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dimanche 20 février 2011

DERNIÈRE SÉANCE POUR LA BIODIVERSITÉ ?

Passage fatal d'une Girafe sur une piste d’atterrissage : le développement humain peut-il encore laisser une place à l'animal sauvage ?

Avec les derniers jours de décembre 2010 s'est achevée l'année internationale de la biodiversité, c'est à dire la mise à l'honneur de la variété des espèes vivantes présentes sur notre planète. Il faut espérer que cette initiative ne demeurera pas sans lendemain, à la manière de la "journée de la courtoisie au volant", qui pourrait laisser accroire que, le restant du temps, les chauffards seraient tolérés et leur "inconduite" admise. Cette séquence a débouché sur la création de la Plate-forme intergouvernementale de la biodiversité et des écosystèmes ( IPBES), répondant à une urgence criante : les experts estiment que le taux d'extinction des espèces est de 100 à 1000 fois plus important que celui qui se produit ordinairement dans la nature. On ne peut qu'espérer que cette prise de conscience officielle se traduise par des actions fortes. Cependant, l'absence d'adoption de véritables dispositions coercitives à l'issue de la conférence sur le climat de Cancun susceptibles d'induire une inflexion notable visant à réduire le réchauffement climatique, et ce malgré le désolant précédent de la conférence de Copenhague de l'hiver précédent, laisse sceptique quant à la perspective de mesures concrètes prochaines de protection des espèces.

La diversité biologique n'est en effet guère prise en compte, à de rares exceptions près - un projet d'autoroute a été suspendu dans le sud de la France pour protéger une espèce de Coléoptère menacée - par les décideurs, qui n'envisagent pas le maintien des différentes formes de vie comme une priorité, l'anthropocentrisme et le court terme étant la règle. C'est ce constat qui a conduit l'économiste Nicolas STERN à conclure que les responsables ne pourraient intégrer dans leurs paramètres la complexité des écosystèmes que si l'on chiffrait financièrement les services que ceux-ci rendent gratuitement à l'homme, notamment par la régulation du climat et de l'atmosphère réalisée au travers des océans et des forêts, par le recyclage des matières organiques sans émission de pollution - alors qu'on suspecte de plus en plus les incinérateurs d'être cancérigènes, ou encore par la pollinisation des plantes au travers des Insectes - si ces derniers venaient à disparaître, il n'y aurait plus guère que quelques espèces comme les Pissenlits, lesquels utilisent le truchement du vent pour disperser leurs graines, qui ne risqueraient pas l'extinction. L'évaluation a ainsi, à l'issue de l'expertise, mis en évidence la somme considérable que les sociétés humaines devraient investir pour avoir la moindre chance de compenser les effets délétères d'un développement non maîtrisé.

Une certaine vulgate laisse entendre qu'un discours écologique lassant aurait fini par s'imposer unanimement. Si les préoccupations environnementales ont effectivement davantage de visibilité dans les médias, ce serait beaucoup s'illusionner d'en déduire que celles-ci sont désormais prioritaires. On ne peut d'ailleurs que s'inquiéter de voir aux États-Unis revenir en force dans le camp républicain la tendance dont le ticket de la dernière élection était l'expression, plutôt que des personnalités du parti plus responsables en matière d'environnement, tels qu'Arnold SCHWARZENEGGER et Newt GINGRICH. La prise de conscience des risques induits par un développement non maîtrisé en Chine, promise à devenir la nouvelle puissance mondiale, est également assez lente. Le premier ministre de Russie, Vladimir POUTINE, initie à présent la protection du Tigre; cependant, cet investissement au travers d'une espèce emblématique ne semble pas pour l'instant annoncer pour autant un réel changement d'orientation de la politique, au moment où de nouveaux opposants à la construction d'une autoroute menaçant une forêt ont été passés à tabac et mutilés à la suite de BEKETOV ( évoqué précédemment dans l'article "Nos précieux cousins des profondeurs" ). En France, la proclamation du pouvoir sur la "conversion écologique" à l'issue de l'élection n'a pas réellement débouché sur des arbitrages nécessairement favorables aux objectifs annoncés alors que les résistances institutionnelles sont toujours aussi affirmées ( lors des débats parlementaires sur les organismes génétiquement modifiés, leurs partisans sont ainsi pratiquement les seuls à être reçus par les instances parlementaires dans le cadre des auditions devant fonder les projets de loi, de sorte que les arguments de ceux qui réclament une certaine prudence en la matière sont d'emblée passés sous silence ).
Depuis que, grâce à leurs armes, les premiers hommes ont pu chasser les gros animaux qui n'avaient que peu de prédateurs, et qu'ils ont ainsi pu contribuer, en dépit de leur faible importance numérique, à leur extinction, l'emprise de l'espèce humaine, au fur et à mesure qu'elle transformait les milieux naturels, n'a cessé de s'accroître. A présent, les menaces pesant sur les espèces sauvages sont multiformes, et le taux d'extinction ne cesse ainsi d'augmenter. Les perspectives de réchauffement climatique sont effectivement loin de constituer le seul facteur de perturbation de l'environnement. Dans tous les domaines, des intérêts obèrent une gestion pleinement responsable des ressources.

Nombre de petits Marsupiaux ont disparu dans les derniers siècles, comme ce Wallaby-lièvre dont il ne reste plus que des exemplaires naturalisés.

