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mardi 13 novembre 2018

UN AMOUR SILICONÉ : LE BLOB PERD SON PÈRE ADOPTIF



Wes Shank avec à sa gauche la vedette de Danger planétaire (The Blob), la masse gélatineuse dont ce collectionneur passionné avait fait l'acquisition, ainsi qu'une portion de décor miniature qu'utilisa le créateur d'effets spéciaux Bart Sloane pour le film, utilisant la gravité naturelle pour faire descendre les escaliers par le monstre miniature.

L’admirateur numéro 1 de Danger Planétaire (The Blob) s’est éteint durant la nuit du vendredi 10 août 2018 suite à une chute, à l’âge de 72 ans, non sans avoir célébré à l’occasion de la "Blobfest" le soixantième anniversaire de la sortie du film américain sur les écrans.

Wes Shank, né Walter E. Shank à Bryn Mawr dans l’État de Pennsylvanie, assista en 1965 à une projection de ce film de 1958 produit par Jack Harris, habituellement producteur de films religieux et lui-même ministre du culte baptiste mais qui avait besoin d’une œuvre grand public pour engranger des rentrées d’argent, et il découvrit que celui-là avait été tourné non loin de chez lui. Il obtint alors de rencontrer dans le Studio Valley Forge le réalisateur qui avait été capable de convaincre le producteur de la viabilité de son projet, Irvin S. Yeaworth, et il se vit même offrir un échantillon de la masse en silicone qui avait été utilisée dans plusieurs scènes pour figurer dans des décors miniatures la forme de vie informe extraterrestre amenée sur Terre par une météorite et qui ne cesse de grossir au fur et à mesure qu’elle engloutit les habitants des petites villes de Downingtown et de Phoenixville dans l’État de Pennsylvanie. Enthousiaste, Wes supplia ses parents qu’ils lui donnent suffisamment d’argent pour pouvoir acheter la totalité de l’accessoire qui représentait la menace extraterrestre afin de pouvoir le préserver, anticipant qu’il finirait tôt ou tard à la poubelle.

Le jeune homme ne se contenta pas d’en prendre le plus grand soin, il le présenta dans les manifestations de science-fiction telles celles qu’organisait le fameux collectionneur Forrest J. Ackerman  ̶ à la Convention duquel il participa la même année à New-York, et devint un des principaux collectionneurs d’objets issus de films de science-fiction avec ce dernier et Bob Burns. Wes donna aussi nombre de conférences sur le sujet à l’occasion de la "BlobFest" qui se tient chaque année depuis 2000 à Phoenixville, commune où certains plans du film furent réalisés, et il écrivit un ouvrage dédié au film en 2009, From Silicone to the Silver Screen-Memoirs of the Blob (1958).



Photo récente de Wes avec son livre et son fameux seau, que certains des visiteurs hésitaient parfois à toucher comme si la menace extraterrestre qu'il présentait n'était pas totalement fictive.

Ce n'est pas un sorbet mais une distinction remise à la Blobfest, qui paraît un peu plus vivante que les statuettes stylisées habituellement remises aux lauréats des cérémonies.


Il avait fondé un atelier de restauration destinés aux films en 16 mm et 32 mm des bibliothèques et studios de télévision, ce qui lui avait valu de recevoir quatre bobines de scènes coupées du King Kong de 1933, qu’il avait sauvegardées en les dupliquant dans les deux formats ; il avait pris sa retraite en 2016. Laissant derrière lui son épouse bien aimée Judith, son fils David et ses deux petites-filles, ce passionné de fantastique dont tout le monde s’accordait à reconnaître la gentillesse était aussi très croyant ; il fut ainsi proposé aux participants à la cérémonie funéraire qu’au lieu d’offrir des fleurs, leurs dons soient au choix remis à l’Église baptiste de la ville de Lower Merion, ou bien versés en son nom au centre de préservation des films de l’institut Historic Yellow Springs à Chester Springs.



Wes Shank et un modèle de la Machine à explorer le temps du film de George Pal.

Danger planétaire avait eu aussi une certaine importance pour l’acteur Steve MacQueen qui y eut son premier rôle principal sur grand écran, lequel ne renia jamais le film initiant sa carrière cinématographique, contrairement à l’actrice Demi Moore et au maquilleur Stan Winston qui ne firent quant à eux jamais figurer dans la filmographie de leurs débuts leur contribution au film Parasite. Il ne tournera cependant jamais dans un autre film de science-fiction.



Steve McQueen incarnant Steve Andrews, un adolescent qui peine à convaincre la police de la réalité d'un péril extraterrestre sous la forme d'une masse phagocytant les habitants.

Chaque année à la Blobfest de Phoenixville, les participants rejouent avec bonne humeur la scène du film dans laquelle les spectateurs d'un cinéma fuient le monstre informe qui a investi la salle (ci-dessus) ; les figurants figurants d’origine affichaient déjà une franche hilarité, peut-être après avoir appris le montant de leur rétribution.

Le film connaîtra un curieux remake semi-parodique en 1972 sous le titre Attention au Blob ! (Beware the Blob!), seule réalisation de Larry Hagman mondialement connu pour son rôle de J.R. Ewing dans la série Dallas, dans lequel un échantillon de la créature est ramené du Pôle Nord où on l’avait enfouie pour que la glace la paralyse définitivement, puis d’un second plus sérieux en 1988, The Blob de Chuck Russell, avec un monstre polymorphe créé par Lyle Conway (Dreamchild, le remake de La petite boutique des horreurs) et d’époustouflants maquillages de Tony Gardner. Dans celui-là, la créature est moins une forme de vie venue de l’espace qu’une arme biologique développée par l’armée, relâchée accidentellement sur Terre après l’accident du satellite dans lequel elle était placée, prémisse identique à celle de L’invasion des cocons (Deep Space) de Fred Olen Ray sorti quelques mois plus tôt.

