samedi 30 octobre 2010

DISPARITION DU DERNIER ETRE HUMAIN DE SANTA MIRA



L'acteur principal de L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES nous a quittés.

Il avait à l'écran affronté des envahisseurs prenant forme humaine, vécu des milliers d'années, été réduit à un tiers de sa taille et avait tiré de son chapeau un lapin terrifiant...

Les grands médias ignorent souvent injustement des personnalités remarquables, qu'on s'attache ici à célébrer dès lors qu'elles peuvent se rapporter à notre thématique, que celles-ci conçoivent des êtres imaginaires ou qu'elles contribuent à les mettre en valeur en figurant à leurs côtés à l'écran.

On se souvient avec consternation du silence audiovisuel total ayant suivi en France la disparition du remarquable compositeur de musique de film Jerry GOLDSMITH, qui n'avait été marquée que... par la rediffusion de l'hommage posthume au chanteur Claude NOUGARO, disparu quelques mois plus tôt... "Créatures et imagination" s'est par la suite attaché à compenser cet oubli en lui rendant un vibrant hommage pour le cinquième anniversaire de sa disparition en juillet 2009 ( "L'homme qui faisait chanter les Mogwai", juilet 2009).

Par la suite, la disparition du talentueux et éclectique écrivain Michael CRICHTON a été occultée par l'élection du président des États-Unis d'Amérique, Barack OBAMA. A nouveau, et en dépit des quelques réserves occasionnées par ses positions controversées sur la problématique environnementale, "Créatures et imagination" en a informé ses lecteurs en proposant un hommage assez complet en novembre 2008.

L'histoire se répète encore ; on n'apprend que tardivement, au travers du mensuel "L'Ecran fantastique" - même si certains blogs avaient répercuté sans délai l'information - que les médias ont totalement ignoré la disparition de causes naturelles de l'acteur américain Kevin McCARTHY, qui est survenue le 11 septembre 2011, le même jour que le décès du cinéaste français Claude CHABROL, ce dernier obtenant l'attention exclusive de l'intelligentsia médiatique, bien que l'acteur américain fut l'un des fondateurs de l'Actor's studio (sa partenaire de L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES, Dana WYNTER, estimait même pour sa part qu'il aurait du être proposé pour un Oscar). Une fois de plus, on ne saurait se désintéresser de cette personnalité, qui a croisé quelques créatures fantastiques au cours de sa carrière, et que l'on désire donc, faisant suite à l'article consacré à un autre acteur regretté en ces pages, William BOYETT, mis en ligne en décembre 2009 pour le cinquième anniversaire de sa disparition ( "une interprétation extra...terrestre"), évoquer ici.

Son fait d'armes le plus éminent : avoir combattu des légumineuses !

Né le 15 février 1914 à Seattle, dans une famille de quatre enfants, Kevin McCARTHY devient orphelin en 1918 à la suite des ravages dus à l'épidémie de grippe. Recueillis par des parents éloignés, les enfants connaissent cinq années particulièrement difficiles avant d'être confiés à leur grand-père maternel. C'est par suite de l'insistance de son ami Larry GATES (lequel interprétera à ses côtés le psychiatre de L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES) qu'il découvre le théâtre à l'université ; le jeune Kevin abandonne rapidement le projet de faire carrière dans la diplomatie, tandis que, de son côté, sa sœur Mary s'oriente vers l'écriture, et deviendra un auteur renommé.

L'acteur effectue ses débuts officiels sur les planches de Broadway en 1938, qu'il retrouve après avoir servi durant la seconde guerre mondiale dans l'armée de l'air américaine - ce qui lui valut d'apparaître dans un documentaire montrant l'entraînement des recrues. Il obtient ses premiers engagements dans des séries télévisées en 1949. En 1950, il figure dans une adaptation pour le petit écran d'ABRAHAM LINCOLN, pièce de théâtre sur l'accession au pouvoir du célèbre président américain qu'il avait déjà jouée sur les planches l'année de sa création. C'est au tour du cinéma de faire appel à ses services l'année suivante, avec MORT D'UN COMMIS VOYAGEUR, adaptation d'une pièce de théâtre qu'il avait aussi interprétée à Broadway, et qui lui vaut de se voir décerner un Golden Globe le sacrant meilleur espoir masculin du cinéma américain.


Et effectivement, Kevin McCARTHY ne cessera de multiplier les apparitions sur petit et grand écran, se permettant même le luxe d'accueillir sans enthousiasme une proposition de tourner avec la vedette Marilyn MONROE dans le film THE MISFITS, estimant le rôle trop succinct, et précisant qu'il demanderait 100 dollars du mot ; ses conditions ayant été acceptées, il eut ainsi à en prononcer exactement 29 - l'acteur participait d'ailleurs tout récemment à la promotion du recueil de poèmes posthumes de sa partenaire. McCARTHY a honoré de sa présence estimable nombre d'épisodes de séries aussi diverses que ALFRED HITCHCOCK PRESENTS, LES MYSTÈRES DE L'OUEST, MISSION IMPOSSIBLE, LES ENVAHISSEURS, L'AGENCE TOUT RISQUE, ARABESQUE, COLOMBO, LES CONTES DE LA CRYPTE et même LA CROISIÈRE S'AMUSE !

