mardi 13 janvier 2009

UN ILLUSTRATEUR DE L'AGE D'OR DE LA SCIENCE-FICTION DISPARAIT


L'âge d'or de la science-fiction américaine a débuté au milieu des années 1920 avec la revue Amazing stories, puis s'est développé dans de nouveaux périodiques, le papier de texture assez grossière valant à ces différents magazines le surnom de "pulps" - papier ressemblant à de la pulpe. Rompant avec une science-fiction plus naïve d'auteurs comme Ray CUMMINGS ( LA FILLE DANS L'ATOME D'OR ) et Edgard Rice BURROUGHS ( le cycle JOHN CARTER SUR MARS ), ces titres accueillirent principalement des auteurs s'inspirant des œuvres d'inspiration plus scientifique d'Herbert George WELLS que ces magazines popularisaient, tels Murray LEINSTER ou Jack WILLIAMSON, lequel était un grand admirateur de l'écrivain britannique.

Il arrivait que les auteurs ne soient pas très prolixes dans leurs descriptions de mondes inconnus et de créatures étranges; il revenait alors aux illustrateurs de puiser dans leur propre imagination pour concrétiser leurs fabuleuses visions. Nombre de ces artistes, dont certains critiques ont parfois évoqué avec condescendance des œuvres selon eux trop outrées et raccoleuses, mais qui continuent à exercer une véritable fascination de nos jours, ont disparu il y'a plusieurs décennies, comme Frank Rudolph PAUL, Leo MOREY, Hans WESSOLOWSKI dit WESSO, ou encore Virgil FINLAY. L'un d'eux, pourtant, vient de s'éteindre ce 25 décembre 2008, à l'âge de 94 ans.

Edward Daniel CARTIER, plus connu sous son diminutif d'Edd CARTIER, était né dans le New Jersey en 1914. Il est sans doute un peu moins connu que les autres dessinateurs précités, car il réalisait beaucoup plus d'illustrations intérieures que de couvertures. Il commença notamment par illustrer la série THE SHADOW, contant les agissements d'un justicier, qui donna lieu à plusieurs adaptations cinématographiques. C'est John CAMPBELL, depuis peu rédacteur en chef de la revue Astounding science fiction, qui le recrute pour un nouveau magazine, Unknown, davantage axé sur le fantastique, à la manière de l'illustre Weird tales qui avait révélé des auteurs comme H.P. LOVECRAFT et Robert HOWARD. Unknown permet à Edd CARTIER de donner vie à bien des personnages inquiétants, gnomes, démiurges, mauvais génies, etc... Edd CARTIER concevait une admiration toute particulière pour Ron L. HUBBARD, dont il illustra 32 nouvelles, et qu'il tenait pour un auteur inventif capable d'insuffler une forte présence aux personnages qu'il inventait - les best-sellers du cycle TERRE CHAMP DE BATAILLE et sa création du mouvement controversé de la scientologie ont quelque peu occulté depuis la période durant laquelle l'écrivain alimentait les pulps en nouvelles traitant du destin. L'artiste avait aussi illustré des récits d'Isaac ASIMOV et de Robert HEINLEIN.

Edd CARTIER a illustré également des nouvelles de
Theodore STURGEON, comme TINY ET LE MONSTRE et ÇA ( IT ) et son mort-vivant ressemblant à un Golem fait de boue.

La créature meurtrière de ÇA de Theodore STURGEON
au sommaire d'un numéro d'Unknown,
scanné par notre ami Jacques HAMON du site de science-fiction très complet Collectors showcase : http://www.collectorshowcase.fr/


Autre représentation d'une créature de Theodore STURGEON, en l'occurrence l'extraterrestre de TINY ET LE MONSTRE figurant dans Astounding Science Fiction.

Après la fin de la seconde guerre mondiale durant laquelle il a été blessé à Bastogne, en Belgique, au cours de la Bataille des Ardennes, Edd CARTIER a repris sa collaboration aux pulps, tels qu'Astounding science fiction et Planet stories.

On doit à Edd CARTIER des extraterrestres assez pittoresques. Il avait lui-même écrit un essai témoignant de son intérêt pour le sujet, "Life in other worlds", publié dans l'anthologie TRAVELLERS OF SPACE, agrémenté de ses représentations de la vie extraterrestre. Ses créatures sont très différentes de celles que proposent les illustrateurs contemporains, avec leurs formes épurées et fuselées qui évoquent parfois les lignes des derniers modèles de l'aéronautique. Les courbes renflées des extraterrestres d'Edd CARTIER s'apparenteraient plutôt aux formes lâches que le peintre espagnol Salvador DALI prêtait aux objets, notamment sa série dite "des montres molles". Les créatures de CARTIER sont grotesques sans être ridicules, expriment une vraie étrangeté sans être improbables et évoquent aussi quelque peu des formes de vie terrestre sans en être la décalque. Le célèbre astronome passionné de spiritisme du XIXème siècle, Camille FLAMMARION, aurait sûrement dit qu'à présent affranchi de son corps terrestre, l'esprit d'Edd CARTIER pouvait désormais s'élancer vers les mondes extraterrestres pour y découvrir les formes de vie étrangères qui avaient stimulé son imagination.