La dévotion de Wes Shank à l’égard de Danger Planétaire et de sa vraie "vedette" n’a jamais faibli. Il avait déclaré que la chose la plus effrayante au sujet de celle-là était qu’elle lui survivrait. Pour nous, le souvenir du "Gardien du Blob" lui restera à jamais associé.




lundi 1 octobre 2018

ON SE FAIT UNE "PETITE" TOILE



     Un épisode particulièrement terrifiant de la série Aux frontières du réel (The X-Files), Quand vient la nuit (Darkness fallls), mettait aux prises les détectives du FBI en charge des affaires insolites avec des acariens ramenés à la vie par la coupe d’un très vieil arbre, ces animaux minuscules étant capables de soulever les humains pour les monter dans les arbres par l’addition de leur force, dans le dessein de les emprisonner dans un cocon avant de les dévorer.



Les agents Mulder et Scully à la recherche des invisibles tueurs emprisonnant leurs victimes dans un cocon dans l'épisode Quand vient la nuit.

      Les acariens ne tissent cependant pas de toiles, à la différence de leurs lointains parents les araignées. Celles-ci se nourrissent essentiellement d’insectes, aussi, il est fort peu probable que l’on retrouve un être humain ainsi vidé de son sang dans une toile géante comme celle tissée par une araignée mutante contaminée par la radioactivité dans le film d’épouvante allemand Le mort dans le filet (Ein Toter hing in Nezt, en anglais Horrors of the Spider island), aussi connu sous le titre de L’Île du sadique. Les toiles peuvent cependant atteindre une taille impressionnante, lorsque des araignées s’associent comme les acariens de l’épisode d’Aux frontières du réel.


Le mort dans le filet du titre et l'arachnide mutant

    Une scène digne des films d’épouvante, comme le plan du final de L’Horrible invasion (Kingdom of the spiders) dans lequel des araignées investissent une petite ville suite à la disparition des insectes pour cause d’utilisation massive de pesticides, a néanmoins été observée à la fin de l’été sur la plage d’Aitoliko, dans l’Ouest de la Grèce, une gigantesque toile d’araignée s’y déployant sur plus de 300 mètres. L’étonnant réseau est en fait l’addition d’un grand nombre de toiles édifiées au même endroit par des individus du genre Tetragnatha, un type d’araignée notamment caractérisé par ses longues mandibules, dont le corps de la femelle mesure environ un centimètre. Selon certains chercheurs, ce serait l’affluence en cet endroit de moustiques, occasionné par la chaleur et l’humidité, qui aurait massivement attiré ces araignées, venues se nourrir et se reproduire.



William Shatner, bien loin des étoiles de Star Trek se confronte aux toiles de L’Horrible invasion.


 
La plage grecque couverte de toiles, et un représentant du genre Tetragnatha en dessous
     
     Un tel rassemblement ayant engendré une toile si spectaculaire a déjà été observé à plusieurs reprises au Texas, comme une toile s'étendant sur 100 mètres dans la banlieue de Rowlett sur la route de Dallas en octobre 2015, et en août 2017 dans le Parc d’état du Lac Tawakoni. Ce dernier rassemblement incluait des espèces d’araignées appartenant à trois familles différentes, les plus nombreuses étant là aussi des Tétragnathidés – les autres se répartissant entre Salticidés (la famille des araignées sauteuses) et Aranéidés (les grosses araignées du jardin comme l'épeire et l'argiope).



Toiles au Texas en 2015 et 2017

     Les toiles géantes ne sont pas toujours la simple juxtaposition d’individus se rassemblant pour profiter de l’abondance de la nourriture et répondre aux impératifs de la reproduction. Certaines constituent des communautés qu’on peut apparenter à de vraies colonies. Dans les années 1980, des arachnologues ont découvert que les toiles pouvant atteindre huit mètres d’envergure d’une araignée d’Amérique du sud, Anelosimus eximius, abritaient une large majorité de femelles, s’occupant en commun de la progéniture. La nouvelle génération grandit à l’abri des adultes qui participent à leur éducation et, dans les communautés qui tiennent le plus de colonies, les agressions entre individus et même à l’encontre de femelles étrangères de la même espèce sont pratiquement inexistantes. Dans ces véritables colonies, les individus synchronisent leurs mouvements pour tisser la toile de concert.


 Une toile édifiée par une araignée coloniale, Anelosimus eximius (au dessous).

      Il est intéressant de rapporter ces communautés d’araignées aux insectes sociaux que sont d’une part les termites, représentant l’ordre des Isoptères, et d’autre part diverses lignées d’Hyménoptères sociaux se recrutant parmi les guêpes, abeilles, bourdons, frelons et fourmis. Aussi peu apparentés les uns aux autres que soient ces insectes, ils ont adopté un modèle commun, constitué de castes avec une femelle pondeuse et des individus asexués dévolus à différentes fonctions, notamment la collecte de nourritures (les ouvrières) et la défense de la collectivité (les soldats, avec un développement similaire des mandibules chez les termites et certaines fourmis). A leur différence, les araignées de différentes familles formant des colonies unissent des individus égaux, se partageant naturellement les tâches, représentant en quelque sorte une société égalitaire, qu’on pourrait dire utopique, tandis que les insectes sociaux sont organisés en sociétés hiérarchisées, dans lesquelles les individus n’ont guère d’existence propre, la plupart étant stériles et ayant vocation à se sacrifier pour protéger la colonie. Ainsi, ces deux modèles se sont déclinés un certain nombre de fois indépendamment dans l’histoire des animaux à pattes articulés, mais chacun demeurant semble-t-il propre à une classe d’Arthropodes pour des raisons qui mériteraient d’être précisées ; le cinéma, avec L'invasion des araignées géantes (The Giant spiders invasion) de Bill Rebane en 1975, et ses arachnides censés être extraterrestres, et Arachnophobia de Frank Marshall en 1990, demeure pour l'instant seul à suggérer l'existence d'une reine araignée qui commanderait à sa colonie. 