Le développement technique fait peser ses contraintes sur tous les plans. Le maillage des territoires des pays occidentaux par des autoroutes et des surfaces bitumées coupent les aires naturelles dont les animaux ont besoin de disposer pour trouver leur partenaire; l'imperméabilisation du sol stérilise le substrat et empêche l'absorption des eaux excédentaires, facilitant les inondations. En Australie, l'utilisation non raisonnée de l'irrigation a drainé l'eau de régions exposées à la sécheresse, précipitant la désertification, et finissant finalement par y mener l'agriculture à sa propre perte. Un ver de terre géant spécifique au Lac Pedder en Tasmanie a disparu après l'installation d'une centrale hydroélectrique. En Chine, le gouvernement qui s'efforce de protéger le Grand Panda, symbole du pays, a en revanche laissé s'éteindre une espèce de Dauphin d'eau douce, victime de la pollution des fleuves et des barrages restreignant le nombre de ses proies.

L'envolée démographique des pays en voie de développement conduit quant à elle à un empiétement toujours plus grand sur les réserves naturelles; les projections les plus pessimistes estiment que, tandis que l'Europe peine à renouveler ses générations, l'Afrique pourrait compter près de 9 milliards d'habitants en 2100. En Asie et en Amérique du sud notamment, des zones forestières ne cessent d'être défrichées pour être converties en champs, entraînant des conflits entre les cultivateurs et les animaux dont l'espace vital se réduit. En Afrique, les villageois n'hésitent plus à chasser ouvertement les animaux officiellement protégés qui y vivent, renforçant la prédation imputable aux braconniers chasseurs d'ivoire et de cornes de Rhinocéros. De surcroît, en Amazonie et en Afrique, la viande de brousse ( les animaux sauvages d'espèces souvent menacées, Singes de toutes espèces, Pangolins, Tatous, Fourmiliers, Tapirs, etc... ) fait l'objet d'un véritable engouement qui n'est pas limité aux populations locales, certaines personnes se faisant même clandestinement acheminer par leur famille jusqu'en Occident les cadavres de ces créatures destinées à servir de mets. Et le processus n'en est encore qu'à ses prémisses; nombre de pays comme la Chine et l'Inde achètent d'énormes territoires dans des endroits encore sauvages comme à Madagascar pour y délocaliser la production agricole.
L'effet de destruction imputable à une démographie incontrôlée est encore amplifiée par les déprédations dues aux conflits, comme la guerre au Rwanda qui a failli réduire à néant l'investissement de Dian FOSSEY en faveur de la protection des Gorilles de montagne, ou les affrontements au Nigeria et en Côte d'Ivoire qui précarisent encore davantage l'Hippopotame nain, dernière espèce d'Hippopotame de petite taille encore vivante appartenant à un genre distinct de son parent l'Hippopotame amphibie, de nombreuses autres formes d'Hippopotames de taille réduite ayant disparu dans les temps récents en raison très probablement de l'action de l'homme - rien que dans les sous-bois de l'île de Madagascar, il y'a eu pas moins de trois espèces de petits Hippopotames dans les derniers siècles jusqu'à l'installation des Malgaches.
L'hippopotame nain, discret hôte des forêts d'Afrique de l'Ouest.
Les grandes compagnies ont également leur part dans la déforestation, particulièrement en Asie du sud-est, accaparant le bois précieux ou défrichant pour installer des plantations d'huile de palme ou des carburants verts, éradiquant ainsi l'écosystème naturel; des militants écologistes y ont été assassinés, pour avoir tenté d'alerter l'opinion des déprédations perpétrées. De plus en plus, une sylviculture anthropique ( arbres originaux remplacés par des essences d'espèces exploitées par l'homme ) appauvrissent le milieu. En Alaska, le lobby pétrolier demande à pouvoir effectuer des exploitations dans des réserves naturelles; les évaluations des associations écologiques estiment que les perturbations induites par l'activité auraient un impact plus important que celui allégué par les requérants et seule la catastrophe survenue dans le Golfe du Mexique a conduit le président américain à reconsidérer provisoirement les risques des exploitations d'hydrocarbures - après un rejet initial au temps du gouvernement BUSH grâce à la fronde de quelques élus républicains courageux ayant voté à l'opposé de leur camp. L'Afrique du sud a durant des décennies exercé un rôle de pionnier auprès des institutions zoologiques par sa politique de gestion de la grande faune; le gouvernement actuel ne témoigne apparemment pas du même intérêt en la matière, nombre de protecteurs de la nature dont les efforts ont permis de maintenir en bonne condition les populations de Rhinocéros blancs sont tour à tour expulsés pour laisser la place au projet d'un complexe d'usines et d'une centrale électrique sur une zone étendue de bush, suite à la découverte de la richesse pétrolière du sous-sol. L'exploitation des ressources minières occasionne également bien des pollutions, comme les mines de cobalt d'Amérique du sud ou l'extraction du lithium utilisé notamment pour le téléphone portable. Les orpailleurs clandestins en Guyane française empoisonnent le milieu aquatique, excédant les capacités des forces de l'ordre à y mettre un terme.
Les animaux sont aussi toujours recherchés pour leurs attributs; les Félins sont menacés en raison de leur fourrure, l'ivoire végétal constituant un matériau très proche de celui des défenses d'Eléphants n'a pas mis fin à la tuerie des pachydermes pour ce motif, les cornes de Rhinocéros servent à constituer des manches d'armes blanches très recherchées dans les pays arabes où la superstition leur prête le même pouvoir de virilité que leur utilisation sous forme de poudre par les Asiatiques et notamment par les Chinois, également très demandeurs de griffes de Tigre, ou bien d'autres produits animaux auxquels leurs croyances attribuent également à tort une fonction aphrodisiaque, tandis que d'autres encore comme la bile d'Ours ( prélevée de manière particulièrement cruelle ) et certains Reptiles sont censés avoir des effets bénéfiques pour la santé selon la médecine chinoise traditionnelle. Des mains de Gorille ou des pieds d'Eléphant servent aussi de cendrier ou deviennent d'autres objets utilitaires d'un goût contestable.
Voici un pied de tabouret qui porte bien son nom! On ne sait pas si la trompe a servi à confectionner un tuyau de douche...
