mardi 28 août 2012

C’ÉTAIT LE PÈRE DE E.T.



Carlo RAMBALDI en 1976, à l'orée de sa carrière internationale.

On avait eu l'occasion d'évoquer sommairement la carrière du créateur d'effets spéciaux Carlo RAMBALDI en octobre 2008 pour évoquer son actualité. Disparu le 10 août 2012, l'homme était une célébrité du cinéma international, mais avait disparu de l'actualité il y'a plus d'une vingtaine d'années.

PEPLUMS ET HORREUR SANGUINOLENTE

Carlo RAMBALDI est né le 15 septembre 1925 dans le nord de l'Italie, à Vigarano Mainarda en Emilie-Romagne. Son père Valentino dit "Tino" avait un magasin de réparation de bicyclettes et était passionné par la mécanique, les engrenages et les moteurs, centres d'intérêt qu'il a visiblement communiqués à son fils. 

En 1951, Carlo RAMBALDI obtient le diplôme de l'Académie des Beaux-Arts de Bologne, où il a étudié la peinture, la sculpture et les arts cinématographiques. A l'issue de sa formation, il se consacre à la peinture, inspiré notamment par l'oeuvre de PICASSO. C'est aussi à ce moment qu'il a l'idée du "Projet Millenium", un parc technologique qui anticiperait l'avenir de l'humanité, notamment dans les domaines architecturaux et spatiaux, qu'il tentera de concrétiser durant des années. Le parc est d'abord envisagé à Saint-Marin, puis dans le Latium, dans l'Ombrie et les Marches, mais en dépit de la valeur reconnue du projet, il peine à trouver un financement, jusqu'au jour ou un gouvernement l'appuie, mais une crise politique entraînant sa chute mettra un terme définitif à cette perspective.



Maquette de la cité futuriste du projet Millenium, qui présentait aussi un château médiéval.

Le jeune peintre finit par envisager sa reconversion, estimant que la peinture et même la sculpture paraissent trop statiques pour susciter l'émotion du public et envisage des modèles animés, parcours similaire à celui du réalisateur David LYNCH, passé de la peinture aux sculptures mobiles dans ses jeunes années. Il commence à élaborer des sculptures mobiles hyperréalistes inspirées du corps humain. En 1957, alors qu'il s'est établi à Rome, des amis le convainquent que ses travaux pourraient trouver de véritables débouchés dans le domaine du cinéma. Une connaissance commune le présente à un producteur de cinéma désespéré de ne trouver personne capable de créer un dragon pour le film LE CHEVALIER BLANC (SIEGFRIED) réalisé par Giacomo GENTILOMO, et lui demande de lui apporter sa contribution. Après y avoir réfléchi quelques jours, il entreprend donc de construire un dragon mécanique de 14 mètres de long, à partir de bois, de tissu, de mousse de latex. Fafnir crache de la vapeur, déracine des arbres avec sa queue et saigne lorsque Siegfried le tue. Les évènements se sont ensuite enchaînés rapidement; Carlo RAMBALDI affirme qu'il n'a alors pensé qu'à rendre service de manière ponctuelle, mais, bien que son nom ne figure pas dans le générique du film, sa réalisation amène un grand nombre de personnes à faire appel à ses talents et, dès lors, il ne cessera plus de concevoir des effets spéciaux pour le petit et le grand écran, se spécialisant tout particulièrement dans les trucages à composante mécanique, qu'il avait baptisés "mécatroniques".



LE CHEVALIER BLANC : dessin conceptuel, schéma du mécanisme et scène du film.

Il apporte notamment sa contribution aux péplums très en vogue alors en Italie, comme LA VENGEANCE D'HERCULE réalisé par Vittorio COTTAFAVI en 1960 (LA VENDETTA DI ERCOLE), distribué aux Etats-Unis sous le titre de GOLIATH AND THE DRAGON, une fois enrichi de quelques nouveaux plans d'animation du dragon, grâce à un modèle bipède du monstre sculpté par Wah CHANG et animé par Jim DANFORTH, dont le duo produira une version quelque peu voisine en 1962 pour LE MONDE MERVEILLEUX DES CONTES DE GRIMM (THE WONDERFUL WORLD OF THE BROTHERS GRIMM). La même année, il conçoit aussi le cyclope du GÉANT DE THESSALIE (I GIGANTI DE LA TESSAGLIA) de Ricardo FREDA (également connu pour avoir réalisé le film de science-fiction horrifique CALTIKI), apparaissant dans une scène tout droit surgie de L’ODYSSÉE d'HOMERE, alors que le film raconte en théorie la légende de Jason et des Argonautes, comme l'évoque le titre alternatif DI ARGONAUTI; le film comporte aussi l'équivalent de la sorcière Circé changeant les marins en bétail - des moutons en place de porcs, autre péripétie vécue par Ulysse. Un acteur de très grande taille incarne la créature carnassière géante, confrontée lors des contacts rapprochés à des enfants à la place des interprètes des soldats pour accroître le contraste. Carlo RAMBALDI confère au cyclope les traits d'un gorille féroce, et l'animation mécanique de la face plutôt efficace contribue encore à en faire un précurseur de son futur King Kong. Non seulement la gueule s'ouvre afin de lui permettre de rugir, mais son oeil est également mobile, ce qu'on ne voyait guère chez ses homologues.


La tête mécanisée du Géant de Thessalie.

En 1962, il apporte une contribution minimale à MACISTE CONTRE LES MONSTRES (MACISTE CONTRO I MONSTRI, diffusé aux Etats-Unis sous le titre de FIRE MONSTERS AGAINST THE SON OF HERCULES) réalisé par Guido MALATESTA, se rapportant à un temps improbable voyant les premières communautés confrontées aux derniers représentants des dinosaures, mais l'atmosphère du film tout autant que l'allure des monstres rencontrés évoquent plutôt les péplums mythologiques (impression confirmée par l'allusion au héros grec légendaire dans le titre anglo-saxon). Sa participation se limite à dessiner une petite hydre aquatique construite par les techniciens, dont on voit onduler trois têtes et trois cous alors que le héros la combat sous l'eau..


La même année, il conçoit aussi la plante géante de LA VENGEANCE DU COLOSSE (MARTE DIO DELLA GUERRA) de Marcelo BALDI, distribué par les Anglo-Saxons sous le titre de THE SONS OF HERCULES VERSUS VENUS.

Le monstre végétal de LA VENGEANCE DU COLOSSE.

Avec PERSÉE L'INVINCIBLE (PERSEO L'INVINCIBILE/MEDUSA AGAINST THE SON OF HERCULES) réalisé en 1963 par Alberto de MARTINO, il crée une Gorgone d'une apparence très inhabituelle, sa silhouette évoquant un arbre mobile portant en son tronc un orifice flamboyant, capable de s'ouvrir et de se refermer, dont le rayonnement change les hommes en pierre; de près, la créature qui avance en ondulant, lentement mais inexorablement, rappelle les descriptions de LOVECRAFT avec ses longs tentacules d'invertébré ; elle annonce aussi le monstre extraterrestre qui sème la terreur dans un recoin de l'espace où s'échouent les vaisseaux spatiaux dans l'épisode LE DOMAINE DU DRAGON (DRAGON'S DOMAIN) de la série COSMOS 1999 (1976). 


La méduse semi-végétale de PERSEE L'INVINCIBLE.

Deux autres plus tard, Carlo RAMBALDI comble à nouveau les amateurs de péplums avec un monstre marin tenant du crustacé, de l'insecte et de la chenille dans HERCULES AND THE PRINCESS OF TROY (1965) de Joseph E. LEVINE, également connu sous l'appellation de HERCULES vs THE SEA MONSTER, en fait le pilote d'une série américano-italienne jamais tournée initiée par la chaîne ABC avec le demi-dieu en vedette. Carlo RAMBALDI conçoit à partir de métal, plastique, et 16 kilomètres de fils l'impressionnante bête à laquelle les Troyens sacrifient chaque mois des vierges, et qui saisira Hercule avant d'être vaincu. Selon ce que déclare son constructeur à la presse, le monstre renferme en son sein un système électronique complexe : un ordinateur dirige six grands moteurs et deux experts en électronique commandent les mouvements radiocommandés. A l'approche du tournage, les câbles enterrés dans le sable et des pupitres de commande des différents leviers sont placés hors cadre, le dispositif permettant d'exécuter un grand nombre d'actions, comme faire se lever chaque patte et tourner la tête. Cependant, selon la confidence d'un proche collaborateur de Carlo RAMBALDI, rapportée par le spécialiste français d'effets spéciaux Pascal PINTEAU (responsable de la large gamme d'effets spéciaux créées pour le générique et les fictions de l'ancien magazine télévisé « Temps X », qui avait collaboré à un entretien avec le créateur de E.T. pour l'émission*), la technologie ayant donné vie à la créature aurait été moins sophistiquée qu'allégué. A la fin des répétitions, le monstre surnommé « Max » qui forçait l'admiration tombe subitement en panne alors que le tournage était imminent, au désespoir des producteurs. Après quelques coups appliqués à sa construction par Carlo RAMBALDI, qui se veut très rassurant, la machinerie repart. En réalité, selon le collaborateur, les leviers étaient factices et l'essentiel des mouvements étaient en réalité assurés directement par un assistant dissimulé dans la créature, lequel avait un instant détourné son attention des gestes du concepteur d'effets spéciaux pour suivre du regard deux très jolies plagistes en tenue légère, avant d'être rappelé à l'ordre par le rappel chuchoté de Carlo RAMBALDI et les coups appliqués à travers la paroi souple.



Dessin conceptuel du monstre marin de HERCULES AND THE PRINCESS OF TROY, et le résultat, vu de profil et de face.

A la télévision, Carlo RAMBALDI crée une version d'un bras géant pour le quatrième épisode de la transcription du récit d'HOMERE, L'ODYSSE en 1968 (L'ODISSEA), ainsi que le célèbre pantin animé et la baleine pour LES AVENTURES DE PINOCCHIO (LE AVVENTURE DI PINOCCHIO ) de 1972.

Avant KING KONG, la construction d'une main géante pour Polyphème dans L'ODYSSEE.

Carlo RAMBALDI expérimentant la reproduction du mouvement de sa jambe sur le pantin de PINOCCHIO, par un procédé que les anglo-saxons appellent "slave system".


Carlo RAMBALDI a aussi travaillé sur divers films d'horreur italiens, concevant des corps amputés, notamment pour ceux de Mario BAVA; il a d'ailleurs participé sans être crédité à la création des maquettes de son film de science-fiction horrifique, LA PLANÈTE DES VAMPIRES (TERRORE NELLO SPAZIO/PLANET OF THE VAMPIRES) en 1965 comportant la découverte du squelette d'une créature extraterrestre géante qui préfigure une séquence d'ALIEN. Pour un autre réalisateur italien spécialiste de l'outrance, Lucio FULCI, il crée en 1971 pour une séquence de CAROLE/LES SALOPES VONT EN ENFER (UNA LUCERTOLA CON LA PELLA DI DONNA/ A LIZARD IN A WOMAN SKIN) des chiens si réalistes pour une scène de vivisection que le spécialiste des effets spéciaux est amené à faire une présentation de ses trucages devant la justice pour que le metteur en scène échappe aux deux ans de prison requis à son encontre pour cruauté envers des animaux. La même année, il crée la doublure d'un anarchiste italien, Giuseppe PINELLI, arrêté dans le cadre d'une enquête sur un attentat terroriste préfigurant ceux des Brigades rouges, pour reconstituer les conditions controversées de sa mort, celui-ci s'étant jeté dans le vide lors de son audition. En 1973, il crée des effets sanglants tels qu'une tête décapitée pour une coproduction internationale, américano-italo-française, DE LA CHAIR POUR FRANKENSTEIN, réalisée par Paul MORRISSEY et Antonio MARGHERITI (sous doute plus connu sous son titre anglo-saxon FLESH FOR FRANKENSTEIN) avec Udo KIER dans le rôle du célèbre expérimentateur, lequel est aussi à l'affiche de DU SANG POUR DRACULA (BLOOD FOR DACULA) de Paul MORRISSEY l'année suivante avec toujours des trucages de Carlo RAMBALDI, notamment une éventration; l'adaptation du roman de Mary SHELLEY ne doit pas être confondue avec FRANKENSTEIN 80 de Mario MANCINI auquel le créateur d'effets spéciaux avait apporté sa contribution l'année d'avant, production italienne avec John RICHARDSON et, dans le rôle du Docteur Frankenstein, Gordon MITCHELL – interprète-titre d'un MACISTE, connu notamment en France pour le rôle du réfrigérant tueur à gage de la comédie LE COUP DU PARAPLUIE. La réputation de Carlo RAMBALDI va bientôt s'étendre bien au-delà de son pays d'origine, pour le meilleur et pour le pire.


