samedi 22 mai 2010

L'ENGOUEMENT POUR LES DINOSAURES GRANDEUR NATURE NE FAIBLIT PAS


Paris, capitale du Mésozoïque

On signalait récemment l'exposition sur les Dinosaures avec des modèles animés, "La faim des Dinosaures" qui se tient dans la capitale française, au Grand Palais (pour plus d'informations, voir notule du 18 février 2010). Prévue jusqu'en juin, celle-ci se prolongera en fait jusqu'au 1er septembre 2010.

Avec une aussi impressionnante gueule, ce Tyrannosaure était un candidat idéal pour "La Faim des Dinosaures".

En dépit de sa crête, il ne s'agit pas d'un Casoar mais d'un Oviraptor.

Euoplocephalus, Dinosaure cuirassé parent du Crichtonsaurus déjà évoqué.

Une seconde exposition, "Le temps des Dinosaures", a lieu Porte de Versailles à Paris. Conçue initialement pour son jeune fils par un Argentin nommé Aquiles SOJO, elle ne comporte dorénavant pas moins de 51 Dinosaures présentés chronologiquement, depuis le petit Scelidosaure qui ressemble à un agneau épineux jusqu'à d'effrayants Carnosaures géants comme un fort réussi Tyrannosaure, galerie incluant aussi l'Ampélosaure, un Sauropode récemment découvert dans le sud de la France. On admirera également deux Ornithopodes notables, un gigantesque Lambéosaure, et un Edmontosaurus qui passe alternativement de la position quadrupède à la bipédie. "Le temps des Dinosaures" est visible jusqu'au 31 juillet 2010.

En dépit de son allure gracieuse, ce Gallimimus présente une taille qui impose le respect.

Les Prosauropodes, gros animaux bipèdes de la fin du Trias, sont les ancêtres des géants comme le Brontosaure et le Diplodocus.

Le Pachycéphalosaure a la tête dure.

Lui aussi très armé contre la voracité des carnivores, un ankylosauridé d'une autre espèce est proposé aux visiteurs dans la seconde exposition.

Les créateurs de JURASSIC PARK avaient demandé à l'équipe du créateur d'effets spéciaux Stan WINSTON de concevoir un Dilophosaure de taille menue. Le véritable animal était plus grand et plus impressionnant.

Aquiles SOJO, concepteur et créateur de l'exposition "Le temps des Dinosaures", devant un Dinosaure à plumes.

Il ne manque plus que des expositions sur les Mammifères disparus, comme aux Etats-Unis, (même si le Mammouth a récemment été mis à l'honneur).


AVIS AUX LECTEURS :

Ce blog fêtera fin juin ses deux années d'existence ; faîtes connaître votre sentiment au sujet de Créatures et imagination, les êtres réels et les êtres imaginaires : comment vous l'avez découvert, si vous le consultez à l'occasion ou si le suivez régulièrement, si vous le parcourez brièvement ou si vous lisez les articles attentivement - ou même si quelqu'un les a tous lus (à part peut-être Mario, fidèle de la première heure), si vous trouvez pertinente la proximité d'articles sur l'imaginaire avec de la vulgarisation, etc... Et évidemment si vous souhaitez que l'expérience se poursuive, ou si celui-ci n'est pour vous qu'un site parmi beaucoup d'autres auquel vous n'êtes pas particulièrement attaché... et bien sûr les sujets que vous souhaiteriez voir aborder prochainement.

lundi 17 mai 2010

LE MAITRE DES MARIONNETTES

Jim HENSON et un Skeksès de THE DARK CRYSTAL.

    Jim HENSON disparaissait subitement il y'a vingt ans d'une pneumonie, le 16 mai 1990, à l'âge de 53 ans. L'homme est mondialement connu pour avoir créé le MUPPET SHOW, spectacle échevelé à base de marionnettes autour de la figure emblématique de Kermit la grenouille, regorgeant de personnages pittoresques tels Scooter, le stagiaire maladroit et arriviste, le délirant cuisinier suédois, Sam l'Aigle américain, toujours sentencieux et exagérément solennel ou encore les personnages des deux grincheux aux saillies particulièrement réjouissantes. On lui devait également une autre série pour le jeune public, 1 RUE SESAME. Jim HENSON a cependant aussi été impliqué dans la création de créatures d'aspect plus réaliste.

    Une multitude de personnages exubérants

    Né le 24 septembre 1936, Jim HENSON a grandi dans le Mississipi, avant que sa famille n'emménage dans le Maryland, non loin de Washington. Influencé par les émissions de son enfance à base de ventriloques et de marionnettes, comme KUKLA, FRAN AND OLLIE, il crée en 1955, par le biais du module universitaire auquel il s'est inscrit, un programme pour enfants à base de marionnettes, SAM AND FRIENDS, pour la chaîne WRC-TV, lequel succède à une première initiative similaire pour WTOP-TV conduite l'année précédente alors qu'il était encore au lycée. Jim HENSON s'attache à obtenir le meilleur parti de son art, en utilisant judicieusement le cadrage pour dissimuler les animateurs, et en dotant ses personnages de vraies articulations ainsi que d'une bouche capable de simuler la parole. Il prend comme assistante marionnettiste sa camarade d'université Jane NEBEL, qu'il épouse.

    Ayant eu rapidement une famille à nourrir, Jim HENSON, qui a obtenu un diplôme d'économie, investit sa propension à la créativité dans le domaine de la publicité, doutant que sa passion pour les marionnettes, qui l'a conduit à se rendre plusieurs mois en Europe pour y rencontrer ceux qui participent de cette longue tradition, lui assure un revenu suffisant. Cependant, l'envie de réaliser du pur divertissement ainsi que la notoriété des marionnettes de SAM AND FRIENDS apparues notamment dans nombre de publicités, l'incitent à lancer la Compagnie des Muppets, qu'il fonde à New-York avec son épouse en 1963. Il ne tarde pas à engager son vieil ami Frank OZ pour que celui-ci remplace sa partenaire appelée à pourvoir à l'éducation des enfants du couple. Il établit finalement - comme Ray HARRYHAUSEN, un autre Américain - son quartier général en Angleterre en 1976, ce qui engendrera parfois un sentiment de désaffection pour les représentants de la branche demeurée aux USA, chargée de la diffusion des réalisations sur le continent nord-américain.


Décor de la série THE LAND OF GORCH, première esquisse d'un monde fantastique.

    Après une série de films expérimentaux remarqués, comme CUBE dans lequel un homme ne peut mystérieusement sortir d'une pièce exiguë, à l'inverse des visiteurs qui peuvent aller et venir normalement, Jim HENSON conçoit les deux grands shows qui feront sa notoriété, mêlant des acteurs à des marionnettes ainsi qu'à des personnages interprétés par des comédiens costumés, 1 RUE SESAME en 1968 et le MUPPET SHOW, qui dure de 1976 à 1981 et associe des sketchs à des numéros musicaux, lequel a tant de succès qu'une parodie moquant l'actualité politique voit le jour en France, le BÊBÊTE SHOW. Les personnages saugrenus du MUPPET SHOW reviennent par la suite à l'occasion de plusieurs films et de programmes télévisés spéciaux, ainsi que d'un succédané pour les tous petits, les "Muppets babies", montrant les versions des personnages dans leur très jeune âge.