L'océan n'est plus depuis longtemps hors d'atteinte de l'homme et son emprise sur ce milieu a été croissante. Il est pour le moins surprenant, pour dire le moins, d'entendre encore certains responsables proclamer en 2010 que la mer peut tout absorber, alors que l'équipe du commandant Jacques-Yves COUSTEAU ( qui s'indignait qu'on "prenne la mer pour une poubelle" ) avait mis en évidence il y' a déjà des années la désertification de certaines zones de la mer Méditerranée, engorgées par les produits toxiques rejetés par les fleuves; on sait depuis que l'embouchure du Saint-Laurent ou les côtes de la Mer baltique ne se portent pas tellement mieux..Une étude récente a révélé que la taille des poissons d'eau douce n'avait cessé de décroître au XIX ème siècle pour cause de prélèvements excessifs, de sorte que la mer est apparue comme une alternative pour l'approvisionnement. A l'heure actuelle, les espèces marines les plus consommées sont en péril, et même celles des profondeurs, qui devaient s'y substituer, commencent elles-mêmes à montrer des signes d'épuisement des populations, de sorte qu'une estimation prévoit la disparition totale des Poissons d'ici trente ans - voir la prédiction de Jules VERNE évoquée dans l'article "La revanche des plus humbles" d'août 2010. De surcroît, l'espèce humaine s'ingénie à dégrader ce milieu dont elle attend tant pour sa subsistance. Les filets dérivants raclant le sol marin arasent tout sur leur passage, détruisant les animaux qui y vivent ainsi que les pontes, et étranglent aussi les espèces nageuses. Une quantité considérable de déchets, notamment drainés par les fleuves, s'y déversent, une accumulation de déchets plastiques apportés par les courants constitue même à présent dans l'Atlantique un véritable continent artificiel, triste réalisation célébrant la modernité. Les particules plus petites s'insinuent dans les organismes et les micropolluants, aux effets toxiques voire mutagènes, se concentrent au fil de la chaîne alimentaire, se retrouvant ensuite avec une forte teneur dans les espèces consommées par l'homme. Nitrates et phosphates, et plus généralement une surabondance de matières organiques, provoquent l'eutrophisation, une prolifération exagérée d'algues qui intoxique l'environnement, entraînant l'extinction de la faune. Les hormones anti-contraceptives se retrouvent aussi dans l'eau, perturbant l'équilibre physiologique de certains animaux, notamment des Poissons qui se féminisent, compromettant leur reproduction. Quant au processus de réchauffement climatique, la modélisation laisse craindre une acidification des mers qui pourrait être fatale à de nombreuses formes de vie; au cours de son histoire, notre planète a connu bien des climats différents ayant eu des influences majeures sur celles-ci, mais l'addition des atteintes porte à croire que la diversité aura davantage de difficultés à surmonter la crise présente.
Le défunt sculpteur CÉSAR n'est pour rien dans cette accumulation formant presque une nouvelle terre qu'aucun conquérant n'a pour l'instant revendiquée...
La contamination des espèces pêchées par l'homme illustre la manière avec laquelle la courte vue finit par être également préjudiciable à notre propre espèce. La pollution génère allergies, asthmes et cancers. La disparition de prédateurs ainsi que l'appauvrissement de la faune au profit d'espèces plus courantes qui sont souvent des "réservoirs" naturels hébergeant des organismes pathogènes pour l'homme, augmente le risque de transmission de maladies. Les organismes génétiquement modifiés, généralement conçus par l'intégration dans l'ADN de virus utilisés pour transférer les gènes, peuvent faire redouter des mutations inattendues, tant les interactions sont par nature complexes, et la résistance qui finit par apparaître chez les parasites combattus par les végétaux modifiés renforce finalement la population d'espèces nuisibles devenus invincibles, comme si toute interférence dans les écosystèmes s'avérait néfaste ( qu'on se souvienne de l'introduction désastreuse des Lapins en Australie, puis de l'horrible myxomatose incontrôlée répandue ensuite pour limiter leur propagation ). On peut encore rappeler que la variété presque infinie de combinaisons chimiques et de caractéristiques cellulaires rencontrée chez les espèces vivantes, dont on ne cesse de réduire dramatiquement le nombre, laisse pourtant augurer des voies prometteuses à la recherche, revêtant notamment dans le domaine médical une importance cruciale; en matière de lutte contre le cancer, notamment, on renverra le lecteur à l'article "Nos précieux cousins des profondeurs" de novembre 2008.
Et pourtant, l'homme est bien loin de ménager la nature alors que son propre intérêt le commanderait. Il n'est pas jusqu'aux scientifiques qui rechignent à donner l'exemple, collectant souvent systématiquement tout organisme découvert lors d'une étude au lieu de se limiter à un ou deux individus par espèce. Des entomologistes sont ainsi parvenus en 1968 à décimer toute une population d'Insectes aptères à Rovinj en Croatie, pour avoir sans ménagement remué toute la zone. Plus récemment, deux espèces de plantes africaines contemporaines des Dinosaures sont considérées comme pratiquement éteintes, suite à un prélèvement intensif.
Sa petite taille n'a pas mis l'Embie, Insecte dont les ailes ont régressé secondairement qui vit sous terre dans des galeries de soie, à l'abri de toutes les convoitises...
Les Cycades ont survécu aux Dinosaures durant 65 millions d'années, mais pourraient ne pas réchapper de la frénésie de certains amateurs de botanique.
Par le passé, bien des populations, dont le mode de vie était plus proche de la nature, ont chassé des espèces jusqu'à l'anéantissement total, en particulier dans les îles, avec l'arrivée des Malgaches, Maoris, Arborigènes, Canaques et autres Mélanésiens, puis finalement des Européens. Des mesures de protection ont été adoptées dans les derniers siècles, mais le statut d'espèce protégée est arrivé trop tardivement pour empêcher l'extinction de l'Aurochs, des dernières Rythines de Steller ( lointain parent du Lamantin adapté au climat polaire ) et du Loup marsupial ( évoqué brièvement dans l'article "L'étrange fin des Marsupiaux?" ). Ce dernier avait notamment pâti de la mauvaise réputation excessive que les éleveurs de moutons australiens leur avait faite, stigmatisation qu'on retrouve de nos jours en France à l'encontre des Loups et des Ours, auxquels on impute d'emblée tout trépas survenu dans le cheptel, entraînant une vindicte frénétique à leur encontre - alors même qu'existent des dispositions pour indemniser le propriétaire lésé. Du Loup marsupial au Renard, sans oublier le Hanneton, qui a pratiquement disparu, différents animaux ont eu l'infortune d'être proposés à la détestation générale, leur destruction étant encouragée par l'octroi de primes. La bêtise consternante des hommes est de constamment surévaluer la capacité de reconstitution des populations : les ornithologues connaissent bien la triste répétition de cette erreur qui a vu l'extermination du Dodo de l'Ile Maurice, du Grand Pingouin de l'Arctique ( seul de son groupe a avoir perdu la capacité de voler, à l'instar des Manchots de l'hémisphère austral ), ou encore plus près de nous du Pigeon migrateur, animaux qu'on disait surabondants jusqu'à ce que le dernier individu soit tué. L'amnésie fait aussi partie des caractéristiques de notre espèce : très présent dans la littérature maritime à l'époque, le Grand Pingouin, à la différence du Dodo mis en scène par le récit de Lewis CAROLL dans ALICE AU PAYS DES MERVEILLES, a totalement disparu de notre culture contemporaine. Les hommes de l'avenir sauront-ils que le Rhinocéros et l'Eléphant ont existé dans les temps historiques ?
Hannetons annonciateurs de la Pentecôte présentés sous un jour sympathique sur cette carte postale de 1905.
Les enfants des écoles étaient recrutés pour anéantir les Hannetons, recevant dix centimes par kilo, avant de les entasser et d'y mettre le feu.
Hanneton vu de face, avec ses antennes en éventail : un indésirable pourchassé jusqu'à sa quasi-disparition.