Une créature d'Edd CARTIER que le célèbre astrophyscien Carl SAGAN, auteur du roman CONTACT qui fut adapté au cinéma, avait choisie pour illustrer son chapitre sur la vie extraterrestre dans son célèbre ouvrage COSMOS, devenu une série télévisée.



Cette espèce évoquant une "limace de mer" quelque peu mâtinée de bovin est particulièrement marquante.

la série complète, ainsi que des couvertures pour Unknown, peut être vue sur ce site :

Signalons au passage deux autres décès récents qui méritent d'être cités. Forrest J. ACKERMAN, âgé de 92 ans, qui s'est éteint le 4 décembre 2008, était connu comme le plus ancien et le plus représentatif des amateurs de fantastique et de science-fiction. Il avait été un des premiers à obtenir la musique de la première version de KING KONG et n'avait depuis cessé de collecter maquettes et costumes originaux des films fantastiques. Il avait aussi créé une revue de cinéma célèbre, Famous monsters, qui, même si elle n'accordait guère de place à l'aspect analytique des oeuvres, a su fédérer un public de passionnés et ouvrir la voie à d'autres magazines. Il avait par ailleurs fait quelques apparitions dans des films de série B. Souhaitons de toujours conserver à son exemple un peu de l'émerveillement de l'enfance.

Deux couvertures de la revue Famous monsters, mettant à l'honneur le Martien de LA GUERRE DES MONDE de Byron HASKINS et le cyclope cornu créé par Ray HARRYHAUSEN pour LE SEPTIEME VOYAGE DE SINBAD, représentant deux classiques du cinéma des années 1950.

L'acteur Patrick McGOOHAN, disparu à l'âge de 80 ans le 3 janvier 2009, était surtout connu pour son rôle dans deux séries, DESTINATION DANGER, une série d'espionnage, et LE PRISONNIER, qu'il avait lui-même conçue, série surréaliste tournée dans le petit village de Portmeirion, dans laquelle il prêtait ses traits volontaires à l'obstiné "Numéro 6", ancien agent des services secrets à qui une mystérieuse organisation tentait par tous les moyens d'extirper des renseignements. Il avait aussi tourné dans quelques films fantastiques. Dans SCANNERS (1981) de David CRONENBERG, il incarnait un scientifique dont la substance chimique prescrite à des femmes enceintes, l'éphémérol, avait engendré la naissance de mutants aux pouvoirs parapsychiques, susceptibles de mettre en péril l'humanité. Dans BABY, LE SECRET DE LA LEGENDE OUBLIEE ( 1985) de Bill NORTON, basé sur la légende du Mokélé-mbembé, il découvrait dans une jungle africaine reculée un petit groupe de Brontosaures ayant survécu à l'extinction des Dinosaures, qu'il voulait présenter comme attraction, s'opposant à un couple de naturalistes interprétés par William KATT (HOUSE) et Sean YOUNG (BLADE RUNNER, DUNE), qui désirait les maintenir dans leur milieu naturel. Le regard perçant et ténébreux de Patrick McGOOHAN, devenu symbole de la lutte archétypale du Numéro 6 contre toutes les formes de manipulation mentale, continuera encore longtemps de nous marquer.

La première adaptation livresque de la série LE PRISONNIER
par l'écrivain de science-fiction Thomas DISCH
,
qui a mis fin à ses jours récemment, le 4 juillet 2008
( hommage à
l'auteur de science-fiction: http://www.cafardcosmique.com/DISCH-Thomas ).

L'acteur, barbu dans BABY, LE SECRET DE LA LEGENDE OUBLIEE.

mardi 16 décembre 2008

LES MONSTRES INVESTISSENT LES PLANCHES

Ces derniers temps, les êtres imaginaires paraissent investir les scènes, et notamment l'opéra, dont l'univers culturel et les codes sont pourtant généralement fort différents de ceux du fantastique ou de la science-fiction. Certes, le personnage du comte DRACULA a été popularisé sur les planches par Bela LUGOSI avant que celui-ci ne l'interprète pour le grand écran, et, plus classiquement, les opéras comme ceux conçus par le grand compositeur Richard WAGNER mettent quelquefois en scène des êtres mythiques.

opéra sur SIEGRFRID avec son dragon, singulier réveil-matin médiéval...

On évoquait sur ce site le 31 octobre dernier la contribution récente de Carlo RAMBALDI, le célèbre créateur de E.T. L'EXTRATERRESTRE, à l'opéra italien LA DIVINE COMEDIE basée sur l'oeuvre de Dante ALIEGHERI, en collaboration avec Sergio STIVALETTI, notamment la création d'un griffon.

