Amphibian Man. Dans la suite des Aventures de
Pinocchio réalisée en 1996 par Steve Barron, le film The new adventures of Pinocchio déjà évoqué dans l'hommage à l'acteur Martin Landau en août 2017, le personnage de Lorenzini interprété par Udo Kier s'immergeant dans un lac est soudain transformé en une créature marine annonçant quelque peu l'effrayant personnage métamorphe créé par l'équipe du créateur d'effets spéciaux Stan Winston pour La Sirène mutante (She Creature) réalisé en 2001 par Sebastian Guttierez, ces métamorphoses trouvant quelque équivalent dans les légendes basques.
Le Zarrotz est un démon marin terrifiant, à la
chevelure foisonnante, pourvu d’une paire de cornes et doté d’une
mâchoire acérée digne d’un requin à l'image de cet être marin diabolique représenté au XVI ème siècle dans l'ouvrage du naturalise suisse Conrad Gesner, qui vient sur les plages
dévorer les hommes et violer les femmes, tels les mutants créés
par Rob Bottin dans la version finale demandée par le producteur Roger Corman du film Les monstres de la
mer (Humanoids from the deep) réalisée par Barbara Peeters en
1980, qui fit l'objet d'un remake par Jeff Yonis en 1996, Terreur abyssale, avec le même type original.
Les récits maritimes basques évoquaient parfois aussi la peur de pieuvres géantes comme le célèbre Kraken scandinave légendaire illustré dans l'ouvrage de Pierre Denys de Montfort en 1839, un malacologue qui perdit sa crédibilité et sa fonction pour avoir défendu l'existence de céphalopodes géants, avant que des échouages en Terre-Neuve ne confirment ultérieurement ses vues - et alors même que les sous-sols du musée auquel il était attaché recelaient dans un bocal rempli d'alcool une section de tentacule géant !
− Par
ailleurs, les légendes européennes de l'ouest comme celles de la
culture basque ne comportent guère d'"invertébrés" dans
les légendes - ce qui n'est pas le cas hors d'Europe (le fameux
Scarabée égyptien en constituant un exemple célèbre ); chez les
Slaves et les Roumains, il semble par contre que l'abeille ait eu une
certaine fonction symbolique confinant aussi au Sacré. Pourtant, le
lombric aurait pu être vu comme un ambassadeur du monde souterrain,
l'escargot portant sa maison se prêterait à l'allégorie, l'abeille
industrieuse et sociale est devenue dans une époque plus récente un
symbole maçonnique et La Fontaine a écrit une célèbre fable
confrontant deux insectes. De plus, les génies, ou les Korrigans
chez les Celtes, laissent entrevoir un monde d'êtres de petite
taille. Pourquoi ces animaux semblent-ils avoir peu retenu
l'attention des peuples de l'Europe de l'Ouest ?
− Moi
aussi je me pose la question. Je n'ai pas de réponse, seulement une
hypothèse : est ce que les insectes, les vers et autres animaux
"minuscules" étaient considérés comme des êtres
spécifiques ou bien étaient-ils perçus tels des parasites vivant
en symbiose avec des végétaux ou des gros animaux ?
Les
petits animaux tels que les insectes n’apparaissent guère dans les
contes basques, à l’exception d’une incarnation amusante de la
déesse Mari, la mère des dieux et déesse de la Terre, sous la
forme d’une coccinelle, «Marie du toit à la jupe rouge», qui
remplaçait souvent dans l’imaginaire enfantin la « petite
souris », qui vient emporter les dents de lait déposées sur
les tuiles, censées être emportées pour devenir les étoiles du
ciel, en échange desquelles le petit personnage apporte un peu
d’argent, un bonbon ou un petit jouet.
− Monsieur
Claude Labat, je vous remercie pour le temps que vous avez bien voulu
nous consacrer et vous exprime notre gratitude pour la qualité de
vos réponses. J' incite les lecteurs qui voudraient se familiariser
davantage avec les mythes et légendes basques à prendre
connaissance de vos publications.
Un florilège de créatures légendaires basques en reprenant les principales figures évoquées ci-dessus.