McCARTHY composant un assez peu recommandable personnage dans LES MYSTERES DE L'OUEST. Les critiques ont bien tort de mépriser les seconds rôles, plus particulièrement ceux de la télévision - il n'est pas douteux que, par exemple, le succès mondial de la série INSPECTEUR DERRICK n'est pas seulement imputable aux scénarios très psychologiques d'Herbert REINECKER, mais aussi aux remarquables acteurs de second plan, comme l'assez emblématique Peter KUIPER, disparu récemment.

Le rôle qui a rendu célèbre Kevin McCARTHY, et qui lui vaut plus particulièrement d'être mis à l'honneur en ces pages, est celui du personnage central de L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES, film réalisé par Don A. SIEGEL en 1956, d'après le roman de Jack FINNEY (initialement édité en France sous le titre GRAINES D'ÉPOUVANTE). Il y campe le Docteur Miles Bennell, qui incarne le bon Américain moyen, confronté à une invasion extraterrestre imputable à une forme de vie végétale qui produit des répliques inhumaines des habitants de la petite agglomération de Santa Mira. MacCARTHY nous entraîne progressivement dans l'épouvante, passant successivement de l'incrédulité au doute, à l'inquiétude, puis à la terreur pure. La conviction avec laquelle McCARTHY interprète son rôle confère un ton de vraisemblance à cette histoire audacieuse.

Découverte d'une réplique dissimulée (photo publicitaire en couleur).

Une cosse extraterrestre déverse son contenu spumeux au début du processus de substitution, conçu par Milt RICE et Don POST.

Le Docteur Bennell n'ose détruire la réplique de sa bien-aimée; une clémence qu'il sera amené à regretter.
La terreur devant la froideur soudaine de l'être aimé - un sentiment qui n'est pas spécifique aux films de science-fiction...

L'acteur, aussi bien que le réalisateur et l'auteur de l'histoire originale, ont toujours affirmé que l'intrigue n'avait pas été conçue comme une allusion au contexte de l'époque de la "guerre froide", mais comme une métaphore de la perte de l'individualité face à l'emprise croissante des organisations (perspective développée ultérieurement par le cinéaste Terry GILLIAM dans son chef-d'œuvre, BRAZIL), et que ce n'est en fait que des années plus tard que ces doubles dépourvus de sensibilité ont été assimilés par les critiques de cinéma aux agents communistes privilégiant la soumission à une idéologie collectiviste, tels qu'ils apparaissaient dans nombre de films d'espionnage de la période.

Les producteurs du film ont souhaité amoindrir la noirceur de la fin initiale (la fuite éperdue de Bennell clamant "Plus un seul être humain à Santa Mira !") en ajoutant un épilogue laissant augurer de l'intervention des forces armées américaines. Paradoxalement, ce rajout systématiquement conspué conforte encore la dimension paranoïaque de l'histoire. En effet, Bennell, jusqu'à ce qu'un accident confirme ses dires, se heurte de nouveau à l'incompréhension d'un psychiatre, à ceci près qu' il ne s'agit plus cette fois d'un représentant de la conspiration comme précédemment. Cette réitération révèle la solitude de l'individu touché par les épreuves, et peut aussi en même temps suggérer une représentation de la psychiatrie comme l'exercice d' une fonction de contrôle social davantage destinée à préserver une normalité imposée par la société et ses réalités socio-économiques contraignantes qu'à répondre au malaise réel de l'individu.

L'acteur incarne à nouveau le personnage principal d'un récit fantastique dans l'épisode LONGUE VIE, WALTER JAMESON de la série THE TWILIGHT ZONE - en français, LA QUATRIÈME DIMENSION, tiré d'une histoire de Charles BEAUMONT. Il interprète un professeur d'histoire qui raconte des événements anciens d'une manière tellement vivante et circonstanciée qu'on pourrait croire qu'il en fut le témoin direct. Son futur beau-père s'aperçoit alors qu'il ressemble de manière troublante à un combattant de la Guerre de sécession, tandis qu'une vieille femme prétend être son épouse. Il s'avère que cet enseignant est bien plus âgé qu'il ne le paraît, et que son immortalité l'a conduit à abandonner une compagne immanquablement condamnée à la vieillesse - thème qu'on retrouvera ultérieurement dans le film HIGHLANDER. Comme dans L'INVASION DES PROFANATEURS, la justesse de son jeu permet de conférer beaucoup de crédibilité à cette fable contemporaine.

Professeur, connaissez-vous cette vieille femme qui prétend être votre épouse ?

Des retrouvailles avec son ancien amour dont il se serait bien passé.

La transformation de Jameson, abattu par son ancienne femme, débute par un jeu de lumière révélant des couches plus profondes de maquillage comme dans DR JECKYLL AND MISTER HYDE réalisé en 1931 par Rouben MAMOULIAN, avant de se poursuivre par le flétrissement de plus en plus marqué du visage ( ci-dessus ) : une brillante réalisation du célèbre maquilleur William TUTTLE - la version originale de LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS, LES 7 FACES DU DR LAO - préfigurant les vieillissements dont Dick SMITH s'est par la suite fait une spécialité.