Récemment, on a fait quelque écho à l'adaptation sous forme d'opéra par David CRONENBERG de son propre film LA MOUCHE, remake de LA MOUCHE NOIRE - lequel comportait, il est vrai, une scène se déroulant à l'opéra. Le metteur en scène a demandé au compositeur Howard SHORE d'assurer l'adaptation de la partition qu'il avait créée à l'époque, et les effets spéciaux ont été confiés au Canadien Stephen DUPUIS qui avait assisté Chris WALAS sur le film, avant d'être chargé des effets spéciaux de la suite très honorable que WALAS dirigea -laquelle combinait la thématique des deux suites de LA MOUCHE NOIRE. Les créatures, réalisées en d'autres matériaux plus légers, sont assez réussies, notamment une réplique du Babouin téléporté par le chercheur audacieux, et l'horrifiant et éprouvant résultat produit par ce premier essai malencontreux.

Daniel OKULITCH, nouvel interprète du personnage de Brundle

préparation du maquillage du savant dont l'A.D.N. a fusionné avec les gènes d'une mouche indésirable à la suite d'un essai de transmission de matière

Un final horrifiant réminiscent de celui du modèle cinématographique

Un autre chef-d'oeuvre du cinéma de science-fiction des années 1980 pourrait être porté sur les planches, puisque le cinéaste italien Dario ARGENTO - d'ailleurs réalisateur d'un film appelé OPERA - a fait part de son intention d'adapter au théâtre le chef-d'oeuvre de John CARPENTER, THE THING, en utilisant une salle réfrigérée pour que les acteurs comme l'auditoire se trouvent plongés dans les mêmes conditions climatiques que les personnages de l'histoire affrontant une redoutable entité extraterrestre. Souhaitons à ceux-là que le spectacle ne se tienne pas au plus chaud de l'été : le tournage du film qui avait eu lieu pour l'essentiel en août 1981 avait occasionné des problèmes de santé à la plupart des membres de l'équipe, par le contraste entre le froid rigoureux maintenu dans le studio et la canicule qui régnait à l'extérieur...

la base norvégienne dévastée élaborée dans les studios réfrigérés d'Universal lors du tournage de THE THING

La chaîne de télévision franco-allemande Arte avait diffusé il y'a quelques années un opéra de Michael OBST adaptant SOLARIS, probablement le plus grand roman de science-fiction, écrit par l'auteur polonais Stanislas LEM, décédé il y'a quelques années. On peut rendre crédit au maître d'oeuvre du respect qu'il témoigne à l'égard du texte original, même s' il peut être un peu déconcertant d'entendre un chanteur lyrique déclamer des phrases comme: "il faut que nous étudions ces mystérieux neutrinos entrant dans la composition des répliques des êtres chers produites par l'Océan, qui nous tourmentent en révélant nos pensées les plus intimes".

D'autres personnages fantastiques pourraient encore enrichir les rangs des théâtres et opéras, à la suite de cette récente pièce inspirée d'EDWARD AUX MAINS D'ARGENT de Tim BURTON.

Signalons par ailleurs la disparition récentes de deux personnalités du monde culturel. En premier lieu, celle de Francis LACASSIN; éditeur de bien des ouvrages, il avait notamment initié les hommages à deux créateurs de monstres célèbres, avec un numéro des Cahiers de Lerne consacré à Howard Philip LOVECRAFT, à la suite de Jacques BERGIER qui l'avait fait connaître en France, et avec d'autre part la réédition chez Bouquins des œuvres de Gustave LE ROUGE , recueil qui, outre diverses histoires d'aventures, comportait les deux volets de LA GUERRE DES VAMPIRES avec son étonnant écosystème martien, volume pour lequel il a écrit une introduction conséquente qui rappelait notamment la proximité de l'auteur avec l'écrivain bien connu Blaise CENDRARS.

Francis LACASSIN, un éditeur passionné qui ne dédaignait pas les créateurs de monstres, alors qu'en France beaucoup de spécialistes de la littérature et d'émissions télévisées tiennent en piètre estime la science-fiction

Le producteur Christian FECHNER, quant à lui, avait produit des films très divers, mais le grand public a surtout retenu les divertissements populaires et notamment des comédies avec l'inimitable Louis de FUNES. Ce dernier n'était certes pas un "monstre", mais seulement un "monstre sacré"( auquel nos amis canadiens du Club des monstres ont consacré un sujet ). Même si le producteur a produit une comédie sur un extraterrestre mettant en scène ce dernier, LA SOUPE AUX CHOUX, chronique nostalgique de la France rurale des années 1950 au travers de la farce, c'est une autre raison qui amène à l'évoquer ici. FECHNER a expliqué qu'il avait été le seul producteur à avoir engagé Louis de FUNES à l'époque où ses ennuis de santé l'avaient fait écarter du métier par défection des assurances. FECHNER prit des risques financiers pour que le célèbre comédien puisse entamer une seconde partie de carrière fructueuse. On aimerait donc que, suivant son exemple, des producteurs américains, voire des hommes d'affaires ou de riches héritiers, attristés par le fait que les plus grands noms des effets spéciaux comme ROB BOTTIN ou Chris WALAS se sont vus interdire de créer de nouveaux monstres en raison de la préférence actuelle des producteurs pour la facilité des trucages par ordinateur ( le premier ayant même été pratiquement congédié, en dépit de sa notoriété, par le metteur en scène de DEEP RISING qui le jugeait trop perfectionniste ) mettent fin à ce gâchis en finançant des films dans lesquels les créateurs évincés pourraient donner libre cours à leur talent et être assurés que le montage conserverait cette fois en l'état, sans retouches numériques, les prodiges qu'ils réaliseraient.