Le squelette géant d'un extraterrestre dans LA PLANÈTE DES VAMPIRES rappelle celui créé par GIGER pour ALIEN, film de Ridley SCOTT pour lequel Carlo RAMBALDI créera une tête mécanique pour la créature principale.

Crocodile pour le film d'aventures africaines, LA VIA DEI BABBUINI (1974).

Armature mécanique permettant la marche d'un crocodile factice, avançant en déplaçant ses pattes comme un véritable animal.



UNE CONTRIBUTION RÉELLEMENT MONUMENTALE?

Le producteur italien Dino de LAURENTTIS, qui avait fait appel à ses services sur de nombreuses productions (un faux lion pour LA BIBLE, le masque de DANGER : DIABOLIK, les ailes de l'ange de BARBARELLA, un ours mécanique ainsi que des doublures pour un gladiateur traîné par un char et Silvana Mangano lapidée dans BARABBAS ou encore la main du cyclope Polyphème pour L'ODYSSEE) fait venir aux Etats-Unis son compatriote pour concrétiser son projet de remake de KING KONG, d'abord envisagée comme une comédie avec un genre d'hominidé préhistorique aux dimensions titanesques, comme celui du pastiche chinois qui sera diffusée l'année suivant la sortie du KING KONG produit par l'Italien, sous le titre de THE MIGHTY PEKING MAN. Dino de LAURENTIIS s'assure aussi de la participation du maquilleur Rick BAKER, qui a déjà conçu deux créatures anthropoïdes pour le cinéma, le chaînon manquant appelé « Schlocktropus » de la comédie SCHLOCK et un gorille bicéphale pour LA CHOSE A DEUX TETES (THE THING WITH TWO HEADS). L'enthousiasme du maquilleur pour les gorilles et son excellente connaissance de ces animaux convainquent finalement le producteur d'opter pour un singe géant comme dans l'original. De son côté, Carlo RAMBALDI obtient l'aval du producteur pour réaliser un modèle mécanique grandeur nature, entreprise pour laquelle il reçoit le renfort d'un concepteur d'effets spéciaux expérimenté, Glen ROBINSON, déjà titulaire d'Oscars pour des films à grand spectacle – et qui œuvrera à nouveau pour Dino de LAURENTIIS sur FLASH GORDON. Les deux hommes ont une appréciation différente du projet: l'Italien projette un gorille mécanique actionné par des commandes manuelles, tandis que l'Américain pense à un système hydraulique complexe inspiré par sa vision d'un monstre dans un parc d'attraction. Des difficultés langagières compliquent la collaboration entre les équipes italiennes et anglophones, au point qu'une journaliste, Rona BARRETT, déclare à la télévision que les techniciens ont construit deux mains droites pour le robot géant... L'histoire est un peu plus compliquée : une première paire de bras est créée pour le modèle mécanique devant mesurer 10 mètres de haut selon les plans de Carlo RAMBALDI, mais le réalisateur John GUILLERMIN s'avise que les mains devraient mesurer 15 centimètres de plus de manière à ce que King Kong puisse plus facilement se saisir de l'actrice Jessica LANGE; il convient alors de porter la taille du gorille géant à au moins 12 mètres de manière à ce qu'il conserve son allure générale, de telle sorte qu'une seconde paire de bras doit être fabriquée. Le robot est une construction mécanique audacieuse de 15 mètres de haut, sept animateurs manœuvrant les câbles qui commandent les vérins d'un système hydraulique, fonctionnant avec de l'huile pour une meilleure viscosité. Bien que construit en aluminium, son squelette ne pèse pas moins de 3 tonnes et demie, et l'intérieur de son corps renferme mille mètres de tuyaux et mille quatre cents mètres de câbles. Avec ses cinquante vérins, le monstre est conçu pour effectuer de nombreuses tâches, telles que tendre la jambe, remuer les doigts des mains et des pieds, bouger les oreilles, les lèvres et le nez, cligner des yeux, tourner ou baisser la tête ou encore bomber le torse. Malheureusement, en dépit de sa sophistication, le robot qui coûta 1,7 millions de dollars s'avère très peu fonctionnel : lors du tournage à New-York, un bras tombe régulièrement en panne, la mâchoire ne répond plus vraiment, et une jambe commence même à se détacher, manquant d'écraser pour de vrai l'acteur Charles GRODIN, qui interprète le responsable pétrolier qui a eu l'idée de faire du primate gigantesque une attraction et qui périt en tentant de fuir la furie du monstre ayant rompu ses entraves. L'utilisation de la machinerie titanesque est donc réduite à la portion congrue, d'autant que le producteur Dino de LAURENTIIS estime que ses mouvements sont trop lents rapportés à ceux du maquilleur Rick BAKER costumé qui joue le rôle de Kong dans des décors miniatures. Le singe mécanique est ainsi présent à l'écran en entier seulement l'espace d'un plan lorsque le phénomène se tient au milieu de la foule terrorisée après s'en être libéré de ses entraves alors qu'il était présenté au public de New-York, de surcroît avec un éclairage qui lui confère un aspect beaucoup plus factice que sur les photos publicitaires pourtant réalisées en pleine lumière à l'opposé de la scène.

Carlo RAMBALDI devant son géant, une carrure impressionnante pour une prestation modeste à l'écran.

Comme pour PINOCCHIO, RAMBALDI affirme qu'il aurait pu réaliser un modèle capable d'assurer toutes les scènes du film s'il avait disposé de davantage de temps et de moyens, et effectivement, un constructeur d'avion qui avait été initialement contacté par la production pour construire le robot et les mains géantes avait exigé un an et demi pour leur fabrication, tandis que l'équipe du film a disposé de moins d'une année. Une autre version grandeur nature est réalisée en polystyrène pour la scène finale lorsqu'il gît au pied du World Trade Center. Deux tonnes des crins de chevaux d'Argentine furent livrées pour revêtir les deux versions. Des commentateurs estiment que le robot géant n'a en fait été conçu que dans une perspective publicitaire et que le producteur Dino de LAURENTIIS aurait toujours su que la quasi-totalité des scènes impliqueraient en fait un interprète costumé. On peut aussi s'imaginer que Carlo RAMBALDI est un visionnaire qui s'est laissé entraîné par son audace et qui était en avance sur son temps, préfigurant les dinosaures mécaniques grandeur nature de Stan WINSTON - ainsi qu'un autre singe robotisé géant créé par Rick BAKER pour le remake de MIGHTY JOE YOUNG, même si ce dernier était  aussi doublé par un interprète costumé pour les scènes dans lesquelles il avance en position bipède.

Carlo RAMBALDI et Glen ROBINSON réalisent aussi une paire de mains géantes articulées par sept vérins pour les scènes où Dwan ( Jessica LANGE ) est tenue par King Kong. Lors d'une séquence utilisant la doublure de l'actrice, Sunny WOODS, le poignet cède et les énormes doigts la compriment; le système de sécurité évite qu'elle soit blessée, les boulons résistants prévus à cet effet ayant empêché que les doigts se referment. Les Italiens et les Américains se rejettent mutuellement la faute, et doivent constater que le câble n'a pas tenu ses promesses de solidité.

Jessica LANGE se repose sur le travail de Carlo RAMBALDI et Glen ROBINSON.

Les équipes mécaniques fabriquent encore le boa géant qu'affronte King Kong, en l'occurrence Rick BAKER costumé. Le résultat a été beaucoup critiqué pour l'apparente passivité du reptile, quoiqu'un serpent constricteur est un animal aux mouvements lents qui enserre progressivement sa proie jusqu'à la tuer. Son apparition, gueule menaçante ouverte, est assez inquiétante. Quand à son épiderme, il est parfaitement identique à celui d'un vrai boa; cependant, le revêtement se mit à plisser exagérément lors du tournage à la grande colère de de LAURENTIIS, de sorte que l'animal fut débité en tronçons, et la tentative d'étouffement ainsi filmée en plans rapprochés. Le montage final a raccourci la scène du combat, celles-ci comportant initialement quelques plans larges dans lesquels on pouvait voir s'agiter avec vivacité la queue de l'ophidien. L'île ne recèle pas les monstres dinosauriens de la version de 1933, mais la version produite par de LAURENTIIS étant modernisée et présentée sous un angle plus «réaliste» que l'original de 1933, leur absence n'est pas scandaleuse.

Carlo RAMBALDI avait affirmé que le Kong robotisé apparaissait dans la plupart des plans du film, et continua à le soutenir des années plus tard, alors que presque toutes les plans dans lesquels il est présent à l'écran montrent Rick BAKER costumé, affirmant aussi contre l'évidence que la scène de l'ascension du World Trade Center avait été filmée en utilisant un King Kong mécanique miniature. Cet accommodement avec la réalité a beaucoup nuit à la réputation de Dino de LAURENTIIS, occultant les mains mécaniques géantes construites séparément mais surtout diminuant ses mérites réels; si Rick BAKER réalise le costume de Kong (avec son jeune assistant Rob BOTTIN) qu'il enfile pour l'interpréter avec talent tout au long du film, c'est bien Carlo RAMBALDI qui a conçu les systèmes mécaniques d'animation des différentes masques qu'il arbore suivant les séquences ( on reviendra un peu plus longuement dans un prochain article sur le costume créé par le maquilleur américain pour le film ).


version miniature de Dawn dans la main de Kong.

L'obtention d'un Oscar pour les effets spéciaux du film, associant Carlo RAMBALDI, Glen ROBINSON et Frank Van der VEER, chargé des trucages visuels pour combiner les acteurs avec le Kong censé être gigantesque joué par Rick BAKER, mais ce dernier n'ayant pas droit aux honneurs et étant au générique plutôt présenté comme un consultant, a mis tant en colère Jim DANFORTH, émule de Ray HARYHAUSEN, qu'il a démissionné du jury en criant à l'imposture; il faut dire que le spécialiste de l'animation image par image avait de bonnes raisons de détester le remake, à la fois parce qu'il avait été pressenti – le projet en était resté à un stade d'ébauche – pour le remake concurrent envisagé un temps par Universal, THE LEGEND OF KONG, plus proche de la version de 1933, qui fut évincé par celui initié par le producteur italien contacté par la Paramount, mais aussi parce ce dernier avait affirmé d'emblée son choix d'écarter la possibilité d'utiliser un modèle miniature animé pour donner vie au gorille géant, technique d'effets spéciaux qui est la spécialité du membre du jury dépité.

La version géante de Kong promettait beaucoup sur les photos publicitaires.

Carlo RAMBALDI a ensuite construit avec notamment le concours du futur metteur en scène Bernt CAPRA un bison albinos monté sur rail de 5 mètres de long, capable de galoper à 4O kilomètres/heure, pour un autre film produit par Dino de LAURENTIIS intitulé LE BISON BLANC (THE WHITE BUFFALO) de Jack Lee THOMPSON, utilisant le même système de cylindres et de pompes à huile que pour KING KONG.


La charge du Bison blanc; non seulement l'animal est monté sur un rail, ce qui n'empêche pas sa course d'être bondissante, mais son mugissement terrifiant rappelle le vrombissement d'un train.