On peut considérer que, sans des mesures exceptionnelles, une espèce, pour avoir une chance raisonnable de survie, doit bénéficier d'un vaste territoire et être représentée par plusieurs milliers d' individus au minimum, 10 000 dans l'idéal. Lorsque son territoire est morcelé et que ce nombre est inférieur, elle n'est pas assurée de pouvoir surmonter les aléas divers, comme des épidémies ( la maladie de Carré a ainsi décimé près de 90% de la population de lions d'une réserve africaine ). Le braconnage, quant à lui, élimine de préférence les mâles reproducteurs les plus vigoureux, d'ordinaire plus épargnés par les prédateurs. La sous-espèce du Nord de Rhinocéros blanc est ainsi considérée comme pratiquement éteinte, faute que les autorités des pays africains concernés aient pu avoir les moyens suffisants d'endiguer la chasse illicite.
A ce terrible constat des agissements d'une espèce qui a tôt fait d'en désigner nombre d'autres sous le terme de nuisibles, mais qui est incontestablement celle qui aura le plus malmené l'environnement, il convient cependant d'ajouter quelques contre-exemples démontrant la possibilité d'une alternative. En Islande, la population locale qui utilise le duvet de l'Eider remplace le prélèvement effectué dans le nid par un substitut, de manière à ce que la couvaison de ce genre indigène de Canard n'en souffre pas, démontrant que l'homme peut tirer profit d'une espèce sans nécessairement compromettre sa survie. Des chasseurs européens organisateurs de safaris, notamment en Inde, ont pris conscience au début du XXème siècle des menaces que la chasse aux trophées faisait peser sur nombre d'animaux, et sont devenus les promoteurs de réserves naturelles. Le célèbre BUFFALO BILL tient son surnom de la gloire qu'il se faisait des larges massacres de Bisons d'Amérique qu'il perpétrait; il a néanmoins fini par prendre quelque part à sa protection et la population de ces grands ongulés s'est partiellement reconstituée. Le Bison d'Europe est sans doute passé encore plus près de l'extinction, mais cette fois, à la différence du pauvre Aurochs, la Pologne a su préserver les derniers individus vivants en liberté, de sorte qu' il n'est à présent plus immédiatement menacé. Le Lynx pardelle ( grand chat sauvage vivant dans le sud de l'Europe ) a pu se maintenir grâce à un investissement soutenu pour garantir sa reproduction. Néanmoins, sa survie a long terme est incertaine, car le réchauffement climatique devrait selon toute vraisemblance désertifier la réserve naturelle vouée à sa protection. De la même manière, en Afrique, les variations climatiques potentielles dues au réchauffement global pourraient déplacer les zones fertiles, compromettant la perpétuation de la riche faune encore préservée dans les réserves naturelles, l'extension des zones occupées par l'homme ne laissant plus guère de solution de repli.
Si les raisons d'être pessimiste l'emportent largement sur de trop rares bonnes nouvelles, il n'est pas interdit de participer au niveau le plus modeste à une meilleure prise en compte des formes de vie avec lesquelles nous avons reçu la planète en héritage. Le contribuable peut évidemment apporter une participation financière sous la forme de dons déductibles des impôts aux organisations qui tentent de préserver la faune, ce qui ne dispense pas d'un investissement plus personnel. La généralisation de petits gestes quotidiens peut aussi amoindrir l'œuvre de destruction de la nature en cours. Rouler plus lentement, notamment l'été, peut permettre de limiter l'hécatombe routière des Hérissons, dont la stratégie de défense les conduit à se rouler en boule plutôt qu'à prendre la fuite, ce qui leur est fatal. Proscrire les pesticides dans le jardin, alors que la plupart du temps, les mécanismes de défense des plantes et l'action des prédateurs limitent les proliférations indésirables à un niveau tolérable, permet de maintenir une population d'Insectes diversifiée et évite de contaminer les animaux qui s'en nourrissent, tels qu'Hérisons, Musaraignes, Chauve-souris et Oiseaux. Ne pas abandonner de sacs plastiques, particulièrement à proximité de plages, ne répond pas qu'à un civisme soucieux d'esthétique, ceux-ci étouffant nombre d'animaux marins comme les Tortues de mer qui les prennent pour les Méduses dont ils se nourrissent. Concernant ceux d'entre nous estimant indispensable d'avoir un téléphone ou un ordinateur portable, on ne saurait trop leur conseiller de ne pas en acheter un nouveau tous les six mois dès que le dernier modèle à la mode est mis sur le marché comme la publicité intensive y incite, pour le motif évoqué plus haut. Et évidemment, il convient pour ceux qui collectent des plantes ou collectionnent des spécimens d'Insectes ou d'autres animaux, de ne prélever que des espèces non protégées, en préférant toujours comme représentant du groupe recherché celles qui sont les plus courantes à celles qui sont plus rares, ceux qui s'intéressent à la nature se devant de donner l'exemple.
Cette pauvre Tortue a poursuivi sa croissance en dépit de l'anneau qui l'enserre incoerciblement; beaucoup de souffrance provoquée par une petite négligence.
( NOTA : cet article qui devait paraître au début de l'année a été différé pour évoquer les disparitions de personnalités de janvier 2011 )
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Quelques sites ont célébré l'année de la diversité biologique :
Le muséum national d'histoire naturelle de Londres a mis en valeur une espèce chaque jour:
Un blog américain a proposé durant un an de faire découvrir un parasite différent chaque jour :
( on s'était d'ailleurs permis de proposer quelques photos rares, mais faute, probablement, de la caution d'une institution prestigieuse, ces propositions n'ont pas eu l'honneur d'être retenues )
Auparavant, un internaute avait proposé une galerie des espèces découvertes ces dernières années : http://www.flickr.com/photos/26042632@N03

