dimanche 24 novembre 2019

L'OBAMANIA DRESSE ENCORE L'OREILLE

Une curieuse petite bête.. .mais avec une tête qui ne nous est pas totalement inconnue...

Dans l'article d'octobre 2009 évoquant le changement d'inspiration pour la dénomination scientifique des espèces, on avait pris pour point de départ l'adulation pour le Président Obama, qui allait au-delà du monde médiatique pour inspirer également la communauté scientifique des taxonomistes. Bien que celui-là n'exerce plus la fonction suprême aux Etats-Unis, l'engouement pour son patronyme dans la perspective de baptiser de nouvelles formes de vie est toujours d'actualité.

Dès son élection, un lichen s'était vu attribuer un nom d'espèce honorant le nouveau locataire de la Maison blanche, Caloplaca obamae, hommage anticipant le supposé soutien à la recherche scientifique du nouveau président. L'espèce avait été découverte deux ans plus tôt, en 2007, sur l'île de Santa Rosa en Californie, et le chercheur s'est arrangé pour que son étude paraisse juste avant l'intronisation du nouveau président. Ce coup d'éclat, dont le retentissement reste cependant principalement limité à la communauté des lichénologues, devait inspirer d'autres scientifiques en quête de lustre pour désigner des formes de vie jusqu'alors inconnues.

A la suite de l'article précité, un post-scriptum ajouté en septembre 2015 avait précisé qu'un ver gordien, représentant du groupe des Nématomorphes apparenté à celui plus connu des Nématodes, s'était aussi vu attribuer comme nom d'espèce celui du président de l'époque, Paragordius obamai. Ce petit groupe d'organismes vivent sous forme larvaire comme parasites d'arthropode et ne se muent en adulte que durant la brève période nécessaire à la reproduction, étant dépourvus de tube digestif. L'espèce concernée a ainsi été baptisée parce que le Nématomorphe a été découvert dans la région du Kenya où vivait le père du politicien.

Un autre biologiste tout autant empressé à utiliser la taxonomie zoologique pour rendre hommage à l'icône médiatique n'a pas laissé la moindre part d’ambiguïté en attribuant à une araignée du Nord de la Californie le nom d'espèce transparent d'Apostichus barackobamai. La motivation des taxonomistes est peut-être un peu plus fondée dans quelques autres cas. Le passereau amazonien Nystalus obamai et le poisson Etheostoma obama ont ainsi été dénommés au nom de la promotion des énergies renouvelables plus favorables à la préservation des écosystèmes par le président américain, le nom du poisson Teleogramma obamaorum lui a été attribué pour mettre en valeur le soutien du couple présidentiel à la défense de l'environnement en Afrique et le poisson Tosanoides obamaendémique pour saluer l'extension par décision présidentielle de la réserve naturelle du récif de corail d'Hawaï où vit cette espèce endémique.

Etheostoma obama

Le célèbre personnage a même eu l'honneur que l'on forge des noms de genres eux-mêmes en référence à sa personne, comme pour une douve du sang, un représentant d'un groupe de vers plats filiformes ressemblant superficiellement à des Nématodes, qui vivent dans le flux sanguin et qu'on appelle des Bilharzies, connues pour leurs incidences en terme de santé publique dans les pays tropicaux. Ces organismes, aussi désignés sous le terme de Schistosomes, sont également notables par l'union intime qui lie la femelle très fine et le mâle dans lequel elle est enchâssée, ce qui est un cas plutôt rare, en général, c'est le mâle qui est de dimension plus réduite voire minuscule, fixé à sa partenaire comme dans les divers groupes de Crustacés parasites très modifiés par leurs adaptations ainsi que chez certains poissons abyssaux, ou bien logé dans son corps, comme les mâles microscopiques qui vivent dans le corps du ver échiurien à trompe bifide, la bonellie, et dans celui du ver forant les squelettes des baleines échoués sur le plancher océanique, Osedax, récemment découvert et dont des individus sont présentés in vivo au public dans le fameux aquarium de Monterey Bey à l'instar des vers tubicoles géants au panache rouge composé de deux mille tentacules, les Vestimentifères qui se développent dans les sources hydrothermales des profondeurs appelées "fumeurs noirs". Le prénom du président américain a été retenu pour forger le nom du genre du parasite qui vit au détriment de tortues d'eau douce en Malaisie, et il est complété par son nom de famille pour désigner l'animal selon la règle de la nomenclature binominale instaurée par Carl Von Linné, soit Baracktrema obamai ; l'association sera rompue si le genre se voit par la suite attribuer une nouvelle espèce, laquelle ne comporterait plus alors que le prénom comme référence à l'ancien dirigeant des Etats-Unis.

Un couple romantique, celui de la douve du sang.

Un petit saurien disparu du Crétacé, appartenant au groupe des Polyglyphanodontes qui a disparu en même temps que les dinosaures, a été dénommé Obamadon, littéralement "à dents d'Obama" par assimilation de sa dentition avec le sourire conquérant de l'intéressé.

Alors que le président Obama a quitté la Maison blanche à l'issue de son second mandat, le politicien démocrate continue d'inspirer les taxonomistes. L'an dernier, le fossile d'une créature d'une autre époque révolue plus reculée, une des plus anciennes ayant vécu sur la Terre, a été appelée Obamus. Elle appartient à l'étrange faune à corps mou du Précambrien terminal, la période désignée sous le nom d'Ediacara, du nom des collines australiennes où ces fossiles ont été pour la première fois découverts et dont les représentants sont des formes plates, souvent arrondies, et constituées d'un agencement de boursouflures comme des petits boudins, dont une version alternative est fixée et évoque l'allure générale d'une plume - les lecteurs ont pu lire quelques allusions à ces créatures dans les articles de février 2009 et de septembre 2014. Ces organismes étant énigmatiques se prêtent à différentes interprétations. La forme générale d'Obamus coronatus, évoquant un anneau formé de segments torsadés, lui a valu son nom générique par le rapprochement avec la morphologie de l'oreille de l'ancien président. Il est rangé avec Tribrachidium parmi les Tribolozoaires, ces formes de l'Ediacarien caractérisées par leur symétrie ternaire. Selon la taphonomie, discipline étudiant le terrain sur lequel le fossile est découvert, Obamus aurait été benthique, c'est à dire qu'il aurait vécu sur le fond, un autre fossile découvert simultanément, Attenborites janeae, aurait quant à lui évolué en eau libre. Il n'est pas établi si ce dernier représente un type de méduse, un Cténophore (le groupe auquel appartiennent les "groseilles de mer" comme Mnemiopsis évoqué dans l'article "La revanche des plus humbles" d'août 2010), ou bien constitue un exemple de lignée disparue. Son nom lui a quant à lui été attribué en hommage au naturaliste anglais Sir David Attenborough, célèbre pour ses émissions télévisées, honneur récurrent puisque son patronyme se retrouve dans le nom scientifique de plus d'une vingtaine d'espèces, comme Materpiscis attenboroughi, littéralement "la mère des poissons d'Attenborough", le fossile du vertébré marin le plus primitif connu à avoir été vivipare, ainsi que dans le nom de genre d'un Plésiosaure, ces reptiles océaniques à long cou contemporains des Dinosaures, Attenborosaurus conybeari, sans oublier la plus petite espèce d'Echidné à long bec, pratiquement éteinte, une des quatre espèces encore existantes de mammifères ovipares au corps hérissé de piquants.
Obama "prête l'oreille" littéralement à cette curieuse créature de la fin du Précambrien.

En 2018 toujours, un genre d'araignée, Spintharus, s'est enrichi d'une vingtaine de nouvelles espèces ; trois espèces cubaines ont été gratifiées du nom de l'ancien président, de son épouse, et du représentant de l'aile gauche du parti démocrate et concurrent malheureux à l'investiture du parti face à Hillary Clinton, Bernie Sanders, respectivement Spintharus barackobamaiSpintharus michelleobamaae et Spintharus berniesandersi ; d'autres espèces font, elles, référence au chanteur et acteur David Bowie, au comédien Leonardo DiCaprio et au naturaliste David Attenborough précité.

En ce qui concerne l'utilisation à l'identique du nom Obama, les lecteurs assidus qui ont lu l'article de septembre 2015 se rappellent peut-être qu'il désigne un genre de ver plat terrestre d'Amérique du sud, l'une de ces formes tropicales introduites accidentellement en Europe occidentale où ces prédateurs détruisent les lombrics, compromettant l'écosystème du sol en décimant les lombrics qui leur servent de mets, comme annoncé dans l'article d'août 2010, "La revanche des plus humbles". Cependant, cet Obama-là n'est pas un hommage au dit personnage, mais une coïncidence, le nom ayant été constitué, dans le plus complet mépris des conventions scientifiques stipulant que les noms savants doivent s'appuyer sur une étymologie gréco-latine, par l'addition de deux mots de la langue tupi signifiant "animal-feuille". De la même façon, un dinosaure découvert en Afrique du sud a été dénommé Ngwevu intlokowich, ce qui signifie "crâne gris" dans la langue des Xhosas - lesquels furent les premiers à conquérir  les terres de l'Afrique du Sud déjà peuplées, avec d'ailleurs des méthodes plus radicales que les Européens qui leur succédèrent. La nomenclature zoologique n'a pas vocation à devenir une annexe de la diplomatie et de la célébration ethnologique des cultures du monde, elle est cependant en train de devenir une nouvelle Tour de Babel, où plus personne ne comprendra l'étymologie des noms scientifiques.

