dimanche 12 octobre 2025

UNE HOMOLOGUE DE DIAN FOSSEY S'EST ETEINTE

 

        La Britannique Jane Goodall, la plus célèbre primatologue après Dian Fossey et avant le pionnier Frans de Waal, s’est éteinte le 1er octobre 2025 à l’âge de 91 ans. De la même façon que Dian Fossey avec les gorilles de montagne, Jane Godall avait dédié sa vie à l’étude et la protection des chimpanzés. Les deux femmes présentent d’ailleurs bien des points communs. Celles-là avaient fait peu d’études et n’avaient aucune aptitude pour les mathématiques, ce qui en raison du sectarisme du système aurait très probablement été fatal à leur passion en France, mais le préhistorien et primatologue Louis Leakey a eu l’intelligence et le pragmatisme de confier l’étude de nos proches parents à ces deux jeunes femmes dépourvues de diplômes scientifiques, et seule la plus mauvaise foi d’universitaires français serait susceptible de dénigrer la compétence de ces autodidactes pleinement consacrées.

        De la même manière que Dian Fossey, Jane Goodall avait rompu avec l’académisme et la distanciation prescrivant de se prémunir de tout anthropocentrisme pour partager l’intimité de ces primates, attribuant à chaque individu un nom plutôt qu’un numéro et en se faisant accepter dans leur groupe de manière à pouvoir décrire leur comportement de l’intérieur de la communauté, tel que des gestes de réconfort à l’attention d’un jeune orphelin, prouvant sans contestation possible l’empathie que ces grands singes peuvent témoigner, même si elle observa aussi la guerre parfois mortelle que peuvent se livrer des clans rivaux.

Jane Goodall a franchi la barrière entre l'observation des chimpanzés et l'immersion au sein de leur population, étudiant leurs communautés au sein de leurs groupes et tissant des liens inter-individuels. 

Jane Goodall a rendu compte de ses observations dans plusieurs ouvrages à l'attention du public.

        Ses observations font autorité. Elle fut la première en 1960 à voir un chimpanzé effeuillant une brindille afin de l’utiliser pour attraper des termites dont il était friand. Cette information troubla profondément son mentor Louis Leakey qui, même s’il désirait retrouver chez les grands singes des indications sur les comportements de nos ancêtres, considérait alors comme l’ensemble de ses collègues que la fabrication tout comme l’utilisation d’outils était le propre de l’espèce humaine – depuis, le phénomène a été signalé chez d’autres espèces, les dauphins qui se servent d’éponges pour protéger leur rostre lorsqu’ils fouillent le sol marin afin de ne pas se blesser sur les rochers, de même que certains oiseaux comme les cacatoès, les macareux, les vautours et les corbeaux. Au fur et à mesure qu’on en apprend davantage en matière d’éthologie, on réalise toujours plus qu’au lieu de la vision condescendante qu’on leur a trop longtemps appliquée, les animaux, et pas seulement ceux qui partagent la vie domestique, ont beaucoup en commun avec l’espèce humaine, au travers de caractéristiques comme l’ingéniosité, l’apprentissage et la capacité d’éprouver des sentiments.

Avec Jane Goodall, la période durant laquelle on considérait que seul l'être humain était capable d'éprouver des émotions et une forme de pensée est révolue.

Bien avant les travaux de Jane Goodall, l'écrivain Edgar Rice Burroughs avait au début du XXème siècle, avec son personnage de Tarzan, prêté par le biais de la fiction des sentiments aux grands singes, un groupe de chimpanzés recueillant un petit orphelin humain rescapé d'un accident d'avion, un angle sur lequel l'adaptation cinématographique Greystoke en 1984 avec Christophe Lambert dans le rôle-titre et Ian Holm met particulièrement l'accent en faisant surgir l'émotion lorsque devenu un Lord anglais, l'ancien enfant sauvage se remémore ses liens avec les chimpanzés perçus par la civilisation comme des êtres sauvages et brutaux.

        L’engagement total de Dian Fossey envers ses amis quadrumanes l’a conduit jusqu’au sacrifice ultime, puisqu’après avoir affronté régulièrement les braconniers qui enlevaient la vie de ses amis à fourrure, elle a été assassinée pendant son sommeil dans le baraquement où elle vivait au plus près des gorilles – on ne peut à cette occasion que conseiller de revoir le film de Michael Apted Gorilles dans la brume (Gorilla in the Mist) de 1988, inspiré de la véritable vie de la primatologue, interprétée avec une grande conviction par Sigourney Weaver et qui met en scène, en complément de vrais gorilles, des costumes à leur ressemblance incroyablement réalistes de Rick Baker pour les plans les plus rapprochés ; la fin qui évoque l’inhumation de la naturaliste rejoignant ses amis massacrés est très émouvante. De son côté, Jane Goodall avait fondé en 1977 The Jane Goodall Institute afin d’œuvrer à la protection de la faune et d’assurer la prise en charge nécessaire des jeunes chimpanzés orphelins, confirmant ainsi que toute personne sensible à la nature et au monde animal ne peut que se sentir concernée par leur protection, une prise de conscience qui avait aussi touché de son côté l’animateur Nicolas Hulot, à l’origine un passionné de sports extrêmes qui avait créé une fondation – aujourd’hui Fondation pour la Nature et l’homme.