mardi 23 mars 2010

ALLEGRO FORTISSIMO

Un Ours blanc se frayant un passage sur une banquise fragilisée, symbole de la question climatique ( source : National geographic )

Il fut une époque où celui qui fut ministre français de l'Éducation, Claude ALLÈGRE, bien peu soutenu à l'époque par la classe politique, forçait l'admiration par sa volonté affichée de s'en prendre à un des plus grands tabous français, en remettant en cause, au moins partiellement, la sélection abusive par les mathématiques, notamment dans le carcan normatif du système éducatif français. Bien de grands noms de la science partagent cette opinion pourtant si souvent méprisée, comme le paléontologiste Stephen J. GOULD qui contestait l'alignement des sciences naturelles sur le modèle mathématique, ou même le prix Nobel de physique Gilles de GENNES qui jugeait la mathématisation des sciences excessive.

Sans doute échaudé par l' intransigeance avérée de ses collègues à plusieurs occasions, Claude ALLÈGRE a, semble-t-il, totalement abandonné cette cause pour une autre qu'il estime encore plus provocatrice : la contestation du réchauffement climatique, nouvelle croisade dans laquelle, en dépit de la sympathie qu'il inspirait initialement, il est plus difficile de le suivre.

En science, comme dans tout domaine d'ailleurs, il est toujours salutaire de se défier de l'unanimisme, et il est vrai que nombre de travaux essentiels en sciences ont été l'œuvre d'hommes isolés. Si on reconnaît bien volontiers la nécessité de la contestation en sciences dont se prévaut Claude ALLÈGRE - et à laquelle on n'hésitera jamais à recourir en ces pages - l'opposition de principe sur un sujet aussi complexe paraît peu constructive.

Il semble que, ces derniers temps, le regain de considération pour les thèses de Claude ALLÈGRE, auquel les médias accordent souvent une tribune, celui-ci réitérant un numéro parfaitement rôdé, amène à évoquer ici la question, laquelle a des implications évidentes quant au monde vivant qui nous occupe ici pour partie, nous incitant à remettre un peu de raison dans le débat.

Le célèbre géophysicien, s'appuyant sur l'incertitude des prédictions météorologiques, conteste toute validité à des spéculations établies à l'échelle du siècle. Comme souvent avec ce genre de raisonnement, l'argument paraît à priori logique si l'on se place du point de vue d'un grand public dépourvu de culture scientifique. Néanmoins, les projections à court terme ne visent qu'à établir la probabilité la plus forte concernant des éléments fluctuants par essence, comme le sens et la force du vent. Tenter de déceler des tendances climatiques structurelles sur le long terme procède d'une logique différente, à savoir anticiper une évolution fondée à partir de relevés concordants, à la manière de l'étude des cernes du bois dans lesquelles s'inscrivent les fluctuations climatiques passées. Il en va de même pour la discipline dont Claude ALLÈGRE est le spécialiste : la tectonique des plaques est incapable de prédire, par exemple, lorsque surviendra le grand tremblement de terre de Los Angeles, mais a établi avec certitude la survenue de ce séisme majeur dû au mouvement des plaques tectoniques.

A bas la calotte ( glaciaire ) !...