Le prédécesseur de Donald Trump demeurera probablement en tête de l'inspiration des noms scientifiques. Jimmy Carter et Bill Clinton voient aussi leur nom attribué à des espèces de scarabées du genre Arianops, tout comme l'ancien vice-président Al Gore, et celui de Ronald Reagan a servi à désigner une espèce de guêpe du genre Heterospilus comme son lointain devancier George Washington. Le président actuel a pour ce qui le concerne eu l'honneur de voir ses prénom et nom accolés à un oursin fossile, Tetragramma donaldtrumpi en 2016 et à un papillon découvert l'année suivante dans la région constituée par le Sud de la Californie et le Nord du Mexique, Neopalpa donaldtrumpi ; un batracien sans pattes, du groupe des Apodes ou Gymnophiones, a de la même manière été baptisé Dermophis donaldtrumpi, mais le nom n'a quant à lui pas encore été validé officiellement. Ces noms d’espèces furent décernés dans l"espoir d'attirer l'attention du président climato-sceptique sur l'importance cruciale des problématiques écologiques mais à ce jour, ces nobles attentions n'ont pas eu les effets escomptés.

George Bush Junior qui occupa la Maison blanche avant Obama s'était vu attribuer comme ses comparses Dick Cheney et Donald Rumsfeld, le nom d'une espèce de scarabée du genre Agathidium comme évoqué dans l"article d'octobre 2009. Le belliciste déstabilisateur du Proche-Orient figure en bonne compagnie dans la nomenclature entomologique puisqu'un autre Coléoptère, cavernicole et aveugle, porte quant à lui le nom du Führer de l'Allemagne, Anophtalmus hitleri, qu'un collectionneur allemand lui attribua en faisant référence à l'accession au pouvoir du chef du Parti nazi la même année que son acquisition, lequel fut officiellement homologué en 1937 et flatta l’ego de l'intéressé ; il est vrai qu'à l'époque, le dictateur mégalomane n'avait pas encore démontré la pleine mesure de son pouvoir de nuisance en engendrant la Seconde Guerre mondiale. Cette dénomination ne porte pas chance à cette espèce rare dont les spécimens sont massivement récoltés afin de les vendre sur le marché des collectionneurs recherchant tout article se rattachant au Troisième Reich, représentant ainsi de nouvelles victimes récentes et inattendues du dictateur. Ce triste sort ne menace pas l'autre espèce d'insecte portant le funeste patronyme, Rochlingia hitleri, puisqu'il s'agit d'une forme préhistorique, appartenant à l'ordre éteint, et peut-être artificiel, des Palaeodictyoptères, ancêtres de tous les autres insectes ailés ; le nom de genre ne dépare pas ce voisinage puisqu'il renvoie à l'industriel Herrman Röchling, fervent nazi. D'autres hommes politiques également fort néfastes ont aussi légué leur patronyme à des espèces. Le dictateur italien Benito Mussolini s'est vu attribuer un mûrier, Rubus mussolinii, et une espèce de punaise, Phyllontocheila mussolinii, deux espèces abyssiniennes de l'Ethiopie conquise par l'Italie fasciste. Un reptile mammalien couvert de poils a été dénommé Maotherium en 2003, accolant au fossile le nom du responsable de massacres effroyables à très grande échelle Mao Tsé-toung et Cheguevaria est le nom décerné à un genre de luciole au nom d'un romantisme révolutionnaire peu regardant. En 2013, un nouveau genre d'Ichtyosaure, ces reptiles pisciformes du Crétacé, a été dénommé Leninia pour la simple raison que le fossile est hébergé par le Musée Lénine. Par contre, une espèce appartenant à un groupe de petites guêpes qui pondent généralement leurs œufs dans une chenille, Entedonomphale stalini qui s'était vue attribuer en 1934 un nom glorifiant son non moins terrifiant successeur, maître tout-puissant de l'Union soviétique, a été réassignée à l'espèce Entedonomphale margiscutum, qui avait déjà été décrite en 1915.

Convoité par les nostalgiques du IIIème Reich en raison de sa dénomination tandis que d'autres que la référence horrifient souhaitent sa disparition, Rochlingia hitleri n'a mérité ni cet excès d'honneur ni d'indignation, et comme toute espèce animale, mérite d'être préservée.

Sur un mode plus léger, on peut noter parmi la surreprésentation de chanteurs, sur laquelle on portait un regard critique dans l'article d'octobre 2009 en se limitant à quelques exemples, que les découvreurs du fossile d'un ongulé trouvé en Egypte dans un terrain datant du Miocène, appartenant à la famille des Anthracothères qui sont considérés comme proches de la souche de porcins ancestraux qui mène aux hippopotames, ont choisi de mettre en évidence son groin et sa lèvre inférieure proéminents révélés par les huit points latéraux d'insertion des nerfs en le nommant Jaggermeryx d'après le chanteur Mike Jagger aux lèvres charnues (que l'amateur de science-fiction a pu voir sur grand écran dans le film Freejack), après avoir hésité avec l'actrice Angelina Jolie - sa consœur Emmanuelle Béart qui de la même manière s'est faite gonfler les lèvres échappe pour l'instant à cet hommage douteux faute d'être aussi connue internationalement...

Si les Anthracothères ont habituellement l'allure du croisement entre un pécari et un hippopotame nain, le nouveau genre Jaggermeryx tel qu'il a été représenté par le studio 10tons évoque avec son cou délié davantage un petit cheval en dépit de ses sabots à nombre pairs de doigts.

Autre exemple récent, un lointain parent sud-américain des cigales a reçu un nom d'espèce inspiré par les tenues fantasmagoriques de la chanteuse connue sous le nom de scène de Lady Gaga. L'insecte appartient au groupe des Membracides, caractérisés par leurs étranges ornements constitués par des excroissances de leur cuticule. Cette propension à nommer des formes nouvellement décrites d'après des vedettes du monde des variétés à la gloire par nature plutôt éphémère tend à devenir une habitude qui prend l'allure d'un vrai conformisme. Mais le nom de genre qui a été donné à Kaikaia gaga est encore plus discutable et même contestable si c'était possible. A l'instar du ver plat terrestre Obama évoqué dans l'article de septembre 2015 précité, ce nom à connotation exotique ne trouve son étymologie dans aucun lexique gréco-latin mais est forgé à partir d'une langue amérindienne d'Amérique centrale pratiquée notamment au Nicaragua. Cela ne viole pas seulement une nouvelle fois les règles internationales admises jusque-là par la communauté des taxonomistes qui se basaient sur la nomenclature latine binominale instaurée par le naturaliste suédois Carl Von Linné au siècle des Lumières, mais comme l'évoquait l'article d'octobre 2009, ces nouvelles appellations sont incompréhensibles pour toute personnes étrangères au pays et de surcroît souvent imprononçables et non mémorisables avec des noms à rallonge bien difficiles à orthographier que créent beaucoup de zoologistes et paléontologistes chinois et japonais, pas de quoi inciter les plus jeunes générations à se familiariser avec l'étude du monde vivant...

La chanteuse Lady Gaga dans une tenue ne se prêtant guère à faire ses emplettes au supermarché avec discrétion, et Kaikaia gaga, le lointain cousin des cigales orné d'une exubérante paire de cornes frontales qui lui vaut d'être scientifiquement affublé du pseudonyme de la précédente ainsi immortalisée dans les ouvrages d'entomologie*.

La série n'est pas près de se terminer. Un membre de la famille des iguanes atteignant 1 m 80 qui vécut au début de l'ère des Mammifères, à la période éocène, a été en 2013 dénommé Barbaturex morrisoni, d'après le nom du chanteur Jim Morrison du groupe The Doors. Un escargot marin abyssal qui vivait à la même époque, appartenant au genre Orbitestella, s'est vu en 2018 attribuer le nom d'espèce dioi, d'après un chanteur de hard rock s'appelant Ronnie James Dio aux faux-airs du chanteur français farfelu Philippe Catherine. Une ophiure ("étoile-serpent") du Crétacé, Brezinacantha, a été gratifiée comme dénomination d'espèce du patronyme d'un groupe de "rock métal", tolis. Un ver annelé polychète fossile de l'Ordovicien terminal a été baptisé Kalloprion kilmisteri d'après le chanteur britannique Lemmy Kilmister du groupe Motörhead, son parent du Silurien Kingnites diamondi basé sur le Danois King Diamond officiant lui encore dans le même genre musical. Quant au Trilobite (classe d'Arthropodes marins) du Silurien Arcticalymene viciousi, le passionné de paléontologie chercherait en vain la signification de l'adjectif qui caractérise l'espèce hors du monde des variétés, celui-ci étant tiré du nom de scène de Sid Vicious, du groupe "Sex Pistols" dont les autres membres ont aussi vu former les noms d'autres espèces canadiennes du genre, tous à l'initiative des chercheurs Adrian et Edgecombe en 1997. Ce dernier récidivait l'année suivante avec un autre Arthropode, un possible parent de la limule malgré son allure de mille-pattes, Maldybulakia, affublé du nom d'espèce angusi, d'après Angus Young du groupe de hard rock ACDC. Ceux qui n'apprécient pas la musique bruyante ont de quoi avoir les oreilles qui chauffent... La liste n'est pas exhaustive puisqu'on pourrait encore citer les noms de leur homologue Corey Taylor, du guitariste Frank Zappa, du chanteur David Bowie ou encore de Mark Knoepffler dont on a déjà dit dans le premier article de la série qu'il avait servi à qualifier une espèce du dinosaure Masiakasaurus. Un des tous premiers oiseaux, qui vécut il y a 120 millions d'années, Quiliani graffini, est un hommage au chanteur Greg Graffin du groupe Bad Religion. Un groupe de rock suisse, Eluvie, s'est quant à lui vu dédier un oursin du Jurassique, Paracidaris eluveiti. Une exposition, interrompue jusqu'au 28 avril 2020 par la pandémie, se tenait à Munich depuis le mois de février de l'année, avec une conférence destinée aux enfants, sur ce thème.


L'exposition du Musée d'histoire naturelle de Maastricht avec les beaux modèles du Studio 10tons, mettant notamment en valeur le ver annelé fossile Kalloprion.