LES EXTRATERRESTRES LES PLUS CELEBRES

Alors qu'il s'apprête à regagner l'Italie, le réalisateur Steven SPIELBERG, impressionné par les systèmes d'animation des masques de Kong portés par Rick BAKER, le contacte pour réaliser un gros plan d'un extraterrestre devant apparaître à la fin de RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE (CLOSE ENCOUNTERS OF THE THIRD KIND). Il dessine les plans dans l'avion pour Rome, que SPIELBERG reçoit avec enthousiasme. Le squelette de l'humanoïde est fait d'aluminium et d'acier, la crâne de fibre de verre, la peau est en polyuréthane. L'extraterrestre est animé par sept manipulateurs manœuvrant douze minces câbles, sept pour le visage, yeux inclus, et cinq pour les bras et les mains. Des tubes recevant de l'air pulsé faisaient mouvoir la poitrine et l'œsophage.

L'extraterrestre de RENCONTRES DU 3EME TYPE, une silhouette épurée qui évoque quelque peu le pantin de bois stylisé de PINOCCHIO.



Steven SPIELBERG avait exigé que la face de l'extraterrestre qui apparaît à la fin de RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE revête le moins de traits possible pour ressembler aux portraits-robots dessinés par les témoins disant avoir rencontré des visiteurs de l'espace. Carlo RAMBALDI est néanmoins parvenu à conférer à l'extraterrestre une impression d'innocence qui a su toucher les spectateurs.

Carlo RAMBALDI apporte aussi sa contribution au plus célèbre extraterrestre meurtrier du cinéma, la créature d'ALIEN (1979) de Ridley SCOTT, dont il est appelé pour créer la tête mécanique pourvue d'une seconde mâchoire interne à partir de la tête sculptée par l'artiste suisse GIGER. Il commence à concevoir les armatures articulées à Los Angeles sur les moulages, puis se rend en Angleterre dans les studios de Shepperton pour achever son travail, travaillant étroitement avec le concepteur du monstre pour retranscrire exactement ses conceptions. Il construit trois versions de la tête, une première mécanique capable d'exécuter tous les mouvements, une seconde également mécanisée, plus légère, capable de retrousser les lèvres, et une dernière encore plus légère destinée aux plans larges. La tête mécanique principale est capable d'une très grande variété de mouvements, avec 900 pièces articulées, actionnée par dix câbles et de nombreuses charnières, ce qui donne toute latitude au réalisateur Ridley SCOTT, même si au final celui-ci n'utilise qu'un nombre limité de possibilités pour les plans figurant dans le film. Un technicien anglais David WATLING, responsable de la queue du monstre, conçoit aussi une tête radio-commandée pour les plans larges, mais de l'assentiment général, la version mécanique à câbles de l'Italien est plus satisfaisante, et la version de son collègue n'est finalement pas employée. Carlo RAMBALDI monte le crâne et les pièces amovibles faîtes en fibre de verre sur une infrastructure en aluminium, et recouvre la tête d'un épiderme translucide en polyuréthane de sa composition. Un Oscar pour les effets spéciaux du film associe Carlo RAMBALDI et Hans R. GIGER aux responsables des maquettes du film, Brian JOHNSON, Nick ALLDER et Dennis AYLING, ce dernier ayant été chargé de la photographie des miniatures - mais le créateur des premières phases de développement de la créature, Roger DICKEN, n'est pas associé à cette distinction.

Esquisse pour l'animation de la tête de l'Alien.

C'est Carlo RAMBALDI qui a eu l'idée de pourvoir l'Alien de dents de métal pour renforcer encore l'aspect "biomécanique" du concept de H.R. GIGER.

Le terrifiant résultat à l'écran.

Sur MORSURES (NIGHTWING) réalisé la même année par Arthur HILLER, Carlo RAMBALDI agence quarante chauve-souris radio-commandées suspendues par des fils très convaincantes, celui-ci ayant déjà eu l'occasion antérieurement de concevoir une version volante de ces animaux.



Suite à son travail sur ALIEN, GIGER recommande Carlo RAMBALDI au cinéaste Andrzej ZULAWSKI qui cherche quelqu'un pour conceptualiser le monstre de POSSESSION prenant lentement forme humaine, une évocation cauchemardesque sur la déréliction d'un couple dans une veine quelque peu comparable à ERASERHEAD de David LYNCH. Le créateur italien accepte le contrat après une rapide lecture du scénario, en dépit d'une rémunération plus modeste que celle des productions hollywoodiennes. Après deux mois de travail, il apporte à Berlin les cinq valises contenant les créatures en pièces détachées et doit s'employer à former les assistants qui sont mis à sa disposition. Mais le cinéaste polonais qui n'est pas connu pour sa tempérance se montre peu aimable avec le créateur d'effets spéciaux, estimant que son monstre tient d'un gros préservatif rose se rapprochant d'un marshmallow animé, et s'efforce de le modifier. Carlo RAMBALDI remplit cependant sa mission; faisant suite au stade initial ressemblant à un peu de pourriture fangeuse sur un mur, le créateur italien réalise trois stades de la créature, la forme encore rudimentaire manipulée par un assistant de dessous le lit tandis que les longs tentacules sont animés par de longs filins invisibles, l'être en pleine mutation et couvert de sang, à la silhouette vaguement humanoïde, et enfin le monstre semi-anthropomorphe qui s'accouple avec l'actrice Isabelle ADJANI en l'enserrant dans ses tentacules, une scène étrange qui a marqué et dérangé nombre de cinéphiles.

Bien qu'encore assez indéfinie, la créature de POSSESSION a déjà supplanté le mari dans la couche conjugale.
Carlo RAMBALDI au travail sur une version du monstre, tandis qu'une seconde est prête derrière lui.

Un appétit sexuel monstrueux...

Steven SPIELBERG, passionné par les récits de rencontres avec des visiteurs de l'espace rapportés par nombre de témoins, avait projeté une version plus sombre de RENCONTRES DU TROISIEME TYPE, avec une famille prise en otage par un groupe d'extraterrestres dont le chef est malveillant tandis qu'un membre du groupe est amical. Il engage le maquilleur Rick BAKER qui se consacre intensément au projet NIGHTSKIES. Plutôt que la représentation schématique de l'humanoïde à la tête triangulaire et au corps anguleux souvent décrite, l'artiste fait accepter sa version d'une créature de 1 m 20 de haut à la peau verte écailleuse et plissée, au corps allongé à l'abdomen hérissé de piquants, et pourvu de jambes comme les pattes arrière d'une grenouille, se déplaçant à la manière d'un singe, qu'il se propose de réaliser sous forme de modèle mécanique. Mais Steven SPIELBERG change d'idée alors qu'en Tunisie, il se consacre au tournage des scènes de combat entre Indiana Jones et les Nazis sur LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE, rêvant soudain d'une belle histoire d'amitié entre un enfant et un extraterrestre. Rick BAKER prend très mal qu'on lui demande de reprendre largement son travail pour correspondre au nouveau scénario, de surcroît avec un budget revu à la baisse en raison de la réduction des personnages à une seule créature, et alors qu'il commence à s'investir de plus en plus dans son projet suivant, LE LOUP-GAROU DE LONDRES (AMERICAN WEREWOLF IN LONDON). Les choses s'enveniment, le maquilleur charge son avocat de défendre ses intérêts, le cinéaste confisque le matériel et lui interdit l'entrée de son local, et finalement Rick BAKER renonce à discuter avec le réalisateur en lui disant qu'il n'a qu'à s'adresser à Carlo RAMBALDI. Et effectivement, SPIELBERG confie le personnage de E.T. L'EXTRATERRESTRE au créateur d'effets spéciaux italien. Celui-ci le dote du cou gracile de la femme d'un tableau qu'il avait exécuté lorsqu'il se passionnait pour le cubisme, et il reprend les proportions de la face de son chat persan pour façonner celles du visage d' E.T. SPIELBERG propose à Stan WINSTON de s'associer au projet, mais celui-ci préfère travailler de manière indépendante. Son studio réalise toutefois une étude du personnage ( voir article de juin 2012 «Quand Stan Winston croisait E.T. L'Extraterrestre» ), mais le réalisateur donne sa préférence à la conception développée par Carlo RAMBALDI. L'idée de la croupe comme celle de Donald Duck provient de SPIELBERG lui-même. Carlo RAMBALDI construit plusieurs versions du personnage avec les matériaux habituels, utilisant les techniques d'animation mécanique ainsi que l'électronique, chacune des têtes, transposables d'un corps sur l'autre, étant capable de l'élongation du cou. La version la plus compliquée de l'extraterrestre, totalement électronique, comportait 85 articulations, soit le même nombre que le corps humain. Un costume pourvu d'une tête et de bras radiocommandés est également créé pour des plans dans lesquels l'extraterrestre est incarné à tour de rôle par plusieurs interprètes de petite taille de manière à ne pas être gêné par des câbles. Pour certaines scènes pour lesquelles les mains mécaniques s'avéraient insuffisantes, c'est l'interprète Caprice ROTH qui exécutait le plan avec des extensions de la main. L'effet du coeur qui s'illumine a par contre été conçu par Robert SHORT, qui a pour l'occasion construit sa propre version du corps du visiteur de l'espace. Carlo RAMBALDI achève son travail avec plusieurs semaines d'avance, et les différentes versions du personnages permettent de surcroît de tourner plusieurs scènes simultanément. Rick BAKER indiquera cependant qu'il est persuadé que son successeur s'est inspiré de son travail, notamment pour le positionnement des parties mécaniques. E.T. vaut à Carlo RAMBALDI son troisième Oscar.

L'armature interne qui confère la vie à l'extraterrestre.


Un costume mécanisé, s'ouvrant dans le dos (photo du haut) a aussi été conçu pour abriter un acteur.

E.T. mort; comme pour King Kong au pied du World trade Center, une créature du cinéma à laquelle Carlo RAMBALDI a apporté sa contribution aura su émouvoir le public.

E.T., un personnage indissociablement lié au créateur italien.

Dino de LAURENTIIS fait de nouveau appel à son compatriote, appelé à travailler à Churubusco au Mexique sur deux de ses productions. Pour CONAN LE DESTRUCTEUR (CONAN THE DESTRUCTOR) réalisé par Richard FLEISCHER, il crée le monstre de Dagoth, un modèle mécanique mesurant 2,5 m de haut, capable de marcher, de bouger les bras, avec un visage mécanique, animé par un dispositif à air comprimé et un système de câbles actionnés par 28 animateurs.

Une statue se change en monstre féroce..

Sur la version de DUNE mise en scène par David LYNCH, faisant suite à plusieurs tentatives avortées dont l'illustrateur GIGER avait été partie prenante, Carlo RAMBALDI est engagé pour créer les monstres. Une énorme créature fait son apparition dès le début du film, un Mutant appelé Navigateur de la Guilde - qui n'apparaît que dans la suite du roman initial de Frank HERBERT - dont le corps s'est enflé et déformé suite à une ingestion répétée d'Épice, substance produite par les Vers géants de la planète Arrakis connue sous le nom de Dune. Quinze personnes œuvrent durant trois mois pour créer la version grandeur nature du Navigateur, constituée d'un squelette fait notamment d'aluminium et recouvert de caoutchouc – un modèle réduit a aussi été construit pour la séquence dans laquelle un mutant transite à travers l'espace. La moitié de la tête du grand monstre a été endommagée durant son voyage de Los Angeles, ce qui contraignit le créateur italien à la reconstruire partiellement. 22 manipulateurs actionnaient les leviers et commandes régissant les 40 articulations de l'extraordinaire personnage. Il conçoit aussi le foetus qui apparaît dans une scène onirique, lequel deviendra dans la suite du film Alia, la soeur du personnage principal.