L'irascible contradicteur dénie la fonte des glaciers, pourtant observée dans le monde entier: le Kilimandjaro n'a presque plus de neiges éternelles, quant à la "Mer de glace" du Mont blanc, elle tend à devenir un pauvre "ruisseau", libérant les déchets laissés par les alpinistes depuis un siècle. La désagrégation d'icebergs de plus en plus grands - le dernier de la taille du Luxembourg, détaché d'un glacier antarctique - semble confirmer le processus en cours. ALLÈGRE explique de surcroît que même si les glaces fondaient, le niveau de la mer n'augmenterait pas, l'eau passant simplement de l'état solide à liquide. Cela ne concerne en fait que la banquise, la glace flottant sur l'océan; la fonte des glaces continentales de l'Antarctique, du Groenland et des îles arctiques constituerait bien un apport supplémentaire à l'océan, susceptible de contribuer à l'inondation de nombre de régions situées au niveau de la mer.

Malgré les apparences, il s'agit du même paysage d'Alaska, photographié à quelques décennies d'intervalle: une indication éloquente de la réduction de nombre de glaciers.

M. ALLÈGRE explique que les problèmes d'approvisionnement en eau constituent un défi plus crucial pour les populations. Pourtant, la problématique qu'il conteste est loin d'être sans incidence à ce sujet; la fonte des glaces hivernales de montagne contribue largement à alimenter le réseau hydrographique et permet l'irrigation de nombre de cultures. La menace principale qui pèse sur l'eau concerne en fait la pollution, que ce soit celle des fleuves ou celle des océans, émanant des industries, aussi bien que de la surpopulation comme en témoigne le Gange saturé de déchets. Mais Claude ALLÈGRE qui réclame d'être entendu au nom de la liberté d'expression se fait soudain imprécateur sur ce dernier sujet, vouant aux gémonies les "tenants du malthusianisme"; cependant, même si la science permettait aux ressources vivrières de progresser au niveau de l'accroissement des besoins, il resterait une donnée intangible peu mise en avant par le célèbre économiste MALTHUS: l'espace, qui demeure invariable, et dont la surexploitation, qui met déjà en concurrence l'être humain avec les espèces sauvages ( d'où les destructions opérées par des animaux dépossédés de forêts converties en champs ), devient un des enjeux à l'origine de bien des conflits, comme probablement dans le cas de la guerre du Rwanda.

Le Dauphin d'eau douce chinois disparu en 2006, victime de la pollution et de la construction d'un barrage. Un genre de Cétacé effacé de la surface de la planète dans une indifférence assez générale ( ceux qui veulent en savoir plus peuvent lire cet excellent article: http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/extinction-du-dauphin-de-chine-20309 ).

Si GALILÉE, dont notre bouillant scientifique se réclame, était en avance sur les idées de son époque, son continuateur auto-proclamé verse plutôt dans l'anachronisme, semblant s'enraciner dans une tradition révolue qui ne se souciait pas des déséquilibres sur les milieux naturels causés par l'homme. Bien des espèces ont disparu par le passé pour cause de chasse irréfléchie, mais beaucoup de contemporains ont la mémoire courte. Tout récemment, la candidate à la présidentielle des États-Unis Sarah PALIN, qui déclare qu' "il y'a une place pour les Mammifères d'Alaska : juste à côté de la purée", incitait à la chasse à la "baleine blanche" ( le Bélouga ) en estimant que l'espèce n'était en rien menacée: la reproduction de ces animaux, empoisonnés par les produits chimiques toxiques, était pourtant devenue si faible à la fin des années 1990 , tout particulièrement pour la population de l'embouchure du Saint-Laurent, qu'on estimait alors que l'extinction de l'espèce était proche. L'ancien ministre français de l'Éducation nationale clame que notre espèce doit avant tout penser à ses propres intérêts, comme si ce n'était pas ce qu'elle avait toujours fait, attitude qui a engendré la catastrophe qui se précise. Dans certaines régions des Etats-Unis, les Abeilles ont déjà disparu victimes notamment des polluants, de sorte qu'une pollinisation artificielle coûteuse a due être mise en œuvre - un économiste nommé STERN a ainsi quantifié les services essentiels que les systèmes naturels rendent gratuitement à l'homme et les sommes considérables qu'il faudrait investir pour compenser leur destruction. Claude ALLÈGRE se montre condescendant envers ceux qui tentent de prôner une conception plus responsable du développement, rappelant que "la nature n'est pas bénéfique à l'homme", en citant les Requins mangeurs d'homme et les séismes : une "révélation" qui, à tout le moins, n'apporte pas grand chose au débat...

Cette mignonne petite fille admirative de cet Ours n'est sûrement pas Sarah PALIN enfant; celle-ci aurait sûrement plutôt demandé à ses parents qu'ils lui apportent immédiatement un fusil...