    Néanmoins, Jim HENSON avait toujours eu à cœur de se renouveler et proposa de nouvelles séries comme FRAGGLE ROCK (1983-1987), qui mettait en perspective notre monde, représenté par un acteur (Michel ROBIN dans la version française) et son chien (une marionnette réaliste), avec d'autres mondes coexistants, l'un peuplé par un genre de lutins vivant sous terre, rappelant les Muppets, voisinant avec celui de Lilliputiens assimilés à des insectes sociaux, ainsi qu'un dernier habité par des ogres velus, comme ceux du MUPPET SHOW. Bien que principalement destiné au jeune public, l'univers humoristique de FRAGGLE ROCK n'est pas dépourvu de poésie, et approche quelquefois la philosophie. Son projet DINOSAURES, vision satirique de la famille et du monde contemporain à travers une famille de Dinosaures humanoïdes truculents vivant dans une société très semblable à la nôtre, ne verra le jour qu'après sa disparition, en 1991.


Faz FAZAKAS, un des principaux techniciens de l'équipe de Jim HENSON, ici à l'œuvre sur les Dozers de FRAGGLE ROCK.

    Jim HENSON refusa par contre, à l'instar de la Compagnie Disney, de s'associer avec le marionnettiste Paul FUSCO qui avait proposé l'idée de la série ALF, contant les facéties d'un extraterrestre velu et blagueur interprété par une marionnette, dont le style et l'humour, non dénué de profondeur, étaient pourtant voisins des siens, craignant que cela ne porte préjudice à ses propres projets, et s'avérant d'autant plus réticent que les deux hommes avaient le même agent en commun, Bernie BRILLSTEIN. Par la suite, HENSON fut conquis par la série et devint ami avec Paul FUSCO.



Scred, vu dans LAND OF GORCH, un des premiers êtres d'allure fantastique créé par Jim HENSON.

    Le créateur du MUPPET SHOW parvint à communiquer sa passion à nombre de collaborateurs qui l'accompagnèrent durant des années dans ses divers projets. Il considérait que divertir la jeunesse, dans un monde souvent difficile, était une entreprise tout à fait estimable; ce père de famille de cinq enfants était aussi désireux d'utiliser son art pour suppléer à l'éducation des plus petits, en particulier ceux des familles défavorisées, en s'associant à des projets les initiant aux rudiments de la lecture, ainsi qu'en les sensibilisant à la défense de l'environnement; il estimait aussi que, si ce type de programme pouvait inciter à propager certaines valeurs comme le respect d'autrui et la protection de la nature, il convenait en revanche de le préserver de la politisation.


    Un autre monde, un autre temps, à l'âge du fantastique

    L'ambition artistique de Jim HENSON donna toute sa mesure avec un projet cinématographique incroyable, THE DARK CRYSTAL. Le concepteur du MUPPET SHOW réfléchissait depuis longtemps à une fresque qui mettrait en scène des créatures grotesques, d'allure reptilienne, revêtues de costumes saugrenus. Il avait créé en 1979 l'atelier Jim Henson's Creature Shop, de manière à disposer d'un lieu voué spécifiquement à l'élaboration des personnages, permettant à une équipe de perfectionner constamment les techniques pour rendre les marionnettes plus vivantes et maniables. En 1981, il avait délégué son assistant Frank OZ sur le film L'EMPIRE CONTRE-ATTAQUE pour l'animation du personnage du maître Jedi nommé Yoda, marionnette amenée à effectuer une prestation convaincante auprès d'un acteur réel. Cette expérience et les possibilités de l'atelier l'incitèrent à penser qu'il pourrait mener à bien le projet d'un long métrage entièrement interprété par des créatures fantastiques crédibles. On pourrait aussi trouver quelque filiation entre DARK CRYSTAL et THE LAND OF GORCH, une séquence de l'émission SATURDAY NIGHT LIVE avec un décor fantastique, dont l'un des personnages, Scred, ressemble beaucoup à un précurseur des Skeksès, même si sa tête évoque davantage le dragon que le vautour.

Un être contemplatif issu de l'univers de THE DARK CRYSTAL.

    DARK CRYSTAL reprend le principe des émissions de marionnettes conçues par Jim HENSON, mais sur une grande échelle : un plateau surélevé recouvert de panneaux mobiles dissimule au regard des spectateurs les animateurs, qui se contorsionnent pour donner vie aux différents personnages. Des acrobates sont recrutés pour explorer toutes les potentialités du corps humain afin de de donner vie aux morphologies les plus variées, le cas sans doute le plus spectaculaire étant probablement celui des montures des Gelflings, les Echassiers du vent bien nommés, interprétés par des équilibristes dont chaque membre est prolongé par une échasse. Le célèbre maquilleur Stan WINSTON sera si impressionné par le résultat qu'il demandera à rencontrer Jim HENSON et à être autorisé à s'inspirer de ses techniques pour ses propres créations; les animations ingénieuses de la Reine d'ALIENS et des "Drones" de la troupe de choc de L'INVASION VIENT DE MARS en sont en quelque sorte les héritiers (voir l'article de juin 2008 "Un magicien des effets spéciaux s'en est allé"). Pour s'assurer de la qualité de l'univers de DARK CRYSTAL, Jim HENSON, qui s'est pour l'occasion associé à un producteur de L'EMPIRE CONTRE-ATTAQUE, Gary KURTZ, recrute l'illustrateur Brian FROUD, un spécialiste du monde féérique celtique. Celui-ci invente avec un luxe de détails l'ensemble des éléments visuels, des créatures aux différentes architectures en passant par les animaux de la forêt, les ustensiles et les ornements. Le résultat est éblouissant, et la partition de Trevor JONES apporte le supplément d'émotion nécessaire pour faire de cette fable intemporelle sur le bien et le mal une réussite complète susceptible de plaire à tous les publics ayant gardé le goût du merveilleux.

Un des plateaux de tournage surélevé, constitué de plaques coulissantes, de THE DARK CRYSTAL, en l'occurrence l'observatoire astronomique d'Aughra.


Un animateur s'entraîne à incarner dans une position périlleuse un Échassier du vent.


Un arbre ambulant de THE DARK CRYSTAL.

Une autre créature de THE DARK CRYSTAL, tenant à la fois du végétal et de l'animal.

    Jim HENSON réédite quelques années plus tard l'expérience avec un peut-être un peu moins de succès au travers de LABYRINTH, alors qu'aux cruels Skeksès roulant des yeux en piaillant, aux allures d'oiseaux de proie dépenaillés, à la fois grotesques et inquiétants, succède dans l'emploi du personnage maléfique le chanteur David BOWIE, serti dans un costume évoquant quelque peu une vedette de l'époque du "disco". Alors que DARK CRYSTAL avait son univers spécifique, ce nouveau long métrage qui reprend partiellement le format du Muppet Show avec ses séquences chantées par la vedette invitée déconcerte un peu les admirateurs du premier film. Jennifer CONNELLY y interprète une adolescente candide qui tente d'arracher au sorcier maléfique son petit frère, en compagnie de personnages extravagants dans le style de ceux de la nouvelle version du MAGICIEN D' OZ réalisée par Walter MUNCH pour les studios Disney.


Jim HENSON sur le tournage de LABYRINTH, dirigeant Jennifer CONNELLY face à Ludo, imposant personnage fantastique.
Si les murs ont parfois des oreilles, ceux de LABYRINTH sont aussi pourvus d'yeux avec ce surprenant buisson.