Ainsi se trouve confirmée la mode évoquée dans la première partie de cet article, "la peoplisation du monde vivant" en octobre 2009, qui déplorait qu'au lieu des noms des spécialistes qui s'attachaient au nom des espèces des groupes qu'ils étudiaient, les représentant du monde des variétés, en particulièrement du rock, emplissent désormais les pages des revues zoologiques, ce qui est beaucoup moins évocateur pour l'histoire de la discipline. Avec également la fin de la nomenclature gréco-latine dont il a été question dans le même article ainsi que dans celui de septembre 2015 "Obama est un ver !", empruntant des noms exotiques rendant inintelligible l'étymologie pour la communauté internationale censée appliquer la taxonomie définie par Linné, c'est la fin de toute une culture zoologique - sans parler du quasi-abandon des méthodes traditionnelles au profit de la biologie moléculaire, mais cela fera l'objet d'un autre article. C'est d'autant plus triste que bien des naturalistes restent dans l'ombre, notamment des amateurs passionnés. La mise sur le devant dans le contexte de l'épidémie de coronavirus du Professeur Raoult, quoi qu'on pense par ailleurs de ses positions médicales, rappelle qu'un virologue réputé dans le monde entier a pu devenir médecin parce que la ségrégation par les mathématiques n'existait pas alors, reconnaissant que cela ne lui serait plus possible aujourd'hui. De la même façon, certains de ceux qui travaillent sur les coraux dans les DOM TOM sont passés par l'Ecole des Hautes Etudes qui permettait de faire des études en sciences naturelles sans avoir suivi le cursus officiel, possibilité qui a été supprimée suite à des pressions, alors que personne ne remet en cause les compétences de ces spécialistes et que les fondateurs des sciences naturelles étaient étrangers au domaine, Darwin théoricien de l'évolution des espèces et Wegener qui a défini la dérive des continents.


(*source : https://www.ctvnews.ca/sci-tech/there-s-a-new-insect-named-for-lady-gaga-and-it-s-every-bit-as-otherworldly-as-the-pop-diva-1.4848751).

exposition du musée de Maastricht : https://nhmmaastricht.nl/exposities/-nu-te-zien-rock-fossils-/francais-rock-fossils.html
La page de l'exposition par ses créateurs : http://www.10tons.dk/rock-fossils-on-tour

pour plus d'information sur ce thème :
https://creatures-imagination.blogspot.com/2009/10/la-peoplisation-du-vivant.html
https://creatures-imagination.blogspot.com/2015/09/obama-est-un-ver.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_animaux_portant_le_nom_d%27une_c%C3%A9l%C3%A9brit%C3%A9
https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_organisms_named_after_famous_people



samedi 25 mai 2019

UN SERVITEUR DE L'EMPIRE AUX MARIONNETTES DIABOLIQUES

John Carl Buechler et ses petits monstres de Ghoulies.


La disparition du réalisateur Larry Cohen cinq jours plus tard, auquel a été ici consacré un hommage le mois précédent, a quelque peu occulté celle du maquilleur et créateur d’effets spéciaux John Carl Buechler décédé le 18 mars 2019 à l’âge de 66 ans victime du cancer, sur la carrière duquel il paraît légitime de revenir. Son épouse avait révélé il y a quelques mois la gravité de son état, ayant initié une collecte dans l’espoir de pouvoir réunir une somme suffisante pour recevoir les soins nécessaires, même si lui-même, à l'instar de l’acteur Simon McCorkindale comme on l'évoquait suite à sa disparition, professait son espoir dans la médecine naturelle à base de plantes.  

Il avait débuté dans le métier grâce à au costume de monstre de l’espace qu’il avait conçu et endossé à la fin des années 1970 pour un court métrage très populaire dans les conventions de science-fiction américaines, The Thing in the basement, et qui eut l'honneur de la couverture du numéro 11 du magazine Cinemagic dévolu aux effets spéciaux. L'oeuvre ressortit dix ans plus tard en vidéo dans l'anthologie Fright Show en 1985 rassemblant trois autres courts métrages. Cela lui valut d’être engagé pour concevoir des extraterrestres velus inspirés d’animaux terrestres pour la série de CBS Jason of Star Command.



John Carl Buechler posant avec sa première création publique, l'extraterrestre du court-métrage The Thing in the basement, en haut, un gros plan qui annonce quelque peu les extraterrestres de la série Au-delà du réel, l'aventure continue (The New Outer Limits), au milieu, et la même créature qui évoque en contre-plongée le fameux croquemitaine Freddy Krueger, personnage sur lequel le maquilleur aura l'occasion de travailler.


Quelques citoyens pittoresques de la série Jason of Star Command.

Le maquilleur fait merveille dès 1981 à l’occasion de Mausoleum de Michael Dugan, qui ne sera distribué qu’en 1983, dans lequel une épouse (Bobbie Bresee, qui sera l’objet d’une autre transformation, en créature de l’espace insectoïde dans Evil Spawn) est possédée par un démon la poussant à tuer ses proches. John Carl Buechler conçut sa transformation démoniaque, ainsi que le costume élaboré avec peu de moyens par du démon qui apparaît en personne lors de la confrontation finale et qui se révèle tout à fait marquant, à mi-chemin de l’être diabolique tel que Bosch se l’imaginait et du sujet d’une maladie génétique affectant le squelette et conférant à l’épiderme un aspect malsain, permettant à cette scène de donner corps à tout son potentiel horrifique.

Le démon de Mausoleum entre deux prises.

L'artiste avait travaillé pour Roger Corman comme responsable des effets spéciaux de maquillage de sa compagnie New World Pictures sur des films relevant de l’heroic-fantasy, The Sorceress and Deathstalker, sur la comédie de science-fiction Galaxina, sur Android d’Aaron Lipdstadt pour lequel il créa une fausse tête décapitée à l’effigie de Klaus Kinski qui incarne un androïde et il produisit encore l’infâme et fort organique culture cellulaire réalisée par le monstre de Mutant (Forbidden World) d’Allan Hollzman à partir du corps de ses victimes tandis que Steve Neill construisit les créatures, et il se chargea aussi de la mort du monstre adulte empoisonné avec les cellules cancéreuses d’un malade au stade terminal, avant de devenir le principal artisan des productions de série B de la compagnie de Charles Band, Empire, qui sera ensuite rebaptisée Full Moon Entertainment, combinant souvent horreur et parodie. Il conçut l’extraterrestre femelle de Zone Troopers de Danny Bilson en 1985, un humanoïde aux allures de gorille pourvu de pièces buccales insectoïdes, dans un mélange qui rappelle les extraterrestres des bandes dessinées Weird Science (voir l’hommage rendu à ses auteurs en mai 2014*). Il construisit le monstre farfelu de Terrorvision de Ted Nicolaou, avec la collaboration de John Vulich (voir l’hommage en octobre 2016**) et d'Howard Kurtzman (un futur fondateur de KNB FX Group), dont la structure fut réutilisée comme base pour une créature d’Aux portes de l’au-delà. Il prêta assistance aux effets spéciaux de films connus d’épouvante de la société, notamment ceux de Stuart Gordon comme en 1985 Re-animator ainsi que sa suite réalisée en 1989 par le producteur Brian Yuzna Re-animator 2, la fiancée de Re-animator et en 1986 Les Poupées (Dolls) et Aux portes de l’au-delà (From Beyond), pour lequel il crée la version grandeur nature partiellement mécanisée du monstre ailé aux allures de crustacé pourvu d’un cerveau hypertrophié et sa version miniature, les deux étant la plupart du temps animées image par image, ainsi que des armatures dissimulant partiellement l’acteur Ted Sorel lorsque son personnage subit ses mutations. On lui doit aussi la transformation plus modeste d’un astronaute en extraterrestre reptilien puis sa liquéfaction après sa renaissance inattendue dans le final romantique de Transformations de Jay Kamen en 1988.

Le conglomérat représenté par une victime du monstre de Mutant (Forbidden World) qu'il transforme en réserve de nourriture. 

Un extraterrestre moins menaçant que son apparence le laisse supposer dans Zone Troopers, dont Hitler voudrait bien s'emparer.

Un nounours géant se change en ours terrifiant et meurtrier dans Les Poupées (Dolls)


Ted Sorel dans le rôle de Pretorius changé en être métamorphe lubrique, réellement un "pervers polymorphe", grâce à l'armature translucide couverte de gélatine créée par John Carl Buechler dans Aux portes de l'au-delà (From Beyond), en haut, et en dessous, et sa transformation complète en créature d'une autre dimension grâce au modèle très détaillé et réaliste que l'artiste a agencé dans son atelier. 

L'homme changé en extraterrestre reptilien dans Transformations renaît finalement en s'extrayant de son enveloppe monstrueuse liquéfiée à la manière du héros dans le final de La Mouche 2 tourné la même année.

John Carl Buechler est surtout associé à la fabrication de petits personnages satiriques apparaissant dans des films ne se prenant généralement pas au sérieux, comme dans les sagas Ghoulies débutée en 1984 et Troll dont il met lui-même en scène en 1986 le premier film, qui comporte par ailleurs une transformation en végétal et un champignon semi-anthropomorphe. Sur un mode un peu plus inquiétant, il conçoit la créature démoniaque de Cellar Dweller en 1988, film d’épouvante qu’il réalise, dans lequel une maison maudite concrétise ce que montrent les auteurs de bandes dessinées qui y résident. Il imagine en 1992 pour Glutors (Seed People) de Peter Manoogian trois types de petits monstres semi-végétaux qui prennent naissance dans des arborescences extraterrestres et dirige la seconde équipe, celle qui filme les effets spéciaux en dehors du tournage principal et souvent sans la présence du réalisateur ; bien que plus pittoresques que réellement terrifiantes, ces créatures participent du climat un peu surréel du film. Il livre aussi quelques formes de vie extraterrestres grotesques pour le second remake produit par Roger Corman de Not of this Earth de Terence Winkless en 1995.