Une conférence de Claude Labat sur la symbolique de l'Océan, d'hier à aujourd'hui:
Une conférence de Claude Labat sur la symbolique de l'Océan, d'hier à aujourd'hui:
sites :
association culturelle basque : https://www.eke.eus/fr/institut-culturel-basque
présentation sur Claude Labat : https://www.pays-basque-excellence.org/talents/claude-labat/
site Facebook en basque sur la mythologie : https://www.facebook.com/Euskalmitologia
site Facebook sur les mythes : https://www.facebook.com/MrPsMythopedia/
site du sculpteur catalan Tira Lo Floja : http://www.tiratafloja.es/?fbclid=IwAR0l79yFpFles5SyK6wuaInr81I6YwAH7qkrDobYpj2A0iMd_TCA2TVUZZM
et sa page Facebook : https://www.facebook.com/Tira-Ta-Floja-156084918298448/
site du sculpteur catalan Tira Lo Floja : http://www.tiratafloja.es/?fbclid=IwAR0l79yFpFles5SyK6wuaInr81I6YwAH7qkrDobYpj2A0iMd_TCA2TVUZZM
et sa page Facebook : https://www.facebook.com/Tira-Ta-Floja-156084918298448/
Studio Naturaliter : https://www.naturaliter.com/en/categoria/exhibitions/
hommage au maquilleur John Carl Buechler :
https://creatures-imagination.blogspot.com/2019/05/un-serviteur-de-lempire-aux.html
hommage au maquilleur John Carl Buechler :
https://creatures-imagination.blogspot.com/2019/05/un-serviteur-de-lempire-aux.html
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Disparitions
récentes :
Les lecteurs ont certainement appris la disparition le 5 février 2020 à l'âge de 103 ans de l'acteur Issur Danielevitch Demsky connu sous le nom de Kirk Douglas. Né dans une famille juive pauvre ayant quitté la Biélorussie pour s'installer à New-York, il suivit des études de théâtre. Il avait notamment acheté les droits du roman Vol au-dessus d'un nid de coucou qu'il adapta en pièce en s'assurant un certain succès et aurait souhaité en reprendre le rôle principal à l'écran mais ne parvint pas à intéresser les producteurs et lorsqu'il transféra finalement les droits à son fils Michael, il n'avait plus l'âge du personnage de sorte qu'il revint à Jack Nicholson de l'interpréter.
Au
cinéma, Kirk Douglas qui figura dans un certain nombre de westerns,
interpréta par ailleurs le peintre Van Gogh dont il s'attacha à
figurer tant l'inspiration que la folie, et le célèbre esclave
romain révolté Spartacus. Il fut aussi le héros scandinave des
Vikings de Richard Fleischer face à Tony Curtis. Parmi ses autres
rôles notables s'inscrivant dans le passé, il faut encore mentionner Les
sentiers de la gloire de
Stanley Kubrick, film longtemps interdit en France dans lequel il
interprétait un militaire français se heurtant à son supérieur
joué par Georges Macready qui était disposé pour complaire à la
hiérarchie à sacrifier sans ménagement la vie de ses soldats dans
les tranchées jusqu'à accepter de faire fusiller pour l'exemple des
hommes afin de faire pression sur les troupes.
Au cours de son abondante filmographie, Kirk Douglas eut l'occasion d'être confronté à quelques créatures fantastiques. En 1954, il incarne Ulysse dans le film éponyme de Mario Cameri, dans lequel le héros grec tient notamment tête au cyclope Polyphème dans une séquence célèbre, et dans le rôle du marin Ned Land dans 20.000 lieues sous les mers, il est le principal antagoniste de l'ombrageux Capitaine Nemo excellemment représenté par Jame Mason, qu'il sauve néanmoins de l'attaque d'un calmar géant lors d'une scène très spectaculaire bénéficiant des talents du créateur d'effets spéciaux Robert Mattey. Dans Saturn 3, il est menacé par un criminel joué par Harvey Keitel puis torturé par un robot qui s'est connecté au cerveau sadique de celui-ci en un effroyable mélange dans ce classique sous-estimé. Dans le domaine du cinéma de l'imaginaire, il a aussi incarné le père d'un enfant (Andrew Stevens) aux pouvoirs parapsychiques placé dans une institution d’État dirigée par le peu recommandable Childress (John Cassavetes) dans Furie (Fury), été le responsable d'un projet de centrale nucléaire au Proche-Orient découvrant qu'il sert les intérêts du Démon qui a pris possession de son propre fils dans Holocaust 2000, succédané estimable de La Malédiction (The Omen), et a interprété le Commandant du vaisseau Nimitz dans le film éponyme, propulsé dans un vortex temporel la veille de l'attaque de Pearl Harbour.