"De la poussière, juste de la poussière". Rattrapé par le temps, Walter Jameson tombe littéralement en cendres, fin précipitée qui rappelle celle de l'auteur de l'histoire, Charles BEAUMONT, sujet, comme le personnage de Sebastian du film BLADE RUNNER, à un vieillissement accéléré. Longtemps après avoir incarné cet homme sur lequel les années n'avaient pas prise, Kevin McCARTHY incarnera à l'inverse en 1992 dans un épisode des CONTES DE LA CRYPTE (TALES OF THE CRYPT), CURIOSITÉ CHÂTIÉE, un homme âgé qui espère profiter d'une boisson miraculeuse rendant la jeunesse, projet qui sera contrecarré par la bêtise de son épouse, jouée par Margot KIDDER - la fiancée à l'écran de SUPERMAN - qui a connu de graves déboires qui ne sont d'ailleurs pas sans rappeler son personnage à la raison vacillante.
Le remake de 1978 de L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES, L'INVASION DES PROFANATEURS de Philip KAUFMAN, fait apparaître brièvement pour leur rendre hommage le réalisateur de la première version dans l'emploi d'un chauffeur de taxi partie prenante de la conspiration extraterrestre ainsi que la vedette de celle-ci: Kevin McCARTHY surgit brusquement en tentant d'avertir les nouveaux protagonistes de la tragédie, avant d'être renversé par une voiture, comme si, depuis plus de vingt ans, il n'avait cessé de courir dans les rues à perdre haleine pour alerter la population.... L'acteur n'hésitera pas à endosser une nouvelle fois le rôle, cette fois de manière totalement parodique, dans un film de Joe DANTE, LES LOONY TUNES PASSENT A L'ACTION.

Les envahisseurs issus des cosses sont toujours là, dans l'indifférence générale. Cosses toujours!...

Le réalisateur Joe DANTE, admirateur du classique de Don SIEGEL, fera souvent tourner McCARTHY. En 1978, le cinéaste fait appel à lui pour PIRANHA, qui imagine les dégâts causés par les féroces poissons de l'Amazone, acclimatés aux eaux froides dans le cadre d'un projet d'invasion des rizières au temps de la guerre du Vietnam. McCARTHY, à l'allure de baroudeur moustachu, tient le rôle marquant du responsable du projet qui fera le sacrifice de sa vie en tenant de racheter sa faute.


Le Professeur Hoak se confronte à ses créations dans PIRANHA.

Participation de l'acteur à HURLEMENT (THE HOWLING).

Si son apparition dans HURLEMENT est plus anodine, Joe DANTE lui offre une scène marquante dans l'adaptation cinématographique de THE TWILIGHT ZONE, à travers le remake de l'épisode THAT'S A GOOD LIFE, dans lequel un garçonnet insolent doté de pouvoirs surnaturels prend plaisir à terroriser sa famille. D'abord pressenti pour jouer son père - rôle qui sera finalement dévolu à William SCHALLERT - Kevin McCARTHY préfère interpréter l'Oncle Watt, personnage plus facétieux, mais qui n'en est pas moins malmené par l'enfant, lequel fait sortir de son chapeau de magicien un lapin particulièrement effroyable créé par Rob BOTTIN, dont les créations conçues pour le sketch restituent sa passion de jeunesse pour l'univers des dessins animés. McCARTHY renouera avec le rôle de l'oncle facétieux à l'occasion de LA FAMILLE ADAMS, LES RETROUVAILLES, film dans lequel il apporte sa contribution à la pittoresque famille élargie des héros macabres.

L'Oncle Walt redoute le "coup du lapin".

Cette fois, le résultat, créé par Rob BOTTIN, est au-delà des attentes des spectateurs.

Wes CRAVEN ( réalisateur de thrillers comme LES GRIFFES DE LA NUIT et SHOCKER) le recrute en 1985 pour son téléfilm INVITATION POUR L'ENFER (INVITATION TO HELL), une vision métaphorique et faustienne de la déshumanisation engendrée par le culte de la réussite. Il joue le rôle du dirigeant d'un club très particulier, s'efforçant avec son adjointe Melle JONES, interprétée avec une séduction troublante et sulfureuse par Susan LUCCI, de détruire l'intégrité d'une famille en accaparant insidieusement leur âme en échange des faveurs qui leur sont accordées. Lorsque le père de famille, joué avec conviction par Robert URICH, tente de déjouer la captation de sa famille plus influençable que lui, il découvre que la bonhomie paternaliste de son mentor était bien trompeuse. McCARTHY jouera fugitivement un scientifique peu soucieux d'éthique dans un autre téléfilm fantastique, TRANSFERT D’IDENTITÉ (DUPLICATES) de Sandor STERN en 1992.


"Mais enfin, comment osez-vous mettre en cause la convivialité charmante du Club?"