       Ces découvertes récentes ne pourront qu’enrichir encore l’ancienne fascination pour les Arthropodes s’attachant à retrouver dans leurs groupes sociaux des analogies avec les sociétés humaines, à l’instar de l’étude que Natacha Vas-Deyres a consacrée à l’image de la fourmi dans la fiction, dont le titre montre bien l’ambivalence du regard, Le monde des fourmis dans l’imaginaire de la science-fiction, entre l’utopie exogène et la dystopie phobique  dans l’ouvrage collectif (Bé)vues du futur :

(https://books.openedition.org/septentrion/16550?lang=fr)


Disparition  

Un producteur merveilleux :


       Les amateurs de mondes extraordinaires et de leurs créatures exubérantes auront une petite pensée pour le producteur Gary Kurtz, qui vient de s’éteindre le dimanche 23 septembre 2018 à North London en Angleterre des suites d’un cancer à l’âge de 78 ans. Ami de George Lucas qu’il avait rencontré à l’Université de Californie du Sud, dont il avait produit son American graffiti, il approuva son idée de réalisation d’un film de science-fiction dans la lignée de Flash Gordon, riche en rebondissements, La Guerre des étoiles. Il soutint le projet avec constance en dépit de la réticence des studios – la mise en image de l’univers visuel du film par le brillant peintre Ralph McQuarrie, à qui on a rendu hommage lors de sa disparition, sera finalement déterminante – qui verra le jour en 1977 et il y trouvera la possibilité d’y concrétiser son intérêt pour les religions au travers du développement du concept de la Force, cette énergie issue de la spiritualité qui évoque notamment le bouddhisme et dans une certaine mesure l’animisme. Gary Kurtz poursuivra l’aventure en 1980 avec L’Empire contre-attaque, second volet dans lequel la Force est réellement au cœur du film, à la fois au travers de son enseignement par le Maître jedi Yoda et par le conflit du héros Luke Skywalker (Mark Hamill) avec son père, Dark Vador (incarné par Dave Prowse, avec la voix de James Earl Jones), qui l’utilise de manière maléfique pour imposer son pouvoir ainsi que celui de son mentor l’Empereur, Maître jedi dévoyé.


Gary Kurtz en haut avec George Lucas, et en bas en sa compagnie sur le tournage de L'Empire contre-attaque dans la base souterraine de la Planète glacée Hoth aux côtés du réalisateur Irvin Kershner (à gauche sur la photo).

     Gary Kurtz ne suivra pas George Lucas sur le dernier film de la trilogie, Le retour du Jedi, sans doute lassé par les difficultés financières engendrées par les deux premiers films de la saga et visiblement peu emballé par l’aspect qu’il jugeait trop commercial de la conclusion ; s’il est vrai que les petits personnages pelucheux, les Ewoks, ont alimenté un fructueux merchandising, on peut néanmoins reconnaître que l’affrontement final entre Skywalker et Vador devant le cynique Empereur est aussi intense que celui clôturant L’Empire contre-attaque et que culmine à cette occasion la thématique de la Force écartelée entre le Bien et le Mal, avec l’Empereur (Ian mcDiarmid) en symétrique maléfique de Yoda.
      
       C’est en animant ce dernier personnage, créé par le maquilleur Stuart Freeborn, que Frank Oz, appelé sur le tournage à l'animer à la place de son ami Jim Henson non disponible, eut la certitude que le projet que concevait ce dernier, un film uniquement peuplé de marionnettes réalistes, était viable. Gary Kurtz se déclara partant et produisit ainsi ce film unique, reposant sur l’imagination très riche de l’illustrateur Brian Froud féru du monde celtique, The Dark Crystal, tourné sur des plateaux surélevés pour permettre à une foule parfois très dense de manipulateurs d’opérer hors-champ comme dans Le Muppet Show qui a assuré la renommée de Jim Henson.

Gary Kurtz en compagnie d'un Skeskès dans le château de The Dark Crystal.
 
   Gary Kurtz produira un dernier film dans le domaine avec Oz, un monde extraordinaire (Return to Oz) en 1985, adaptation d'une nouvelle aventure de Dorothy avec une tonalité beaucoup plus sombre que Le magicien d’Oz, et des personnages plus effrayants, notamment le Roi de Nome incarné par Nicol Williamson (Merlin l'Enchanteur dans Excalibur), un être minéral inquiétant.

    Le producteur, qui était apparu à l’écran dans le rôle du photographe dans Le parrain 2 en 1972 ne fera ensuite pratiquement plus parler de lui, mais les amateurs lui conserveront leur reconnaissance pour avoir permis à quelques-uns des grandes productions empreintes de féerie de voir le jour.


Hommages aux personnalités évoqués :
RalphMcQuarrie :
http://creatures-imagination.blogspot.com/2012/04/il-agence-lunivers-de-la-guerre-des.html
Stuart Freeborn :
http://creatures-imagination.blogspot.com/2013/02/the-thing-le-chef-duvre-mal-aime.html
Jim Henson :
http://creatures-imagination.blogspot.com/2010/05/le-maitre-des-marionnettes.html


samedi 4 février 2017

AMOURS SAUVAGES




           Moment d'apparente complicité avec Tilikum.