Encore plus significatif du peu d'estime qu'il porte à ses contradicteurs, Claude ALLÈGRE n'hésite pas à convoquer l'insulte, traitant l'animateur de télévision, et créateur d'une fondation, Nicolas HULOT d' "imbécile". Ce dernier ne peut se réclamer d'un cursus universitaire scientifique comme celui dont il peut lui-même se prévaloir, mais il a par contre pu constater à l'occasion de ses multiples reportages, à l'instar de Yann ARTHUS-BERTRAND, autre cible désignée à l'opprobre, les altérations concrètes des sites naturels sur une dizaine d'années seulement, et a vérifié son diagnostic au travers de ses rencontres avec de multiples spécialistes. Les téléspectateurs familiers des reportages de l'animateur ont pu par ailleurs apprécier la qualité poétique et le lyrisme très inspiré de Nicolas HULOT, qui correspond difficilement à la représentation qu'on peut avoir d'un prétendu quasi-demeuré. Délaissant définitivement le terrain de la dialectique scientifique pour celui de l'invective, Claude ALLÈGRE suspecte tous ses adversaires d'être essentiellement motivés par l'argent. Le procès a été couramment fait à Nicolas HULOT au sujet de la marque Ushuaïa - faisant référence à sa célèbre émission - qui commercialise des produits de beauté; celle-la appartient à la chaîne de télévision française TF1, et l'animateur ainsi que sa fondation (http://www.fondation-nicolas-hulot.org/) ne sont donc qu'impliqués indirectement dans l'utilisation qui en est faite. L'Américain Al GORE est accusé d'avoir amassé une fortune avec son documentaire pédagogique sur l'écologie, mais c'est recourir au procès d'intention que d'affirmer que l'argent soit sa motivation essentielle, même s'il n'est pas interdit d'espérer davantage d'abnégation de la part d'un homme qui n'aurait apparemment pas renoncé à une vie luxueuse. Nicolas HULOT a quant à lui pris des risques avec son documentaire LE SYNDROME DU TITANIC, sa vision bien sombre ayant éloigné des salles un public plus familial habitué à son approche davantage "consensuelle" autour de la célébration de la beauté de la nature, ce qui a a engendré un échec financier; le pessimisme dont il s'est fait le héros n'était pourtant que le triste constat des effets de l'ignorance de l'avertissement du naturaliste Jean DORST ( aussi connu comme ancien directeur du muséum national d'histoire naturelle de Paris ) qui, dans son essai AVANT QUE NATURE MEURT, prévenait qu'en l'absence d'une vraie prise de conscience suivie d'effets avant l'an 2000, le monde vivant serait altéré d'une manière dramatique et irréversible.

Un Bélouga ( "Baleine blanche" ) échoué; un nombre croissant de Cétacés périssent, rongés par des cancers imputables à la pollution, notamment aux métaux lourds.

Ces diatribes n'empêche pas Claude ALLÈGRE de s'offusquer si l'on vient à le suspecter à son tour d'être soutenu financièrement par la Compagnie Total, comme quelques-uns l'ont prétendu. Cependant, la proximité d'un camp avec les intérêts financiers les plus évidents est bien à rechercher du côté de ceux qui souhaitent le statu quo comme les sociétés pétrolières, rétives à toute réglementation ( les "dégazages" clandestins sont bien connus ). L'administration BUSH a influé sur la recherche de manière à nier le réchauffement climatique, afin de ne pas compromettre les intérêts industriels - alors même que l'innovation ( en l'occurrence relative à l'application de nouvelles normes écologiques ) est susceptible, comme nombre d'économistes l'ont démontré, d'impulser un nouveau dynamisme économique.

Querelles de chiffres ou de chiffonniers ?

L'iconoclaste géophysicien pousse loin la provocation en estimant que, quoi qu'il advienne, "les générations futures n'auront qu'à se débrouiller" : l'anthropocentrisme n'est pas nécessairement un humanisme. Le prix Nobel de physique CHARPAK s'est montré de son côté tout aussi cynique, estimant à propos des enfants allergiques décédant à Paris pour cause de pollution atmosphérique, qu'il ne fallait pas le déplorer car les descendants de ceux qui survivraient développeraient une physiologie plus adaptée à la pollution - il n'y a pas loin qu'il nous explique qu'il ne faut pas craindre la montée des eaux, car grâce à l'ingénierie génétique, on pourra doter nos descendants de pieds palmés... Tirant parti de l'inculture généralisée, le même CHARPAK ne craignait pas davantage d'affirmer avec aplomb que dormir à côté d'une femme ou arpenter la Bretagne au sol granitique était plus risqué, en raison de la radioactivité naturelle, qu'habiter près d'une centrale nucléaire, en confondant délibérément les types de substances radioactives, la durée de vie des rayonnements, etc...

On peut certes aisément reconnaître que la climatologie traite de phénomènes complexes qui doivent conduire à une certaine prudence, car elle englobe bien des paramètres; par ailleurs, le système subit de constantes modifications depuis l'origine, liées aux mouvements de la Terre, aux variations solaires, à l'activité magmatique, etc... D'ailleurs, Claude ALLÈGRE achève de brouiller les cartes, en opposant le phénomène d'effet de serre cause de réchauffement climatique qui se manifeste sur une durée de quelques décennies, avec la phase de glaciation annoncée, procédant d'un cycle long induit par les phénomènes astrologiques, laquelle devrait intervenir sur une longue période de temps géologique : rien ne permet de croire que les deux évènements puissent survenir simultanément, ni même d'assurer que, dans cette perspective hypothétique, les deux processus se neutraliseraient pour préserver l'équilibre global. Une part d'incertitude est donc inévitable - sans oublier que la fonte des glaces libère en certains endroits du méthane, un autre gaz favorisant "l'effet de serre". Ainsi, on ne peut exclure que, paradoxalement, le réchauffement climatique et la fonte d'eau douce importante ne se traduisent par un refroidissement de l'Europe si le courant chaud du Gulf stream venait à être dévié par un effet de seuil, qui reste à préciser, comme l'imaginait déjà dans les années 1930 le grand auteur de science-fiction Stanley WEINBAUM ( écrivain évoqué dans l'article "Un auteur des années 1930 mis à l'honneur" en mai 2009 ). Par ailleurs, les variations de l'atmosphère ont déjà pu avoir pour effet de modifier le coefficient d'acidité de l'océan, et la vie marine s'est adaptée à ces fluctuations. Néanmoins, il faut en général des millions d'années pour que la richesse biologique puisse se reconstituer, temps nécessaire à l'émergence de nouvelles espèces susceptibles de repeupler les différentes niches écologiques, et, par ailleurs, la diversité du vivant est déjà bien compromise par la surexploitation, la réduction des milieux naturels, ou encore la pollution, ce qui obère ses capacités d'adaptation; cette addition de facteurs laisse effectivement entrevoir les perspectives apocalyptiques augurées dans une projection comme celle du SYNDROME DU TITANIC.