La complicité de Dian Fossey avec un bébé gorille.

Le livre de Dian Fossey de 1983 est ressorti après l'adaptation cinématographique avec en couverture une photographie d'une scène du film dans lequel elle est incarnée par l'actrice Sigourney Weaver.

Deux plans de Gorilles dans la brume (Gorillas in the Mist) dans lesquels Sigourney Weaver s'attache à faire revivre avec conviction la grande primatologue.

        Jane Goodall partageait cette préoccupation pour la préservation du monde vivant avec le très honoré naturaliste britannique David Attenborough, producteur et présentateur de nombreuses émissions sur le monde animal et qui a récemment réalisé un documentaire destiné aux salles attirant l’attention sur l’extrême urgence de préserver ce qui peut encore l’être de notre monde vivant. Avec lui, Jane Goodall avait fondé le cercle de réflexion Population Matters pour mettre au premier plan la préoccupation des déséquilibres qu’entraîne une démographie incontrôlée dans certaines régions du monde et son incidence sur le changement climatique. La disparition de Jane Goodall contraste tristement avec le déni la même semaine du réchauffement de la planète par le président américain Donald Trump au siège de l’ONU, repris quelques jours plus tard avec une vulgarité consternante par son ministre de la Guerre Pete Hegseth. Pendant ce temps-là, la France qui accorde largement l’asile, sans toujours se soucier des conséquences pour la sécurité publique, refuse en revanche le statut de réfugié à Paul Watson qui a passé sa vie à protéger les cétacés et qui est recherché par la justice de pays à l’industrie baleinière comme le Japon pour entrave à la chasse, ce qui démontre là aussi un recul des préoccupations écologiques. On ne peut qu'ardemment souhaiter, en tant que passionnés de créatures en tous genres au rang desquels nous nous rangeons ici, que la voix engagée de Jane Goodall et de tous ceux qui espèrent que la préservation du monde vivant – incluant la protection de la santé humaine, pourra enfin s’opposer aux intérêts économiques à court terme, avant que nature meure, comme l’écrivait l’ornithologue Jean Dorst.

Photo récente de Jane Goodall au côté de son concitoyen David Attenborough, qui s'est montré fort ému lors de la cérémonie d'adieu. 

Un livre plus récent de Jane Goodall tentant de sensibiliser le public à la défense du monde animal.

Loin de nombre de scientifiques modernes qui réduisent le monde vivant à des assemblages moléculaires et à des modèles expérimentaux privés du moindre droit, Jane Goodall manifestait son affection pour les autres habitants de la planète à commencer par nos proches parents, défendant l'idée que les autres espèces qui nous ont précédés avaient autant de légitimité à y vivre.

 

Un enseignement bienveillant que tentent d'appliquer tous ceux qui s'investissent pour aider les animaux menacés, à l'opposé des bourreaux qui envahissent les pays voisins pour y massacrer des populations civiles, jusqu'aux frontières de l'Europe.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas Dian Fossey, assassinée en 1985 : http://www.nationalgeographic.fr/animaux/dian-fossey-la-scientifique-qui-a-change-notre-regard-sur-les-gorilles



Un autre chercheur, disparu le 7 octobre 2025, John B. Gurdon, œuvrait à l'autre échelle de la biologie. Il avait reçu en 2012 le Prix Nobel de médecine en même temps que Shinya Yamanaka pour une découverte révolutionnaire qui tranchait avec la vision jusque-là admise qui opposait les cellules reproductrices aux cellules somatiques. Cette révélation prouvait à l'instar des végétaux que toutes les cellules animales étaient totipotentes sans exception, c'est-à-dire que leur matériel génétique contenait potentiellement le code génétique permettant de produire un organisme entier. Cela a ouvert la voie aux travaux sur la médecine régénérative, laissant entrevoir la capacité de transformer toute cellule en celle de n'importe quel tissu.

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Alors que les dirigeants français refusent d'accorder le statut de réfugié au défenseur des cétacés Paul Watson, signez et faîtes signer cette pétition contre le massacre annuel et extrêmement cruel de familles de globicéphales, ces grands "dauphins souffleurs", de surcroît inutile pour cause de pollution, la chair contaminée de ces mammifères marins étant impropre à la consommation. Il ne faut pas confondre la survivance de pratiques barbares et sanguinaires comme ce "grind", la corrida, la chasse à courre ou encore l'abattage sans étourdissement, avec des traditions qui méritent elles d'être respectées tant qu'elle participent d'un ressourcement dans la culture d'une région à travers une atmosphère conviviale et sans violence.

Signez en suivant ce lien : 

Il vous est aussi possible plus concrètement d'aider gratuitement des animaux tous les jours en cliquant sur les différents liens proposés par ces deux sites : quelques minutes pour vous, un grand soutien pour eux :

Merci pour eux.