         La célèbre orque épaulard Tilikum a succombé le 6 janvier 2017 des suites d'une infection pulmonaire bactérienne. L'animal avait défrayé la chronique de manière dramatique en ayant causé la mort de trois personnes en différentes occasions, la dernière fois en tuant Dawn BRANCHEAU au parc Sea World de Miami le 24 février 2010. Alors qu'elle effectuait une prestation avec son partenaire, la dresseuse avait été entraînée sous l'eau et l'animal l'avait brutalement empêchée d'en sortir par des coups redoublés, la malheureuse se noyant devant un public horrifié. La direction de Sea World tenta de rendre la jeune femme responsable de la tragédie, en laissant d'abord entendre qu'elle avait glissé d'elle-même, puis en prétendant qu'elle portait des cheveux trop longs, le cétacé étant censé l'avoir entraînée en la tirant par sa queue de cheval. Le même animal avait en 1991 tué dans les mêmes circonstances, avec le concours de deux femelles, une jeune soigneuse de 20 ans dans un autre parc aquatique au Canada, l'étudiante en biologie Keltie Lee BYRNE. Si, dans les deux cas, il y'a eu débat sur le point d'établir si la soigneuse avait perdu l'équilibre ou bien si le cétacé l'avait poussée délibérément, il est établi que le grand mâle n'a laissé aucune chance à ses victimes. L'animal est également impliqué dans le décès en 1999 d'un homme qui s'était introduit nuitamment dans son bassin pour nager à ses côtés, Daniel P. BURKES, et qui a été retrouvé mort reposant sur son dos avec des traces de morsure. Le maintien de l'animal dans le programme de représentation avait entraîné la crainte de la survenue d'une nouvelle tragédie. 

          La dernière victime, âgée de 40 ans, Dawn BRANCHEAU, était pourtant une dresseuse particulièrement expérimentée. Ayant assisté à l'âge de 9 ans à un spectacle d'orques, elle avait par la suite pu réaliser son rêve de travailler avec ces animaux. Il n'est pas douteux, quelque soit l'opinion qu'on peut avoir au sujet de ce type de manifestations et sans méconnaître les troubles qui peuvent être imputables à la captivité de cétacés et à leur longévité souvent écourtée, qu'elle était sincèrement attachée à ces mammifères marins et qu'elle avait apparemment établi avec eux une vraie complicité. Les orques étant des animaux très intelligents, il paraît un peu difficile de croire que les tragédies causées par Tilikum soient simplement accidentelles; l'animal avait fait preuve d'une grande violence ayant entraîné de multiples contusions chez Dawn BRANCHEAU, et Keltie Lee BYRNE avait fini par être écrasée contre la paroi du bassin après dix minutes insupportables, ses cris de terreur n'ayant en rien dissuadé les épaulards d'achever leur sinistre besogne. Bien que les victimes n'aient jamais été dévorées par leur agresseur, ce comportement rappelle la méthode de chasse de ces animaux qui affectionnent de jouer avec leur proie jusqu'à ce que celle-ci périsse d'épuisement (ce qui inciterait à penser que la cruauté vient avec la sophistication). Tilikum a en tout cas tristement démontré qu'il n'avait rien d'un animal familier en lequel on puisse avoir confiance. On reproche parfois aux défenseurs des animaux un attachement irréfléchi; cependant, tout comme son amie Brigitte BARDOT, créatrice de la fondation portant son nom qui a toujours affirmé qu'il valait mieux s'occuper des nombreux chiens abandonnés que de s'acharner à empêcher la mise à mort d'un molosse ayant démontré sa férocité, le célèbre défenseur des cétacés Paul WATSON avait déclaré qu'au vu de ses antécédents, il aurait pu être éventuellement envisagé de relâcher l'animal (bien celui-ci vive en captivité depuis l'âge de deux ans) mais que cela ne le choquerait pas que l'on euthanasie l'animal, jugeant en tout cas incompréhensible qu'on lui ait permis de tuer à plusieurs reprises au sein d'un parc aquatique, et beaucoup redoutaient la survenue d'un nouveau drame. La famille de Dawn BRANCHEAU assura pour sa part que la victime n'aurait pas voulu qu'on fasse de mal à Tilikum. La mansuétude de la famille de Dawn BRANCHEAU rappelle dans un cadre très différent la clémence des magiciens Roy HORN et Siegfried FISCHBACHER alors que le premier a été grièvement blessé lors d'une représentation de leur spectacle à Las Vegas par le Tigre blanc avec lequel ils travaillent. Les prestidigitateurs arguèrent qu'il ne s'agissait que d'un accident et nullement d'une attaque, et ont décidé de reprendre leur partenaire.

Les trois personnes tuées par Tilikum, de gauche à droite : Keltie Lee BYRNE, Daniel P. BURKES et Dawn BRANCHEAU.