Le modèle grandeur nature du Navigateur de DUNE vu de face.
Les Vers géants ( les «Shai-Hulud» ) ont été réalisés sous bien des versions différentes, avec le renfort de l'équipe du technicien anglais Kit WEST, chargé de superviser l'ensemble des effets spéciaux mécaniques comme sur LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE (RAIDERS OF THE LOST ARK) et LE RETOUR DU JEDI (RETURN OF THE JEDI). Seize modèles ont été construits à des échelles variées et en fonction de mouvements différents, les deux plus grands atteignant pratiquement cinq mètres de long, avec une bouche complètement articulée. Ils étaient placés sur un rail incurvé de manière à les faire onduler alors que les manipulateurs placés sous les décors miniatures les actionnaient, et une armature interne constituée de sphères alignées pivotant sur elles-mêmes assurait la complète flexibilité du corps. Une tête de 75 cm de diamètre a aussi été filmée en très gros plan, capable de s'ouvrir et de se refermer, les replis intérieur également dotés de mouvement. Pour les scènes dans lesquelles les acteurs sont en contact avec un des vers censés être gigantesques, un mur mobile sur rail figurant une portion écailleuse du corps permit à l'acteur principal, Kyle McLachlan, de planter son harpon dans l'animal qu'il a reçu pour mission de maîtriser, et une petite portion du dos a aussi été construite pour permettre aux humains de le chevaucher, tandis que quelques figurines sont fixées sur des vers miniatures pour les vues générales. Les tendons apperçus sous l'épiderme lors du harponnage sont en fait des milliers de préservatifs attachés les uns aux autres et recouverts d'une substance gélatineuse. Comme E.T., les créatures de DUNE sont une réussite incontestable de Carlo RAMBALDI, même si elles ne lui valent pas l'assentiment de toute la profession, certains membres de l'équipe américaine estimant qu'il n'était pas souvent présent sur le tournage. Par ailleurs, son travail sur les Vers géants n'apparaît à l'écran que de manière très réduite, les créatures étant recouvertes en permanence de sable qui masque la qualité de leur revêtement, et le réalisateur n'a conservé que peu de plans dans le montage final, afin de ne pas être accusé de délaisser les personnages au détriment des effets spéciaux, vain scrupule puisque c'est précisément ce que la majorité des critiques, excessivement sévères, ont reproché à David LYNCH.

Animation d'une portion de Ver géant de grande taille, les leviers de commande peuvent être vus au premier plan.

Autre photo de tournage rarement vue en couleur : sous le plateau de tournage abritant des Vers géants ( dont l'un à gauche n'est représenté qu'à travers la portion terminale du corps ), on devine l'espace dans lequel se glissent des manipulateurs pour compléter leur animation.

Carlo RAMBALDI montre l'intérieur de la bouche d'un Ver sur le grand modèle lors de l'inauguration d'une exposition, avec ses trois lèvres extérieures et intérieures, et sa garniture de fines dents pointues.

Une scène assez cruelle de la mise à mort d'un jeune ver pour lui soutirer "l'eau de la vie". David LYNCH n'a utilisé qu'une petite partie du travail de Carlo RAMBALDI, empêchant, en coupant cette scène, d'admirer la texture d'un Shai Hulud qui pour une fois n'était pas recouvert de sable.

Carlo RAMBALDI devant la portion mobile du corps du Ver éperonnée par le héros de DUNE.


Carlo RAMBALDI poursuit sa carrière sur les productions de Dino de LAURENTIIS. En 1985, il applique sa connaissance de l'animatronique au visage du troll évoluant dans un décor géant pour donner l'impression de sa petite taille, sur un des sketchs du film CAT'S EYE de Lewis TEAGUE, et réalise la transformation lycanthropique de PEUR BLEUE (SILVER BULLET) de Daniel ATTIAS, tiré d'un roman de Stephen KING. De LAURENTIIS avait d'abord demandé à Carlo RAMBALDI un loup-garou avec des traits anthropomorphes puis, alors que les mécanismes internes de la tête avaient été construits, le producteur changea d'avis et exigea qu'on lui allonge le museau.



Le producteur italien décide de ressusciter King Kong, en lui faisant greffer un cœur artificiel, séquence pour laquelle le réalisateur John GUILLERMIN, qui avait déjà mis en scène le remake, a tenu à s'inspirer le plus possible d'une vraie intervention – vu la hauteur de la chute depuis le sommet du World Trade Center, on peut toutefois douter que même en suivant la procédure rigoureusement, il soit possible de réanimer le grand singe. En fait, le but du film, KING KONG 2 (KING KONG LIVES), semble de tendre vers la même conclusion que la suite de JURASSIK PARK réalisée par Steven SPIELBERG, LE MONDE PERDU (THE LOST WORLD), postuler le droit d'animaux hors du commun de se perpétuer dans la quiétude d'une zone protégée, loin de la cupidité humaine qui avait amené à en faire des attractions touristiques (pour lire plus de commentaire sur le remake de KING KONG et sa suite, voir l'hommage consacré en novembre 2010 à Dino de LAURENTIIS). Le producteur italien fait appel à Carlo RAMBALDI pour redonner à l'écran la vie à King Kong, ainsi qu'à une femelle tout aussi gigantesque découverte dans la jungle, les deux titans décidant de vivre leur amour à l'écart des humains qui ont orchestré leur rencontre. Une réplique mécanique géante des deux anthropoïdes est construite, ainsi que celle de leur rejeton. Une paire de jambes de plus de 3,5 mètres de haut et un bras sont également construits séparément. Le mécanisme du bras est plus léger et plus simple que dans le film de 1976, dans lequel il devait soulever et porter des acteurs, John GUILLERMIN ayant précisé à Carlo RAMBALDI qu'il souhaitait cette fois qu'il puisse bouger librement et avec une grande rapidité. Les deux animaux adultes, comme dans le remake, sont aussi la plupart du temps figurés à l'écran par des acteurs, en l'occurrence Peter ELLIOTT pour le rôle-titre et George YIASOMI, filmés dans des décors miniatures, revêtus d'un costume simiesque muni d'extensions de bras en bois et métal pour respecter la morphologie du gorille, et leur tête logée dans le cou de l'anthropoïde étant surmontée d'une tête couverte de poils de yack animée par des câbles.

Prière de ne pas jeter de mégot sous la passerelle... singe géant en attente de transplantation. La spectaculaire ouverture de KING KONG 2.

Plusieurs projets ne se concrétiseront pas, comme, semble-t-il, un film prenant pour cadre l'Atlantide, et une première tentative d'adaptation de NARNIA. En 1988, Carlo RAMBALDI construit la créature démoniaque de CAMERON'S CLOSETT d'Armand MASTROIANNI, tandis que son fils Alex crée des prothèses pour les effets de maquillage. L'autre fils, Vittorio dit Victor, réalise la même année un thriller en Italie, RAGE, FURIA PRIMITIVA, dont les effets spéciaux sont agencés par son père et son frère. En 1989, les trois hommes sont à nouveau à l'affiche d'un thriller italien, NIGHTMARE BEACH, réalisé par Umberto LENZI, dont le scénario est notamment écrit par Vittorio, tandis qu'on retrouve pour les effets spéciaux de maquillage Alex et Carlo, pour la dernière fois dans un générique. Les deux frères traversent à nouveau à l'occasion l'Atlantique. Alex RAMBALDI retourne aux États-Unis pour poursuivre sa carrière dans les effets spéciaux. Il est chargé de la conception des extraterrestres du téléfilm SHOCK INVADER : NOT OF THIS WORLD (1991) réalisé par Jon HESS. Il décède malheureusement peu après du S.I.DA., drame qui constitue une triste similitude entre Carlo RAMBALDI et son employeur habituel Dino de LAURENTIIS, lequel  a perdu son seul fils dans un accident d'hélicoptère ( voir l'hommage précité consacré au producteur). Vittorio RAMBALDI réalise en 1995 au Canada un film d'action mettant en scène Robert PATRICK (TERMINATOR 2) et Peter WELLER (ROBOCOP 1 et 2, LEVIATHAN, LE FESTIN NU), dont Carlo est le producteur exécutif et pour lequel il imagine des armes originales, avant de revenir en Italie, y réalisant un dessin animé, YO-RHAD, inspiré de E.T. L'EXTRATERRESTRE.


Les RAMBALDI dans les années 1980, une famille dans laquelle l'intérêt pour le cinéma s'est propagé : Carlo avec ses fils Vittorio (à gauche) et Alex, à côté de son père.

Mais les temps ont changé : son producteur habituel, Dino de LAURENTIIS, a réduit son activité après divers aléas et le réalisateur Steven SPIELBERG depuis JURASSIK PARK fait appel à Stan WINSTON qui depuis des années a fini par occuper complètement le même créneau.


Le créateur dessinant un anthropoïde sans doute voisin de celui qu'il avait été initialement engagé pour créer pour KING KONG.

Bien que retiré du cinéma, Carlo RAMBALDI est honoré dans son pays à la manière de Ray HARRYHAUSEN. En 2007, comme on s'en était ici fait l'écho en octobre 2008 («nouvelles récentes du créateur de E.T.»), Carlo RAMBALDI avait repris la tête d'un projet, imaginant et supervisant les effets spéciaux réalisés par Sergio STIVALETTI pour l'opéra DIVINA COMMEDIA basé sur l'œuvre de Dante ALIEGHERI avec une partition d'Ennio MORRICONE, tels que des démons, un personnage à visage double et un griffon.

L'opéra tiré de la DIVINE COMEDIE de DANTE, dernière contribution de Carlo RAMBALDI.


Le griffon, de l'esquisse à la scène.

A l'instar du maquilleur Steve JOHNSON, Carlo RAMBALDI avait un temps déclaré son intérêt pour les images créées par ordinateur, avant de réaffirmer son attachement aux trucages concrets. Steven SPIELBERG l'avait surnommé le "Gepetto de E.T.", allusion au sculpteur du conte de COLLODI dont le pantin Pinocchio s'anime, que le concepteur d'effets spéciaux avait lui-même créé pour la télévision, car il donnait l'apparence de la vie à des constructions animées. Le créateur avait d'ailleurs avoué avoir été ému par sa propre création lors de la projection de E.T. L'EXTRATERRESTRE, nouvelle démonstration que des concepteurs d'effets spéciaux comme Carlo RAMBALDI sont capables de recréer l'apparence de la vie et de lui conférer de l'émotion comme aucune animation infographique ne peut le faire.


Plaquette réalisée pour une manifestation aux Etats-Unis sur l'oeuvre de Carlo RAMBALDI en présence du créateur.

Merci, Monsieur RAMBALDI, pour nous avoir émus et fait rêver..

* anecdote indiquée originellement sur ce site :
l'entretien avec Carlo RAMBALDI réalisé par Alain CARRAZE peut être vu sur ce lien :
vidéo sur l'inauguration d'une exposition avec le créateur :
http://www.youtube.com/watch?v=bCITYVsw8kQ
site italien sur le créateur :


PS : en raison de cette disparition, la célébration de THE THING est repoussée au prochain article.

MISE A JOUR : un site a été officiellement ouvert pour célébrer l’œuvre de Carlo RAMBALDI en 2015 : http://www.fondazioneculturalecarlorambaldi.it/

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Pour les lecteurs qui souhaiteraient en voir davantage sur la création des animatroniques, un grand spécialiste, Rick LAZZARINI, qui a apporté son concours à des films comme ALIENS, MIMIC ou encore DUMBO DROP ( produisant divers modèles d'éléphants extrêmement réalistes ) a mis en ligne deux vidéos qui en détaillent le processus :
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A L'OMBRE DU SOLEIL VERT...



Un nombre considérable d'écrivains de science-fiction anglo-saxons sont fort peu connus dans le domaine francophone, soit qu'ils n'aient jamais été traduits en français comme nombre d'auteurs des pulps – leur texte n'ayant parfois même jamais édités en volume dans leur pays d'origine – ou bien qu'ils n'aient fait l'objet que d'une parution très ponctuelle, guère représentative d'une œuvre volumineuse, comme Jack CHALKER. D'autres enfin ont vu leurs mérites reconnus en France, mais toute leur œuvre est réduite à un seul roman, comme pour Mary SHELLEY (FRANKENSTEIN) ou plus récemment Anthony BURGESS (ORANGE MECANIQUE). C'est aussi le cas pour Harry HARRISON, écrivain américain qui vient de s'éteindre le 15 août 2012 en Angleterre, après avoir notamment résidé au Mexique, puis au Danemark, en Italie et en Irlande. Il avait débuté sa carrière comme illustrateur pour les bandes dessinées périodiques E.C Comics, WEIRD FANTASY et WEIRD SCIENCE, avant de devenir le scénariste attitré des bandes dessinées FLASH GORDON. Il avait débuté une carrière d'écrivain de science-fiction, et a obtenu en France la renommée pour son roman SOLEIL VERT (MAKE ROOM! MAKE ROOM!) écrit en 1966, qui traite des problèmes liés à la densité de la population dans les grandes villes, corrélés à l'épuisement des ressources naturelles, qui a été porté au cinéma par Richard FLEISCHER en 1973 sous le titre SOYLENT GREEN ( en français, le film a été distribué sous le même nom que le livre ), sans que l'écrivain ait le moindre doit de regard sur le traitement synoptique. Quelques autres romans ont néanmoins été traduits en français, comme les premiers volumes du cycle LE MONDE DE LA MORT (DEATHWORLD), une planète sur laquelle les colons régressent et se divisent, confrontés à de forts rayonnements, des séismes, des éruptions, des bêtes féroces, des animaux venimeux et des plantes carnivores redoutables.