Dans Cellar Dweller, Withney Taylor (Debrah Farentino, la mère de famille éprouvée de La Tempête du siècle), découvre que le démon qui se manifeste quand on le dessine peut aussi s'incarner en l'un de ses concurrents d'un concours de bande dessinée qui se change en cauchemar.

John Carl Buechler et la tête mécanisée du grand monstre de son film Troll.

Le monstre volant de Glutors.

Séquence de tournage de Glutors avec l'être bipède aux allure de tableau d'Arcimboldo, extraie du documentaire visionnable sur le site de Charles Band www.fullmoondirect.com

Une des incongruités extraterrestres du remake de Not of This Earth.

Sur Necronomicon, produit par Brian Yuzna, un partenaire de Charles Band, il donne naissance en 1993 à une émanation de Cthulhu, monstre tentaculaire inventé par Howard Philip Lovecraft qu’il dote d’une mâchoire rappelant celle du monstre de Mutant, qu’on entrevoit ondulant dans l’eau sombre des rigoles à l’occasion des séquences liant les sketchs dans lesquelles l’écrivain apparaît en personne, interprété par Jeffrey Combs (vedette de Necronomicon et d’Aux portes de l’au-delà, et aussi le dessinateur qui périt dans le prologue de Cellar Dweller), attelé à la manière de son personnage de sa nouvelle L’abomination de Dunwich (The Dunwich Horror) à rechercher dans une bibliothèque l’ouvrage maudit qui donne son titre au film, invention littéraire évoquée dans nombre de ses textes.

la mâchoire bardée de tentacules qui guette le curieux dans les recoins obscurs de la bibliothèque de Necronomicon.

John Carl Buechler construit aussi dans les années 1990 quelques répliques d’animaux disparus. Pour Carnosaur d’Adam Simon en 1993, ainsi que pour la seconde suite, Carnosaur 3, dans lesquels, conformément au roman homonyme de John Brosnan de 1984 préfigurant Jurassic Park, des scientifiques recréent des dinosaures carnivores en incorporant le patrimoine génétique de ces animaux récupéré sur des fossiles dans celui de poules qui leur donnent naissance au travers de leurs œufs, Buechler a conçu les petits dinosaures carnivores sous forme de marionnettes ainsi que la version miniature du tyrannosaure tandis que son collaborateur Kenneth J. Hall, qu'il employait dans sa compagnie Mechanical and Makeup Imagerie alors devenue Magical Media Industries, donnait naissance au reptile géant grandeur nature, avec un rendu est assez remarquable compte tenu du budget. Dans Dinosaur Island en 1994, c’est à lui qu’incomba la responsabilité de redonner vie au dinosaure mécanique qui avait été employé dans Carnosaur l’année précédente. Dans Deep Freeze en 2002 qu’il met en scène, ce sont des trilobites ramenés à la vie, des arthropodes marins appartenant à un groupe disparu très abondant à l’ère paléozoïque, qui sèment la terreur dans une base de recherche scientifique polaire, auxquels le tégument sombre et un peu granuleux qui leur est conféré ainsi que l’agitation frénétique de leurs appendices confèrent un caractère plus effrayant que ce qu’on à quoi on aurait pu s’attendre.

John Carl Buechler et sa marionnette

Le résultat terrifiant à l'écran.




Des centaines de millions d'années séparent l'homme et le trilobite jusqu'à une rencontre fortuite dans Deep Freeze qui aboutit à un résultat tout aussi préoccupant que dans Jurassic Park.

Le maquilleur avait à l’occasion œuvré sur des films célèbres comme en 1988Halloween IV et Le cauchemar de Freddy (A Nightmare on Elm Street IV : The Dream Master ) de Renny Harlin, pour lequel il agence la poitrine du croque-mitaine dans laquelle apparaissent les visages de ses victimes puis il crée aussi avec la participation de son collaborateur Kenneth Hall les maquillages de l’avant-dernier volet, La Fin de Freddy, l’ultime cauchemar (Freddy’s Dead : Ultimate Death) de Rachel Talalay en 1991. De manière plus anonyme, il participa aussi en 1989 à Indiana Jones et la dernière croisade (Indiana Jones and the Last Crusade). Il a conçu quelques prothèses pour le remake de La Mouche au temps où le maquilleur Rob Bottin et l’artiste Dale Kuipers étaient aussi semble-t-il pressentis pour le projet comme évoqué dans l'hommage à ce dernier en octobre 2013***, jusqu’à ce qu’une tragédie familiale amène finalement le réalisateur initial à renoncer au projet et que celui-ci échoie à David Cronenberg, qui recruta alors Chris Walas et Stephan Dupuis qui avaient déjà travaillé pour lui sur les maquillages spéciaux de Scanners.

Un homme-mouche présenté sur une photo publicitaire agencée par Buechler 

John Carl Buechler était repassé à la mise en scène pour des films qui n’ont il est vrai guère marqué les esprits, comme le septième volet de la saga Vendredi 13 (Friday the 13th Part VII : the New Blood), Ghoulies III : Ghoulies go to College en 1991, un remake de Watchers, d’après un roman de Dean Koontz dans lequel un mutant conçu par l’armée pour tuer est connecté avec un chien très intelligent, venant après déjà deux suites, Watchers Reborn en 1998. Si Deep Freeze n’est pas davantage resté dans les mémoires, du moins le réalisateur était-il parvenu à susciter a minima un climat d’inquiétude au service d’une production standard. Le maquilleur expliquait qu'assurer les effets spéciaux d'un film qu'on réalise ne présentait pas de difficultés dès lors qu'on avait planifié correctement les tâches. Buechler avait aussi porté en 2006 à l’écran son scénario pour The Strange Case of Dr. Jekyll and Mr. Hyde qui transportait l’intrigue du roman de Robert Louis Stevenson dans un cadre contemporain, confiant le double rôle-titre à un acteur noir, Tony Todd, connu pour avoir interprété le tueur revenu d’entre les morts de Candyman.

John Carl Buechler à gauche au côté de l'acteur Kevin McCarthy (auquel on a rendu hommage en octobre 2010****) et les petits monstres de Ghoulies III : Ghoulies go to College

Le maquilleur était par ailleurs apparu dans un des épisodes long format de la série La Magie des effets spéciaux (Movie Magic) de Don Shay, démontrant comment réaliser des effets horrifiques, à la manière de ceux qu’il avait conçus pour Fou à tuer (Crawlspace) produit par Charles Band dans lequel Klaus Kinski incarnait un ancien criminel nazi semant la terreur dans son immeuble, bien qu’à la différence de Tom Savini, il reconnaissait que donner la vie à des créatures avait sa préférence sur les maquillages sanguinolents. Même s’il n’a guère été à la tête de films fantastiques marquants, John Carl Buechler était apprécié des amateurs de cinéma d’épouvante et était très respecté dans le milieu des créateurs d’effets spéciaux de maquillage.


*      https://creatures-imagination.blogspot.com/2014/05/cetait-le-dernier-de-lage-dor-de-la-bd.html
**     https://creatures-imagination.blogspot.com/2016/10/keep-watching-optic-nerve.html
***  https://creatures-imagination.blogspot.com/2013/10/en-souvenir-de-dale-kuipers.html 
**** https://creatures-imagination.blogspot.com/2010/10/disparition-du-dernier-etre-humain-de.html



vendredi 26 avril 2019

UN BRILLANT CINÉASTE INDÉPENDANT



 

             Le cinéaste indépendant Larry Cohen vient de disparaître le 23 mars 2019 à l'âge de 82 ans. Né le 14 juillet 1933 à New-York dans l’Île de Manhattan, il avait débuté jeune dans le cinéma en parvenant à vendre ses premiers scénarios. Il en a d'ailleurs écrit trois ingénieux pour la fameuse série Columbo. Dans Quand le vin est tiré (Any Old port in the Storm) réalisé par Jeannot Szwarc en 1973 (Les Insectes de feu, Les dents de la mer 2), un producteur de vin, Adrian Carsini (Donald Pleasence), qui a causé dans sa cave la mort de son frère, prêt à rompre avec son exigence de qualité pour le domaine viticole, s'efforce de la maquiller en accident de plongée. Dans Candidat au crime (Candidate for Crime) de Boris Sagal, un candidat au sénat, Nelson Hayward (Jackie Cooper), assassine son conseiller, qui voulait pour son image l'obliger à rompre avec sa maîtresse, en faisant croire qu'on l'a tué à sa place par erreur en arguant des fausses menaces créées par les deux hommes pour attirer l'attention sur sa campagne électorale ; comme dans l'affaire précédente, c'est la position de véhicules qui engendrera les premiers doutes de l'inspecteur incarné par Peter Falk. Dans le dernier datant de 1974, Exercice fatal (An Exercise in Fatality), mis en scène par Bernard L. Kowalski (Attack of the Giant Leeches, Night of the Blood BeastSsssss le cobra), Milo Janus joué par Robert Conrad (la vedette de la série Les mystères de l'Ouest), un propriétaire de salles de sport, assassine un de ses associés qui a découvert ses détournements financiers en simulant un accident de musculation dans la salle de sport et en se forgeant un alibi avec une fausse conversation téléphonique utilisant une bande magnétique. L'assassinat décrit est si machiavélique qu'une Française s'en est inspirée pour éliminer avec l'aide de son amant son mari après lui avait offert quelques mois plus tôt un appareil de musculation avec les plus sinistres intentions ; les policiers chargés de l'enquête s'étant souvenus de l'épisode de Columbo ont décidé de faire autopsier le corps juste quelques minutes avant qu'il ne soit incinéré, découvrant in extremis l'odieuse manigance.

Robert Conrad, beaucoup moins sympathique que dans le rôle de James West des Mystères de l'Ouest (Wild Wild West), compose l'assassin Milo Janus dans un épisode de Columbo qui a connu une triste postérité.