                     Il semble en fait que les accidents causés dans les parcs d'attraction par ces puissants animaux ne soient pas rares, mais ils aboutissent rarement à de tels drames - bien qu'un autre dresseur nommé Jonathan SMITH semble avoir fait l'objet d'une tentative de noyade par des orques - alors qu'à la différence des dompteurs de cirque, les dresseurs n'utilisent pas de fouet durant les démonstrations, étant alors complètement à la merci de leurs partenaires marins. Il s'est en tout cas avéré que Tilikum était un animal dangereux, demeurant partiellement sauvage, qui aurait du ne plus être employé qu'à la reproduction. Il importerait également que des mesures de sécurité soient dorénavant impérativement adoptées pour limiter les risques tant que ce genre de spectacle est maintenu, telles que l'installation d'une aire de refuge dans le bassin, l'agencement d'un dispositif permettant de sortir facilement de l'eau (qui aurait peut-être offert une chance de survie à Keltie Lee BYRNE), la pose d'un câble avec treuil permettant de haler un dresseur en n'importe quel point du bassin, et une équipe de soigneurs prêts à intervenir, équipés avec un répulsif ou un autre procédé permettant d'éloigner l'agresseur en tout dernier recours. Préalablement, il est indispensable de n'utiliser pour les spectacles que les animaux les plus sociables, qui ne présentent pas de propension particulière à l'agressivité, en retenant essentiellement ceux nés en captivité qui ont pu développer avec l'homme une complicité avérée. Par ailleurs, le bien-être des animaux devrait être une priorité; il conviendrait que des représentants d'association de protection animale et des spécialistes du comportement soient associés à la gestion des mammifères marins captifs, afin de déterminer s'il est possible d'en disposer avec le moins de traumatisme possible ; on pourrait par exemple imaginer un aménagement permettant à ceux-ci de demeurer la plupart du temps en semi-liberté, veiller à respecter autant que possible leur organisation sociale, utiliser les produits détergents les moins nocifs pour le nettoyage des bassins et bien rincer ceux-ci avant réintégration des animaux, déterminer les matériaux dont les caractéristiques empêchent une trop importante répercussion des échos émis par le sonar des cétacés susceptible de les incommoder; enfin, comme pour les animaux terrestres des zoos, proscrire les captures traumatisantes en développant un programme pertinent de reproduction des animaux - d'où l'intérêt de Tilikum, à la nombreuse descendance. Les parcs marins confirmeraient par ailleurs leur intérêt sincère pour les cétacés en s'associant aux programmes de protection de ces animaux dans leur milieu naturel.

Un plaidoyer pour la libération des orques dans le film SAUVEZ WILLY

                 L'effroyable décès de Dawn BRANCHEAU avait fait rebondir la controverse sur la présence des cétacés dans les parcs marins, les associations de protection animale considérant que leur captivité n'est pas compatible avec leur bien-être, en raison de l'entrave à la communauté naturelle dans laquelle vivent ces espèces en groupe plus important, de l'exiguïté de leur bassin, notamment pour de gros animaux comme les orques, les bélugas et même les baleines grise, et de la teneur en chore qui irrite leur peau, yeux et muqueuses, ce qui ne les prémunit pas pour autant des affections bactériennes comme celle à laquelle a succombé Tilikum. Le plus choquant reste actuellement le projet de prélèvement de nouveaux animaux dans l'océan pour des parcs en Asie, alors que le principe des zoos est actuellement de faire se reproduire des spécimens déjà en leur possession,mais les règles ne sont pas nécessairement appliquées pour les parcs de loisirs. Au traumatisme pour les animaux d'être retirés de leur milieu naturel s'ajoute les circonstances abominables laissant pour morts certains d'entre eux, comme l'a montré le film ORCA de Michael ANDERSON. Un des participants d'une véritable capture d'orques a d'ailleurs révélé que, bien qu'ayant pris part à de peu honorables actions en Amérique du sud en tant que mercenaire, cet épisode demeure celui de son existence qui lui inspire le plus de honte, comme on peut l'apprendre dans le documentaire Blackfish, l'orque tueuse, à visionner sur le site Vimeo. La Californie a pour sa part, interdit par une loi du 8 octobre 2016 promulguée par le gouverneur démocrate Richard BLOOM la captivité des orques.

L'éprouvante capture dans ORCA, hélas plutôt en dessous de la réalité; le responsable interprété par Richard HARRIS est atteint par le remord et accepte de subir la colère du mâle dont il a fait périr la famille.

                De son côté, le chimpanzé Travis, qui avait tourné dans de nombreuses publicités et autres émissions télévisées, a défiguré atrocement Charla Nash le 16 février 2009 alors qu'elle s'était rendue chez Sandra Herold, détentrice de l'animal. La victime a survécu dans une triste condition tandis que l'anthropoïde a été abattu par la police non sans qu'il ait tenté de s'en prendre à un officier, retournant finalement dans la maison pour mourir à côté de sa cage. Il s'est avéré que l'animal devenait agressif en vieillissant comme il est habituel dans son espèce, et que sa maîtresse lui avait donné le funeste jour un médicament anti-anxiété, le Xanax, qui peut provoquer des toubles extrêmes de comportement. Les chimpanzés étant assez imprévisibles, le cinéma emploie plus volentiers des orangs-outans, beaucoup plus calmes, quitte à les travestir en faisant appel à des maquilleurs spécialistes des animaux comme William Munns (voir la seconde partie de l'article sur les costumes de singes à l'écran). Il est rapporté à cet égard que Manis, l'orang-outan qui a joué aux côtés de Clint Eastwood dans DOUX, DUR ET DINGUE, n'aurait pas été très bien traité par son dresseur et certains l'accusent même d'avoir causé sa mort par des actes de violence.