Ce monstre à voilure dorsale n'est pas un reptile survivant de l'époque du Permien, mais un des nombreux dangers qui attendent les voyageurs de l'espace sur LE MONDE DE LA MORT.

On ne doit pas s'attendre à ce que sur LE MONDE DE LA MORT, la vie végétale soit plus accueillante.

Dans L'UNIVERS CAPTIF (CAPTIVE UNIVERSE) de 1969, on retrouve des luttes claniques opposant des Aztèques transférés sur un astéroïde transformé de manière à ce que leurs descendants colonisent la galaxie du Centaure. LE PROBLEME DE TURING (THE TURING OPTION) écrit avec le scientifique Marvin MINSKY) traite de l'intelligence artificielle à travers une enquête policière. Beaucoup des romans d'Harry HARRISON abordent la science-fiction sous la forme d'aventures humoristiques, comme celles des romans de la série LE RAT EN ACIER INOX (THE STAINLESS STEEL RAT) mettant en scène Ratinox, un escroc interstellaire, satire d'ETOILES GARDE A VOUS (STARSHIP TROOPERS) de Robert HEINLEIN, BILL THE GALACTIC HERO (1965), qui se moque de l'armée, en substituant aux combattants vietnamiens des petites créatures reptiliennes, vision basée sur sa propre expérience militaire, ou encore celui non traduit STAR SMASHERS OF THE GALAXY RANGERS, parodiant les space-opéras d'E.E. SMITH.


Créatures de STAR SMASHERS OF THE GALAXY RANGERS représentées par Don MAITZ pour la couverture d'une des éditions du roman (d'autres couvertures pour l'auteur sur ce lien : http://ofearna.us/art/maitz.html), et par Wayne BARLOWE (en-dessous).


Sa trilogie de l'Eden, débutée en 1984 par WEST OF EDEN, dépeint la terre d'un univers dans laquelle les humains affrontent une civilisation de lézards intelligents descendant de mosasaures ( des reptiles marins du Crétacé issus de varans ), les Yilane, dont il imagine le langage, dans un monde toujours habité par les dinosaures. Dans ce scénario, les humains se sont développés en Amérique, tandis que les dinosaures règnent toujours sur l'Europe et l'Afrique; le paléontologue Conway MORRIS connu notamment pour ses travaux sur la faune cambrienne de Burgess, a récemment exposé une théorie similaire, en disant que si le cataclysme de la fin du Crétacé ne s'était pas produit, les Dinosaures auraient fini par être cantonnés aux régions tropicales par le refroidissement du globe terrestre, et les humains, apparus dans les régions septentrionales, auraient fini par se répandre et les exterminer avec leurs armes, comme on le voit dans des bandes dessinées comme LES AVENTURES DE RAHAN dans lesquelles les tribus de Cro-Magnon combattent les derniers reptiles géants antédiluviens.

Un Yilane.

Tous les reptiles marins ne sont pas retournés sur la terre ferme, comme ce gigantesque Ichtyosaure qui sert de monture au peuple Yilane sur la couverture du second tome, THE WINTER OF EDEN, qui introduit dans la trilogie l'humour coutumier de l'auteur.

Le roman PLAGUE OF SPACE (1965), reparu en 1982 dans une version rallongée sous le titre de JUPITER PLAGUE, traite d'une épidémie d'origine extraterrestre, propagée dans le but d'éradiquer l'humanité.

Harry HARRISON, ami de l'auteur anglais Brian ADLISS, a aussi dirigé sept revues de science-fiction et constitué des anthologies; malgré des convictions le portant plutôt à gauche, ce partisan de l'espéranto était un grand ami de John CAMPBELL, écrivain et directeur de magazines de science-fiction célèbre, plutôt connu pour ses idées conservatrices. Il acheva ses mémoires quelques jours avant sa disparition. Le jour précédant son décès, il estima que le médecin qui annonçait qu'il était mourant était « un pessimiste »; malheureusement, les pessimistes finissent souvent par avoir raison. L'écrivain n'avait cependant pas d'illusion sur son devenir, professant un athéisme résolu.
Site présentant le cycle de l'Eden : http://www.iol.ie/~carrollm/hh/n25-1.htm



Un auteur de science-fiction français, Roland C.WAGNER, a péri dans un accident de voiture le 5 août 2012, à l'approche de son cinquante-deuxième anniversaire. Il avait entamé sa carrière au début des années 1980, produisant plus de 50 romans, notamment pour la collection "Anticipation", et 100 nouvelles, l'une d'elle récompensée en 1983 par le Prix Rosny Aîné. Sa production met notamment en valeur son intérêt pour les pouvoirs psychiques. Il avait aussi écrit une uchronie primée, REVES DE GLOIRE, dans laquelle l'attentat contre le Général de GAULLE atteint sa cible, de telle sorte que l'Algérie demeure française, imaginant qu'à l'instar du Tanger du FESTIN NU (NAKED LUNCH) de William BURROUGHS, la casbah d'Alger devenait le lieu privilégié des hippies et des contestataires. On trouvera ci-joint des liens récapitulant sa carrière et analysant son œuvre.
biographie :
thématique :

Silhouette inquiétante d'un "serpent d'angoisse"sur la couverture de L’ODYSSÉE DE L’ESPÈCE, un épisode de la série LES FUTURS MYSTERES DE PARIS, sur fond d'affrontements dans un monde créé par l'inconscient collectif, à l'instar du fameux roman PLUS NOIR QUE VOUS PENSEZ (DARKER THAN YOU THINK) de Jack WILLIAMSON.

Un cowboy confronté à la démesure lovecraftienne, couverture dessinée par Philippe CAZA pour CELUI QUI BAVE ET QUI GLOUGLOUTE, une joyeuse pochade décrivant la pagaille qui s'empare du far west à partir de l'arrivée d'un groupe de Martiens à quatre bras.

Couverture dessinée par Philippe CAZA pour LE TEMPS DU VOYAGE (document figurant sur le site de l'artiste : http://www.noosfere.org/caza/accueil.html)

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Simon WARD, un regard impénétrable et quelque peu inquiétant.

L'acteur Simon WARD est décédé le 20 juillet 2012 à l'âge de 70 ans d'une longue maladie. Cet acteur fils d'un vendeur de voiture était notamment connu pour avoir incarné en 1972 l'ancien premier ministre Winston CHURCHILL jeune dans LES GRIFFES DU LION (YOUNG WINSTON) de Richard ATTENBOROUGH, et, de 2007 à 2010 l'évêque de Winchester dans le feuilleton historique LES TUDORS (THE TUDORS) créée par Michael HIRST. Il avait tourné dans plusieurs films mettant en scène des êtres fantastiques. En 1969, il est forcé par le pervers Docteur Frankenstein interprété par Peter CUSHING de l'assister dans ses révoltantes expériences dans LE RETOUR DE FRANKENSTEIN (FRANKENSTEIN MUST BE DESTROYED). Il est aussi apparu dans le téléfilm de 1974 DRACULA ET SES FEMMES VAMPIRES (BRAM STOKER'S DRACULA) de Dan CURTIS, dans lequel Jack PALANCE incrane le célèbre Comte. Dans la coproduction italo-britannique mystico-écologique HOLOCAUST 2OOO que réalise en 1977 Alberto de MARTINO, il incarne le fils de l'industriel joué par Kirk DOUGLAS, qui s'avère être, comme en témoigne son curieux encéphalogramme, une créature non humaine, émanation du Malin qui veut utiliser la centrale nucléaire installée au Proche-Orient, assimilée à la Bête à sept têtes de l'Apocalypse, pour précipiter le chaos. Il apparaissait aussi fugitivement dans le premier sketch du film MONSTER CLUB (1980) de Roy Ward BAKER où il jouait un jeune criminel rencontrant une victime moins inoffensive que prévu, capable de détruire avec son seul cri, et fut aussi l'espace de quelques instants le père de l'héroïne éponyme de SUPERGIRL de Jeannot ZWARC (1984).

Autre disparition liée au cinéma, celle du producteur et réalisateur de films d'action Tony SCOTT. Il avait réalisé un film de vampires en 1983, LES PREDATEURS (THE HUNGER), qui donnait l'occasion au maquilleur Dick SMITH de réaliser d'étonnants effets de maquillage pour représenter le vieillissement accéléré, et avait récemment produit PROMETHEUS réalisé par son frère Ridley SCOTT qui était le sujet de l'article précédent. Ce père de famille, qui avait encore bien des projets, comme la réalisation d'un film de science-fiction intitulé ION, ainsi que de la suite de TOP GUN, et qui devait produire la suite de PROMETHEUS, a mis fin à ses jours à l'âge de 68 ans en se jetant du haut d'un pont en Californie, après avoir laissé à ses proches une lettre qui ne livre pas d'explication à sa décision.


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En mémoire de l'engagement de Stan WINSTON

En annexe de l'article précédent, on avait évoqué la plus célèbre victime d'une série d’agressions d'une grande sauvagerie à tendances cannibales ayant eu lieu ces derniers mois aux Etats-Unis, dans l'Etat de Miami, sous l'emprise de marijuana en l’occurrence, de drogues de synthèse dans d'autres cas, évoquant les attaques de morts vivants du cinéma. On apprend malheureusement que l' oeil restant de Ronald POPPO, touché par une infection, n'a pas pu être sauvé. Condamné à être aveugle, le sans-abri a au moins suite à la tragédie retrouvé sa soeur qui le croyait mort et veille désormais sur lui.

Parmi les tristes faits divers qui émaillent l'actualité, une autre tragédie qui vient d'être portée à notre connaissance cet été a révélé une autre personnalité exceptionnelle. On fait souvent grief à ceux qui se passionnent pour l'imaginaire d'y trouver un échappatoire facile, et les médias n'hésitent jamais à mettre en relation des auteurs de faits sordides avec l'intérêt que ceux-ci pouvaient éprouver pour les nouvelles d'épouvante d'H.P. LOVECRAFT... Mais si nous sommes nombreux ici à nous passionner pour l'imaginaire, c'est peut-être justement parce que, loin de l'indifférence qu'on veut nous attribuer, nous n'avons que trop conscience de la cruauté du monde dans lequel nous vivons. 