      Larry Cohen est plus particulièrement connu pour avoir créé la célèbre série télévisée Les Envahisseurs dans les années 1960, même si celle-là n'a connu que deux saisons, dont tout le monde à au moins entendu parler avec le personnage récurrent de David Vincent incarné par Roy Thinnes, acteur au regard bleu pénétrant et inquiet, qui, selon la fameuse introduction servie par la terrifiante musique de Dominic Frontier, alors que, conduisant une nuit sur une route perdue, il recherchait "un raccourci que jamais il ne trouva", il aperçut une soucoupe volante et comprit que des extraterrestres avaient pris pied sur notre planète en vue de la transformer à leur avantage (l'épisode "Genèse" laisse entendre qu'il s'agit d'êtres aquatiques), et qu'ils avaient commencé à infiltrer sous leur trompeuse apparence humaine les institutions afin de mettre en œuvre leur plan. Le héros n'a de cesse de démasquer tous les Envahisseurs, les mettant localement en échec, tout en tentant désespérément tel Cassandre de "convaincre un monde incrédule que le Cauchemar déjà commencé", ce qui s'avère fort difficile étant donné qu'une fois leur manigance éventée, les extraterrestres font disparaître toute trace de leur implantation, et que lorsqu'ils sont mortellement touchés, leur corps se désintègre aussitôt, tout comme d'ailleurs les êtres humains frappé par leur arme au rayon désintégrateur.

Le jeu du chat et de la souris auquel se livrent David Vincent (Roy Thinnes) et les Envahisseurs.

    Leur contrefaçon humaine est si réussie que rien ne distingue ces faux citoyens des habitants des États-Unis autre que la raideur anormale de leur petit doigt. Contrairement à ce que l'on dit ou écrit souvent, les Envahisseurs ne ressemblent effectivement en rien à des êtres humains, mais leur véritable apparence n'est suggérée que très fugitivement dans l'épisode Genèse (Genesis) précité dans lequel un policier, le sergent Hal Corman (interprété par Phillip Pine, qui avait incarné en 1955 George Thomas, l'assistant du Professeur King créateur d'un monstre radioactif dans The Phantom from 10.000 leagues de Dan Milner), amené à contrôler le coffre d'une voiture, était sous le choc après y avoir aperçu une créature étrangère. Amené à investiguer dans un laboratoire de recherches océaniques dans lequel était conçue une forme de vie synthétique pluricellulaire primitive, à mi-chemin de l'éponge et du placozoaire Trichoplax avec ses corps réfringents (évoqué sommairement dans l'article de septembre 2014*), David Vincent découvrait que l'institut servait de couverture à la régénération dans un bassin des envahisseurs perdant leur conformation humaine. L'être à la peau rêche, ayant la silhouette d'une sirène au corps ramassé et une très large tête bilobée, était à peine entrevu en contre-jour avant de devenir une forme plasmatique retrouvant peu à peu des contours humanoïdes, jusqu'au moment où David Vincent interrompait le processus.

(*https://creatures-imagination.blogspot.com/2014/09/un-fossile-vivant-vraiment-inattendu.html )

Le Sergent Corman terrorisé par ce qu'il aperçoit dans le coffre d'un véhicule, sur le point d'être réduit provisoirement au silence au début de l'épisode Genèse.

La création d'un organisme synthétique rudimentaire dans un aquarium sert de couverture à un centre de régénération des Envahisseurs.



L'organisme extraterrestre reprend forme humaine dans le laboratoire (photos extraite de l'article en anglais détaillant le scénario de l'épisode pouvant être lu à cette adresse :   http://theinvadersincolor.blogspot.com/2017/02/episode-4-genesis-2767.html)

        Un autre épisode, Les spores (The Spores) dans lequel Gene Hackman incarne un envahisseur, rapprochait les Envahisseurs de formes plus végétatives, à la manière de L'Invasion des profanateurs de sépultures. Un petit garçon avait trouvé dans une valise des formes ovoïdes pourvues d'un pied, qui bougeaient légèrement, et David Vincent finissait par mettre le feu à une serre dans laquelle les organismes avaient poussé en pleine terre et commencé à prendre vaguement l'allure de bustes humanoïdes. Il faut bien avouer que les origines et le processus de métamorphose en humain étaient fort éloignés entre les deux épisodes, le peu d'informations délivrées laissant le reste à l'imagination des téléspectateurs.



Les formes germinatives de l'épisode Les spores, de leur stade latent dans l'attaché-case à leur croissance dans leur terreau au sein d'une serre, incendiée par David Vincent.

         Une dernière occurrence relative à l'état évolutif des Envahisseurs pouvait être trouvée dans l'épisode L'ennemi (The Enemy) qui n'apprenait cependant rien sur la manière par laquelle les créatures venues de l'espace adoptaient un aspect humain, mais qui était particulièrement intense. L'acteur Richard Anderson, qui fut l’interprète principal du petit film d'épouvante Curse of the Faceless Man en 1958 (une momie de Pompéi revient à la vie et tue) après être apparu deux ans plus tôt dans Planète interdite, et qui est surtout connu des téléspectateurs des années 1970 pour son rôle d’Oscar Goldman, le supérieur des héros bioniques de L’Homme qui valait trois milliards et de Super Jaimie, incarne avec beaucoup de présence Blake, un Envahisseur dont l'état devient instable, de telle sorte que ses traits finissent par se brouiller et la peau de son visage donner l'impression qu'elle s'apprête à fondre. Entre-temps, il sollicite l'aide d'une infirmière (Gale Frazer interprétée par Barbara Barrie) qui, ayant connu les horreurs de la Guerre du Vietnam, est devenue pacifiste comme la veuve américaine du film japonais Goke, Body snatchers from HellMme Neal (Kathy Horan), et s'empresse de se porter à son secours en dépit des avertissements de David Vincent. Trouvant ainsi une brève rémission, l'inconnu ne tarde pas à confirmer les craintes de ce dernier, mais la dégradation de son état reprend et dans un ultime moment de lucidité, constatant au fond de la grotte dans laquelle il s'est réfugié que ses congénères auxquels il n'est plus utile l'abandonnent à son triste sort, il décide in extremis de se retourner contre eux et de sauver la vie de Vincent, la tension qui n'a jamais faibli au cours de l'épisode aboutissant ainsi à ce dénouement s'autant plus marquant qu'il est plutôt inattendu.



David Vincent échoue à faire changer d'avis une infirmière pacifiste dont les idéaux mettent en danger leur vie, mais il sera finalement épargné lors d'un soudain retournement de situation à la fin de l'épisode L'ennemi.

          Au cours de son combat, David Vincent trouvera ponctuellement quelques alliés relayant son combat et côtoiera différents milieux tel qu'une communauté évangélique dans Le miracle (The Miracle) dont le climat préfigure assez celui évoqué dans un épisode d'Aux frontières du réel (X-Files) des décennies plus tard, L'église des miracles (Miracle Man) avec son évangéliste guérisseur. Comme dans les séries similaires, des acteurs reconnus apparaissent à l'occasion d'un épisode, comme Dana Wynter qui avait déjà partagé la vedette d'un classique de la science-fiction paranoïaque dans L'Invasion des profanateurs de sépultures aux côté de Kevin McCarthy, ce dernier figurant lui-même dans l'épisode Les espions (The watchers) dans lequel il est remplacé par un double.

Kent Smith aux allures de l'ancien premier ministre français et président de l'Assemblée nationale Jacques Chaban-Delmas interprète John Scoville, gagné à la cause de David Vincent, qui apparaît dans 13 des 43 épisodes, le dernier s'achevant avec la promesse du héros et de son allié de former un groupe armé pour lutter contre les Envahisseurs.

         Les Envahisseurs, qui n'ont engendré qu'un téléfilm assez décevant avec Scott Bakula dans lequel Roy Thinnes faisait une courte apparition - il est aussi à l'occasion apparu dans Aux frontières du réel (X-Files) - demeure une des séries de science-fiction les plus célèbres.

         Larry Cohen monta sa propre compagnie de production, Larco production, contraction de son prénom et de son nom, lui permettant de produire ses films de manière indépendante et plusieurs se situent dans l'univers fantastique, mettant en scène des êtres monstrueux. Il fait en 1974 une entrée fracassante dans le cinéma d'épouvante avec Le monstre est vivant (It's Alive), dans lequel un accouchement vire à l'horreur sanglante lorsque paraît un nouveau né effrayant doté de griffes et de dents pointues, créé par le maquilleur Rick Baker, qui décime l'équipe médicale avant de s'enfuir. Le réalisateur parvient à conserver tout au long du film un climat dérangeant, mettant le spectateur mal à l'aise, alors que la traque du phénomène s'organise, celui-là étant recherché par la police tandis que les représentants du groupe pharmaceutique dont le produit contraceptif pris durant sept ans par la génitrice a causé les malformations - comme le laboratoire Grünenthal qui avait laissé la thalidomide être commercialisé en dépit des alertes - aimerait bien que l'être soit trouvé et détruit pour dissimuler leur responsabilité. La créature finit par accéder au domicile de la mère, Lenora Davis (Sharon Farrell), qui prend pitié de celui auquel elle a donné la vie et qui vient néanmoins de décimer le voisinage. Le père, Frank Davis (John Ryan, qui sera l’impitoyable directeur de prison Ranken dans Runaway Train), ne fait pas preuve de la même compréhension et tire sur l'effrayant rejeton. La police retrouve finalement le monstre près d' une sortie d'égout et s'apprête à l'abattre lorsqu'en l'approchant, le père découvre qu'il est surtout terrifié et se trouve soudain pris de compassion pour sa progéniture, sans pouvoir la protéger.


Un heureux évènement qui ne tient pas se promesses dans Le monstre est vivant.