                Dans les parcs zoologiques, la proximité des animaux avec les humains ne doit pas occulter le fait que ceux-ci demeurent malgré tout davantage des bêtes sauvages que des animaux familiers. En avril 2007, un employé du zoo de Taïwan s'est fait sectionner un bras par un Crocodile; l'issue a été plus heureuse que dans le remake du film LA FÉLINE, qui montrait une scène similaire fatale impliquant une Panthère, le bras de l'infortuné ayant pu être recousu. Les visiteurs ont tout particulièrement une propension à se laisser abuser par l'apparente placidité des animaux. Au zoo de Bâle, un garçonnet ayant pénétré dans un enclos dans l'intention de caresser un bébé rhinocéros aurait été tué par sa mère qui a chargé l'intrus. Plus étonnement, les guépards qui n'attaquent guère l'homme dans le milieu naturel ont tué des enfants dans des zoos français, à Doué-la-Fontaine et à la Palmyre, après être parvenus à forcer les grillages les séparant des visiteurs. En dépit de leur intelligence et de la délicatesse dont ils savent généralement faire preuve, les éléphants peuvent être imprévisibles et tuer à l'occasion leur soigneur, comme au zoo de Zurich dans les années 1940. On pense aussi à un certain nombre d'accidents impliquant notamment des éléphants, souvent occasionnés par les mauvais traitements imputables au dressage dans des cirques ou les exploitations de forestiers en Inde. Il a ainsi été révélé que les bébés éléphants sont torturés dans les pays d'Asie pour leur inspirer la peur de l'homme afin que plus tard ils soient totalement obéissants lorsqu'il s'agit de transporter des touristes sur leur dos, notamment en Thaïlande. Le lecteur pourra trouver davantage de précision sur cette page et regarder la vidéo qui est à déconseiller aux personnes sensibles : http://www.sethetlise.com/article-faire-de-l-elephant-en-thailande-ce-qu-on-cache-aux-touristes-123067764.html. Evidemment, il s'agit là il s'agit là d'une situation bien différente de celle de ceux qui aiment les animaux d'un amour désintéressé quelque soient les risques qu'ils encourent.


L'horrible attaque d'un employé par une panthère noire dans le remake de LA FELINE (CAT PEOPLE).

      A fortiori, l'animal sauvage dans son milieu naturel reste potentiellement dangereux, soit parce que son instinct l'incite, non sans raison, à se méfier de l'homme, mais aussi parce qu'il défend son territoire, ou tout simplement parce qu'il fait partie des prédateurs. C'est habituellement le cas des ours. Du nounours attendrissant créé pour les enfants en souvenir de l'ourson qu'aurait gracié le président américain Theodore ROOSEVELT au prédateur terrifiant du film d'épouvante GRIZZLY en passant par l'ours rusé des contes médiévaux et la figure semi-anthropomorphe qu'il a inspiré dans la culture basque, le Basajaun, l’ambiguïté de l'animal est bien présente dans la culture, et son apparence pataude fait parfois oublier que c'est un carnassier. C'est probablement en oubliant quelque peu cette réalité qu'un étudiant d'origine indienne âgé de 22 ans trouvait la mort dans des circonstances tragiques au sein de la réserve d'Apshawa, dans l'état du New Jersey. Le 21 septembre 2014, Darsh PATEL visitait la réserve avec quelques amis lorsque le groupe a perçu un ours noir. Le jeune homme, enthousiaste, a entrepris de le photographier alors même que l'animal se dirigeait vers lui. L'ursidé a attrapé l'infortuné et entrepris de le dévorer. La police a finalement dû abattre l'animal pour récupérer le corps. Le groupe a tristement méconnu la règle qui nécessite un certain sang-froid, selon laquelle il ne faut pas fuir devant un ours car cela active chez l'omnivore l'instinct du prédateur. Plus récemment, le 28 septembre 2015, furent retrouvés les restes d'une femme de 67 ans, Kay GRAYSON, une solitaire connue pour nourrir les ours en Caroline du Nord avec des cacahuètes et de la nourriture pour chien, que la police suppose avoir été dévorée par des ours noirs. 

       L'imprudence a aussi été fatale à un naturaliste passionné par les grizzlys ainsi qu'à sa compagne. Timothy DEXTER dit Timothy TREADWELL s'était pris de passion pour la protection de ces ours après avoir échappé à une grave overdose dans sa jeunesse. Il passa treize étés en Alaska en compagnie de ces animaux, les côtoyant de très près, malgré la prudence dont il se réclamait. Le non-respect de certaines règles, notamment son installation fixe, lui valut des difficultés avec les responsables de la réserve. L'issue tragique fut précipitée lorsque Timothy TREADWELL et sa compagne Amie HUGHENARD campèrent alors que l'hiver approchait et que les animaux étaient devenus agressifs dans leur quête de nourriture. Il semble que les ours avec lesquels les naturalistes amateurs avaient établi des contacts étaient déjà partis hiberner et que ceux qui ont attaqué le couple étaient des nouveaux venus. Le pilote qui est venu les rechercher a découvert un bien triste spectacle, les deux explorateurs ayant été dévorés par les prédateurs affamés. Le cinéaste Werner HERZOG, réalisateur notamment du remake de NOSFERATU, a consacré un film à cette épopée tragique, GRIZZLY MAN. 


Thimothy TREADWELL

Scène du documentaire de Werner HERZOG qui lui est consacré.

  Un film d'épouvante qui présente l'ours comme un terrifiant prédateur.

Le personnage interprété par Anthony Hopkins vent chèrement sa peau dans A COUTEAUX TIRES (THE EDGE), face à un ours anthrophage, à l'inverse de celui de L'OURS de Jean-Jacques ANNAUD, dans lequel les agresseurs sont des chasseurs.