Bien loin de l’imaginaire qui nous occupe, un procès qui vient de s'achever a révélé l'inconcevable calvaire qui a été infligé durant 6 années à une adorable petite fille française née parfaitement normale, vive et intelligente, la petite Marina SABATIER, affamée, estropiée, torturée et défigurée par les coups au point de lui donner l'apparence d'une enfant trisomique, jusqu'à ce que ses géniteurs finissent par lui retirer la vie à l'âge de huit ans à l'issue d'une dernière journée d'une invraisemblable cruauté. La noirceur absolue de cette tragédie a été rendue possible par l'extraordinaire amour de cette enfant protégeant malgré tous ses tourmenteurs, ainsi que par l'inertie de l'administration, en dépit de la marche claudiquante de la petite, des traces d'un nombre inhabituel de blessures graves, et de son visage régulièrement tuméfié, constatations qui avaient valu hospitalisation et signalements. Cette histoire aurait bouleversé le grand créateur de monstres Stan WINSTON auquel on a consacré les premiers articles de ce blog, celui-ci s'étant engagé en faveur des enfants battus. Deux enfants meurent en France chaque jour de mauvais traitements. L'honneur de la civilisation, c'est de protéger les plus vulnérables. Ceux qui ne veulent pas qu'une aussi terrible indifférence se reproduise peuvent signer la pétition pour une meilleure protection des enfants martyrs en France, afin qu'on ne laisse plus jamais commettre un crime aussi effroyable, en mémoire de Marina, et au nom de Stan WINSTON (une marche blanche est aussi prévue à Paris le 18 novembre 2012) :
http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2012N26257


La petite Marina SABATIER avant qu'elle ne soit rendue méconnaissable, un visage d'ange aux yeux émerveillés qui cache déjà bien des terribles secrets, finalement retrouvée enfermée dans un contenaire recouvert de béton, après quelques semaines dans le congélateur, lorsque la fable de l'enlèvement a finalement été percée à jour. Pour elle, les supplices n'ont rien eu du piment proposé aux spectateurs voyeurs des mauvais films d'horreur à la mode. Un cas hélas pas si isolé, appelé à se répéter faute d'une vraie prise de conscience qui devrait concerner tout un chacun.


Des solutions peuvent et doivent en effet être adoptées, telles que des messages de prévention dans les écoles et à la télévision pour que les enfants réalisent que les violences répétées et gratuites n'ont rien à voir avec une punition pour une bêtise, une formation pour les assistantes sociales les préparant à déjouer les stratagèmes de dissimulation des violences élaborés par les parents criminels, un fichier national recensant les signalements de suspicion des cas graves de maltraitance de manière à ne pas perdre la trace des familles au fil des déménagements, la fin de l'annonce préalable de la visite au domicile des bourreaux d'enfants sur lesquels pèsent de lourds soupçons, seuls criminels potentiels avertis d'un prochain contrôle suffisamment à temps pour leur permettre de recourir à des diversions, l'audition des enfants hors de la présence des parents pour qu'ils libèrent leur parole, ou encore le principe de précaution appliqué à l'enfant, privilégiant la garde de l'enfant au parent, ou au membre de la famille, sur lequel ne pèsent pas de sérieux soupçons de violence ou d'alcoolisme problématique.

C'est aux citoyens de manifester l'importance qu'ils témoignent à cette question auprès des pouvoirs publics afin de les pousser à agir, faute de quoi nous participerions par notre silence à l'indifférence qui protège les bourreaux de ces victimes innocentes. Maintenant, "nous ne pourrons plus dire que nous ne savions pas"...



jeudi 19 juillet 2012

SI PROMETHEUS PROMETTAIT...



Dans l'article «Retour annoncé de deux grands monstres» de septembre 2009*, on évoquait la production de «préquelles» - ces films qui explorent les évènements antérieurs à ceux relatés dans les œuvres distribuées précédemment - relatives à THE THING (classique dont on va parler incessamment) et ALIEN, qui était sorti en salle trente ans plus tôt.

Après la «préquelle» de THE THING, bien décevante puisque les producteurs ont contraint le réalisateur à remplacer les effets spéciaux prévus par des trucages numériques, ce qui portait atteinte à la crédibilité d'un monstre très organique, c'est PROMETHEUS qui a récemment investi les écrans, à grand renfort de publicité.

Comme prévu, le synopsis de la préquelle d'ALIEN, à la différence de celle de THE THING, s'écarte notablement de son modèle, le réalisateur de PROMETHEUS, Ridley SCOTT, n'ayant probablement pas souhaité pasticher ouvertement le film qu'il avait réalisé en 1979 (une courte reprise de la partition originale est par contre brièvement entendue lors de l'apparition de l'hologramme de Peter Weyland, le milliardaire prétendument décédé ayant financé l'expédition, ce qui permet à tous ceux qui n'ont jamais eu la chance de voir ALIEN sur grand écran d'apprécier à quel point le thème composé par Jerry GOLDSMITH pour celui-ci est impressionnant). Le moins que l'on puisse dire est que les avis sont partagés: le film est un incontestable succès commercial mais nombre de spectateurs sont déçus et certains le trouvent complètement raté. Sur le plan technique, le film comporte un peu moins d'effets spéciaux engendrés par ordinateur, mais cela demeure toujours un peu trop pour les puristes au rang desquels nous sommes un certain nombre à nous compter ici. A la surface tourmentée de la planète construite sous la direction de l'artiste GIGER lui-même et aux maquettes de vaisseaux très réalistes assemblées par Nick ALDER se substitue des animations infographiques conçues par la compagnie néo-zélandaise Weta, mais aussi soignées que celles-ci soient, cela ne remplace pas des matériaux concrets et des surfaces réelles. Des créatures ont été construites; contrairement à la préquelle de THE THING, elles furent utilisées, mais retouchées par ordinateur pour leur animation, il en subsiste une impression mitigée, sauf pour la créature vermiforme animée par un câble invisible, qui nous rappelle l'époque à laquelle des formes de vie paraissant en tous points organiques nous fascinaient dans les salles de cinéma. Il aurait mieux valu que Ridley SCOTT se contente de mettre en valeur les créatures construites que de recourir à ce mélange des genres qui est devenu trop fréquent.

Le réalisateur évite donc autant que possible de coller à l'intrigue d' ALIEN, s'intéressant aux mystérieux humanoïdes géants dont un représentant fossilisé était aperçu dans l'épave extraterrestre du film initial, plutôt qu'au monstre qui avait décimé l'équipage du Nostromo. Ayant découvert sur des fresques du monde entier la représentation d'une figure géométrique pouvant évoquer une constellation, un couple d'archéologue est persuadé que la Terre a été jadis visitée par des extraterrestres, désignés sous le terme d' "Ingénieurs", et participent à une mission d'exploration interstellaire pour aller à leur rencontre. L'expédition tourne à la tragédie avec l'infestation de l'équipage par des organismes destructeurs.

Le dernier des « Ingénieurs » encore en vie, revêtu de son costume biomécanique dans son habitacle cryogénique.

Ridley SCOTT redonne vie à deux thèmes sous-jacents d'ALIEN auxquels il était attaché; d'une part, l'idée que la créature meurtrière rencontrée par les astronautes n'est pas une forme de vie indigène rencontrée fortuitement par des mineurs interstellaires, comme pourrait le laisser entendre la novelization du scénario parue sous la plume d'Alan Dean FOSTER, mais une arme biologique conçue par les ingénieurs, qui se retourne contre ses créateurs - comme cela avait été envisagé pour THE THING, et comme c'est également le cas avec les Shoggoths incontrôlables des MONTAGNES HALLUCINEES du roman d'H.P. LOVECRAFT, que Guillermo del TORRO devait porter au cinéma, et la proximité du thème avec PROMETHEUS aurait achevé de décourager ce dernier de donner vie à ce projet. D'autre part, la nature toujours changeante du monstre tel que se le représentait Ridley SCOTT- que James CAMERON avait pour sa part quelque peu fixée dans ALIEN, en prenant pour modèle le cycle des insectes sociaux - est ici explicite, différentes manifestations monstrueuses engendrées par la substance noire mutagène parsemant le film, des créatures vermiformes à l'énorme monstre tentaculaire, en passant par les humain transformés en zombies et un humanoïde "pré-alien".

On retrouve aussi des thématiques communes aux deux films de science-fiction réalisés précédemment par Ridley SCOTT : le personnage de la femme forte ( qui se retrouve dans un nombre important de ses œuvres ), celui de l'androïde trahissant ses compagnons à l'instar d' Ash dans ALIEN, le conflit d'autorité entre le capitaine se trouvant à l'extérieur du vaisseau, et le second interdisant au nom du respect de la quarantaine le retour d'un membre d'équipage contaminé par une forme de vie extraterrestre, le désir de lutter contre la vieillesse et la mort exprimé par le commanditaire de l'expédition, Weyland, rappelant la quête de Batty dans BLADE RUNNER espérant remettre en cause la courte durée de vie allouée aux androïdes et le vieillissement accéléré d'un de leurs concepteurs J.F Sebastien, ou encore le désir de rencontrer ses créateurs et la désillusion qui en émane lorsqu'il s'avère que ceux-ci ont donné vie à leurs créatures simplement parce qu'ils en étaient capables, comme il est dit à propos des Ingénieurs extraterrestres de PROMETHEUS ( LOVECRAFT postulant que l'homme fut créé par plaisanterie ou erreur - "by joke or by mistake"), ceci faisant écho au mercantilisme dépourvu d'éthique et empreint de cynisme de la Tyrrell Corporation créatrice des androïdes "plus humains que l'humain" de BLADE RUNNER. Ridley SCOTT tire aussi parti des similitudes entre notre espèce et celle des Ingénieurs pour étayer sa vision pessimiste, en nous laissant à penser que, au cas où nous rencontrions un jour dans l'univers une autre civilisation, et même des êtres qui, à la manière du Dieu de l'Ancien testament, nous auraient créés à leur image, ce n'est pas pour autant que nous nous sentirions moins seuls.

D'un point de vue beaucoup plus anecdotique, on retrouve aussi dans PROMETHEUS la signature du metteur en scène sous la forme d'un petit gadget comique décoratif dénotant avec l'univers technologique plus glacial typique de la science-fiction, en l'occurrence le petit modèle enfantin de robot lumineux placé sur la table de billard à côté duquel l'androïde David dépose le verre avec lequel il va délibérément contaminer Holloway ( Logan MARSHALL-GREEN ), mari d'Elizabeth Shaw, qui rappelle les petits canards au mouvement perpétuel disposé sur la table servant au repas dans le vaisseau spatial d'ALIEN, ainsi que les petits automates et le récipient dans lequel tournoient des oranges dans un tourbillon de bulles vus dans l'appartement de J.F. Sebastian, le premier assistant du créateur d'androïdes de la Tyrrell Corporation de BLADE RUNNER.

Ridley SCOTT a par contre pris un peu de distance avec un féminisme parfois militant, notamment dans certains de ses films ne relevant pas du genre fantastique; dans PROMETHEUS, il esquisse un dualisme entre le personnage d'Elizabeth Shaw (Noomi RAPACE), femme forte et déterminée comme le réalisateur les affectionne - Ripley jouée par Sigourney WEAVER dans ALIEN l'ayant attesté dès le début de sa carrière, mais paraissant avant tout passionnée, humaine, et la responsable de la Compagnie, Vickers ( Charlize THERON ), la fille de Peter Weyland, paroxysme poussé à l'extrême de la blonde hitchcockienne glaciale, dénuée de scrupules et assez superficielle ( il faut dire que sa personnalité a pu être marquée par le fait que son géniteur semble lui préférer comme héritier putatif l'androïde de la compagnie, David, joué par Michael FASSBENDER ).

Illustration de production pour le ver géant et son apparition dans le film, avant qu'il ne déploie ses expansions à la manière du cobra. Cela faisait longtemps qu'une créature non humanoïde n'était pas apparue sur grand écran autrement que sous une forme générée par ordinateur. Le réalisateur Ridley SCOTT l'a animée lui-même, et le câble a ensuite été effacé en post-production. Lorsque la séquence dans laquelle la forme de vie inconnue ressort de la bouche de la victime, Milburn, à l'arrivée de l'équipe venu secourir leurs collègues, a été tournée, les acteurs n'étaient pas prévenus quant à ce qui allait survenir, et l'actrice Kate DIKIE a été réellement terrorisée, à la manière de Veronica CARTWRIGHT dans ALIEN au moment de la sortie de l'embryon parasite du corps de Kane, Ridley SCOTT ayant déjà procédé de même à l'époque.