Le final du Monstre est vivant et l'acceptation trop tardive d'une paternité hors-norme.

Larry Cohen et la vedette irascible du Monstre est vivant.

        Meurtres sous contrôle (Gold told to me) réalisé deux ans plus tard débute comme un terrifiant film policier, alors que des tireurs abattent des cibles au hasard. Le policier Peter J. Nicholas (Tony Lo Bianco), un chrétien marié ayant une liaison avec une jeune maîtresse et vivant mal ses contradictions, finit à l'issue d'une enquête éprouvante par remonter jusqu'à l'instigateur des meurtres, un gourou nommé Bernard Philips (Richard Lynch) qui réclame des assassinats gratuits comme preuve d'obéissance et qui se dit né d'une femme enlevée par des extraterrestres. Il lui montre un orifice matriciel sur son ventre et, lui révélant que lui aussi a été conçu par les créatures de l'espace, expliquant par le secret de ses origines ses questionnements sur son identité, lui indique qu'il est en état de procréer avec lui et demande qu'ils conçoivent un enfant ensemble afin de fonder une nouvelle génération associant l'humain à la fraction extraterrestre. Le policier refuse et le tue non sans que le gourou ait usé de son pouvoir pour embraser l'immeuble avant de succomber. Le policier en réchappe et est curieusement mis en examen pour meurtre suite à l'incendie, avouant ironiquement qu'il a tué Philips parce que "Dieu lui a ordonné", la phrase prononcée par les séides de celui qui se prenait pour l'être suprême. A noter que par mesure d'économie, Larry Cohen a utilisé pour figurer l'enlèvement extraterrestre une courte séquence empruntée à la série Cosmos 1999.





Le policier chargé dans Meurtres sous contrôle de remonter jusqu'au commanditaire des assassinats découvre que celui-ci est son frère ennemi, qui lui adressera la demande incestueuse la plus surprenante qui soit. 

        En 1979, la même année que David Cronenberg qui met à son tour en scène des enfants monstrueux dans Chromosome 3 (The Brood), Larry Cohen donne une suite au Monstre est vivant avec Les monstres sont toujours vivants (It's Lives Again) à la hauteur de l'original. Alors qu'un nouveau couple, Eugene et Jody Scott (Frederic Forrest et Kathleen Lloyd)  s'apprête à son tour à donner la vie à une descendance monstrueuse, Frank Davis, toujours interprété par John Ryan, réapparaît et tente de le convaincre de protéger l'enfant que les autorités veulent détruire, lui assurant qu'il ne demande que de l'affection, alors qu'est évoquée la possibilité que ces altérations puissent représenter une mutation en rapport avec un environnement toujours plus pollué. Les scènes angoissantes alternent là aussi avec une interrogation éthique sur la légitimité de l'avortement, anticipant d'une certaine manière certains films de Brian Yuzna comme Progeny, l'enfant du futur.
         Les difficultés familiales, déjà évoquées dans Meurtres sous contrôle, qui surgissent face aux épreuves que génèrent les enfants effrayants du Monstre est vivant et de sa suite, sont au cœur d’Épouvante sur New York (Q the Winged Serpent), avec le personnage de Jimmy Quint (Michael Moriarty) qui maltraite sa compagne. Le metteur en scène a peut-être eu tort de faire tourner trop ostensiblement l'intrigue autour de ce personnage falot et déplaisant, qui joue au caïd colérique avec ceux qui le craignent mais se montre d'une totale lâcheté avec les membres de la pègre au service de laquelle il œuvre. De la sorte se trouve un peu reléguée au second plan l'irruption d'une énorme créature volante mythique, le dieu aztèque Quetzalcoalt (déjà mis en scène dans un petit film de 1946, The Flying Serpent de Sam Newfield avec George Zucco) et son adoration par les adeptes d'un culte effrayant transporté d'Amérique du sud jusqu'à New-York. Les apparitions de la créature sont impressionnantes, la qualité de la texture de la peau (au point que la taille du modèle à petite échelle n'est en rien révélée par l'irruption de sa tête lorsque David Carradine qui joue l'inspecteur Sheppard la traquant surgit derrière lui - le projet d'une tête grandeur nature sculptée par Steve Neill a été abandonné) et l'incrustation à l'image du modèle animé par David Allen par Peter Kuran absolument parfaite, sans la moindre trace de contour, en font le dragon le plus réaliste de toute l'histoire du cinéma avec celui du Dragon du lac de feu. Quand à l'éclosion de son rejeton sur la tour, secret qui permet à l'interlope Quint de monnayer à prix fort l'information à la police, elle annonce celle du bébé vélociraptor de Jurassic Park conçu par le studio de Stan Winston. Il est seulement un peu regrettable que le film n'ait pas été un peu plus resserré en maintenant un meilleur d'équilibre entre les scènes mettant au premier plan le malfaiteur et celles relatives à l'enquête et à la recherche de l'effrayante créature.

L'assez méprisable Quinn (Michael Moriarty) découvre par hasard l'antre du monstre, il y voit l'opportunité d'améliorer sa situation financière en monnayant l'information auprès des autorités désireuses de mettre fin au péril dans Épouvante sur New York.


La tête miniature incroyablement réaliste de Quetzalcoalt combinée avec l'image de l'acteur David Carradine, incarnant l'inspecteur Sheppard, dont la recherche de la créature touche à son but.

              C'est un monstre bien différent qui décime en 1985 les populations dans The Stuff, une créature d'un très lointain passé à laquelle la modernité assure une horrible postérité. Des industriels commercialisent une forme de vie primitive découverte sous terre sous la forme d'un dessert dont les mérites sont intensivement vantés par les publicitaires au point d'alimenter une mode à laquelle il est difficile de se soustraire. Dans cette satire acide de la société de consommation, dans laquelle un ton humoristique alterne avec des séquences d'épouvante, le consommateur se trouve à son tour consommé par l'organisme d'allure protoplasmique. Le début du film évoque quelque peu L'Invasion des profanateurs de sépultures, avec la famille qui commence par être asservie par l'accoutumance qui investit le cerveau, contraignant chacun des membres à se comporter exactement comme les autres, avant d'être totalement digérée. Certaines de ces dissolutions se produisent à l'écran, agencées par Steve Neill, tandis que la forme de vie proliférante finit par atteindre d'impressionnantes proportions, au travers des effets de David Allen, telle une sorte de "Blob" sirupeux et lacté. Quelques courageux, dont David Rutherford, espion industriel envoyé par la concurrence et ancien agent de l’État fédéral (Michael Moriarty), une journaliste (Andrea Marcovicci) et un ancien général séditieux (Paul Sorvino) tenteront de sauver leur pays du péril avant de confronter les industriels à leurs responsabilités alors qu'ils étaient prêts à commercialiser une nouvelle formule à l'issue de la catastrophe, exactement comme quelques années plus tard, les ravages de l'encéphalopathie spongiforme, épidémie ayant débuté l'année du film à l'insu du public, n'avaient pas dissuadé le lobby agro-alimentaire de songer à réutiliser les "farines bovines" dans l'alimentation du bétail en les chauffant un peu plus, alors que le président d'un groupe parlementaire, pourtant médecin, niait le danger en affirmant que "la viande française était la meilleure du monde" bien que le sort d'animaux de zoos en Angleterre avait prouvé la transmissibilité du mal entre espèces différentes (lequel récidiverait plus tard une fois devenu président de l'Assemblée nationale en influant sur ses collègues pour repousser les dispositions du Grenelle de l'environnement de sa propre majorité puis inciter son candidat à la présidentielle de 2017 à prôner l'abandon du principe de précaution pourtant insuffisamment appliqué comme en témoignent régulièrement des drames tel que la naissance de bébés avec un bras manquant probablement contaminés par des produits chimiques infiltrés dans l'eau).


Le site d'extraction de The Stuff, encadré de camions prêts à acheminer la mystérieuse substance.
 Rutherford cherche à découvrir ce qui se cache derrière l'emballement pour le "Stuff".


Un consumérisme qui impose sa pression jusqu'au sein du cadre familial.

Une victime d'un échantillon de la créature ayant atteint d'inquiétantes proportions.

Les principaux interprètes de The Stuff au complet, de gauche à droite, Andrea Marcovicci (Nicole), Scott Bloom (Jason, le garçonnet qui a vu périr sa famille amatrice du dessert à la mode), Michael Moriarty (David Rutherford), Paul Sorvino (le Colonel Malcolm Spears) et Garrett Morris (le malicieux Charlie Hobbs, qui trouvera une mort effroyable au travers des trucages de Steve Neill).

Larry Cohen et un des pots renfermant l'effroyable dessert de The Stuff.

                 En 1987, Larry Cohen donne un dernier volet à sa trilogie débutée avec Le monstre est vivant avec La Vengeance des monstres (It's Alive III : Island of the Alive). Une expédition scientifique est montée pour étudier de quelle manière ont évolué les enfants anormaux, laissés livrés à eux-mêmes sur une île isolée. Jarvis (Michael Moriarty) qui se lance dans un vibrant plaidoyer en leur faveur au nom du respect de leur différence obtient d'être du voyage. Devenus entre-temps adolescents, les monstres qui n'ont rien perdu de leur sauvagerie déciment rapidement les explorateurs, seul Jarvis parvenant à survivre. Les créatures regagnent la civilisation et commencent à massacrer des violeurs sur une plage avant d'être abattus par la police. Son épouse Ellen (Karen Black) prend soin de la progéniture de l'un d'eux, celle-ci n'étant autre que son petit-fils. Le film, correctement réalisé, n'apporte cependant rien de réellement significatif aux deux films précédents.