    En 1987, Jim HENSON élabore, dans la lignée de son adaptation des Animaux de Brème, une série télévisée sans égal, MONSTRES ET MERVEILLES (THE STORYTELLER) qui donne toute sa dimension au merveilleux à la télévision. Un narrateur ( John HURT grimé ), en compagnie d'un chien selon la formule éprouvée de FRAGGLE ROCK, raconte des histoires fabuleuses issues de contes européens. L'esthétique soignée et la qualité des effets spéciaux participent d'un climat très particulier, mettant en valeur une histoire dont les brillants atours servent une réflexion morale. Une seconde série moins connue, THE STORYTELLER: GREEK MYTHS (LEGENDES GRECQUES), s'attachant à la mythologie gréco-romaine, voit le jour deux ans plus tard sur le même modèle, malgré un ton plus sombre, illustrant les mythes éternels du vol d'Icare, de la mésaventure d'Orphée, de Thésée face au Minotaure ainsi que du combat de Persée contre les Gorgones. Malheureusement, ces deux séries ne rassemblent à elles deux qu'un nombre fort limité d'épisodes. Une autre série connaîtra une fin prématurée, tout aussi triste. THE JIM HENSON HOUR, en 1989, met en scène le fameux animateur lui-même, autour de son univers, incluant aussi bien les Muppets renommés que les créatures les plus variées apparaissant dans des fictions au ton plus réaliste; il n'hésite pas également à montrer les coulisses des effets spéciaux et de l'animation des Muppets, tel un magicien au sommet de sa gloire prêt à révéler au spectateur certains de ses secrets. Pourtant, les derniers épisodes ne sont même pas diffusés par les chaînes de télévision.

Les protagonistes d'un épisode de MONSTRES ET MERVEILLES; un réalisme onirique bien loin du monde factice du dernier film de Tim BURTON adaptant Lewis CAROLL.

Une des créatures fabuleuses de MONSTRES ET MERVEILLES.

Un Griffon qui force au respect.

Après Ray HARRYHAUSEN, Jim HENSON s'est attaché à retranscrire le mythe de Persée et de la Gorgone ( effets spéciaux de Nigel BOOTH ).
Saisissant Minotaure issu de la même série.


      Un atelier d'effets spéciaux reconnu

    A partir de l'aventure de THE DARK CRYSTAL, la création d'êtres réalistes devient une activité à part entière au sein de l'atelier Creature Shop, indépendamment de la fabrication et de l'entretien des Muppets. Frank FAZAKAS, notamment, s'ingénia durant des années à perfectionner et miniaturiser les sytèmes radiocommandés, permettant d'animer les minuscules personnages de FRAGGLE ROCK, les Dozers, ainsi que d'obtenir une gamme plus riche d'expressions faciales pour les divers personnages. Des créateurs d'effets spéciaux appelés à une certaine notoriété y ont fait leurs preuves, comme Bob KEEN, qui se fera un nom sur les maquillages très morbides des écorchés de la série de films HELLRAISER tirés de l'œuvre de l'écrivain Clive BARKER, ou Lyle CONWAY qui poursuit de manière autonome sa carrière avec des films comme le remake du MAGICIEN D'OZ de Walter MURCH et celui de THE BLOB réalisé par Chuck RUSSELL, avant d'assister Rob BOTTIN sur UN CRI DANS L'OCEAN, jusqu'à ce que la vogue des trucages informatisés ait pour effet de les évincer tous deux du tournage en même temps que de mettre brutalement fin à leur activité (comme évoqué dans l'article "les derniers grands créateurs déclarent forfait", mai 2009).


    La réputation du studio d'effets spéciaux de Jim HENSON lui vaut d'être engagé sur d'autres productions. C'est le cas de DREAMCHILD, film dans lequel Ian HOLM incarne le Révérend Charles DOGDSON, plus connu sous le nom de plume de Lewis CAROLL, racontant à la petite Alice ses célèbres fantasmagories. Lyle CONWAY, encore membre de Creature shop à l'époque, supervise les effets spéciaux donnant vie à des créatures à l'étrange réalisme, notamment aux personnages de la Chenille fumeuse de calumet, d'un grotesque réjouissant, et à celui de la "Fausse tortue" saisissante au point d'en être dérangeante; l'équipe de CONWAY œuvre ensuite sur le monstre végétal du remake de LA PETITE BOUTIQUE DES HORREURS réalisé par Frank OZ, qui demeure la plus enjouée des plantes carnivores vues à l'écran.


Un Lapin surréel sorti de DREAMCHILD face à la petite Alice.

La "Fausse Tortue" de DREAMCHILD, objet de notre première photo-mystère.

    Malheureusement, le dernier projet bien connu auquel le nom de Jim HENSON fut associé de son vivant est l'adaptation cinématographique du manga LES TORTUES NINJA, considéré par beaucoup - malgré les prénoms des protagonistes inspirés de ceux de peintres italiens de la Renaissance - comme le symbole d'une certaine sous-culture triviale à déconseiller à la jeunesse (le technicien Frank FAZAKAS, dont le nom aurait inspiré celui du personnage de Fozzie l'ours du MUPPET SHOW, avait ironisé à leur sujet en disant qu'à l'instar des politiciens, elles étaient complètement humaines, à l'exception de la tête). Jim HENSON n'avait lui-même apporté sa contribution qu'avec réticence, craignant que le contenu violent n'influence négativement le jeune public.

    Le studio d'effets spéciaux prit part au troisième volet de L'HISTOIRE SANS FIN, qui n'était plus l'adaptation de l'œuvre de l'écrivain allemand Michael ENDE contrairement aux deux films précédents, mais une fantaisie s'en inspirant, laquelle propulse des personnages fantasmagoriques dans le monde réel, les pérégrinations d'un bébé "Mangeur de pierre" gaffeur et d'un arbre ambulant générant des situations cocasses. On y retrouve notamment le dragon Falkor, qui ressemble encore davantage à un chien, et est remarquablement bien animé. Creature Shop conçoit les animaux préhistoriques délirants de l'adaptation cinématographique du célèbre dessin animé LES PIERREAFEU, dont les héros sont interprétés par le truculent John GOODMAN et le maladroit Rick MORANIS (CHERIE J'AI RETRECI LES GOSSES). Il construit le monstre animatronique impressionnant du PACTE DES LOUPS, qui manqua de blesser la vedette, mais fut cependant remplacé dans le montage final par sa doublure virtuelle. Il réussit aussi le prodige de donner littéralement la vie au pantin en bois de PINOCCHIO face à Geppetto interprété par Martin LANDAU, dans l'adaptation de 1996 du conte de COLLODI, confortant les vues de Jim HENSON aspirant à faire de marionnettes de vrais personnages.


L'Arbre ambulant de L'HISTOIRE SANS FIN 3, encore un étrange végétal dû à l'équipe de Jim HENSON.