En plus de quelques
romans, l’acteur avait écrit sa biographie en trois tomes, le
premier relatant ses débuts modeste en tant que fils de chiffonnier,
le second sa découverte de sa judéité, le troisième écrit à 90
ans son combat pour recouvrer ses capacités après une crise
cardiaque.
Kirk Douglas dans le
rôle d'Ulysse, à côté, victime du robot Hector dans Saturn
3, en dessous en plein effort dans son combat contre le
titanesque céphalopode abyssal de 20.000 lieues sous les
mers.
La
disparition d’un autre acteur notable dans la seconde partie de
l’année précédente est passée davantage inaperçue. L’Anglais
Freddie Jones, né Frederick Charles Jones, s’est éteint le 9
juillet 2019. Ayant débuté dans la prestigieuse Shakespeare Royal
Company, il joue sous la direction d’Harold Pinter ainsi que dans
l’adaptation d’une œuvre de Gorki. Faisant partie de la
distribution de Marat/Sade, une pièce imaginant l’histoire de
Marat représentée par le Marquis de Sade dans l’hôpital
psychiatrique dans lequel il est interné avec la participation des
autres pensionnaires, il retrouve son rôle lorsque la pièce est
adaptée à l’écran en 1967 avant de jouer l’année suivante le rôle
de Claudius dans la série télévisée Les César (The Caesars). En 1969, il
interprète lui-même le directeur d’un tel établissement dans Le
retour de Frankenstein (Frankenstein
must be destroyed)
de Terence Fisher, assassiné par le Docteur Frankenstein (Peter
Cushing) qui remplace son cerveau par celui d’un de ses collègues
décédé, mais l’esprit de ce dernier n’est guère satisfait de
retrouver la vie dans de telles conditions et tente d’assassiner le
savant fou. En 1980, il interprète Bytes, l’odieux forain
d’Elephant
Man (The Elephant Man),
cauteleux et exploiteur, un archétype qu’il sert brillamment mais
qui est d’une nature plus sombre que les véritables organisateurs
de spectacles dans lesquels se produisait Joseph dit John Merrick,
même si son dernier imprésario l’a escroqué et cyniquement
abandonné en pleine nature en France – il faut dire que le film de
David Lynch est basé sur les mémoires du Docteur Treves qui rend un
vision manichéenne de l’histoire réelle de l’Homme-éléphant
afin de se donner une parfaite image de bon Samaritain en altérant
la véritable chronologie. On retrouve ensuite Freddie Jones dans le
rôle d’un vieil homme sage dans Krull,
Ynir, son interprétation culminant lors d’émouvantes
retrouvailles avec la femme qu’il aima jadis et qui et à présent
maudite, Francesca Annis dans le rôle de la Veuve de la Toile gardée
par une araignée translucide géante, autre actrice de
la Shakespeare Royal Company tout comme John Gieguld, le directeur
sévère mais humain de l’hôpital dans Elephant
Man.
Dans l’adaptation de Dune par
David Lynch, il joue Thufir Hawat, un médium pourvu de sourcils très broussailleux à l'instar de celui interprété par Brad Dourif, et il
figure aussi dans l’adaptation de Charlie d’après
Stephen King auprès d’un inquiétant personnage incarné par
George Scott qui menace la vie d’une fillette dotée du pouvoir de
pyrokinèse, dont le talent spécial attire la convoitise d’un
agence gouvernementale secrète comme dans Furie.
Dans Le
secret de la pyramide (Young
Sherlock Holmes),
il interprète Cragwitch qui révèle au jeune Sherlock Holmes encore
au collège un passé expliquant les évènements terrifiants dont il
est témoin dans Londres infiltré par une secte de fanatiques
adorateurs du dieu égyptien Osiris. Dans la troisième aventure
cinématographique de L’Histoire
sans fin, L’Histoire
sans fin 3 : Retour à Fantasia (Neverending Story III : Escape from Fantasia),
il reprend le rôle du libraire Coreander précédemment tenu par
Thomas Hill et incarne aussi le vieux sage de la montagne rencontré
par Bastien dans l’univers de Fantasia, côtoyant le bon dragon
Falkor dont la version miniature du film original avait été animée
par Steve Archer (voir l'hommage d'août 2015) qui a aussi donné vie
à l'araignée géante translucide de Krull qui
pourchassait le personnage interprété par Freddie Jones. Les
amateurs de fantastique auront également reconnu son visage à
l’occasion d’un épisode de Chapeau
melon et bottes de cuir (The
Avengers), Qui
suis-je ?,
et d’un autre de Cosmos
1999 (Space
: 1999), En
route vers l’infini.