              Une autre communauté monstrueuse plus structurée est au centre des Enfants de Salem (A Return to Salem's Lot), suite notable donnée par le réalisateur au film original de Tobe Hooper tiré du roman de Stephen King. Une bande de vampires s'est organisée, restreignant son nombre de victimes et usant d'humains comme de drones pour leur permettre de maintenir un semblant d'activité diurne. Un anthropologue, Joe Weber (Michael Moriarty), venu avec son jeune fils, retrouve en son sein une camarade d'école qui le séduit, tandis que le responsable qui a épargné les deux visiteurs, le Juge Axel (Andrew Duggan), lui demande de contribuer à réhabiliter leur image. L'arrivée d'un chasseur de Nazis, Van Meer (Samuel Fuller, réalisateur que Cohen tenait pour un inspirateur et dont il a habité une ancienne demeure), bien décidé à user de méthodes expéditives contre les suceurs de sang, et qui apparaît immortel sans explication (c'est aussi le cas pour un soldat dans Zone Troopers) l'incite à choisir enfin son camp et à éradiquer avec lui la communauté maléfique. Les Enfants de Salem est probablement le meilleur film sur la communauté vampirique avec Aux frontières de l'aube (Near Dark) de Kathryn Bigelow. Le réalisateur rapporte le thème des vampires au communautarisme libéral américain au travers de la réalité sociale dont il gratifie ces créatures.

Joe Weber sous la coupe de l'inquiétant Juge Axel qui retient son fils dans Les Enfants de Salem.

          Le créateur de la série Les Envahisseurs avait aussi pris part à la plus fameuse série de films paranoïaques en apportant sa contribution à l'élaboration du scénario du second remake de L'invasion des profanateurs de sépultures, Body Snatchers réalisé en 1993 par Abel Ferrara qui communique directement au spectateur le climat de suspicion et d'angoisse qui s'empare d'une base militaire investie par les imposteurs extraterrestres.
          Larry Cohen a par ailleurs réalisé deux comédies fantastiques, Full Moon High en 1981, sur un joueur de rugby changé en loup-garou (son agression évoque plus une scène de La Cage aux folles que celle du Loup-garou de Londres) émoustillant les filles et Ma belle-mère est une sorcière (Wicked Stepmother) en 1989 qui ont été moins prisées par la critique.
           Le metteur en scène a également réalisé des thrillers. L'ambulance (The Ambulance) en 1990 relate la tentative d'un jeune homme, Joshua Baker (Eric Roberts), de retrouver une jeune fille qui a mystérieusement disparu, Cheryl (Janine Turner), enlevée par un médecin (Eric Braeden, acteur de soap opéra aussi apparu dans Le cerveau d'acier et Les évadés de la Planète des singes) qui fait des expériences au nom de l'éradication du diabète au détriment de la vie de ses cobayes, incarnant une médecine glaciale tel son devancier de Morts suspectes (Coma) de Michael Crichton interprété par Richard Widmark. Il fut en 2002 le scénariste du film Phone Game réalisé par Joel Schumacher. La dernière réalisation de Larry Cohen fut sa participation, à l'instar des autres réalisateurs réputés de l'épouvante, à la série anthologique Masters of horror, mettant en scène l'horrifiant épisode Pick Me Up, dépeignant l'atroce compétition à laquelle se livrent deux tueurs en série, un chauffeur routier et un auto-stoppeur.

         Certaines de ses créations ne sont pas totalement exemptes d’ambiguïté. Ainsi, Larry Cohen qui a consacré en 1977 un film à l'assez sulfureux et très anticommuniste patron du FBI J. Edgar Hoover, The Private Files of J Edgar Hoover, a déclaré que sa série Les envahisseurs exprimait son aversion du maccarthysme, mouvement de dénonciation des ennemis des États-Unis initié par un anticommuniste encore plus virulent, le sénateur Joseph McCarthy. Cependant, le personnage de David Vincent n'est jamais ridicule dans son combat, incarné par Roy Thinnes très imprégné de son rôle et il finit toujours par découvrir des traces du complot qu'il cherche à mettre en évidence, de telle sorte que la série pourrait presque illustrer métaphoriquement le contraire de ce que veut dénoncer le héros. On retrouve une autre ambiguïté, plus explicite, dans La Vengeance des monstres, le plaidoyer de Jarvis pour ces êtres incompris étant démenti par les agissements des mutants qui ne se conduisent que comme des bêtes féroces - ambivalence qu'on retrouvera dans deux épisodes d'Au-delà du réel, l'aventure continue (The New Outer Limits)Sélection pas très naturelle (Unnatural Selection) qui trouve un prolongement dans l'ultérieur Nature criminelle (Criminal Nature) et qui constituent en quelque sorte comme un approfondissement du film de Cohen. Les vampires des Enfants de Salem sont aussi présentés de manière un peu équivoque comme étant partiellement humains malgré leur monstruosité, le personnage principal faisant même un certain temps abstraction de la nature de son ancienne camarade de classe pour entreprendre avec elle une relation sentimentale et intime - même si le prologue a montré que dans le cadre de ses missions ethnologiques, il faisait preuve de peu d'état d'âme, semblant ne pas se formaliser de la pratique de sacrifices humains dans certaines tribus, annonçant celui que les vampires perpètrent sur leurs victimes. Il est vrai que de la même manière, David Cronenberg a déclaré que son film Frissons (Parasite Murders/They came from within/Shivers) était un plaidoyer pour la libération sexuelle alors même que tout le signifiant du film, images scabreuses, savant fou dépassé par ses expérimentations, le Dr Hobbes (Fred Doerderlin), tuant son cobaye, Annabelle Bataille (Cathy Graham), en tentant de restaurer sa condition initiale, et épilogue accompagné d'une musique mélancolique, suggère une tragédie en cours conduisant à la déshumanisation. Plus anecdotiquement, Irvin Kershner avait affirmé vouloir dénoncer la violence gratuite dans Robocop 2, dont il fit pourtant à cette occasion un étalage complaisant.

David Vincent, un esprit perspicace et obstiné, qui démantèle sans relâche les réseaux de comploteurs, semblant valider un péril qui renvoie le spectateur à la peur d'une conspiration communiste comme évoqué dans It conquered the world de Roger Corman et plus explicitement dans Tobor the great, en dépit des intentions affichées par le metteur en scène.

         Certaines éléments des films de Larry Cohen prennent parfois une dimension prophétique. Ainsi, Meurtres sous contrôle anticipe le mélange sulfureux entre les thèmes des extraterrestres et de la religion qu'on retrouvera dans des sectes comme Heaven's Gate et le mouvement des Raëliens, sans oublier l'obéissance totale à un gourou qui s'incarne à travers le massacre collectif de la secte Guyana du Révérend Jim Jones, puis plus récemment les crimes de masse islamistes avec la violence aveugle ordonnée par les prêcheurs. Sur le même sujet, Épouvante sur New York préfigure visuellement les attentats du 11 septembre 2001 avec ce sang et ces morceaux de corps qui tombent des gratte-ciels, puis avec ce plan montrant le corps d'un fanatique d'une religion non-européenne qui s'est sacrifié qu'un travelling associe au World Trade Center en arrière-fond. The Stuff est quant à lui une véritable prophétie sur la crise de la vache folle et la folie consumériste, dénonçant la duplicité criminelle des lobbys agro-alimentaires ; il n' y manque que la compromission des hommes politiques, ministres anglais et français de l'agriculture ainsi que commission européenne qui auront préféré privilégier l'économie à court terme sur la santé publique.


Des tueurs fanatisés perpétrant des assassinats de masse et prêts à mettre fin à leur propre vie dans Meurtres sous contrôle, annonçant une soumission totale à des imprécateurs religieux observée depuis la fin des années 1970.

 
      Un des principaux responsables de la production du "Stuff" admirant son produit si rentable, Fletcher (Patrick O'Neal, qui incarnait le directeur du programme d'élimination des épouses insoumises remplacées par de dociles androïdes à leur image dans Les Femmes de Stepford). Dans l'épilogue, le petit Jason contraindra les industriels à goûter leur propre produit puisqu'ils prétendent qu'il n'est pas dangereux, ce qu'ils s'efforcent de refuser, comme les salariés de Monsanto ayant obtenu qu'on ne serve pas de produits transgénique dans leur cantine.

                 On peut relever que certains éléments des films de Larry Cohen annoncent des films de Cronenberg. On retrouve ainsi le thèmes d'enfants anormaux terrifiants, terrorisant une famille et s'introduisant à l'occasion dans une école, dans Le monstre est vivant et Chromosome 3, la violence dans le cadre familial entre conjoints dans Épouvante sur New-York et entre mère et fille dans Chromosome 3, l'affrontement entre frères dotés de pouvoirs extraordinaires dans Meurtres sous contrôle et Scanners, la matrice abdominale présente sur le ventre d'un homme, procréatif dans Meurtres sous contrôle et plus symbolique dans Vidéodrome, sans oublier l'utérus externe qui s'est développé sur le corps de la génitrice de Chromosome 3, ou encore l'infiltration d'organismes dans le corps humain engendrant un comportement social normatif dans Frissons, puis The Stuff. A la différence de Cronenberg qui confiait à des interprètes différents le soin d'interpréter ses personnages principaux (alors que dans des rôles secondaires, il a mis en scène cinq fois Robert A. Silverman et deux fois Joe Silver), Larry Cohen a fait de Michael Moriarty son acteur récurrent dans Épouvante sur New-YorkThe StuffLa Vengeance des monstres et Les Enfants de Salem.