    La fin d'une tradition

    Malheureusement, l'atelier fondé par Jim HENSON se convertit de plus en plus à la mode pour le virtuel, à l'instar de l'animateur image par image Phil TIPPETT ou du maquilleur Greg CANNOM. Si le film LOCH NESS dans lequel Ian HOLM incarne avec conviction un mystique défenseur de la tradition celte, antithèse de son personnage de scientiste d'ALIEN, comporte, outre quelques plans généraux en image de synthèse alors qu'un d'un petit modèle animé aurait été bien plus satisfaisant, une tête mécanique remarquable de réalisme de Plésiosaure, nombre des contributions récentes accordent une écrasante prédominance aux effets conçus par ordinateur. A côté de ses extraterrestres baroques de la série FARSCAPE produite par la société de Jim HENSON ou des humanoïdes patauds, évocation satirique des bureaucrates, du GUIDE DU RETOUR GALACTIQUE, réalisés selon des méthodes traditionnelles, Creature shop a conçu les manifestations surnaturelles du remake télévisé de JASON ET LES ARGONAUTES, pauvres succédanés immatériels des extraordinaires créatures de Ray HARRYHAUSEN, préfigurant tristement le remake du CHOC DES TITANS et autres PERCY JACKSON LE VOLEUR DE FOUDRE. Pour la série DINOTOPIA, à l'exception d'un bébé Tricératops, toutes les espèces de Dinosaures sont en images de synthèse. Dans LOST IN SPACE, les "araignées tripèdes" n'ont aucune réalité matérielle et les mutations du personnage interprété par Gary OLDMAN contaminé par les créatures sont simplement ridicules, comme si ses évolutions réitéraient celles du COBAYE ( film sur la réalité virtuelle ) au lieu d'être la traduction de transformations biologiques. Même pour l'adaptation cinématographique de MAX ET LES MAXIMONSTRES, dont les fameux monstres s'apparentent d'ailleurs à certaines créatures géantes du MUPPET SHOW ainsi qu'aux ogres de FRAGGLE ROCK, l' atelier d'effets spéciaux de Jim HENSON a réalisé des costumes pour les acteurs qui les interprètent, mais concession à l'air du temps et à la facilité, les expressions faciales ont été recréées informatiquement au lieu de procéder de mécanismes radiocommandés comme pour LABYRINTH. 

L'essentiel des effets spéciaux réalistes conçus par la compagnie concerne à présent des doublures animalières pour des publicités ou pour le cinéma, comme précédemment pour L'OURS de Jean-Jacques ANNAUD et BABE, LE COCHON DEVENU BERGER, ou plus récemment l'adaptation cinématographique des 101 DALMATIENS. Ces animaux extrêmement réalistes démontrent bien l'inanité du discours dominant prétendant que la plupart des trucages effectuées par des images numériques seraient irréalisables par d'autres procédés plus "conventionnels". Lorsqu'on constate à quel point ces créations sont indistinguables des vrais animaux avec lesquels elles voisinent, on ne peut que se désoler que les créatures imaginaires ne bénéficient plus au cinéma d'un semblable souci de réalisme.


La magnifique tête mécanique du monstre de LOCH NESS réalisée par Mak WILSON et Jeremy HUNT.


Ce superbe Protoceratops n'existe que sous forme de maquette conceptuelle : pour l'adaptation télévisée de DINOTOPIA, le personnage de Bix a été entièrement numérisé (image trouvée sur le blog http://www.gurneyjourney.blogspot.com).

Hérissons pourvus de masques à gaz fustigeant la pollution automobile dans un spot télévisé.

    Le fils aîné de Jim HENSON, qui a pris la succession, affirme que son père, ayant toujours été attentif à utiliser de nouvelles techniques, aurait été très certainement partisan de l'utilisation de l'imagerie générée par ordinateur. Brian HENSON a évidemment une légitimité certaine pour se faire l'interprète du disparu; cependant, il n'est pas totalement interdit d'être plus dubitatif: en dépit de la variété des techniques, de la marionnette à l'animatronique radiocommandé, Jim HENSON à toujours maintenu un lien entre une créature concrète et des animateurs, ce qui n'a plus rien à voir avec un dessin animé généré par des infographistes. Certes, le créateur du Muppet Show avait mis en scène dans une attraction, MUPPETS 3-D, conçue pour un parc d'attraction Disney, un personnage numérique protéiforme nommé Waldo C. Graphic, mais celui-ci était bien présenté pour ce qu'il était, un être virtuel généré par ordinateur. Cela paraît bien différent de la tentative plus récente de numériser la totalité des personnages du MUPPET SHOW, les rapprochant de l'univers du dessin animé alors qu'aussi fantaisistes soient-ils, ceux-là évoluaient originellement dans des décors élaborés, ce qui contribuait à leur spécificité. Il semblerait que l'éviction de Creature shop, qui avait travaillé sur le projet du film CŒUR DE DRAGON, au profit d'une version numérisée du monstre légendaire, ait contribué à la reconversion de la compagnie dans cette voie.

    On sait bien que les contes de fée ne durent qu'un temps; en dépit de son enthousiasme communicatif, Jim HENSON, on l'a mentionné plus haut, connut quelques désagréments avec les chaînes de télévision, qui déplaçaient sans ménagement certaines de ses émissions d'une tranche horaire à une autre, puis décrétaient alors que celles-là ne trouvaient pas leur public. La séparation d'avec sa compagne de toujours, mère de ses cinq enfants, l'a par ailleurs plongé dans la dépression. Un jour que son ex-conjointe lui rendait visite, celle-là le trouva particulièrement affaibli. Jim HENSON eut la prescience que son heure était arrivée. Il se laissa finalement convaincre d'être conduit à l'hôpital, mais son état se détériora en quelques heures de manière irrémédiable, succombant à une pneumonie qu'un examen précédent, réalisé alors qu'il était déjà souffrant, n'avait pas détectée.


Une statue de Jim HENSON et de sa plus célèbre création dans l'université du Maryland dans laquelle il a effectué ses études, érigée en hommage en 2003.

    Conformément à ses volontés, son enterrement fut à l'image de sa vie, une fantaisie colorée et joyeuse dont le noir était banni, avec des participants ayant revêtu le costume de certaines de ses créations. Sa compagnie lui a survécu, de même que l'atelier d'effets spéciaux, dorénavant établi à Los Angeles - après ses expériences décevantes récentes à la télévision, Jim HENSON aspirait à se rapprocher d'Hollywood. Les personnages les plus emblématiques, les Muppets, ont quant à eux été rachetés par les studios Walt Disney, conformément au souhait de Jim HENSON désireux de pouvoir se concentrer davantage sur la part artistique en cédant ses droits d'exploitation de la marque. Le nom de Jim HENSON survit aussi au travers de sa fondation, qui continue de promouvoir l'art de la marionnetterie en appuyant différents projets. Enfin, sa notoriété se prolonge à travers internet, une branche spécifique de l'encyclopédie en ligne Wikipedia ayant vu le jour exclusivement dans le dessein de célébrer ses créations, celle-ci ayant été nommée de manière explicite Muppet.wikia
(
http://muppet.wikia.com). En dépit de ses doutes initiaux, et malgré son existence écourtée, Jim HENSON a incontestablement réussi son pari de rendre viable durant de nombreuses années un empire fondé sur la marionnetterie.

"Tu crois que Jim HENSON pourrait être oublié ? Cela m'étonnerait beaucoup." (photo de John HURT incarnant le narrateur de MONSTRES ET MERVEILLES conversant avec son chien ).

Pour ceux qui souhaitent lire d'autres articles sur le sujet : hommage pour le 19ème anniversaire de sa disparition :
http://720lignes.com/2010/07/jim-henson-le-premier-des-muppeteers/comment-page-1
le site officiel de la compagnie : http://www.henson.com
le site officiel de Creatures shop : http://www.creatureshop.com

On peut voir certaines créatures animatroniques assez récentes de Creatures shop dans la vidéo:
http://www.youtube.com/watch?v=m1dsFdjXgro&feature=related

Enfin, le site promouvant l'art des marionnettes dans la culture, créé par Jim HENSON :


mardi 20 avril 2010

LE CHOC DES TITANS : EXIGEZ L'ORIGINAL !

L'animation par Ray HARRYHAUSEN du monstre océanique, à la fois reptilien et tentaculaire, du CHOC DES TITANS ( 1981 ), qu'il a substitué au dragon marin de la légende originelle de Persée.