Joe DANTE lui confie en 1988 un rôle de méchant mémorable dans L'AVENTURE INTÉRIEURE, celui de Victor Scrimshaw, un personnage dénué de scrupules qui, comme celui interprété dans LES MYSTÈRES DE L'OUEST, est prêt à vendre au plus offrant une invention susceptible de changer le sort du monde. La drôlerie de cette version humoristique du VOYAGE FANTASTIQUE contant l'odyssée dans un corps humain d'un homme réduit à une taille infime culmine lorsque l'intrigant affairiste rapetissé des deux tiers par le procédé de réduction du corps humain, dont il a à son tour été victime, tente de prendre le contrôle d'une voiture conduite par le personnage principal (Martin SHORT) tandis que le minuscule Major Tuck Pendleton (Dennis QUAID) crie à ce dernier des ordres depuis l'intérieur de son tympan. McCARTHY donne sa pleine mesure dans un jeu à la limite de la parodie sans jamais se complaire dans le grotesque - travers dans lequel John LITHGOW était tombé dans BUCKAROO BANZAÏ .

"Par ici, "ma puce", semble penser Scrimshaw, avide de monnayer l'invention dérobée.

Non, ce n'est pas "Le Cow-boy", le complice de Scrimshaw, lequel réalise sa méprise, terrifié par un nouveau trucage de Rob BOTTIN (voir l'article de mars 2009, "Les derniers grands créateurs déclarent forfait")..

"Comment ça, espèce d'avorton vous-même ! Mais enfin, pourquoi font-ils d'aussi gros téléphones ?"

"Ne fermez pas la valise, bon sang !". Dur, dur, d'être petit...

Si depuis le rôle de héros poussé dans ses ultimes retranchements qui l'a rendu célèbre en 1956, McCARTHY a souvent interprété des personnages un peu interlopes, des politiciens véreux, l'acteur a aussi joué des rôles plus respectables, interprétant ainsi le président TRUMAN ( il était d'ailleurs le cousin éloigné d'un sénateur nommé Eugen McCARTHY, à ne pas confondre avec Joseph McCARTHY, l'initiateur de la "chasse aux sorcières" tournée contre les communistes ), de même qu'un père de famille rencontré par David Vincent dans un épisode de la série LES ENVAHISSEURS - sa partenaire de L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES, Dana WYNTER, apparaîtra elle aussi dans un épisode de la série. Le comédien a même interprété son propre rôle dans le film SLIPSTREAM réalisé par l'acteur Anthony HOPKINS, traitant à l'instar de BARTON FINK des angoisses tenaillant un scénariste.


Kevin McCARTHY, on l'a déjà vu à l'occasion notamment de THE TWILIGHT ZONE, pouvait marquer de son passage une série sans y tenir pour autant un rôle récurrent, comme ce fut également le cas au travers de celui du magistrat auquel il a prêté ses traits dans DEMAIN A LA UNE (EARLY EDITION), cette excellente série dans laquelle un homme devient malgré lui un héros en étant appelé à tenter d'éviter les tragédies qui doivent se produire, selon le journal du lendemain qu'il reçoit chaque jour. Désigné comme juré dans l'épisode JURÉ MALGRÉ LUI, Gary Hobson (Kyle CHANDLER), compte bien se faire récuser, de manière à pouvoir disposer du temps nécessaire à sauver les vies de ceux dont l'énigmatique édition lui a annoncé le funeste sort. Sitôt parvenu dans la salle d'audience, il découvre non sans un certain effroi que le juge Jake Wellborn dont il espérait la bonne disposition n'est autre que le motard avec lequel il vient d'avoir une vive altercation verbale... Débutés sous de tels auspices, les échanges entre le juré réticent et l'intraitable magistrat sont de haute volée, contribuant à ce subtil dosage de drame et de regard tenté d'ironie qui fait le charme de la série. McCARTHY parvient à conférer à ce juge autoritaire une touche d'humanité implicite, ce qui est parfois la marque des grands acteurs comme l'illustrait aussi Richard CRENNA. Hobson découvrira finalement que le procès n'est pas sans rapport avec la mission à laquelle il était désireux de s'atteler.

Le magistrat, sévère mais humain, de DEMAIN A LA UNE (EARLY EDITION).

Marié deux fois, père de cinq enfants, l'acteur s'est éteint de cause naturelle à l'issue de 72 ans de carrière sur les planches, le petit et le grand écran - preuve que la retraite n'est pas une préoccupation majeure lorsqu'on a l'opportunité d'exercer un métier qui correspond à ses aspirations. L'acteur a honoré de sa présence bien des œuvres, ne rechignant pas, en dépit de ses titres estimables, à prêter son concours à de petites productions comme GHOULIES 3, un volet d'un cycle sur de petites créatures maléfiques s'inspirant de GREMLINS, produit par Charles BAND, série B ayant peu de chance d'attirer l'attention des cinéphiles les plus intraitables, dans laquelle il compose un professeur Dragmar survolté.

"Mon petit doigt me dit..." ( GHOULIES 3 )

Un petit montage rendant hommage à l'acteur peut être vu à cette page :



On y aperçoit notamment l'acteur dans MATINÉE (1993) de Joe DANTE, hommage aux années 1950 dans lequel l'acteur de L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES interprétant un général, accompagné de Robert CORNWAITHE, le scientifique de LA CHOSE D'UN AUTRE MONDE (1951), somme un homme changé en fourmi géante de descendre d'un building sous peine d'être bombardé d'insecticide...