             Si Dian Fossey a été assassinée pour avoir voulu défendre les gorilles de montagne au Rwanda, Timothy TREADWELL n'est pas le seul passionné ayant accepté de mettre sa vie en jeu au nom de la protection animale qui fut victime de ceux-là mêmes en faveur desquels il s'investissait. On sait que les régions tropicales regorgent d'espèces venimeuses, sans doute parce que le foisonnement de la vie qui y règne a entraîné une concurrence encore plus impitoyable entre espèces. Un naturaliste australien très apprécié, Stephen Robert - dit Steve - IRWIN, qui s'impliquait dans la protection animale, en a fait les frais d'une manière dramatique le 4 septembre 2006 à Batt Reef. Surnommé "Crocodile Hunter", il avait repris le zoo du Queensland créé par ses parents, des naturalistes passionnés par la protection de la faune. Dès l'âge de 9 neuf ans, le jeune Steve, encouragé par son père, un herpétologiste ( zoologiste étudiant les Reptiles ) qui lui avait offert un python de 4 mètres de long pour son sixième anniversaire, affronte son premier crocodile. Il capture ensuite les crocodiles vivant à proximité d'habitations en les transférant dans le parc zoologique et participe au programme initié par son père pour assurer leur protection au Queensland. Il a également à son actif des émissions télévisées de vulgarisation, où il met en scène les animaux avec une manière spectaculaire qui lui est parfois reprochée, mais en ayant toujours pour finalité la protection animale - il avait pour modèle le fameux réalisateur de documentaires animaliers David ATTENBOROUGH. Son engagement offensif en faveur de la protection des baleines le rapproche du célèbre dissident de Greenpeace, fondateur de la Sea Shepherd Conservation Society, Paul WATSON, lequel renommera un navire en son hommage suite à sa disparition, survenue alors qu'une expédition en commun était en préparation. Steve IRWIN avait fondé sa propre association, Wildlife Warriors, investie dans de nombreux projets de protection des guépards en Afrique du sud, des éléphants, tigres et orangs-outans en Asie, ou encore des diables de Tasmanie sérieusement menacés en Océanie (sujet évoqué en juillet 2008 dans "l'étrange extinction des marsupiaux"). Cette entreprise se poursuit au travers de son épouse, Terri, et de sa petite fille Bindi (dénommée ainsi par référence à un spécimen de crocodile marin), devenue son porte-parole. C'est un malheureux concours de circonstances qui a causé le décès brutal de cette personnalité. Le 4 octobre 2006, alors qu'il était en tournage sur la Grande barrière de corail pour le documentaire Ocean's Deadliest ("le plus mortel de l'océan"), Steve IRWIN avait entrepris de tourner une séquence pour une émission présentée par sa petite fille lorsqu'il a reçu dans la poitrine les coups redoublés de l'aiguillon empoisonné d'une Raie pastenague dont il s'était rapproché, dont une au niveau du cœur; il a péri rapidement d'une hémorragie alors qu'il tentait d'extirper l'éperon. Cette tragédie a provoqué une si vive émotion que, dans les semaines qui suivirent, une dizaine de Pastenagues dont la queue avait été coupée furent découvertes sur les plages du Quensland, sans doute victimes d'admirateurs bouleversés; ces actes ont été condamnés par un proche du défunt qui a estimé qu'ils allaient à l'encontre de son engagement pour la défense de la vie sauvage.


Steve IRWIN

Le comédien australien Paul HOGAN dans le rôle de "Crocodile Dundee", inspiré de Steve IRWIN.

        Un autre passionné de reptiles a fait de corps à corps périlleux avec leurs plus redoutables représentants sa passion. L'herpétologiste américain Brady BARR s'est également spécialisé dans la capture de crocodiliens de toutes espèces. Impliqué dans nombre de programmes de protection des reptiles, il est surtout connu du public comme un intrépide explorateur susceptible de faire passer le vrai Indiana Jones pour un aventurier en charentaises, apparaissant dans des documentaires pour la chaîne de télévision National Geographic, notamment la bien nommée Dangerous Encounters. Il capture à main nu les serpents au venin le plus toxique et est revenu victorieux d'un combat sous l'eau avec une grosse femelle anaconda autour du cou, le plus grand serpent vivant, relâchant avec délicatesse le monstre qui avait tenté de l'étouffer. En dépit de rumeurs, Brady BARR est toujours bien vivant, bien qu'une de ses rencontres lui a laissé une vilaine blessure. Souhaitant lui de vaincre encore longtemps la mort qu'il affronte si souvent avec un flegme inénarrable.


Brady BARR et une écharpe improvisée, plus à sa taille que l'anaconda.

         Les rapports entre un homme et un animal sauvage, qui peut être partiellement apprivoisé mais qui demeure cependant toujours régi par l'instinct, sont par nature complexes. Seule une relation basée sur une confiance progressive entre l'animal et son mentor, et une dressage conçu comme une forme de jeu et non comme une contrainte fondée sur la peur et la punition, est capable de déboucher sur une certaine stabilité. Il convient aussi de toujours garder à l'esprit que les rapports avec un animal sauvage puissant ne sont jamais totalement sans risque et qu'en raison de la différence dans les tempéraments, au sein d'une même espèce certains individus se prêtent davantage que d'autres à l'instauration d'une proximité avec l'homme. Sans doute, dans l'idéal, vaudrait-il mieux que les animaux demeurent autant que possible dans l'environnement auquel ils sont adaptés, mais les portions de nature réellement vierges se restreignent de plus en plus, et les animaux présentés au public servent de médiation entre celui-ci et le monde vivant dont il peut être tenté de se détourner de plus en plus au nom du développement. Il reste à espérer qu'une véritable éthique voie le jour dans les parcs animaliers, et que l'étude du comportement animal permette d'appréhender toujours plus finement les réactions de l'animal de manière à ce que celui-ci, aussi bien que les personnes qui en ont la charge, tirent le meilleur parti de cette relation.