On lit souvent ces derniers temps, sous la plume de critiques de cinéma, un argumentaire établissant une opposition entre AVATAR et le remake du CHOC DES TITANS, au motif que ce dernier a été tourné en pleine nature de même que dans des décors recréés en studio. Néanmoins, si le cadre servant à la mise en scène a bien, en effet, une existence concrète, à l'instar des films traditionnels, les êtres fantastiques n'y ont en revanche pas davantage de réalité, ce qui atténue beaucoup la dichotomie alléguée. Les créatures fabuleuses constituant l'élément central du film, il est pour le moins peu compréhensible que celles-ci ne fassent pas l'objet d'un même souci de crédibilité que le cadre dans lequel évoluent les personnages.

On a déjà évoqué ce remake dans l'article "Un hommage purement virtuel" ( novembre 2009 ), en déplorant l'existence contestable de ce film remplaçant les remarquables trucages de Ray HARRYHAUSEN par l'infographie alors même qu'on refusa à ce dernier la mise en chantier d'un troisième film mythologique - l'article ayant été également l'occasion d'aborder les raisons de fond qui conduisent les cinéphiles exigeants à rejeter les effets spéciaux virtuels au nom du "naturalisme" dont la logique commanderait de récréer à l'identique les caractéristiques du vivant. On renvoie à cet article les lecteurs intéressés. Il va de soi que Créatures et imagination, les êtres réels et les êtres imaginaires, reste fidèle à la version initiale du merveilleux magicien des effets spéciaux et propose pour la célébrer quelques photographies des monstres qui la peuplent.

Les deux "titans" du film de Desmond DAVIS de 1981, à l'incroyable présence. Difficile d'imaginer Gorgone plus terrifiante (en haut) que celle créée par Ray HARRYHAUSEN. En dessous, gros plan sur un colossal monstre marin, le Kraken.

Un critique anglo-saxon rejoint la présente analyse, même si l'acception prêtée à la notion de "réalisme" n'est pas la même que celle définie ici, et qu'il faut par ailleurs relever que l'auteur crédite à tort Ray HARRYHAUSEN des trucages de JACK LE TUEUR DE GÉANTS (qui devrait lui-même faire l'objet d'un remake par Bryan SINGER ), lesquels sont en fait imputables à Jim DANFORTH qui s'était inspiré de ses techniques et qui seconda son modèle sur LE CHOC DES TITANS. L'auteur pose la question essentielle : "pourquoi refaire un film en éradiquant ce qu'il avait de plus excitant ?" Les anglophones peuvent lire l'article et voir la scène avec Medusa à cette adresse : http://www.scene-stealers.com/blogs/clash-of-the-titans-1981-vs-2010-are-we-sacrificing-fun-for-realism/

Les Grands Anciens sont toujours là...

Evincé du cinéma depuis trente ans ( voir l'hommage à Charles SCHNEER de mars 2008), Ray HARRYHAUSEN continue d'honorer de sa présence nombre de conventions de science-fiction. Il a même créé une fondation destinée à protéger les reliques des films d'animation image par image : http://www.rayharryhausen.com/the_foundation.php .

Ray HARRHYAUSEN toujours aussi passionné.

Le grand maquilleur Rob BOTIN, évoqué quant à lui dans l'article "Les derniers grands créateurs déclarent forfait" de mars 2009, n'aurait pas, malgré la fermeture de son site dont on a rendu compte immédiatement en ces pages - s'il s'agissait bien réellement de lui, renoncé à apporter sa contribution au cinéma, bien qu'étrangement, son nom n'ait pas été évoqué par les initiateurs de la préquelle inspirée par le chef d'œuvre de John CARPENTER, THE THING, sur lequel il avait œuvré à la tête d'une importante équipe. Son confrère Vincent PRENTICE a confié en janvier 2010 que Rob BOTTIN s'attellerait de manière imminente à un mystérieux projet qui pourrait de nouveau faire parler de lui ( l'article original peut être lue à la page suivante: http://www.famousmonstersoffilmland.com/tag/joe-dante). Souhaitons ardemment que ce prodige des effets spéciaux puisse de nouveau être en mesure d'enchanter les cinéphiles.

vendredi 16 avril 2010

PHOTO-MYSTERE n°1


Créatures et imagination propose à la curiosité des lecteurs son premier postulant à la photo-mystère.

Quelle est donc cette étrange créature? Un animal transgénique, une espèce de mammifère récemment découverte dans une forêt tropicale, ou bien encore un monstre vu dans une série télévisée ?

Toutes les propositions sont les bienvenues pour restituer son identité à notre invité du jour.

ponse:
Non, ce n'est pas l'Écureuil de la Caisse d'Épargne, les yeux rougis pour cause de crise économique. Il semblerait que les lecteurs soient restés perplexes quant à l'identité de notre bel inconnu. Il s'agit de la "Fausse tortue" du film DREAMCHILD, conçue pour une adaptation d'ALICE AU PAYS DES MERVEILLES par l'équipe de Jim HENSON, qui s'impose par sa présence très physique alors que la nouvelle version de Tim BURTON se contente de créatures virtuelles. "Créatures et imagination" vous propose à partir du 16 mai 2010 un hommage au célèbre marionnettiste créateur d'un grand studio d'effets spéciaux pour le vingtième anniversaire de sa disparition.

samedi 3 avril 2010

N'EN DÉGOUTEZ PAS LES AUTRES, MONSIEUR BESSON !

Décidément, ces derniers temps, l'offensive finale contre les "vrais effets spéciaux" ayant généré tant de superbes créatures paraît déclenchée. Comme si l'adulation médiatique unanime pour les "extraordinaires effets d'AVATAR" ne suffisait pas, voilà que le cinéaste Luc BESSON, évoquant le Ptérodactyle virtuel de son adaptation cinématographique de la fameuse bande dessinée de TARDI, LES AVENTURES D'ADÈLE BLANC-SEC, affirme avec forfanterie que grâce à "l'évolution des effets spéciaux", celui-ci n'est pas "en carton-pâte" ( à la différence comprend-t-on sans peine de ceux qui ont précédé ). Toujours ce même dédain pour tout ce qui a été fait auparavant, cette outrecuidance des zélateurs du virtuel ( il fallait par exemple entendre leurs concepteurs se vanter de la création des entités du téléfilm LES LANGOLIERS, à peine plus réels pourtant que les "Pacmans" des jeux vidéos ), pour lesquels rien de valable n'avait encore été fait jusqu'à ce qu'ils interviennent, comme si les plus grands créateurs qui ont œuvré jusque là n'avaient jamais existé.

L'étau se resserre sur l'ultime rescapé


Disciple de Dick SMITH et mentor de Rob BOTTIN, le maquilleur Rick BAKER qui, après avoir connu la consécration, est aujourd'hui relégué au rang de supplétif par les promoteurs du virtuel. Spécialiste des singes, on lui devait la majeure part des effets spéciaux du remake de KING KONG en 1976, mais il avait aussi conçu certains des extraterrestres des MEN IN BLACK.