Larry Cohen entouré de bébés monstrueux terrorisant les familles dans Le monstre est vivant et sa suite, et au premier plan, un autre nouveau nouveau né, celui procréé par une créature mythique qui tente de s'extraire de son œuf à la fin d' Épouvante sur New York

         La disparition du réalisateur ne lui aura pas permis de mener à bien son projet de nouvelle version de sa série Les Envahisseurs, laquelle aurait sans doute été meilleure que le téléfilm avec Scott Bakula s'en inspirant, Le retour des envahisseurs de Paul Shapiro en 1995, dans lequel Roy Thinnes faisait une petite apparition. Il aurait été fort appréciable de pouvoir obtenir des approfondissements sur certains points de son oeuvre auprès de Larry Cohen, mais celui-ci n'a jamais donné suite aux différentes demandes souhaitant sa participation à différentes évocations de ses films, de ce fait réalisées sans son aide tel le présent aperçu de sa carrière. Il demeurera néanmoins comme un brillant réalisateur indépendant ayant apporté sa touche personnelle au cinéma fantastique.

Larry Cohen entouré des figures cauchemardesques d’Épouvante sur New York, en haut à gauche, d'une victime phagocytée sur l'affiche de The Stuff, et à droite le nouveau né monstrueux du Monstre est vivant.


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                Deux visages connus du grand et petit écran ont quitté récemment la scène. L'actrice Lisa Sheridan, à l'allure de brune piquante mais à l'expression souvent empreinte de douceur, qui n'était pas apparentée à l'actrice Margaret Sheridan qui avait partagé avec Kenneth Tobey l'affiche de La Chose d'un autre monde (The Thing from another world) en 1951, s'est éteinte le 25 février 2019 à l'âge de 44 ans de complications dues à l'alcoolisme. Habituée de séries policières comme Les experts, elle était connue des amateurs de science-fiction pour son rôle de Chloe Tanner dans l'éphémère série Freakylinks en 2000-2001 dans laquelle des jeunes utilisaient la technologie moderne pour résoudre des mystères empreints de surnaturel dans la lignée du pseudo-reportage du Projet Blair Witch, avait en 2007 fait partie à l'occasion d'un épisode de l'importante distribution, comme Michael Moriarty, du feuilleton Les 4400 (The 4400) sur les enlèvements extraterrestres et celui de Larkin Groves dans la trop courte série Invasion de Shaun Cassidy en 2005-2006, dans laquelle des extraterrestres planifiaient d'envahir les États-Unis. Les personnages de premier plan de cette dernière étaient son compagnon le garde-forestier Russell Varon (Eddie Cibrian) qui tentait de comprendre pourquoi on retrouvait des cadavres identiques à des personnes toujours vivantes comme celui de son ex-femme Mariel Underlay (Kari Matchett) qui avait oublié qu'elle n'était que son duplicata extraterrestre, et l'imposteur qui avait remplacé le mari de cette dernière, le shérif Tom Underlay (William Fichtner), profitant de son poste pour dissimuler la vérité, bien que moins désireux d'exterminer l'humanité que son congénère Eli Szura (James Frain, l'acteur qui incarne le cryptozoologue écossais de Loch Ness). Même si le personnage de Larkin Groves participait aussi activement à la résolution du mystère par sa propre enquête, il incarnait moins une fonction, comme les deux précédents, Varon et Underlay amenés à se combattre, qu'un témoin de la situation portant le point de vue du spectateur par sa normalité foncière, notamment lorsque son frère Dave Groves (Tyler Labine) découvrait dans la remise son double à demi-formé qui finissait d'ailleurs par apitoyer son modèle. La grande crédibilité que Lisa Sheridan conféra à son personnage contribuait notablement à rendre réelle l'extraordinaire situation. En dépit de critiques positives et de la demande des fans, les quatre autres saisons envisagées par Shaun Cassidy ne furent pas produites. Dans les épisodes suivants, Larkin Groves aurait été à son tour remplacée par un duplicata et Dave aurait alors traqué frénétiquement à la tête d'un groupe armé sa simili-sœur, une "hybride" évoluée, ces nouveaux développements promettant de nous dévoiler une nouvelle facette de l'interprétation de l'actrice, vraisemblablement plus inquiétante, dont les velléités de la chaîne ABC insuffisamment confiante dans le potentiel de la série nous a ainsi privés. Lisa Sheridan aura à nouveau honoré la science-fiction lors de son ultime apparition en incarnant le rôle principal de Strange Nature de Jim Ojala, une production indépendante convoquant le péril écologique dans laquelle elle interprète une mère de famille découvrant les horribles mutations affectant animaux et humains qu'engendre la pollution, notamment sur les batraciens plus sensibles en raison de leur respiration partiellement cutanée, comme l'avait étudié il y a déjà des années le naturaliste Jean Rostand dans ses "étangs à monstres". Ce projet reposant sur un financement participatif avait été annoncé en ces pages dans l'article de novembre 2014 intitulé "Le futur de l'animation, hors d'Hollywood?" (https://creatures-imagination.blogspot.com/2014/11/le-futur-de-lanimation-hors-dhollywood.html).

L'équipe de Freakylinks, série à la lisière du fantastique et de la parodie.

Les deux couples d'Invasion et les deux enfants très expressifs (Alexis Dziena et Ariel Gade) avec lesquels ils partagent l'affiche.

Lisa Sheridan dans le rôle de Larkin Groves dans Invasion.

Larkin et son compagnon le garde forestier s'alertent de la situation dans Invasion.

La réalité n'est pas toujours belle à voir même dans les oeuvres d'imagination comme dans Invasion.

L'intrigant shérif d'Invasion, interprété par William Fichtner, également policier dans la série Prison Break, et un des principaux interprètes du film Contact de Robert Zemeckis.

Lisa Sheridan incarne Kim Sweet dans Strange Nature qui demande des comptes au maire Paulson (Stephen Tobolowsky, l'ami assureur insistant d'Un jour sans fin d'Harold Ramis).

Kim Sweet fait feu sur un loup à deux têtes dans Strange Nature.

Une pauvre créature mutante de Strange Nature.

Jim Ojala, maquilleur et créateur d'effets spéciaux mécaniques au travail sur son film Strange Nature.

Un bel hommage à l'actrice pour les anglophones :
https://www.nickiswift.com/146864/the-untold-truth-of-csi-actress-lisa-sheridan/



Richard dit Dick Miller a disparu à 90 ans le 30 janvier 2019, après plus de 60 ans à être présent sur les écrans. Il était surtout connu des amateurs de science-fiction pour son rôle de Murray Futterman dans Gremlins, un Américain chauvin et râleur, réapparaissant dans la suite Gremlins 2 : a New Batch dans laquelle, plus aguerri, il attrape un Gremlin pourvu d'ailes de chauve-souris créé par un généticien fou, le Docteur Catheter interprété par Christopher Lee, qu'il jette dans du béton humide, la créature allant mourir au sommet d'une église en devenant une gargouille de pierre supplémentaire, préfigurant une scène du film à sketchs Darkside, les contes de la nuit noire (Tales of the Darkside : the movie). Il avait auparavant tourné dans différents films de science-fiction de Roger Corman, It conquered the world en 1956, Not of this Earth en 1957, La petite boutique des horreurs en 1960 et L'horrible cas du Docteur X en 1962. Outre Gremlins et Gremlins 2, Joe Dante l'avait notamment fait figurer brièvement à l'écran dans Piranhas en 1978, Hurlements en 1981, La Quatrième Dimension (sketch That's a good life) en 1983, Explorers en 1985, L'Aventure intérieure (Innerpace) en 1987, Panic sur Florida Beach (Matinee) en 1993 et Small Soldiers en 1998. Il était également apparu dans la série VTerminatorExtra sangsues (Night of Creeps) et Attack of the 5 ft 2 Woman.


D'un Gremlins à l'autre, Monsieur Futterman a appris à ne plus se laisser impressionner par les petits démons même au travers de leurs nouvelles capacités.

Dick Miller interprète l'armurier de Terminator, la rencontre avec le cyborg venu du futur écourtant rapidement son rôle.

             Le visage de Peter Mayhew, décédé le jeudi 2 mai 2019 à l'âge de 74 ans, était beaucoup moins connu du grand public. Choisi pour sa grande taille pour incarner l'automate à allure de Minotaure, Minoton, dans Le Voyage fantastique de Sinbad en 1976 avant d'endosser de manière récurrente le costume de Chewbacca, le Wookie velu de La Guerre des étoiles, compagnon de Han Solo (Harrison Ford) dont lui seul comprenait le langage, quand David Prowse pressenti pour le rôle préféra enfiler celui de Dark Vador. S'inspirant de la gestuelle de grands animaux comme les ours et les singes anthropoïdes, il avait conféré sa personnalité tapageuse à un des personnages créés par le maquilleur Stuart Freeborn à qui on avait rendu hommage suite à sa disparition (voir le paragraphe consacré à cet artiste dans l'article de février 2013*) pour son rôle muet, ses cris étant ajoutés par les techniciens. Présent dans toute la trilogie originelle; ainsi que dans la version Star Wars Holidays Special, il avait repris son rôle dans le troisième épisode de la seconde trilogie, puis deux de la suivante avant que des problèmes de santé ne le conduisent à transmettre son expérience à son remplaçant.



              En songeant à la disparition le 24 avril 2019 de l'acteur français Jean-Pierre Marielle, excellant aussi bien dans les rôles comiques que dans d'autres davantage empreints de gravité, on pourra regretter en dépit de sa brillante carrière que le cinéma français ne lui ait pas proposé l'opportunité de tourner dans des films fantastiques. Il n'est pas interdit d'imaginer qu'avec Jean Rochefort, qui incarna le savant fou imaginé par Mary Shelley dans la parodie Frankenstein 90 d'Alain Jessua (Paradis pour tous) en 1984, Jean-Pierre Marielle aurait pu constituer un brillant duo susceptible de conférer ses lettres de noblesse à un hypothétique cinéma fantastique français à la manière du célèbre tandem britannique de la société Hammer représenté par Peter Cushing, retenu et stylé comme Jean Rochefort, et Christopher Lee, à la présence plus physique comme Jean-Pierre Marielle, qui aurait pu incarner un scientifique encore plus sombre et exalté à la manière du Docteur Polidori de La Fiancée de Frankenstein de James Whale.