Kevin McCARTHY participait régulièrement aux conventions de science-fiction, se montrant particulièrement cordial avec les admirateurs, à l'instar du célèbre animateur Ray HARRYHAUSEN - lequel a d'ailleurs fêté récemment ses 90 ans à Londres, recevant un hommage rendu par des personnalités du cinéma comme SPIELBERG et CAMERON, qu'on peut juger assez hypocrites, puisqu'elles le célèbrent comme une sorte de fossile vivant, alors qu'elles ont pour leur part systématisé le recours à des techniques qui tournent résolument le dos à son approche (voir les articles "Un hommage purement virtuel" de novembre 2009 et "Choc des titans : exigez l'original !" d'avril 2010).


L'acteur toujours affable lors des rencontres avec le public.
( On peut voir deux courtes vidéos prises en ces occasions :
En octobre 2009, l'acteur avait reçu un Empire Award pour l'ensemble de son œuvre. Il y a encore quelques mois, Kevin McCARTHY possédait un site personnel, proposant de nombreuses photos de ses apparitions au grand écran ainsi que d'autres le montrant en compagnie de ses amis, body-snatchers.com, lequel proposait toujours à ceux qui souhaitaient lui offrir un rôle de contacter son agent; il était d'ailleurs apparu sur le grand écran en 2010 dans DRAWBACK. il est attristant de constater que ce site a semble-t-il disparu en même temps que l'acteur, alors qu'il aurait pu constituer un mémorial virtuel permanent pour tous ceux qui l'ont apprécié. Pour notre part, nous ne l'oublions pas, et on ne peut qu'inciter les lecteurs à propager son souvenir et à s'attacher à voir chacune des interprétations dans lesquelles il a excellé.

---------------

D'autres acteurs s'étant illustrés dans des séries fantastiques ont également disparus récemment. Frappé par une crise cardiaque à 79 ans, le 24 mars 2010, Robert CULP avait quitté sa profession d'informaticien pour se consacrer à sa vocation d'acteur. Il était surtout connu des amateurs de science-fiction pour avoir été, comme dans la série COLUMBO, la vedette de trois épisodes, dont deux dirigés par le réalisateur de LA GUERRE DES MONDES (1953) Byron HASKINS, de la série originelle AU-DELA DU REEL (THE OUTER LIMITS), notamment pour le rôle-titre de L'HOMME A LA MAIN DE VERRE. Il interprété dans cette préfiguration de TERMINATOR un androïde venu du futur, ayant la responsabilité de l'avenir de l'espèce humaine. L'épisode fut tourné dans le célèbre Bradbury Building de Los Angeles où fut filmé plus récemment l'épilogue de BLADE RUNNER; l'acteur n'hésita pas à prodiguer ses conseils pour obtenir la mise en scène la plus originale.

Robert CULP tient littéralement l'avenir de l'humanité dans sa main.

Dans ARCHITECTS OF FEAR, il subit une transmutation destinée à lui donner l'allure d'un extraterrestre afin de détourner l'attention de dirigeants plongeant le monde dans la guerre en les coalisant contre une menace imaginaire. Comme dans LE MONSTRE, basé sur un scénario de Nigel KNEALE, son épouse tente désespérément de s'opposer au refus des scientifiques l’empêchant de retrouver celui qui n'est plus qu'un objet d'expérimentation entre leurs mains. Clancy BROWN ( le Kurgan d'HIGHLANDER et le monstre de Frankenstein de LA PROMISE ) a repris son rôle de manière poignante dans le remake de l'épisode de la nouvelle série AU-DELA DU REEL, L'AVENTURE CONTINUE ( THE NEW OUTER LIMITS ), qui a été en partie réécrit puisque celui-ci reçoit des extraits génétiques réellement issus d'extraterrestres en vue de pouvoir infiltrer leurs rangs.

Changé par la science en martyr de l'humanité.

Le résultat du processus fut estimé tellement horrifique qu'un écran blanc fut substitué aux vues de la créature lors de certaines diffusions.

Le troisième épisode, CORPUS EARTHLING, basé sur le roman homonyme de Louis CHARBONNEAU, le confronte à une invasion d'extraterrestres mi-minéraux, mi-protoplasmiques, qui possèdent leur victime, engendrant un sentiment de paranoïa - même si l'altération des traits ( vieillissement accéléré ) les rend facilement repérables pour leurs proches, une fois son origine découverte.

C'est au tour de Robert CULP de douter de ses proches dans CORPUS EARTHLING.

Un organisme extraterrestre auquel il vaut mieux ne pas tendre la main.

Malgré son rôle de président dans L'AFFAIRE PELICAN, ou sa participation au film de série B XTRO 3, inspiré par l'"affaire de Roswell", Robert CULP, dont la carrière s'étale de 1953 à 2010, a principalement tourné pour le petit écran, comme dans le huis-clos angoissant TERREUR DANS LA MONTAGNE avec Eli WALACH, ou dans de nombreuses séries comme COLUMBO, RAY BRADBURY PRESENTS, CONAN ou plus récemment DEAD ZONE. Il manqua le rôle principal de la série COSMOS 1999 en raison de son exigence d'assurer également les fonctions de metteur en scène et de producteur - interprétation finalement dévolue à Martin LANDAU, qui avait lui-même abandonné précédemment la proposition de jouer Spock dans STAR TREK en raison de la froideur prêtée au personnage.