Ces propos ne sont pas anodins, s'inscrivant dans une volonté sans cesse réaffirmée d'éradication totale des effets spéciaux physiques - révélatrice d'un fantastique allant au plus facile. On a rendu compte dans l'article de mars 2009 "Les derniers grands créateurs déclarent forfait" du découragement de très grands noms des effets spéciaux - dont le Français Patrick TATOPOULOS qui a sans doute compris que son atelier n'aurait pas davantage sa place dans la cité du cinéma que crée Luc BESSON, qu'à Hollywood à présent. On ajoutait que Rick BAKER était le dernier des créateurs de monstres prestigieux à poursuivre apparemment son activité, malgré l'hostilité et la condescendance actuelles pour les maquillages spéciaux. Or voilà que cet artiste, dont chacun s'accorde à reconnaître la modestie et la réserve, avoue sa déception, la seule véritable scène de transformation lycanthropique de WOLFMAN, film de Joe JOHNSTON auquel il a apporté récemment sa contribution, ayant été effectuée par des infographistes au détriment des trucages qu'avait agencés le grand maquilleur, pourtant auteur du Loup-garou le plus impressionnant de toute l'histoire du cinéma ( LE LOUP-GAROU DE LONDRES ). Ainsi donc, aucun des génies des effets spéciaux n'est finalement épargné par la désaffection pour les vrais effets spéciaux en trois dimensions. Ce n'est sans doute plus qu'une question de temps pour que Rick BAKER, qui s'était déjà fait volontairement plus rare ces derniers temps, n'écourte à son tour définitivement sa merveilleuse carrière, dans l'indifférence générale.

Rick BAKER terrassé à l'issue de sa collaboration à WOLFMAN - une attaque plus redoutable qu'il ne l'imaginait.

C'était la dernière séance...

Ce blog se sera ainsi fait le témoin de la dernière phase de la mort programmée des trucages de cinéma qui n'étaient pas réductibles à une simple addition de pixels assemblés par un programme informatique. Pour notre part, nous persistons à défendre les tours-de-force de ceux qui nous faisaient rêver, nous permettant de croire RÉELLEMENT, le temps de la projection, à des créations tangibles. Monsieur BESSON, vous pouvez dévaloriser les "monstres en carton-pâte" ( quelle méconnaissance de la variété des matériaux utilisés, à croire qu'il n'est pas allé au cinéma depuis 35 ans ), ici, nous les aimons passionnément - il conviendrait peut-être de fonder une société protectrice des monstres ( faits de mousse de latex et de plastiline, à défaut de chair et de sang ) ! - et, en attendant un hommage prochain à une autre sommité du genre, nous gardons, bien volontiers, pour notre part, notre "Ptérodactyle en carton-pâte", celui du CONTINENT OUBLIÉ, une bien belle bête ( ci-dessous ) semblant surgie directement d'une époque ancienne, ce qu'elle est malheureusement à double titre.

Mâchoire aux dents aiguisées et œil vicieux, un Reptile volant trop curieux agresse un biplan dans LE CONTINENT OUBLIÉ de Kevin CONNOR ( 1977 ).

mardi 23 mars 2010

ALLEGRO FORTISSIMO

Un Ours blanc se frayant un passage sur une banquise fragilisée, symbole de la question climatique ( source : National geographic )

Il fut une époque où celui qui fut ministre français de l'Éducation, Claude ALLÈGRE, bien peu soutenu à l'époque par la classe politique, forçait l'admiration par sa volonté affichée de s'en prendre à un des plus grands tabous français, en remettant en cause, au moins partiellement, la sélection abusive par les mathématiques, notamment dans le carcan normatif du système éducatif français. Bien de grands noms de la science partagent cette opinion pourtant si souvent méprisée, comme le paléontologiste Stephen J. GOULD qui contestait l'alignement des sciences naturelles sur le modèle mathématique, ou même le prix Nobel de physique Gilles de GENNES qui jugeait la mathématisation des sciences excessive.

Sans doute échaudé par l' intransigeance avérée de ses collègues à plusieurs occasions, Claude ALLÈGRE a, semble-t-il, totalement abandonné cette cause pour une autre qu'il estime encore plus provocatrice : la contestation du réchauffement climatique, nouvelle croisade dans laquelle, en dépit de la sympathie qu'il inspirait initialement, il est plus difficile de le suivre.

En science, comme dans tout domaine d'ailleurs, il est toujours salutaire de se défier de l'unanimisme, et il est vrai que nombre de travaux essentiels en sciences ont été l'œuvre d'hommes isolés. Si on reconnaît bien volontiers la nécessité de la contestation en sciences dont se prévaut Claude ALLÈGRE - et à laquelle on n'hésitera jamais à recourir en ces pages - l'opposition de principe sur un sujet aussi complexe paraît peu constructive.

Il semble que, ces derniers temps, le regain de considération pour les thèses de Claude ALLÈGRE, auquel les médias accordent souvent une tribune, celui-ci réitérant un numéro parfaitement rôdé, amène à évoquer ici la question, laquelle a des implications évidentes quant au monde vivant qui nous occupe ici pour partie, nous incitant à remettre un peu de raison dans le débat.

Le célèbre géophysicien, s'appuyant sur l'incertitude des prédictions météorologiques, conteste toute validité à des spéculations établies à l'échelle du siècle. Comme souvent avec ce genre de raisonnement, l'argument paraît à priori logique si l'on se place du point de vue d'un grand public dépourvu de culture scientifique. Néanmoins, les projections à court terme ne visent qu'à établir la probabilité la plus forte concernant des éléments fluctuants par essence, comme le sens et la force du vent. Tenter de déceler des tendances climatiques structurelles sur le long terme procède d'une logique différente, à savoir anticiper une évolution fondée à partir de relevés concordants, à la manière de l'étude des cernes du bois dans lesquelles s'inscrivent les fluctuations climatiques passées. Il en va de même pour la discipline dont Claude ALLÈGRE est le spécialiste : la tectonique des plaques est incapable de prédire, par exemple, lorsque surviendra le grand tremblement de terre de Los Angeles, mais a établi avec certitude la survenue de ce séisme majeur dû au mouvement des plaques tectoniques.

A bas la calotte ( glaciaire ) !...

L'irascible contradicteur dénie la fonte des glaciers, pourtant observée dans le monde entier: le Kilimandjaro n'a presque plus de neiges éternelles, quant à la "Mer de glace" du Mont blanc, elle tend à devenir un pauvre "ruisseau", libérant les déchets laissés par les alpinistes depuis un siècle. La désagrégation d'icebergs de plus en plus grands - le dernier de la taille du Luxembourg, détaché d'un glacier antarctique - semble confirmer le processus en cours. ALLÈGRE explique de surcroît que même si les glaces fondaient, le niveau de la mer n'augmenterait pas, l'eau passant simplement de l'état solide à liquide. Cela ne concerne en fait que la banquise, la glace flottant sur l'océan; la fonte des glaces continentales de l'Antarctique, du Groenland et des îles arctiques constituerait bien un apport supplémentaire à l'océan, susceptible de contribuer à l'inondation de nombre de régions situées au niveau de la mer.

Malgré les apparences, il s'agit du même paysage d'Alaska, photographié à quelques décennies d'intervalle: une indication éloquente de la réduction de nombre de glaciers.

M. ALLÈGRE explique que les problèmes d'approvisionnement en eau constituent un défi plus crucial pour les populations. Pourtant, la problématique qu'il conteste est loin d'être sans incidence à ce sujet; la fonte des glaces hivernales de montagne contribue largement à alimenter le réseau hydrographique et permet l'irrigation de nombre de cultures. La menace principale qui pèse sur l'eau concerne en fait la pollution, que ce soit celle des fleuves ou celle des océans, émanant des industries, aussi bien que de la surpopulation comme en témoigne le Gange saturé de déchets. Mais Claude ALLÈGRE qui réclame d'être entendu au nom de la liberté d'expression se fait soudain imprécateur sur ce dernier sujet, vouant aux gémonies les "tenants du malthusianisme"; cependant, même si la science permettait aux ressources vivrières de progresser au niveau de l'accroissement des besoins, il resterait une donnée intangible peu mise en avant par le célèbre économiste MALTHUS: l'espace, qui demeure invariable, et dont la surexploitation, qui met déjà en concurrence l'être humain avec les espèces sauvages ( d'où les destructions opérées par des animaux dépossédés de forêts converties en champs ), devient un des enjeux à l'origine de bien des conflits, comme probablement dans le cas de la guerre du Rwanda.