On recherche producteurs courageux ou cinéphiles généreux susceptibles de permettre le retour de grands créateurs dont on est sans nouvelles...

mardi 25 novembre 2008

NOS PRECIEUX COUSINS DES PROFONDEURS

Jacques PICCARD, océanographe, est décédé le 1er novembre 2008 à l'âge de 86 ans. Fils du célèbre Auguste PICCARD qui avait mis au point le ballon stratosphérique et le bathyscaphe - et qui avait servi de modèle à HERGE pour son personnage du professeur Tournesol - Jacques PICCARD avait effectué une plongée dans la fosse des Mariannes à près de 11 000 mètres de fond. Emerveillé par la variété d'une vie insoupçonnée à de telles profondeurs, il obtint que les déchets nucléaires ne soient pas entreposés dans les fosses abyssales.

Jacques PICCARD au hublot d'un bathyscaphe

On évoque souvent à juste titre les risques pour la diversité des espèces en Amazonie, d'autant qu'en dépit de l'image très valorisante qu'en conserve l'intelligentsia, le président du Brésil est non seulement revenu sur ses promesses d'un meilleur respect de l'environnement, mais a au contraire donné son plein aval pour les cultures transgéniques et autorisé la déforestation avec une ampleur jamais vue. Il est vrai que que la densité d'espèces y est assez époustouflante, tant la flore luxuriante abrite des formes spécifiques, notamment parmi les Insectes, et que la lutte emblématique pour la préservation de l'environnement est particulièrement âpre dans les forêts tropicales (à l'inverse du roman de Michael CRICHTON, ETAT D'URGENCE, les victimes de la violence se comptent plutôt dans le camp des écologistes ; si on a retenu pour l'Amazonie les noms de Chico MENDES et Peter BLAKE, si l'Afrique reste empreinte du combat de Dian FOSSEY, dont la vie, à l'instar du premier, a été transcrite à l'écran, près d'une douzaine de personnes, notamment des Européens, ont perdu la vie dans un grand anonymat depuis le début des années 1990 en Asie du sud-est pour s'être opposées aux grandes compagnies).*

Cependant, toutes ces espèces, quasiment innombrables, ne sont que la déclinaison de quelques grands types végétaux et animaux. La variété est encore bien plus grande dans les océans, berceau de l'évolution animale. Certaines créatures fort discrètes et très rares représentent pratiquement à elles seules une branche entière de l'histoire de la vie sur notre planète.

C'est ainsi le cas des Ptérobranches, mystérieux petits animaux pédonculés pourvus de deux longs bras plumeux, qui vivent dans les grandes profondeurs au sein de petites colonies. Ces animaux ont parfois été rapprochés des Bryozoaires ou animaux-mousse, petites créatures coloniales qui recouvrent les algues ou les fonds rocheux, et dont les individus pourraient être assimilés aux polypes des Coraux si ceux-ci ne présentaient pas une organisation interne beaucoup plus complexe qui les fit rapprocher des Mollusques au XIXème siècle en même temps que les Brachiopodes, pseudo-Mollusques pourvus d'une coquille bivalve (et que les Ascidies, alors faussement interprétés comme des Mollusques bivalves sans coquille notamment en raison de leurs deux siphons).

Cephalodiscus représenté par les premiers naturalistes qui l'ont décrit ( sur la figure du bas, plusieurs jeunes individus ont commencé à se développer ).

Il n'existe qu'une trentaine d'espèces connues de Ptérobranches. Rhabdopleura vit dans un tube, tandis que Cephalodiscus se fixe à l'extérieur de la structure chitineuse élaborée par l'individu. Encore moins connu, le troisième genre, Atubaria, vit sans tube, fixé sur d'autres animaux marins, les Hydroïdes.

photo de deux Cephalodiscus vivants (photo d'E.Balser).

Les Ptérobranches sont classiquement rapprochés des Entéropneustes, organismes vermiformes fouisseurs surnommés "Vers à gland" en raison de la forme de leur trompe, comme celle de leur représentant le plus connu, le Balanoglosse - mais celle-ci peut-être beaucoup plus allongée comme chez le genre Saccoglossus. Les Entéropneustes ont une place tout à fait singulière dans l'évolution : leur larve ressemble beaucoup à celle des Holothuries ou Concombres de mer, parents allongés des Oursins, dont les Méditerranéens consomment une espèce sous le nom de « trépang », mais l'adulte possède de petites fentes branchiales très comparables à celles qui apparaissent provisoirement sur l' embryon humain, plan archétypal témoin des lointaines origines marines des Vertébrés auxquels nous appartenons.