En 2008, ce qui n'est pas sans rapport avec notre intérêt généraliste pour la vie sous toutes ses formes, il était parvenu à faire échouer un coûteux projet de projet de spectacle d'Eléphants au zoo de Los Angeles, estimant que l'exiguïté de l'enclos et le conditionnement requis par la démonstration auraient nui à la qualité de vie des Pachydermes.

Simon MacCORKINDALE, assez proche physiquement d'un autre acteur anglais, Julian SANDS, vu dans ARACHNOPHOBIA et LE FESTIN NU, disparu le 14 octobre 2010 à 68 ans, reste à jamais le héros métamorphique de la brève série policière MANIMAL, capable de se changer en animaux, laquelle avait contribué à faire connaître des amateurs français le maquilleur Stan WINSTON, auteur de la majeure partie de ses altérations très physiques, autrement plus saisissantes que les morphings ultérieurs engendrés par ordinateur. Se destinant originellement à l'armée, Simon MacCORKINDALE dut y renoncer suite à des problèmes de vision ( ironiquement, sa première apaprition sur un écran sera en 1973 dans une série anglaise titrée HAWKEYE soit "oeil de faucon"), et songea, comme Kevin McCARTHY, à faire carrière dans la diplomatie avant de se découvrir une passion pour le théâtre. Débutant à la télévision en 1973, il était apparu dans JESUS DE NAZARETH de Franco ZEFFIRELLI, dans le rôle du légionnaire romain découvrant la disparition du corps du Christ dans le tombeau. Il avait été à l'honneur sur grand écran en 1978 dans le célèbre film MORT SUR LE NIL de John GUILLERMIN ( le réalisateur du remake de KING KONG de 1976 ), regrettant cependant de n'avoir pas eu à cette occasion la possibilité de manifester l'ambiguïté de son personnage, en raison de la nécessité de préserver la révélation finale du roman d'Agatha CHRISTIE. Par la suite, l'acteur ne parvint guère à retrouver de rôle au cinéma, à quelques très rares exceptions comme dans LES DENTS DE LA MER 3.

Ainsi, même la dernière aventure sur grand écran du Professeur Quatermass, QUATERMASS CONCLUSION, dans laquelle il jouait le rôle de son assistant Joe Kapp, était en fait la version remontée d'une production télévisuelle, à la différence des séries précédentes adaptées au cinéma de la tétralogie QUATERMASS, récits sur des invasions extraterrestres, inventés par le scénariste Nigel KNEALE ( et dont la première série télévisée, QUATERMASS XPERIMENT, montrait probablement la première créature non humanoïde de l’imaginaire moderne sur un écran ). Dans QUATERMASS CONCLUSION, McCORKINDALE accordait son concours à Bernard Quatermass, lequel périssait au terme de l'intrigue, pour empêcher l'humanité d'être victime d'une force extraterrestre menaçante à laquelle des hippies envoûtés prêtaient leur concours. Nigel KNEALE avait aussi conçu la série BEASTS, dans laquelle Simon MacCORKINDALE avait tourné en 1976, dans l'épisode BABY, puis avait aussi été vu en 1980 dans l'épisode VISITEUR D'OUTRE TOMBE d'une autre série basée sur le mystère, LA MAISON DE TOUS LES CAUCHEMARS, produite par la célèbre firme Hammer. L'acteur était apparu dans nombre de séries télévisées, parfois inattendues ( SHÉRIF FAIS MOI PEUR ) et, dans le registre fantastique, avait joué dans POLTERGEIST, LES AVENTURIERS DU SURNATUREL, ainsi que dans un épisode d'INVASION PLANETE TERRE, la série inventée par le créateur de STAR TREK, Gene RODDENBERRY.

Simon MacCORKINDALE avec le dernier interprète en titre du Professeur QUATERMASS, John MILLS.

Le site de Stonehenge mis en valeur, jusque sur l'affiche, dans QUATERMASS CONCLUSION, revêt aussi une importance symbolique forte dans un autre scénario de Nigel KNEALE qui, en 1983, servira de base au film HALLOWEEN 3 de Tommy Lee WALLACE, après sa réécriture dans un sens plus horrifique. Le scénariste britannique s'était montré réservé quant à la prestation de son compatriote dans QUATERMASS CONCLUSION*.

De manière analogue à Kevin McCARTHY, MacCORKINDALE avait été nommé en 1980 meilleur espoir masculin du cinéma britannique. L'acteur, sans enfant, s'est éteint lorsque le cancer s'est propagé jusqu'aux poumons, assisté dans ses derniers moments par sa seconde épouse. Il avait évoqué le malaise qu'il ressentait à incarner un médecin dans la série anglaise CASUALTY, révélant à des patients qu'ils souffraient d'un cancer alors que lui-même avait appris qu'il était atteint du même mal qu'il s'efforçait de combattre secrètement. Il avait suivi des traitements chimiques en complément de méthodes naturelles destinées à purifier l'organisme, considérant notamment l'importance pour l'équilibre physiologique de la maîtrise de la respiration, de laquelle il avait fait la clé de son interprétation lors des séquences durant lesquelles il devait donner l'impression de se métamorphoser en animaux. L'acteur aura marqué durablement le petit écran, par son personnage de MANIMAL auquel, malgré son nombre infime d'épisodes - huit au total - il demeure identifié. 