Ridley SCOTT n'a pas voulu tenter le pari d'intéresser le public aux étranges humanoïdes tels qu'ALIEN semblait les présenter, supputant que les spectateurs préféreraient s'identifier à des extraterrestres à l'aspect essentiellement humain, et décidant donc que l'exosquelette du cadavre vu dans le premier film n'était que la combinaison spatiale des voyageurs du cosmos, celle-ci, sans le casque, pourrait presque représenter une variante des costumes des Fremen dans le film DUNE. Le film perd ainsi quelque peu en altérité avec la découverte de la statue à l'effigie humaine, le gigantesque visage présent sur l'affiche du film évoquant moins une civilisation extraterrestre que le portrait de l'acteur Tom CRUISE - qui devait d'ailleurs jouer dans l'adaptation du classique littéraire d'H.P. LOVECRAFT, LES MONTAGNES HALLUCINÉES ( AT THE MOUNTAINS OF MADNESS ), victime de la concurrence de PROMETHEUS... De fait la forme éléphantesque de la tête du Navigateur d'ALIEN ( le "space jockey") s'avère n'être qu'un casque et la trompe un tube respiratoire de l'équipement. Mais alors pourrait-on se dire, à quoi correspondent les deux cavités qui ressemblent à des orbites et dont l'emplacement ne recouvre nullement celui des yeux des Ingénieurs? Faudrait-il en conclure qu'il s'agit d'une simple exubérance esthétique, ce point aussi reste sans réponse. On ne saura pas davantage pourquoi la forme du vaisseau dissimulé sur la planète inconnue, similaire à celui conçu par GIGER pour ALIEN, s'écarte à ce point de celle de la soucoupe volante des Ingénieurs montrée dans le prologue, comme si elles avaient été agencées par deux civilisation à la technologie différant radicalement.

Le réalisateur ne lève par contre pas, en s'écartant du film original, un mystère d'ALIEN, relatif à la manière dont une créature au corps chitineux identique à celle qui saute au visage de Kane ( John HURT ) lorsque celui-ci s'approche trop près d'une structure organique en forme d'oeuf géant, a pu faire subir le même sort au pilote extraterrestre dont le cadavre est découvert figé sur le poste de pilotage, alors que la tête de l'humanoïde est beaucoup plus grande que celle de l'homme, le peintre suisse GIGER l'ayant inventé de manière à ce qu'elle corresponde parfaitement à la morphologie de sa victime humaine. Ridley SCOTT évite ainsi la difficulté qui avait été soulignée dans la petite illustration humoristique proposée dans l'article sur la préquelle en septembre 2009*.

Le scénario est probablement l'élément le plus déconcertant de PROMETHEUS, tant il comporte de points obscurs. Dès le prologue, mettant en valeur un beau maquillage de l'humanoïde extraterrestre agencé par Connor O' SULLIVAN, bientôt gâché par sa substitution par un corps virtuel lors de sa mort, l'incohérence apparaît. Un des "Ingénieurs" se dévêt puis absorbe un breuvage qui altère sa structure génétique, avant de se jeter dans le vide, ce qui laisse entendre que par ce sacrifice, il va disséminer des acides aminés qui vont créer ou modifier la vie préexistante. La scène a tout d'un rite, mais son fondement scientifique paraît absurde: si ces êtres voyageant dans l'espace sont des experts de la génétique, le procédé pour transformer un monde paraît bien primitif et aléatoire, même si celui-ci semble devoir être interprété comme un acte mystique et sacrificiel, comme le laissent entendre les costumes de pénitents de ses compagnons dans des plans coupés ainsi que les déclarations de Ridley SCOTT.

Il n'est pas davantage expliqué comment l'espèce humaine est apparue, alors que les analyses génétiques révèlent que le patrimoine génétique de l'être humain et des Ingénieurs sont tellement similaires - là encore, il eût été plus logique de cloner directement des Ingénieurs ou même que ceux-ci colonisent eux-mêmes la Terre plutôt que cette manipulation hasardeuse qui correspond bien peu aux données de la science.

La compréhension du langage extraterrestre, comme dans nombre d'autres œuvres de science-fiction, paraît peu explicable puisqu' aucun code ne permet de le décrypter, ce qui n'empêche pas l'androïde de l'expédition d'en maîtriser rapidement les arcanes, au point de pouvoir s'adresser à un Ingénieur dans sa langue, attention qui n'est guère payée de retour... La brutalité meurtrière de l'Ingénieur est d'ailleurs aussi soudaine qu'inexpliquée; un dialogue coupé faisait comprendre que Weyland, tout à sa fascination pour la technologie, tenait à l'humanoïde extraterrestre des propos que celui-ci prenait pour de la condescendance à l'égard de sa civilisation qui était à l'origine de la création de l'humanité.

Gros plan sur la créature vermiforme sculptée par le maquilleur Waldo MASON, qui s'est aussi chargé du faux corps de l'actrice Noomi RAPACE pour la séquence dans laquelle elle extirpe de son corps une progéniture non humaine.

Concernant les motivations des Ingénieurs, il n'est pas indiqué pourquoi cette civilisation semble vouloir détruire l'homme après l'avoir créé, comme s'interroge l'héroïne, mais cela pourrait faire l'objet de la suite envisagée, qui pourrait s'intituler PARADISE, et nous en révéler davantage sur l'inquiétante civilisation des Ingénieurs. Ridley SCOTT a un temps envisagé que les Ingénieurs aient envoyé sur Terre l'un des leurs, Jésus Christ, et qu'ils veuillent punir sa crucifixion, mais le réalisateur a finalement reculé devant le risque de heurter la sensibilité des croyants les plus rigoureux aux États-Unis ( à ma connaissance, cependant, Jésus n'était pas glabre, et ne mesurait pas 2 m 50 de haut, mais pour ces experts de la génétique, la difficulté n'est pas insurmontable..).

La raison pour laquelle l'androïde David contamine un de ses coéquipiers avec une boisson infectée par un germe extraterrestre, à l'instar du whisky rendu mutagène par les chercheurs soviétiques dans LEVIATHAN, n'est pas totalement explicitée ( dans ALIEN, la trahison de l'androïde Ash s'explique par sa programmation lui commandant de ramener vivante la forme de vie inconnue probablement à des fins de recherche génétique, si nécessaire au détriment de l'équipage humain : "toute autre considération est secondaire. L'équipage peut être sacrifié."). Dans PROMETHEUS, rien n'est précisé, même si il est dit que Weyland, le commanditaire et financeur de l'expédition, a en lui toute confiance et qu'il lui suggère de se pencher sur les effets que la gelée noire pourrait avoir sur un organisme humain, pas plus qu'on ne sait en quelle mesure ses motivations sont liées à sa fascination pour le personnage historique Lawrence d'Arabie - et plus particulièrement pour son incarnation cinématographique par Peter O'TOOLE dans le film de David LEAN. Le spectateur en est réduit à des spéculations. Une scène coupée éclaircissait quelque peu l'énigme en montrant Vickers, la fille de Weyland, ordonnant à l'androïde de conduire des expérimentations sur le germe extraterrestre.

Une image-clé de PROMETHEUS : le personnage principal, Elizabeth Shaw (l'actrice suédoise Noomi RAPACE) en compagnie de l'androïde David (interprété par Michael FASSBENDER avec une froideur maniérée ), au milieu des réceptacles contenant la gelée noire mutagène, au cœur de la base extraterrestre; à l'arrière-fond, la statue représentant une tête géante scarifiée.

On pourrait aussi évoquer la psychologie un peu déconcertante des deux hommes égarés condamnés à passer une nuit dans le tumulus extraterrestre. Initialement si empressés de revenir au vaisseau tant l'angoisse les tenaillait alors que leur équipe investit les corridors extraterrestres, ils s'avancent sans aucune crainte devant la forme de vie inconnue qui se dresse devant eux. On peut certes supputer que la créature, dépourvue de toute défense apparente, puisse être perçue comme plus curieuse que menaçante, et que les nerfs éprouvés des deux astronautes se détendent pour laisser place à l'étonnement, mais la psychologie de Kane ( John HURT ) dans ALIEN, premier à s'éveiller de l'hibernation, aiguillé par la curiosité qui le conduit à descendre dans les tréfonds de l'épave du vaisseau et à entrer en contact avec un organisme qui s'avère mortel - l'œuf qui contient le face hugger, premier stade de l'"Alien" ) paraît plus cohérente; on ne sera pas trop sévère sur ce point toutefois, les individus n'étant pas toujours aussi rationnels que les auteurs de science-fiction guidés par la logique tentent de se les représenter.
Elizabeth Shaw était censée être stérile, cependant la gelée noire a engendré en son sein un embryon, qui ne représente pas réellement pour elle un « heureux évènement »; une nouvelle courte séquence avec des effets spéciaux traditionnels, les seuls susceptibles d'évoquer de manière crédible une forme de vie organique.

Il est par ailleurs possible de s'étonner qu'Elizabeth Shaw (Noomi RAPACE) parvienne à mettre hors de combat trois membres d'équipage qui tentaient de la neutraliser, au point qu'aucun ne s'élance à sa poursuite, et qu'elle soit ainsi ensuite, sans aucun passe ni code, en mesure de pénétrer dans l'appartement privé de la responsable de la Compagnie, Vickers ( Charlize THERON ), et d'utiliser son système médical sophistiqué, pour subir une césarienne afin de se faire retirer du corps l'embryon étranger que lui a malgré lui implanté son conjoint contaminé, alors que cette dernière interdisait son utilisation. Il faut aussi admettre que la créature, subissant le processus de décontamination biologique, non seulement n'est pas éliminée au terme du processus mais au contraire survit en devenant énorme, au point que Shaw la libère pour tenter d'échapper à l'Ingénieur qui tentait de la tuer. L'ingénieur lui-même a survécu sans encombres à la destruction de son vaisseau, ce qui, là encore, semble pourtant assez peu probable, en dépit de son revêtement biomécanique, et, malgré l'absence de l'atmosphère respirable pour les humains qui est maintenue au sein de la base extraterrestre, parvient à se déplacer sans son casque sans mal à l'air libre.

Apparemment, la créature née d'Elizabeth Shaw ne craint pas l'asepsie, puisqu'elle reparaît en pleine forme, pourvue d'une taille plus qu'impressionnante : dessins conceptuels, inspirés notamment pas la vision d'une pieuvre dans un bocal d'alcool.

L'illustrateur Neville PAGE, qui a été un des premiers artistes engagés sur PROMETHEUS, n'est pas parvenu à convaincre Ridley SCOTT de renoncer à la construction de toute créature concrète : sculpture de la créature issue de Shaw par l'équipe de Neil SCANLAN, qui a fondé son propre studio en 1996 après avoir travaillé avec Lyle CONWAY et avoir été un des fondateurs de la compagnie Creature Shop pour Jim HENSON où il est resté huit ans ( voir article sur Jim HENSON de mai 2010, "Le maître des marionnettes" ).

Gros plan sur le dessous du monstre recevant ses dernières retouches; dans le film, il est malheureusement retouché partiellement par les infographistes, perdant ainsi quelque peu de son réalisme.

La résurrection momentanée de la tête du pilote évoque la nouvelle d'Alfred Elton VAN VOGT, LE MONSTRE, dans laquelle des extraterrestres redonnent temporairement vie à des humains momifiés, de manière à reconstituer les différentes phases de l'histoire de notre espèce désormais éteinte avant de les renvoyer dans le néant une fois leur récit achevé. Dans PROMETHEUS, il ne s'agit pas de restituer la vie, mais seulement son apparence, de faire mouvoir les muscles pour comprendre leur fonctionnement en réactivant quelques instants le système nerveux. On pourra s'étonner que, même avec un influx électrique, des muscles desséchés puissent de nouveau s'agiter, et se demander aussi si la simple transmission de l'influx nerveux pourrait suffire à permettre la prolifération immédiate du germe extraterrestre qui l'a contaminé, alors que la physiologie n'est pas pleinement restaurée. La scène est impressionnante, mais pourrait là encore laisser penser que l'idée visuelle l'emporte sur la vraisemblance.

Fifield, contaminé par la gelée noire devait initier se muer en une sorte de lointaine ébauche de l'Alien, comme en témoignent cette illustration et cette maquette; la version finale le change finalement en une sorte de mort-vivant. C'est finalement de l'organisme éventré de l'Ingénieur attaqué par la créature tentaculaire issue du corps d"Elizabeth Shaw que sortira après un temps d'incubation la créature humanoïde d"allure inquiétante qui préfigure l'Alien du film sorti en 1979 - voir illustration à la fin de l'article.