Entéropneuste, vue générale et gros plan sur ses fentes branchiales (photo de l'Université de Washington). Au dessous, un embryon humain avec ses fentes branchiales analogues.

L'intérêt pratique que représentent ces obscures et méconnues créatures pour notre espèce paraît à priori peu évident. Cependant, de nouvelles substances, désignées collectivement sous le nom de « céphalostatine » d'après le nom du Cephalodiscus, s'avèrent constituer un traitement efficace contre les cellules cancéreuses humaines.

D'autres produits issus d'animaux marins plus proches encore de la lignée des Vertébrés peuvent s'avérer appropriés pour la recherche médicale. Les Tuniciers sont généralement des animaux fixés comme les Ascidies – les Méditerranéens consomment une espèce désignée sous le nom de « violet » - filtrant l'eau de mer au travers de deux siphons, et dont la larve nageuse, évoquant un têtard par sa morphologie, possède une notochorde interne, sorte d'ébauche de colonne vertébrale, comme l'a découvert à la fin du XIXème siècle le zoologiste Alexander KOWALESKY (un Tunicier appartenant à un groupe très différent, le Pyrosome, a été évoqué récemment dans l'article du 18 septembre 2008 intitulé « Le tentacule d'ABYSS existe réellement »).

Larves d'Ascidies. L'exemplaire du dessous, vu au microscope, laisse voir par transparence l'équivalent de la colonne vertébrale présent dans la queue.

Il y'a une quarantaine d'années, un autre anticancéreux, la trabectédine, issue de l'Ascidie coloniale Ecteinascidia turbinata, a été isolé. Cette substance chimique agit contre les cellules malignes de différentes formes de cancer et semble également prometteuse pour traiter les tumeurs résistant à la chimiothérapie.
l'Ascidie Ecteinascidia turbinata, en haut un individu avec ses deux siphons; en bas, une colonie.

Plus récemment, trois espèces d'Ascidies, Ascidia sydneiensis, Microcosmus goanus et Phallusia nigra, ont fourni des composés qui ralentissent le développement du Plasmodium, le Protozoaire agent du paludisme, chez l'hôte vertébré.

Les Oursins et Etoiles de mer paraissent à priori très éloignés des humains, au point que les naturalistes du début du XIX ème siècle les avaient rapprochés des Anémones de mer au sein des animaux-plantes ou Zoophytes, les formes les moins élaborées du règne animal. Cependant, ces créatures à la paroi externe rigide souvent pourvue de piquants (d'où le nom de leur embranchement, les Echinodermes, "à peau épineuse") appartiennent à une branche voisine de la nôtre, puisqu'elles ont en commun avec les humains que l'orifice apparaissant en premier au cours du développement de l'embryon n'est pas la bouche originelle, comme chez les Insectes et les Mollusques (ce qui vaut à l'ensemble d'être désigné sous le nom de Protostomiens - « première bouche »), mais l'anus, processus d'inversion qui demeure mystérieux au plan de l'évolution. Par ailleurs, au sein de ces « Deutérostomiens », les Concombres de mer ou Holothuries présentent, comme on l'a déjà évoqué plus haut, une larve assez similaire à celle des « vers à gland » ou Entéropneustes. Cette lointaine proximité peut expliquer que, là encore, certaines espèces manifestent des affinités physiologiques ou biochimiques avec les Vertébrés. L'espèce Holothuria glaberrima présente un mécanisme comparable à celui des Humains pour réparer les cellules lésées lors de blessures et qui est susceptible de fournir une solution pour accroître l'efficacité du processus de régénération. Le genre Holothuria pourrait aussi fournir un nouvel analgésique actif au niveau du thalamus.

Une Holothurie ou "concombre de mer"; suite à une consommation effrénée, les Holothuries auraient disparu de nombre de littoraux en Afrique et en Asie.

Ci-dessus, la larve d'un "concombre de mer"


La larve des "vers à gland" ( Entéropneustes ) est bâtie sur une organisation voisine

Par ailleurs, les spécificités propres à ces différents animaux peuvent augurer d'autres débouchés intéressants en matière de santé. En constituant un mélange utilisant notamment des fibres issues d'un autre Tunicier, des chercheurs d'une université de Cleveland sont parvenus à obtenir une substance dont il est possible de modifier la rigidité et qui pourraient être utilisée pour des implants dans le cas par exemple de micro-électrodes destinées au traitement de la maladie d'Alzheimer. Les Holothuries fournissent une matière comparable, des molécules permettant de durcir presque instantanément le corps de l'animal. Enfin, l' espèce Cucumaria echinata fournit une substance expérimentée dans le cadre de la lutte contre la malaria, celle-là produisant un effet délétère sur le parasite.