L'acteur de MANIMAL au naturel, puis au début d'une métamorphose en Panthère orchestrée par Stan WINSTON.



Des marionnettes articulées succèdent à l'acteur dans les phases ultérieures de la transformation du détective Jonathan Chase, ici en Rapace.

Les lecteurs qui lisent l'anglais et qui désirent en apprendre davantage sur Simon MacCORKINDALE consulteront avec intérêt un site très complet sur sa carrière :

( PS: merci à Patrick qui m'a signalé immédiatement la disparition de Simon McCORKINDALE )

( *en attendant un possible article en ces pages consacré au scénariste anglais évoqué à plusieurs reprises dans le présent article, on renverra à celui du Club des monstres qui détaille différentes oeuvres dont il est l'auteur, notamment les différents épisodes de la série BEASTS, dont le premier dans lequel figurait Simon MacCORKINDALE :

---------------


un petit mot sur Igor et Grichka BOGDANOV

Les deux célèbres jumeaux font partie des sources dont le présent site se réclamait lors de sa création en juin 2008, notamment au travers de leur ancienne émission "Temps X". Ceux-ci sont à présent l'objet d'une vive controverse concernant leur dernier ouvrage. On peut certes trouver relativement absconses leurs théories sur l'origine du "big bang" (concernant les instants qui précèdent l'expansion de l'univers), et estimer que leur approche relève d'une vision idéelle, procédant d'une abstraction mathématique similaire à celle développée précédemment par le philosophe DESCARTES, mais ces spéculations méritent néanmoins d'être discutées sur le fond. Au lieu de cela, toute légitimité à aborder le sujet leur est refusée à priori, leur qualité de scientifique leur étant déniée, alors même qu'ils ont fait valider leur thèse par l'organisme compétent en la matière, le C.N.R.S. !

Il ne s'agit à dire vrai que d'une nouvelle attaque à leur encontre. Lors de la sortie de leur ouvrage précédent, il leur avait été reproché d'avoir, sur une page et demie, plagié les travaux d'un autre chercheur - lequel, à ce que disent les intéressés, qui ont reconnu l'emprunt, se serait lui-même inspiré, dans le passage incriminé, d'un écrit précédent des jumeaux. On voit donc le systématisme avec lequel les BOGDANOV sont dénigrés, ce qui n'est pas loin d'être contradictoire : leurs idées seraient à la fois ridicules tout en tendant à n'être que la simple décalque, le copié-collé, de travaux de chercheurs plus respectables... On passera par contre sur la raillerie dont ils font l'objet sur les plateaux de télévision, au sujet d'une supposée mystérieuse intervention de chirurgie esthétique - laquelle contribue encore à leur "légende"* - alors qu'on peut craindre qu'ils subissent simplement les effets d'une affection bien connue des amateurs de cinéma.

Les BOGDANOV, sans d'ailleurs qu'ils expriment d'acrimonie particulière, interprètent la cabale dont ils font régulièrement l'objet comme l'expression d'une forme de jalousie à l'encontre de l'exposition médiatique dont ils bénéficient, et également en raison de leur propension à mêler science et imaginaire dans leurs émissions - ce qui est d'ailleurs le propre de la science-fiction, proximité qui est bien plus souvent pratiquée chez les anglo-saxons ( censés être moins intelligents que nous, cela est bien connu!... 

Il est vrai que le monde scientifique, particulièrement en France, ne se caractérise pas particulièrement par son ouverture d'esprit, et on pourrait évoquer certains concours prétendument ouverts relatifs aux musées d'histoire naturelle, en réalité parfaitement truqués dans le dessein de proscrire le recrutement de tout candidat qui ne serait pas complètement formaté par le système. En ce qui nous concerne, on revendique ici cette interaction entre les faits scientifiques et la spéculation, dans une osmose constructive. Aussi, au regard des mésaventures subies par les BODGANOV, on ne doit pas s'attendre de sitôt à ce que les articles de vulgarisation scientifiques proposés ici à l'attention du lecteur soient salués comme une entreprise pédagogique louable par les institutionnels... Mais, comme on dit, la seule vraie reconnaissance est celle du lectorat! En tout cas, si jamais les BODGANOV ont vent de ce site et qu'ils souhaitent faire part de leurs vues sur l'évolution future de la vie sur notre planète ou sur les mondes extraterrestres, ils seront toujours les bienvenus en ces pages...

( * notre ami Jacques HAMON ( créateur du site collerctorshowcase, voir liens vers les sites amis) aura certainement perçu l'allusion au titre de l'autobiographie d'un précurseur des BOGDANOV, passionné par la science jusque dans ses domaines les plus audacieux ainsi que par la science-fiction, Jacques BERGIER, qu'il avait intitulée JE NE SUIS PAS UNE LÉGENDE ).

mercredi 29 septembre 2010

LA CHOSE SE CONCRETISE

Reconstitution de la base norvégienne, lieu d'origine de l'intrigue du film de John CARPENTER

On avait évoqué en septembre 2009 la préquelle en phase de production de THE THING, le film de John CARPENTER de 1982 mettant en scène une des plus extraordinaires formes de vie extraterrestres du cinéma.