Quelques
incarnations de Freddie Jones : en haut, le pitoyable personnage
du Retour de Frankenstein, à côté le cynique forain
Bytes d'Elephant Man (The Elephant Man) ; en
dessous, Ynir dans Krull, mentor du héros qui va soudain
se retrouver douloureusement confronté à son passé et sa reprise
du fameux personnage du libraire Coreander dans la troisième mouture
de L'Histoire sans fin, au ton plus léger que les deux
précédentes.
Le concepteur de l'univers futuriste de Blade Runner dans lequel évoluaient des répliquants engendrés en laboratoire à l'image des humains, qui avait notamment à cette occasion développé le concept de "retrofitting" consistant en l'ajout d'éléments modernes à des constructions vieillissantes dans le Los Angeles futuriste décadent, Sydney Jay Mead dit Syd Mead, s'est éteint le 30 décembre 2019 à l'âge de 86 ans. Ce dessinateur industriel avait aussi apporté sa contribution à Star Trek-le-film, à Tron avec Moebius, à 2010 : l'année du premier contact (2010 : the Year we make contact), à Short Circuit et à Aliens.
Illustrations conceptuelles pour BLADE RUNNER, en haut la cuisine de Deckard, en dessous, laboratoire participa nt de la fabrication des Répliquants.
site officiel : http://sydmead.com/
Son collègue Douglas Trumbull qui avait créé les effets spéciaux de Blade Runner faisant notamment voler le "spinner" qu'il avait conçu et qui trouve quelque équivalent dans Tron, bien que toujours vivant, a lui supprimé son beau site il y a près d'un an.
L'acteur d'origine hollandaise qui interprétait le chef des Répliquants, Batty, et qui apparaissait dans toutes les séquences marquantes du film, au travers de sa quête vengeresse de Créature venant demander des comptes à son créateur dans la lignée de l'être artificiel de Frankenstein, Rutger Hauer, avait lui disparu le 19 juillet 2019 à l'âge de 75 ans. On avait aussi pu le voir dans le rôle du chevalier de Navarre dans Ladyhawke où une malédiction le changeait en loup le nuit tandis que sa fiancée interprétée par Michelle Pfeiffer devenait pour la même raison un faucon le jour, rendant leur rencontre impossible, et il avait par ailleurs prêté ses traits à l’auto-stoppeur terrifiant de Hitcher.
On avait cité un autre acteur, Robert Conrad, dans l'hommage récent au réalisateur Larry Cohen à propos d'un épisode fameux de la série Columbo aux terribles conséquences écrit par le cinéaste. Celui-ci a à son tour fermé définitivement les yeux le 8 février 2020 à l'âge de 84 ans. Son visage était notamment connu du grand public pour son rôle récurrent dans le rôle de James West au côté de Ross Martin interprétant Artemus Gordon dans la série Les mystères de l'Ouest (The Wild Wild West). Cette série baignait dans un climat d'insolite analogue à celui de Chapeau melon et bottes de cuir (The Avengers) avec son atmosphère étrange et son humour décalé transportés dans le far west américain, alimentés notamment par des méchants pittoresques, le cruel nain Loveless (Michael Dunn) et le volubile Conte Manzeppi (Victor Buono), et annonçait parfois le "steam punk" avec des inventions futuristes créées avec la technologie de la machine à vapeur comme l'arme mobile de La nuit de l'engin mystérieux (The Night of the Juggernaut) et le seul monstre qu'affronte James West dans La nuit du monstre marin (The Night of the Kraken), une pieuvre gigantesque qui s'avère en fait une création mécanique.
Deux
personnalités du monde des effets spéciaux récemment disparues
étaient inconnues du grand public mais particulièrement estimées
de la communauté des maquilleurs. Gunnar Ferdinansen était
considéré comme le seul capable de sortir un moulage en une seule
pièce sans devoir la fractionner auparavant. Il avait été
sculpteur sur des films comme la comédie
préhistorique Caveman, S.O.S
Fantômes (Ghostbusters)
et sa suite, été responsable de la création de l’enfant stellaire de 2010-l’année du premier contact, et avait contribué à L’ange
des ténèbres (The Unholy) et Chérie,
j’ai rétréci les gosses (Honey, I shrunk the Kids).