La diversité du monde vivant est telle qu'on peut également trouver chez des animaux sans aucune parenté avec l'homme, comme certains Mollusques ( un Gastéropode tropical célèbre, le Cône, est d'ailleurs pourvu d'un poison mortel, qui devrait conduire les touristes prudents à s'en tenir à distance respectable ) des substances prometteuses en matière de recherche d'un traitement contre le cancer.

Ces différents travaux démontrent tout l'intérêt de protéger les espèces les plus diverses, même s'il serait un peu triste que nous n'envisagions ces animaux qu'au travers de l'utilité que peuvent présenter certaines des molécules qui les composent.

* On vient d'apprendre à ce propos que le rédacteur en chef d'un journal russe, Mikhaïl BEKETOV, avait été amputé d'une jambe suite a une agression commise dans la nuit du 13 au 14 novembre 2008 ; cet acte d'une grande brutalité et les nombreuses menaces dont il continue d' être l'objet pourraient être en rapport avec sa mobilisation contre la déforestation liée au projet de construction d'une autoroute - mise à jour : il finira finalement par décéder en 2013 des suites de l'agression.


jeudi 6 novembre 2008

LA TRILOGIE JURASSIC PARK DE NOUVEAU ENDEUILLEE


Triste 4 novembre 2008 aux Etats-Unis pour les amateurs de littérature et de cinéma : après la disparition cet été du spécialiste d'effets spéciaux qui avait donné vie aux Dinosaures de la série JURASSIC PARK, Stan WINSTON, c'est l'auteur des livres dont s'inspirait la série de films, Michael CRICHTON, qui est victime à son tour du cancer à l'âge de 66 ans. Bien que n'ayant pas à proprement parler inventé de créatures imaginaires ( si l'on excepte la molécule infectante à structure cristalline de LA VARIETE ANDROMEDE ), il avait redonné brillamment vie aux géants disparus dans le célèbre roman et sa suite.

De grande taille puisqu'il dépassait les deux mètres, Michael CRICHTON connut également les hauteurs du succès de librairie, et, cas assez rares, il se fit également régulièrement metteur en scène pour le cinéma à partir de 1973 avec MONDWEST, bien qu'il n'était pas apparenté au cinéaste Charles CRICHTON ( la comédie UN POISSON NOMME WANDA et une version cinématographique d'un épisode de la série COSMOS 1999 ). Cependant, sa propension au succès ne l'empêcha pas de douter, traversant une période durant laquelle il perdit l'inspiration, et, insatisfait de sa vie privée, il fut marié cinq fois.

Contrairement à nombre d'écrivains de science-fiction plus âgés décédés ces dernières années, comme Alfred Elton VAN VOGT, Arthur C. CLARKE ou encore le génial Stanislas LEM, Michael CRICHTON n'était pas à proprement parler un auteur de science-fiction mais plutôt un écrivain généraliste. Auteur de la célèbre série télévisée URGENCES, inspirée par ses études de médecine, il abordait en effet les sujets les plus divers avec la même curiosité intellectuelle, recréant par exemple en 1975 un hold-up ferroviaire célèbre avec son film LA GRANDE ATTAQUE DU TRAIN D'OR, avec Sean CONNERY.

En raison de son intérêt pour les sciences, nombre de ses oeuvres s'apparentaient à la science-fiction. C'était le cas de THE TERMINAL MAN ( 1972 ), évoquant l'application de l'informatique à la neurologie, de LA VARIETE ANDROMEDE ( 1969 ) sur la contagion par un virus extraterrestre ou encore de MORTS SUSPECTES ( COMA ) en 1977, films qui abordaient le sujet de l'éthique médicale. Dans ce dernier, classique dont L'AMBULANCE de Larry COHEN paraît s'inspirer, une doctoresse découvre que son hôpital sacrifie certains patients pour alimenter le trafic d'organes, les dernières avancées thérapeutiques servant des objectifs purement lucratifs. Le directeur de la clinique, interprété par le squelettique et glacial Richard WIDMARK, estime qu'au regard de la médecine, "une grande force sociale", le sacrifice de quelques vies humaines est bien peu de choses. Cette plongée clinique et angoissante dans les coulisses et recoins les plus obscurs et secrets des institutions médicales suscite un malaise évident.

couverture française pour le roman LA VARIETE ANDROMEDE
Si la mise en scène de LOOKER est un peu terne, le film anticipait dès 1981 les problèmes de droit à l'image consécutif à la numérisation des modèles; on sait depuis que nombre des mannequins apparaissant dans les publicités sont retouchés par ordinateur. Un chirurgien esthétique joué par Albert FINNEY, enquêtant sur la mort de ses patientes, comprend que leur meurtre a été commandité par leur employeur, le directeur d’une société de télévision, John Reston (James COBURN), qui veut les remplacer dans les publicités par leur double informatique exempt de tout défaut. Au-delà, Reston fomente le projet plutôt paradoxal de promouvoir les vertus individualistes grâce à un procédé de conditionnement des téléspectateurs. Le scénario de LOOKER n'est pas très vraisemblable, car on ne voit pas très bien pour quelles raisons un publicitaire assassinerait ses modèles lorsqu'il peut leur acheter le droit à l'image (les vedettes de cinéma font d'ailleurs couramment appel à des doublures lorsqu'elles doivent montrer à l'écran une partie de leur anatomie qu'elles jugent insuffisamment flatteuse). Le dénouement s'achève par un combat loufoque et réjouissant au milieu des plateaux de télévision affectés à la publicité subliminale.