Le Dauphin d'eau douce chinois disparu en 2006, victime de la pollution et de la construction d'un barrage. Un genre de Cétacé effacé de la surface de la planète dans une indifférence assez générale ( ceux qui veulent en savoir plus peuvent lire cet excellent article: http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/extinction-du-dauphin-de-chine-20309 ).

Si GALILÉE, dont notre bouillant scientifique se réclame, était en avance sur les idées de son époque, son continuateur auto-proclamé verse plutôt dans l'anachronisme, semblant s'enraciner dans une tradition révolue qui ne se souciait pas des déséquilibres sur les milieux naturels causés par l'homme. Bien des espèces ont disparu par le passé pour cause de chasse irréfléchie, mais beaucoup de contemporains ont la mémoire courte. Tout récemment, la candidate à la présidentielle des États-Unis Sarah PALIN, qui déclare qu' "il y'a une place pour les Mammifères d'Alaska : juste à côté de la purée", incitait à la chasse à la "baleine blanche" ( le Bélouga ) en estimant que l'espèce n'était en rien menacée: la reproduction de ces animaux, empoisonnés par les produits chimiques toxiques, était pourtant devenue si faible à la fin des années 1990 , tout particulièrement pour la population de l'embouchure du Saint-Laurent, qu'on estimait alors que l'extinction de l'espèce était proche. L'ancien ministre français de l'Éducation nationale clame que notre espèce doit avant tout penser à ses propres intérêts, comme si ce n'était pas ce qu'elle avait toujours fait, attitude qui a engendré la catastrophe qui se précise. Dans certaines régions des Etats-Unis, les Abeilles ont déjà disparu victimes notamment des polluants, de sorte qu'une pollinisation artificielle coûteuse a due être mise en œuvre - un économiste nommé STERN a ainsi quantifié les services essentiels que les systèmes naturels rendent gratuitement à l'homme et les sommes considérables qu'il faudrait investir pour compenser leur destruction. Claude ALLÈGRE se montre condescendant envers ceux qui tentent de prôner une conception plus responsable du développement, rappelant que "la nature n'est pas bénéfique à l'homme", en citant les Requins mangeurs d'homme et les séismes : une "révélation" qui, à tout le moins, n'apporte pas grand chose au débat...

Cette mignonne petite fille admirative de cet Ours n'est sûrement pas Sarah PALIN enfant; celle-ci aurait sûrement plutôt demandé à ses parents qu'ils lui apportent immédiatement un fusil...

Encore plus significatif du peu d'estime qu'il porte à ses contradicteurs, Claude ALLÈGRE n'hésite pas à convoquer l'insulte, traitant l'animateur de télévision, et créateur d'une fondation, Nicolas HULOT d' "imbécile". Ce dernier ne peut se réclamer d'un cursus universitaire scientifique comme celui dont il peut lui-même se prévaloir, mais il a par contre pu constater à l'occasion de ses multiples reportages, à l'instar de Yann ARTHUS-BERTRAND, autre cible désignée à l'opprobre, les altérations concrètes des sites naturels sur une dizaine d'années seulement, et a vérifié son diagnostic au travers de ses rencontres avec de multiples spécialistes. Les téléspectateurs familiers des reportages de l'animateur ont pu par ailleurs apprécier la qualité poétique et le lyrisme très inspiré de Nicolas HULOT, qui correspond difficilement à la représentation qu'on peut avoir d'un prétendu quasi-demeuré. Délaissant définitivement le terrain de la dialectique scientifique pour celui de l'invective, Claude ALLÈGRE suspecte tous ses adversaires d'être essentiellement motivés par l'argent. Le procès a été couramment fait à Nicolas HULOT au sujet de la marque Ushuaïa - faisant référence à sa célèbre émission - qui commercialise des produits de beauté; celle-la appartient à la chaîne de télévision française TF1, et l'animateur ainsi que sa fondation (http://www.fondation-nicolas-hulot.org/) ne sont donc qu'impliqués indirectement dans l'utilisation qui en est faite. L'Américain Al GORE est accusé d'avoir amassé une fortune avec son documentaire pédagogique sur l'écologie, mais c'est recourir au procès d'intention que d'affirmer que l'argent soit sa motivation essentielle, même s'il n'est pas interdit d'espérer davantage d'abnégation de la part d'un homme qui n'aurait apparemment pas renoncé à une vie luxueuse. Nicolas HULOT a quant à lui pris des risques avec son documentaire LE SYNDROME DU TITANIC, sa vision bien sombre ayant éloigné des salles un public plus familial habitué à son approche davantage "consensuelle" autour de la célébration de la beauté de la nature, ce qui a a engendré un échec financier; le pessimisme dont il s'est fait le héros n'était pourtant que le triste constat des effets de l'ignorance de l'avertissement du naturaliste Jean DORST ( aussi connu comme ancien directeur du muséum national d'histoire naturelle de Paris ) qui, dans son essai AVANT QUE NATURE MEURT, prévenait qu'en l'absence d'une vraie prise de conscience suivie d'effets avant l'an 2000, le monde vivant serait altéré d'une manière dramatique et irréversible.

Un Bélouga ( "Baleine blanche" ) échoué; un nombre croissant de Cétacés périssent, rongés par des cancers imputables à la pollution, notamment aux métaux lourds.

Ces diatribes n'empêche pas Claude ALLÈGRE de s'offusquer si l'on vient à le suspecter à son tour d'être soutenu financièrement par la Compagnie Total, comme quelques-uns l'ont prétendu. Cependant, la proximité d'un camp avec les intérêts financiers les plus évidents est bien à rechercher du côté de ceux qui souhaitent le statu quo comme les sociétés pétrolières, rétives à toute réglementation ( les "dégazages" clandestins sont bien connus ). L'administration BUSH a influé sur la recherche de manière à nier le réchauffement climatique, afin de ne pas compromettre les intérêts industriels - alors même que l'innovation ( en l'occurrence relative à l'application de nouvelles normes écologiques ) est susceptible, comme nombre d'économistes l'ont démontré, d'impulser un nouveau dynamisme économique.

Querelles de chiffres ou de chiffonniers ?

L'iconoclaste géophysicien pousse loin la provocation en estimant que, quoi qu'il advienne, "les générations futures n'auront qu'à se débrouiller" : l'anthropocentrisme n'est pas nécessairement un humanisme. Le prix Nobel de physique CHARPAK s'est montré de son côté tout aussi cynique, estimant à propos des enfants allergiques décédant à Paris pour cause de pollution atmosphérique, qu'il ne fallait pas le déplorer car les descendants de ceux qui survivraient développeraient une physiologie plus adaptée à la pollution - il n'y a pas loin qu'il nous explique qu'il ne faut pas craindre la montée des eaux, car grâce à l'ingénierie génétique, on pourra doter nos descendants de pieds palmés... Tirant parti de l'inculture généralisée, le même CHARPAK ne craignait pas davantage d'affirmer avec aplomb que dormir à côté d'une femme ou arpenter la Bretagne au sol granitique était plus risqué, en raison de la radioactivité naturelle, qu'habiter près d'une centrale nucléaire, en confondant délibérément les types de substances radioactives, la durée de vie des rayonnements, etc...