Voici quelques maquettes qui auraient été conçues par le studio KNB dans l'intention d'être engagé sur le projet, représentant des manifestations du monstre qui copie l'apparence humaine, lesquelles ne sont pas sans rappeler l'effrayante grand-mère, armée d'une hache et munie de tentacules, que la compagnie d'Howard BERGER, Greg NICOTERO et Robert KURTZMAN - ce dernier a depuis pris son indépendance - avait auparavant réalisée pour L'ANTRE DE LA FOLIE, un autre film dirigé par John CARPENTER.

Un imposteur révélant sans ambigüité possible sa vraie nature.
Cette figurine, avec sa tête changée en un orifice béant dardant une langue allongée, n'est pas sans parenté avec la transformation du personnage de Palmer du premier film, plus particulièrement la version du storybord qui développait de fins tentacules.
Un critique de cinéma réputé avait un jour écrit que "la Chose" représentait la composante féminine de l'humanité, s'incarnant sous une forme cauchemardesque pour les douze hommes qui avaient choisi de rallier l'univers masculin relativement sécurisant d'une station de recherches en Antarctique, celui-ci arguant notamment, pour étayer son propos, du genre féminin de l'indéfinissable "Chose"... sauf que dans la version originale, le mot "Thing" est du genre neutre (plus proche du "ça" de FREUD si on veut faire référence à la psychanalyse). Cette fois, la Chose se féminise réellement puisque les scénaristes ont rajouté dans la base norvégienne une chercheuse, en rupture avec le film de CARPENTER et sa photo montrant la découverte du blog de glace par des Scandinaves barbus ; au nom de l'égalité des sexes, il n'y a dorénavant plus lieu que la féminité demeure indemne des effroyables métamorphoses...


Une manifestation sous forme d'une main pourvue d'une imposante dentition ( photo du haut, à gauche ), rappelant le monstre se propulsant depuis l'au-delà au travers des travées de la bibliothèque dans le film NECRONOMICON. La créature plus grande manifeste quelque parenté avec le gros monstre du chenil vu dans le film initial de John CARPENTER, avec sa profusion de pattes arachnéennes, ainsi qu'au travers de ses nombreux crocs aiguisés comme ceux disposés sur la structure rayonnantes composée de langues de chiens, désignée sous le nom de "chou-fleur", qui menace Childs ( Keith DAVID ) à la fin de la séquence du chenil.

Certes, proposer des monstruosités aussi marquantes que les hybrides stupéfiants de Rob BOTTIN est un sérieux défi, et le concept n'a dorénavant plus l'attrait de la nouveauté, mais si la mise en scène est à la hauteur et que les techniques d'effets spéciaux traditionnels sont enfin mises en valeur, peut-être la préquelle pourrait-elle restituer une petite parcelle de l'émerveillement suscitée par l'œuvre originale; après tout, des suites comme LA MOUCHE 2, POLTERGEIST 2 et PSYCHOSE 2 avaient trouvé leur intérêt propre.
__________________
Il n'aimait sûrement pas beaucoup les créatures... Les médias français rendent unanimement hommage à "l'humanisme" du physicien Georges CHARPAK qui vient de disparaître, alors qu'il incarnait un scientisme poussé jusqu'à la caricature. Il avait ainsi déclaré qu'il ne fallait pas se désoler de la mort d'enfants asthmatiques causés par la pollution atmosphérique de Paris, car celle-ci n'était qu'un effet collatéral du développement technique, l'évolution devant nécessairement finir par engendrer des enfants plus adaptés à ces nouvelles conditions. Un "humanisme" particulier, qui rappelle la manière dont le Troisième Reich envisageait les handicapés, mépris qui avait d'ailleurs amené l'ancien ministre Brice LALONDE à faire le rapprochement entre les Nazis et ceux qui, au nom de l'économie, ignoraient délibérément la problématique de la protection des personnes les plus faibles et sensibles succombant à la pollution dans la capitale française. Les commentateurs ont aussi évoqué la légitime indignation qui s'était exprimée suite à l'interruption d'un entretien télévisé avec ce prix Nobel de physique par une grande chaîne de télévision française pour diffuser de la publicité, mais on a omis de rappeler avec quelle virulence l'homme coupait lui-même la parole à tous ceux qui osaient émettre la moindre réserve quant à des risques technologiques, sans parler de ceux qui exprimaient des inquiétudes écologiques, renvoyant systématiquement ses contradicteurs à "la vie dans les cavernes" et à la préhistoire. Son autorité scientifique lui permettait de pratiquer la désinformation, mélangeant allègrement les unités de mesure devant les néophytes pour dénier tout danger à la radioactivité produite artificiellement, avant, il est vrai, d'infléchir quelque peu sa position dans les toutes dernières années. En matière de prix Nobel de physique, on affichera une préférence plus marquée pour un autre Français disparu en mai 2007, Pierre Gilles de GENNES, qui donnait au contraire l'impression d'une grande modestie, et qui avait même poussé l'anticonformisme à critiquer le dogme intouchable de la sélection par les mathématiques dans le système français, jugée excessive y compris dans sa matière d'élection, position courageuse qui, pour un chercheur œuvrant dans les sciences exactes, est aussi peu fréquente que la compassion exprimée par un toréador pour un taureau... Hélas, l'humanisme véritable du professeur de GENNES fera sûrement moins école chez les technocrates que l'héritage de son confrère.