RUNAWAY ( 1984 ), au rythme haletant, un film sans doute un peu sous-évalué, dans lequel Michael CRICHTON dirigeait Tom SELLECK ( connu notamment pour le personnage éponyme de la série policière MAGNUM ), demeure encore quelque peu en avance sur son temps en postulant la généralisation d'appareils robotisés complètement autonomes, bien que le détournement de la technologie par des terroristes soit beaucoup plus actuel. Son roman LA PROIE donnait corps aux craintes que peuvent susciter les nanotechnologies, avec ses minuscules machines auto-réplicantes de taille moléculaire - même si le thème avait déjà été précédemment abordé dans le roman LA MUSIQUE DU SANG de Greg BEAR, puis dans l'épisode UNE NOUVELLE GENERATION de la série AU DELA DU REEL, L'AVENTURE CONTINUE ( THE OUTER LIMITS ).


les automates arachnoïdes de RUNAWAY
Son roman SPHERE, porté à l'écran par Barry LEVINSON ( LE SECRET DE LA PYRAMIDE ), invoque lointainement les extraterrestres, puisque l'artefact inconnu n'est principalement que le moyen de révéler les peurs des explorateurs, à la manière de l'océan organique de SOLARIS; contrairement au dénouement plus subtil du livre de CRICHTON, le film s'achève sur une pirouette qui pourrait sembler « tarkovskienne », si celle-ci n'apparaissait pas comme procédant d'une naïveté déplacée alors que le grand cinéaste russe fait sourdre le surgissement brusque du paranormal d'un contexte mystique omniprésent dans son STALKER, où là aussi les pouvoirs psychokinétiques sont révélés par une puissance supra-humaine.

JURASSIC PARK ( 1990 ) - et sa suite LE MONDE PERDU ( 1995 ), en hommage au roman de Conan DOYLE - est bien sûr son roman de science-fiction le plus connu, qui repose sur une idée à la fois simple et géniale, à savoir le clonage de Dinosaures à partir de gouttes de leur sang contenues dans des moustiques préservés dans l'ambre - le spécialiste d'effets spéciaux Jim DANFORTH déclare avoir cependant précédemment envisagé un projet de comédie basée sur un concept voisin. A la suite des manigances d'un employé indélicat, les Reptiles mésozoïques ressuscités parviennent bientôt à s'échapper des enclos dans lesquels on les a placés afin de les présenter au public. Le roman met encore plus que le film l'accent sur l'enthousiasme que suscite le projet de longue haleine de rendre la vie à des espèces disparues, ce qui ne l'empêche pas de comporter également des scènes très angoissantes, comme l'attaque des Compsognathus ( qui est retranscrite à l'écran dans la séquence d'ouverture du second volet, LE MONDE PERDU de Steven SPIELBERG ), la volière avec les Ptéranodons ( séquence vue dans JURASSIC PARK 3, hélas beaucoup moins effrayante pour cause de Reptiles volants en image de synthèse ), ou encore la scène nocturne très sinistre dans laquelle un tout jeune Tyrannosaure s'amuse avec une cruauté évidente avec un personnage, avant de le mettre à son menu, séquence par contre demeurée inadaptée à ce jour. En dépit d'un certain nombre d'autres différences, telles la transformation de l'avocat téméraire en un personnage assez falot rapidement gobé par un Tyrannosaure dans une posture humiliante, l'interversion des personnalités des deux enfants, ou encore la première visite du parc préhistorique qui tourne au drame alors que, dans le roman, elle se déroule normalement, la tragédie ne survenant qu'ultérieurement, le film de Steven SPIELBERG restitue l'essentiel de l'esprit du livre, Richard ATTENBOROUGH incarnant avec un enthousiasme bonhomme le milliardiaire enthousiaste à l'idée de concrétiser un rêve d'enfant.


Un rêve de gosse: le plus fabuleux des parcs zoologiques, derrière une porte d'entrée monumentale faisant référence à KING KONG


Un placide herbivore issu du film
(à la création duquel a contribué un artiste français du studio Winston)

L'écrivain cédera, non sans réticence, à la tentation de ressusciter dans LE MONDE PERDU le mathématicien Ian Malcolm, porte-parole de « la théorie du chaos » - laquelle réintroduit la notion d'aléatoire en rupture avec la causalité mécanique définie par la physique newtonienne – qui avait trouvé la mort à la fin du roman JURASSIC PARK, à l'inverse de la version scénarisée qui en avait été tirée pour le film réalisé par Steven SPIELBERG. La nouvelle vague de médiatisation des Dinosaures imputable à l'écrivain lui a valu l'honneur qu'on forme à partir de son patronyme le nom générique d'un Dinosaure végétarien cuirassé de la famille des Ankylosauridés, Crichtonsaurus.