On peut certes aisément reconnaître que la climatologie traite de phénomènes complexes qui doivent conduire à une certaine prudence, car elle englobe bien des paramètres; par ailleurs, le système subit de constantes modifications depuis l'origine, liées aux mouvements de la Terre, aux variations solaires, à l'activité magmatique, etc... D'ailleurs, Claude ALLÈGRE achève de brouiller les cartes, en opposant le phénomène d'effet de serre cause de réchauffement climatique qui se manifeste sur une durée de quelques décennies, avec la phase de glaciation annoncée, procédant d'un cycle long induit par les phénomènes astrologiques, laquelle devrait intervenir sur une longue période de temps géologique : rien ne permet de croire que les deux évènements puissent survenir simultanément, ni même d'assurer que, dans cette perspective hypothétique, les deux processus se neutraliseraient pour préserver l'équilibre global. Une part d'incertitude est donc inévitable - sans oublier que la fonte des glaces libère en certains endroits du méthane, un autre gaz favorisant "l'effet de serre". Ainsi, on ne peut exclure que, paradoxalement, le réchauffement climatique et la fonte d'eau douce importante ne se traduisent par un refroidissement de l'Europe si le courant chaud du Gulf stream venait à être dévié par un effet de seuil, qui reste à préciser, comme l'imaginait déjà dans les années 1930 le grand auteur de science-fiction Stanley WEINBAUM ( écrivain évoqué dans l'article "Un auteur des années 1930 mis à l'honneur" en mai 2009 ). Par ailleurs, les variations de l'atmosphère ont déjà pu avoir pour effet de modifier le coefficient d'acidité de l'océan, et la vie marine s'est adaptée à ces fluctuations. Néanmoins, il faut en général des millions d'années pour que la richesse biologique puisse se reconstituer, temps nécessaire à l'émergence de nouvelles espèces susceptibles de repeupler les différentes niches écologiques, et, par ailleurs, la diversité du vivant est déjà bien compromise par la surexploitation, la réduction des milieux naturels, ou encore la pollution, ce qui obère ses capacités d'adaptation; cette addition de facteurs laisse effectivement entrevoir les perspectives apocalyptiques augurées dans une projection comme celle du SYNDROME DU TITANIC.

Ce compteur effectue l'effrayant calcul du nombre d'espèces disparaissant chaque jour, une richesse perdue à jamais.

On n'a pas ici vocation à s'ingérer dans le conflit entre institutions s'affrontant au travers d'échanges de plus en plus vifs entre chercheurs convaincus par le modèle du réchauffement climatique global et partisans de Claude ALLÈGRE, moins nombreux - même s'ils comportent quelques personnalités notables, comme le brillant écrivain Michael CRICHTON récemment disparu ( auquel on a rendu hommage en novembre 2008 ), qui était lui aussi persuadé de l'existence d'un "complot écologiste" - cependant, si l'on s' attache à démasquer des forces uniquement motivées par la quête du profit, il apparaît peu contestable, toute considération idéologique mise à part, que les lobbys économiques représentent aujourd'hui la puissance dominante, désireuse d'influer sur l'opinion pour préserver ses intérêts comme on l'a évoqué plus haut au sujet du président BUSH ( on se souvient aussi, dans l'affaire dite de la "vache folle" qui n'a pratiquement donné lieu à aucune inculpation, que les institutions nationales et européennes ont systématiquement nié les informations inquiétantes jusqu'au moment où la vérité n'a pu être étouffée, ayant entraîné plusieurs scandales révélateurs de la complète prééminence des objectifs financiers sur les impératifs publics de santé ). On se contentera simplement d'ajouter, sans d'ailleurs nier en rien le conformisme qui peut, il est vrai, régner dans les milieux scientifiques et qui rend toujours inconfortable de défendre des positions minoritaires, que nombre des chercheurs auxquels se réfère le géophysicien pour étayer ses thèses ont, semble-t-il, pris des distances avec leur médiatique porte-parole, dont la démonstration est jugée réductrice, et que l'intéressé vient lui même de reconnaître que certaines des courbes de température de son dernier livre à succès, émanant prétendument de collègues, avaient été contrefaites et ne reposaient en fait sur rien, ajoutant qu'il les supprimerait des rééditions mais qu'elles n'avaient aucune importance, sa motivation étant essentiellement, de son propre aveu, de discréditer l'intéressement financier supposé des promoteurs de l'écologie...

Claude ALLÈGRE paraît ainsi se complaire dans une attitude de provocateur de plus en plus caricaturale qui le dessert, même si elle assure sa promotion médiatique. On ne peut que regretter qu'il préfère à présent adopter cette posture, plutôt que de participer au débat par un apport critique plus pertinent. Celui-ci affirmait pourtant tantôt la nécessité de se projeter dans l'ère de l'après-pétrole, et s'intéresse à la possibilité de piéger une part du gaz carbonique présent dans l'atmosphère. La complexité des défis suppose la mobilisation de toutes les énergies disponibles. Par ailleurs, il n'a peut-être pas tort d'imaginer que l'homme puisse parvenir à améliorer la situation par son inventivité, mais cela suppose, comme le dit Nicolas HULOT, que notre espèce agisse avant que les écosystèmes soient dégradés d'une manière irrémédiable.

Un faisceau de présomption supplémentaire

On l'a vu, Claude ALLÈGRE est partisan d'une vision scientiste plaçant sans partage l'homme au-dessus de la nature. S'il s'intéressait au monde vivant dans son ensemble, il pourrait alors réaliser que celui-ci semble également plaider pour la thèse du réchauffement global du climat. Il y'a quelques années, des Cigales aux stridulations caractéristiques ont été pour la première fois signalées dans les souterrains du métro parisien. Des espèces pathogènes, comme le petit Moustique vecteur du "chikungunya", du genre Aedes, plus difficile à repérer que l'Anophèle commun, commencent à être recensées dans les zones tempérées de l'Europe. N'en déplaise à Claude ALLÈGRE, le sort de l'homme est lié à celui des autres créatures vivantes, pour le meilleur comme pour le pire.

Ce petit Moustique piqueur, l'Aedes albopictus, vecteur de graves maladies, commence à se répandre en Europe à la faveur de la hausse des températures.

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Disparition de l'acteur Peter GRAVES. De son vrai nom James AURNESS, l'acteur, disparu le 14 mars 2010 peu avant son quatre-vingt quatrième anniversaire, est surtout connu comme le chef d'équipe de contre-espionnage de la série MISSION IMPOSSIBLE. Il avait aussi participé à la comédie Y'A T-IL UN PILOTE DANS L'AVION et sa suite. Il avait par ailleurs tourné dans des films de science-fiction dans les années 1950, notamment, l'année suivant sa prestation dans le classique LA NUIT DU CHASSEUR, dans un des tous premiers films de Roger CORMAN, IT CONQUERED THE WORLD (1956), dans lequel il lutte contre l'influence d'un envahisseur vénusien auquel le créateur d'effets spéciaux Paul BLAISDELL a conféré un aspect trapu à la demande du réalisateur qui pensait que sa planète d'origine avait une forte gravité - elle est en fait légèrement inférieure à celle de la Terre. Peter GRAVES était par ailleurs le frère de l'acteur James ARNESS, lequel a tourné dans nombre de westerns et a interprété la créature de LA CHOSE D'UN AUTRE MONDE de Christian NIBY, un des tous premiers extraterrestres du cinéma.

Peter GRAVES dans IT CONQUERED THE WORLD approche de la caverne dans laquelle gîte un extraterrestre hostile.

Peter GRAVES fait une apparition dans MEN IN BLACK II.