Comme Henry Jesus Alvarez auquel on avait rendu hommage, il avait été
un collaborateur régulier de Rob Bottin,
sur Legend, Explorers, Robocop,
ainsi que ses deux suites, de même que sur Total
Recall et The
Thing pour
lequel, comme Rob Bottin sur Piranhas,
il avait donné à une des victimes, norvégienne comme lui, l’homme
à la gorge tranchée, ses propres traits, ce qui fait que les
amateurs de fantastique l’ont tous vu à l'écran sans savoir de qui il
s’agissait. Un entretien a été réalisé avant sa disparition
autour de sa carrière, Norwegian Fx, rendant justice à ce grand
artiste méconnu, même s’il était déjà apparu dans un
documentaire sur les maquillages spéciaux en 2007, Changing
faces.
On peut aussi
mentionner Ellis Jr Burman, fils d'Ellis Burman Sr qui avait réalisé
des costumes de dinosaures pour L'Île inconnue (Unknown
Island) en 1948 et assuré les maquillages du Loup-garou (The
Wolf Man) en 1941 ainsi que d'épisodes de La Quatrième
Dimension (The Twilight Zone). Après plusieurs
blessures en service dans le corps des Marines en Corée et au
Vietnam, Ellis Junior rejoignit son frère Tom sur La
Planète des singes (Planet of the Apes) en 1968 et
travailla à ses côtés sur le maquillage des petits extraterrestres
de Rencontres du 3ème type (Close Encounters of
the Third Kind), sur les animaux géants de Soudain...les
monstres (Food of Gods) et de L'Empire des
fourmis géantes (Empire of the Ants), sur L'Homme
qui venait d'ailleurs (Man who felt to Earth), La
pluie du Diable (Devil's Rain), sur le remake de La
Féline (Cat People), sur Le guerrier de
l'espace (Spacehunter) et sur le maquillage du
personnage disgracié des Goonies, Sloth. Il élabora le
robot terrifiant de Terminator au sein de l'équipe
de Stan Winston avec lequel il avait obtenu sa première récompense
sur le téléfilm La vengeance des gargouilles (Gargoyles)
et par la suite avait collaboré avec Michael Westmore, issu lui
aussi d'une famille célèbre de maquilleurs d'Hollywood,
sur les maquillages des nouvelles séries Star Trek, qui
lui permit d'obtenir un second Emmy, récompense décernée pour des
oeuvres télévisuelles.
Gunnar Ferdinansen
pendant un entretien et à droite Ellis Burman Jr sur le robot
de Terminator.
Notons enfin pour terminer ces notules nécrologiques la disparition du physicien américain d'origine britannique Freeman Dyson, décédé le 27 février 2020 à l'âge de 96 ans. Chercheur reconnu présentant quelque ressemblance physique avec le scientifique interprété par John Wood dans le film Wargames, spécialiste notamment des réactions atomiques ayant été employé dans le laboratoire de Robert Oppenheimer, le responsable du programme Manhattan ayant produit la bombe atomique, ainsi que de la détection des ondes gravitationnelles, il était aussi bien connu du monde de la science-fiction avec son concept des "sphères de Dyson", des installations périphériques disposées autour des étoiles pour en récupérer l'énergie, que des civilisations extraterrestres n'auraient selon lui pas manqué de développer et qui devraient les rendre détectables par les astronomes. Plus controversé était son point de vue positif sur les conséquences du réchauffement climatique.
Notons enfin pour terminer ces notules nécrologiques la disparition du physicien américain d'origine britannique Freeman Dyson, décédé le 27 février 2020 à l'âge de 96 ans. Chercheur reconnu présentant quelque ressemblance physique avec le scientifique interprété par John Wood dans le film Wargames, spécialiste notamment des réactions atomiques ayant été employé dans le laboratoire de Robert Oppenheimer, le responsable du programme Manhattan ayant produit la bombe atomique, ainsi que de la détection des ondes gravitationnelles, il était aussi bien connu du monde de la science-fiction avec son concept des "sphères de Dyson", des installations périphériques disposées autour des étoiles pour en récupérer l'énergie, que des civilisations extraterrestres n'auraient selon lui pas manqué de développer et qui devraient les rendre détectables par les astronomes. Plus controversé était son point de vue positif sur les conséquences du réchauffement climatique.