On l'a évoqué plus haut, la biologie des créatures de PROMETHEUS est un peu confuse. Le cycle dépeint dans ALIEN et ses suites, avec le face hugger qui saute au visage et le chest buster se développant dans l'estomac, est abandonné, pour remonter aux origines de cette arme biologique. Il semble avéré qu'à l'origine des différentes manifestations se trouve la gelée noire mutagène agencée par les Ingénieurs. Une sorte d'asticot fugitivement entr'aperçu sur le sol de la base extraterrestre ( ce qui rappelle une scène de LA GALAXIE DE LA TERREUR, qui contient d'ailleurs aussi une pyramide extraterrestre**, peut-être inspirée par le script initial d'ALIEN* ) pourrait peut-être être à l'origine des créatures vermiformes après avoir été contaminé par la gelée noire - c'est une supposition du spectateur, aucune étape intermédiaire n'étant montrée à l'écran;  on apprendra finalement qu'une scène coupée montrait Milburn capturant un petit être anguilliforme (photo ci-dessous), ce qui pouvait à la fois indiquer l'origine des créatures avant que la gelée noire n'en fasse des formes dangereuses, et expliciter l'intérêt du biologiste pour les autres formes de vie, ce qui rendait plus intelligible son comportement apparemment incohérent évoqué plus haut. 


Un échantillon biologique à manipuler avec précaution.

On ne sait pas réellement pourquoi, lorsqu'un homme est attaqué par un de ces vers, celui-ci meurt alors qu'une créature vermiforme miniature - simple analogie de forme? - issue directement de la gelée, se développant dans l'œil d'Holloway, compagnon d'Elizabeth Shaw, ne grandit pas mais répand la gelée noire dans l'organisme de l'infortuné trahi par l'androïde, et commence à le changer en un genre de zombie, à l'instar d'un explorateur infecté directement par le liquide dans l'antre des Ingénieurs, Fifield. On pourrait ajouter qu'on ne nous instruira pas davantage sur le processus transformant le germe implanté dans Elizabeth Shaw - en principe stérile - en embryon, puis en monstre tentaculaire - surnommé "trilobite" par la production en référence à de célèbres organismes fossiles - empruntant au mollusque et marginalement à l'arthropode ( les courts appendices de la face ventrale disposés régulièrement comme sur une créature au corps segmenté ).

Modèle conceptuel pour la créature fœtale, bizarrement pourvue d'un cordon ombilical, qui s'extirpe du corps de l'Ingénieur dans l'épilogue; son crâne effilé, aux allure de coiffe de lutin, plutôt que celui plus oblong de l'extraterrestre tel qu'il apparaissait initialement dans ALIEN, rappelle celui d'un concept proposé pour un soldat alien par l'artiste Constantine SEKERIS pour le film ALIENS VERSUS PREDATORS ( illustration trouvée sur le blog http://alienexplorations.blogspot.fr ).

On pourrait admettre au nom de la licence artistique quelques libertés avec la rigueur biologique quand aux évolutions des créatures - peut-être répondent-elles à un programme précis conçu par l'ingénierie génétique - et d'ailleurs le film MUTANT (FORBIDDEN WORLD)** montre semblablement un embryon humain combiné à une bactérie extraterrestre se muer en un monstre tenant partiellement de l'arthropode avec ses pattes articulées, mais les points évoqués précédemment, parmi d'autres, donnent l'impression à la manière du DRACULA de Francis Ford COPPOLA, d'un film associant différentes idées, explorant différents thèmes, mais juxtaposés sans la cohérence qui a permis à Ridley SCOTT de marquer la science-fiction avec ses deux classiques précédents. A la manière des écrits de VAN DANIKEN sur les "Anciens astronautes" dont il s'inspire, PROMETHEUS brasse élément mythiques et science-fictionnels sans convaincre réellement, laissant une impression mitigée en dépit de certains points positifs faisant fugitivement passer un souffle métaphysique, lorsqu'il ramène notre espèce à sa mesure modeste, entre les mécanismes souterrains des gènes à la base de la vie qui nous régissent à notre insu et l'immensité glaciale du cosmos.

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Certains commentateurs ont élaboré une analyse quelque peu heuristique du film, estimant notamment que le liquide noir pouvait servir à créer la vie mais que, mis en contact avec l'être humain, profondément mauvais, il se corrompait et engendrait des monstres. On lira ces analyses en anglais sur ces deux liens mais, aussi intéressantes que soient ces constructions, lesquelles ne sont d'ailleurs pas contradictoires avec les déclarations de Ridley SCOTT - voir quatrième lien ci-dessous - elles font appel à beaucoup de spéculations et de réinterprétations, à la manière de 2001, L'ODYSSEE DE L'ESPACE, qu'il valait mieux visionner après avoir lu la novelisation d'Arthur C. CLARKE. A défaut de davantage de clés livrées par le réalisateur dans PROMETHEUS, il n'est pas interdit de trouver malgré tout le film, tel qu'il fut projeté sans ses scènes coupées, assez incohérent.

liens :
analyses :
analyse liée aux références religieuses et mythiques :
entretien avec Ridley SCOTT :
Les francophones exclusifs disposent d'un forum monumental au sein duquel on retrouve au hasard des échanges les hypothèses formulées dans les essais indiqués dans les deux premiers liens ci-dessus :

NE PAS CONFONDRE... Non, ce n'est pas la face empreinte de mépris et de fureur de l'Ingénieur découvrant les intrus humains, mais Valdemort (de rire..), personnage maléfique de la série cinématographique HARRY POTTER. Toute ressemblance avec un extraterrestre présenté par Ridley SCOTT...

( concernant le compositeur d'ALIEN, partition brièvement reprise par Marc STREITENFELD dans PROMETHEUS au début du morceau "Friend from the past", le lecteur pourra retrouver l'hommage commémoratif relatif à Jerry GOLDSMITH proposé sur ce site en juillet 2009 ).

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A propos de Ridley SCOTT, BLADE RUNNER sortait sur les écrans le 25 juin 1982. A peine 30 ans plus tard, on apprend que l'interprète de l'enquêteur Holden qui démasque la vraie nature du répliquant Leon (Brion JAMES ) au début du film, Morgan PAULL, s'est éteint à 67 ans le 17 juillet 2012, victime d'un cancer de l'estomac. Il était aussi apparu en 1978 sous les traits d'un généticien dans THE SWARM, qui raconte l'histoire basée sur des faits réels relatifs aux attaques d'abeilles agressives dans le sud des Etats-Unis, créées par le croisement génétique d'abeilles d'Amérique du sud avec une espèce africaine agressive effectué par des apiculteurs imprudents. On indique ici bien volontiers l'adresse de son site officiel :
Les anglophones liront aussi cet entretien sur BLADE RUNNER dans lequel il rapporte que Ridley SCOTT a décidé de le choisir pour interpréter Holden, seul personnage qui ne s'était pas encore vu attribuer d'interprète, alors qu'en charge des répliques de Deckard, il donnait la répartie aux actrices passant le casting, et il précise aussi que la personne qui avait sa préférence pour interpréter Rachel, Nina AXELROD, fut tellement déçue qu'en dépit de sa préparation pour le personnage le réalisateur lui préfère Sean YOUNG, qu'elle renonça à toute velléité de tourner dans un film :
http://www.cultfilmfreaks.com/2010/03/morgan-paull-blade-runner.html

Morgan PAULL dans le prologue de BLADE RUNNER et Zalman KING dans LA GALAXIE DE LA TERREUR.

On avait évoqué récemment le film LA GALAXIE DE LA TERREUR ( GALAXY OF TERROR ) pour la sortie d'une édition américaine avec des suppléments. L'année 2012 aura été tragique pour deux des acteurs.

L'interprète du rôle principal ( Baelon ), Zalman KING, acteur, producteur, réalisateur et scénariste de films érotiques ( NEUF SEMAINES ET DEMI, L'ORCHIDÉE SAUVAGE, etc.. ), qui fut d'ailleurs, avec James CAMERON, l'une des rares personnalités déclinant l'offre d'apparaître dans le documentaire réalisé sur LA GALAXIE DE LA TERREUR, s'était éteint au début de l'année, le 3 février 2012, à l'âge de 69 ans des suites d'un cancer.

On apprend à présent qu'une des actrices du film, Erin MORAN, ancienne vedette de télévision ( série HAPPY DAYS ), âgée de 51 ans, est actuellement sans domicile fixe, et en est réduite à pratiquer la mendicité avec son mari et sa belle-mère souffrante, de laquelle elle s'occupe avec dévouement, sur une aire de stationnement permanent pour caravanes dans l'Indiana. Son mari s'efforce de retrouver un emploi dans une chaîne commerciale. Cette triste déchéance rappelle celle de Margot KIDDER, connue comme la "fiancée de Superman" dans les films mettant en scène Christopher REEVES, ainsi que comme le personnage plus ambigu d'une des versions de MA FEMME A DISPARU (VANISHING ACT) au côté de Mike FARELL, Eliott GOULD et Fred GWYNNE, qui, souffrant de trouble bipolaire, avait été retrouvée en train d'errer comme une clocharde, avant de recouvrer une meilleure forme, selon l'intéressée grâce à la médecine naturelle.

Erin MORAN (au côté de Sid HAIG) dans LA GALAXIE DE LA TERREUR.

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Quand l'épouvante investit la réalité..

Concernant les personnes déshéritées, un sans-abri de Miami a eu le visage affreusement mutilé le 26 mai dernier lors d'une attaque semblant tout droit sortir du célèbre film de George ROMERO de 1968, LA NUIT DES MORTS VIVANTS ( NIGHT OF THE LIVING DEAD ). Malgré l'origine haïtienne de l'agresseur et le surnom qui lui a été donné de "Zombie de Miami", celui-ci n'avait rien à voir avec les zombies des films fantastiques, mais n'était qu'un dément sous l'emprise de la marijuana, premier cas spectaculaire d'une vague d'agressions similaires qui se produit actuellement sur la côte est des Etats-Unis, particulièrement en Floride, lesquelles semblent incriminer divers stupéfiants, notamment des drogues de synthèse, poussant certains individus à commettre des attaques cannibales sous l'emprise de la furie, comme on pensait n'en voir qu'au cinéma - confirmant après l'assassinat aveugle dans la nuit du 19 au 20 juillet de spectateurs venus assister dans un cinéma de Denver à la dernière mouture de BATMAN, par un diplômé de neurologie se prenant pour le personnage du Joker, que ce monde devient toujours plus fou. Le courage dont fait preuve la victime, déjà éprouvée par une vie difficile et une balle perdue reçue des années plus tôt, force l'admiration, rappelant la personnalité remarquable de "l'Homme éléphant" au XIXème siècle, popularisé par le film de David LYNCH. Même si bien des malheurs frappent les habitants de cette planète, Ronald POPPO mérite plus particulièrement, après une si incroyable infortune, qu'un tout aussi extraordinaire mouvement de solidarité lui permette de bénéficier des meilleurs soins possibles et de maintenir dans la meilleure condition son oeil rescapé. Près de 50% des fonds nécessaires ont été recueillis mais il ne reste qu'un mois pour compléter la somme. Quelques Français se sont déjà associés à la collecte. Il n'est pas interdit que, quand le fantastique est rattrapé par la réalité, ceux qui aiment ce genre se sentent plus particulièrement concernés par les situations qu'ils connaissent déjà par la fiction...

site de l'association :
ou site de l'hôpital (case : Designate to Mr. Ronald Poppo ) :
https://www.jmf.org/take-action-%20now/donations
( lien à copier sur le moteur de recherche pour ouvrir la page )


Dernière photo de Ronald d'avant la tragédie. Cet homme placide, jadis un étudiant brillant, qui a fini par se retrouver à la rue, n'attendait vraisemblablement plus grand chose de la vie, mais n'imaginait sans doute pas connaître un nouveau drame surgi des pires films d'horreur.. Il est à présent nécessaire que les chirurgiens lui redonnent un visage humain... et que le plus grand nombre d'internautes - ne serait-ce qu'en consentant au sacrifice du prix de quelques cafés ou cigarettes - contribuent à lui rendre un peu de foi dans l'humanité..