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LE PERE PORTEUR DE L'ALIEN DISPARAIT
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        Signalons la disparition du comédien britannique John HURT à l’âge de 77 ans des suites d'un cancer du pancréas le 25 janvier 2017. Les amateurs de films de monstres le connaissaient bien pour son rôle de Kane dans ALIEN de Ridley SCOTT. Dans ce classique de 1979, tiré d'un scénario de Dan O'Bannon, décédé il y'a quelques années (un petit hommage a été rendu à ce dernier en ces pages), il descendait dans la cale d'une épave extraterrestre et, en posant la main sur des œufs géants, était attaqué par une créature qui se fichait sur son visage en s'y agrippant, laquelle qui s'avérait n'être que la forme infestante. L'infortuné explorateur, enfin libéré de l'emprise de la forme de vie étrangère, ne sortait du coma que pour expirer sous la poussée de l'embryon à l'allure de piranha qui avait cru en son organisme et s'arrachait de son hôte pour poursuivre sa croissance et entreprendre de décimer le reste de l'équipage. Il reprendra son rôle dans une séquence parodique de LA FOLLE HISTOIRE DE L'ESPACE (SPACEBALLS) de Mel Brooks en 1987, dans lequel le petit monstre extirpé de son corps se met à exécuter un numéro musical inspiré de Maurice CHEVALLIER..!


 John HURT dans le rôle de Kane, l'explorateur trop téméraire de ALIEN, qui semble réchapper de l'attaque d'un parasite extraterrestre, mais la rémission sera de courte durée.

La réédition parodique dans LA FOLLE HISTOIRE DE L'ESPACE de sa mort d'ALIEN.

           John HURT avait deux ans plus tard été le principal interprète d'un autre film qu'on classe habituellement dans le genre fantastique bien qu'inspiré d'une histoire vraie, THE ELEPHANT MAN de David LYNCH. Dissimulé sous l'impressionnant maquillage agencé par Christopher TUCKER d'après les photos de Joseph, dit John, MERRICK, John HURT avait incarné cet infortuné Britannique affecté par une affection de type neurologique qui avait profondément bouleversé son apparence, en faisant un être repoussant, mais dont le cinéaste et le comédien avaient su parfaitement faire ressortir l'humanité, lors de scènes très touchantes, même si se basant sur les mémoires du chirurgien Frederick TREVES, le film présente une version quelque peu romancée faisant la part belle au médecin présenté comme un bon samaritain, occultant les années durant lesquelles l'"Homme-éléphant" avait poursuivi sa tournée dans les foires au sein des spectacles de monstres, avant de retrouver tardivement celui qui allait devenir son protecteur et qui ignorait jusqu'alors la vraie personnalité de celui qu'il avait considéré comme un simple sujet d'étude dépourvu d'intelligence en raison de son élocution difficile (la scène dans laquelle Anthony Hopkins dans le rôle de Treves affronte ainsi le forain Bytes sous les traits de Freddie Jones, déterminant le destin de "son" patient, est ainsi totalement inventée, tout comme l'évasion organisée par les nains pour le soustraire à Bytes qui est censé l'avoir fait enlever).


John HURT incarnant sous le maquillage de Christopher TUCKER le personnage historique de John MERRICK, restituant toute la délicate candeur de son émouvant modèle pour le film que lui a consacré David LYNCH.

            
       John HURT avait débuté à l'écran en 1962 dans THE WILD AND THE WILLING, et était apparu dans un grand nombre de productions. Dans le genre imaginaire, il avait été le principal interprète du remake de 1984 réalisé l'année du titre par Michael Radford, Winston Smith, poursuivi par le régime de Big Brother pour avoir aimé une femme à rebours des directives du parti unique et, renversement de perspective, était lui-même devenu le dictateur Adam Sutler dans V POUR VENDETTA (V FOR VENDETTA) de James McTEIGUE en 2006. En 1990, il avait été la vedette du dernier film réalisé par le producteur et réalisateur Roger Corman, FRANKENTEIN UNBOUND, dans lequel il incarne Buchanan, un scientifique du futur exalté par l'invention d'une arme météorologique que celle-là propulse dans le passé, l'amenant à rencontrer le Docteur Frankenstein, en lequel il découvre sa propre vanité de chercheur tout puissant ayant négligé les conséquences de ses travaux - quelques années plus tard, Kenneth BRANAGH confronterait à son tour dans la conclusion de son adaptation du roman Mary SHELLEY le capitaine d'une expédition polaire avec le savant trop audacieux, ramenant l'explorateur à plus d'humilité. Dans CONTACT de Robert Zemeckis, John HURT avait en 1997 livré la prestation marquante d'un milliardaire énigmatique, S.R. Hadden, finançant le programme de recherches spatiales qui amenait Ellie (Judith FOSTER) à se confronter avec elle-même. L'acteur était encore apparu dans HELLBOY (2004) et HELLBOY 2: LES LEGIONS D'OR MAUDITES (2008) de Guillermo del TORO dans le rôle du Professeur Trevor Bruttenholm, ainsi que dans la saga Harry Potter, interprétant Monsieur Ollivander dans HARRY POTTER A L'ECOLE DES SORCIERS de Chris Colombus en 2001 puis dans HARRY POTTER ET LES RELIQUES DE LA MORT de Davis YATES en 2010. A la télévision, il avait été le narrateur de l'excellente série MONSTRES ET MERVEILLES de Jim HENSON, introduisant les légendes en conversant avec son chien, une marionnette réaliste, et avait joué un avatar du Docteur Who pour le cinquantième anniversaire de la série anglaise en 2013 dans l'épisode THE DAY OF THE DOCTOR.


John HURT incarnant la victime du totalitarisme de Big Brother dans 1984 (à gauche), puis reprenant le rôle du dictateur omniscient dans V POUR VENDETTA (à droite).


L'impénétrable mécène de CONTACT.

L'hôte de DEMONS ET MERVEILLES et son compagnon qui nous introduisait dans des récits fabuleux issus de nos vieux mythes.


       Marqué par le rôle de THE ELEPHANT MAN, le comédien soutenait depuis 2003 en Angleterre et aux États-Unis la Fondation du Syndrome de Protée, affection supposée être celle dont a pâtit Joseph Merrick, et depuis 2006 le projet Harar intervenant en faveur des enfants éthiopiens souffrant de déformations faciales.