maquette d'une famille de Ptéranodons réalisée par le Studio Winston

Le canevas de JURASSIC PARK est à peu près comparable à celui de MONDWEST ( WESTWORLD ), écrit et réalisé en 1973 par Michael CRICHTON, dans lequel les automates d'un parc d'attraction, dont un terrifiant cow-boy joué par Yul BRYNNER, se dérèglent soudain et se mettent à tirer pour de vrai sur les visiteurs qui se réjouissaient d'avance de participer à une simulation. La première partie du film décrit avec quelque ironie cet univers admirablement organisé et totalement factice, peuplé de vacanciers assez puérils ; la seconde bascule dans la terreur avec la traque impitoyable des survivants par un androïde habillé en desperado (Yul Brynner), avançant implacablement vers ses victimes, insensible aux balles. De facture classique, le film est extrêmement efficace, réglé comme une mécanique à l'instar de celles, meurtrières, qu'il met en scène; l'androïde incoercible joué par Yul BRYNNER est réellement terrifiant, et Arnold SCHWARZENEGGER a reconnu qu'il avait constitué sa référence essentielle pour l'interprétation de l'androïde meurtier de TERMINATOR. Les producteurs décidèrent de donner une suite au film, LES RESCAPES DU FUTUR ( FUTUREWORLD ), dans lequel la technologie du parc est détournée par des conspirateurs qui veulent remplacer les hommes politiques par des androïdes à leur image, afin de servir leurs intérêts malhonnêtes; les plus cyniques diront sans doute qu'il n'est pas toujours aisé de différencier les politiques des pantins....
maquettes préliminaires réalisées par les studios Stan WINSTON pour le film, lesquels ont aussi conçu les Singes agressifs de CONGO, une autre adaptation

CRICHTON n'hésitait pas à opter pour des points de vue irrévérencieux, comme dans son roman HARCELEMENT ( 1994 ), jugé anti-féministe car montrant comment les femmes peuvent être tout autant susceptibles que les hommes d'abuser du pouvoir – on se rappelle qu' il avait aussi été accusé par certains d'alimenter la xénophobie en mettant en avant l'emprise des sociétés japonaises sur l'économie américaine dans son roman SOLEIL LEVANT ( crainte déjà illustrée lors de scènes oniriques dans le célèbre classique BRAZIL de Terry GILLIAM ). A l'occasion de son roman ETAT D' URGENCE ( 2004 ) qui, à l'intar de l'excellent téléfilm BULLETIN SPECIAL d'Edward ZWICK de 1983 avec David CLENNON ( THE THING ), met en scène des éco-terroristes, il avait également récemment alerté sur les dérives potentielles de l'écologie lorsque celle-ci devenait une idéologie dogmatique - l'exemple des ampoules basse tension potentiellement dangereuses en fournit une illustration récente - même si on pourra se montrer plus réservé sur sa propension à minimiser les risques environnementaux, comme le réchauffement climatique conforté par divers relevés*, l'extinction dramatique de nombre d'espèces liée notamment à la réduction des espaces naturels ou encore les risques engendrés par l'utilisation de composés phytosanitaires chimiques potentiellement toxiques, alors que sa propre disparition illustre tristement l'augmentation constante du nombre de cas de cancers, même si l'écrivain contribuait à sa manière à rappeler que l'étude des faits ne doit jamais anticiper les conclusions.
Site officiel pour les anglophones : http://www.crichton-official.com
( *: on vient par exemple d'apprendre tout récemment qu'entre 1971 et 1993, la végétation a conquis environ 65 mètres en hauteur suite à la montée des températures, sans parler de la régression générale des glaciers, au Mont-Blanc, au Kilimanjaro ou encore en Himalaya. )

A cette occasion, rappelons qu'un autre esprit éclectique a disparu peu avant. Le Français Dominique FREMY s'est éteint le 3 octobre 2008 à l'âge de 77 ans. Né dans une famille aristocratique, cet homme discret qui ne fréquentait que peu les médias est connu comme l'inventeur du Quid, ce concentré encyclopédique en un volume qui est mis à jour chaque année, et dans lequel la science-fiction n'était pas oubliée. Très tôt, cet ancien élève plutôt moyen s'était mis à noter compulsivement toutes les informations qui lui paraissaient dignes d'intérêt, faisant de cet esprit curieux un digne héritier des polygraphes du Moyen-Age et des encyclopédistes du siècle des Lumières. On notera notamment sa liberté d'esprit en ce qui concerne le chapitre sur la zoologie, dans lequel il ne cédait pas au conformisme ambiant, en considérant avec un esprit critique salutaire les classifications récentes recueillant une quasi-unanimité en dépit de méthodes pour le moins contestables - sujet sur lequel ce site reviendra prochainement.
hommages et pages officielles du Quid :
http://www.quid.fr/zoom/index.php/2008/10/03/587-disparition-de-dominique-fremy-fondateur-du-quid