Ce compteur effectue l'effrayant calcul du nombre d'espèces disparaissant chaque jour, une richesse perdue à jamais.

On n'a pas ici vocation à s'ingérer dans le conflit entre institutions s'affrontant au travers d'échanges de plus en plus vifs entre chercheurs convaincus par le modèle du réchauffement climatique global et partisans de Claude ALLÈGRE, moins nombreux - même s'ils comportent quelques personnalités notables, comme le brillant écrivain Michael CRICHTON récemment disparu ( auquel on a rendu hommage en novembre 2008 ), qui était lui aussi persuadé de l'existence d'un "complot écologiste" - cependant, si l'on s' attache à démasquer des forces uniquement motivées par la quête du profit, il apparaît peu contestable, toute considération idéologique mise à part, que les lobbys économiques représentent aujourd'hui la puissance dominante, désireuse d'influer sur l'opinion pour préserver ses intérêts comme on l'a évoqué plus haut au sujet du président BUSH ( on se souvient aussi, dans l'affaire dite de la "vache folle" qui n'a pratiquement donné lieu à aucune inculpation, que les institutions nationales et européennes ont systématiquement nié les informations inquiétantes jusqu'au moment où la vérité n'a pu être étouffée, ayant entraîné plusieurs scandales révélateurs de la complète prééminence des objectifs financiers sur les impératifs publics de santé ). On se contentera simplement d'ajouter, sans d'ailleurs nier en rien le conformisme qui peut, il est vrai, régner dans les milieux scientifiques et qui rend toujours inconfortable de défendre des positions minoritaires, que nombre des chercheurs auxquels se réfère le géophysicien pour étayer ses thèses ont, semble-t-il, pris des distances avec leur médiatique porte-parole, dont la démonstration est jugée réductrice, et que l'intéressé vient lui même de reconnaître que certaines des courbes de température de son dernier livre à succès, émanant prétendument de collègues, avaient été contrefaites et ne reposaient en fait sur rien, ajoutant qu'il les supprimerait des rééditions mais qu'elles n'avaient aucune importance, sa motivation étant essentiellement, de son propre aveu, de discréditer l'intéressement financier supposé des promoteurs de l'écologie...

Claude ALLÈGRE paraît ainsi se complaire dans une attitude de provocateur de plus en plus caricaturale qui le dessert, même si elle assure sa promotion médiatique. On ne peut que regretter qu'il préfère à présent adopter cette posture, plutôt que de participer au débat par un apport critique plus pertinent. Celui-ci affirmait pourtant tantôt la nécessité de se projeter dans l'ère de l'après-pétrole, et s'intéresse à la possibilité de piéger une part du gaz carbonique présent dans l'atmosphère. La complexité des défis suppose la mobilisation de toutes les énergies disponibles. Par ailleurs, il n'a peut-être pas tort d'imaginer que l'homme puisse parvenir à améliorer la situation par son inventivité, mais cela suppose, comme le dit Nicolas HULOT, que notre espèce agisse avant que les écosystèmes soient dégradés d'une manière irrémédiable.

Un faisceau de présomption supplémentaire

On l'a vu, Claude ALLÈGRE est partisan d'une vision scientiste plaçant sans partage l'homme au-dessus de la nature. S'il s'intéressait au monde vivant dans son ensemble, il pourrait alors réaliser que celui-ci semble également plaider pour la thèse du réchauffement global du climat. Il y'a quelques années, des Cigales aux stridulations caractéristiques ont été pour la première fois signalées dans les souterrains du métro parisien. Des espèces pathogènes, comme le petit Moustique vecteur du "chikungunya", du genre Aedes, plus difficile à repérer que l'Anophèle commun, commencent à être recensées dans les zones tempérées de l'Europe. N'en déplaise à Claude ALLÈGRE, le sort de l'homme est lié à celui des autres créatures vivantes, pour le meilleur comme pour le pire.

Ce petit Moustique piqueur, l'Aedes albopictus, vecteur de graves maladies, commence à se répandre en Europe à la faveur de la hausse des températures.

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Disparition de l'acteur Peter GRAVES. De son vrai nom James AURNESS, l'acteur, disparu le 14 mars 2010 peu avant son quatre-vingt quatrième anniversaire, est surtout connu comme le chef d'équipe de contre-espionnage de la série MISSION IMPOSSIBLE. Il avait aussi participé à la comédie Y'A T-IL UN PILOTE DANS L'AVION et sa suite. Il avait par ailleurs tourné dans des films de science-fiction dans les années 1950, notamment, l'année suivant sa prestation dans le classique LA NUIT DU CHASSEUR, dans un des tous premiers films de Roger CORMAN, IT CONQUERED THE WORLD (1956), dans lequel il lutte contre l'influence d'un envahisseur vénusien auquel le créateur d'effets spéciaux Paul BLAISDELL a conféré un aspect trapu à la demande du réalisateur qui pensait que sa planète d'origine avait une forte gravité - elle est en fait légèrement inférieure à celle de la Terre. Peter GRAVES était par ailleurs le frère de l'acteur James ARNESS, lequel a tourné dans nombre de westerns et a interprété la créature de LA CHOSE D'UN AUTRE MONDE de Christian NIBY, un des tous premiers extraterrestres du cinéma.

Peter GRAVES dans IT CONQUERED THE WORLD approche de la caverne dans laquelle gîte un extraterrestre hostile.

Peter GRAVES fait une apparition dans MEN IN BLACK II.