vendredi 31 octobre 2008

NOUVELLES RECENTES DU PERE D' E.T.

Pour les plus jeunes qui ne connaissent du cinéma fantastique que les films de Peter JACKSON et la trilogie la plus récente de STAR WARS de George LUCAS, le nom de Carlo RAMBALDI ne doit peut-être pas être particulièrement évocateur; il fut pourtant une référence à son époque, bien que n'allant pas sans susciter la controverse.

D'origine italienne comme son nom le laisse aisément deviner, Carlo RAMBALDI a commencé par œuvrer sur des productions nationales, notamment fantastiques, et s'est spécialisé dans la fabrication de créatures mécanisées. Sa contribution peut-être la plus marquante de cette époque est la création d'êtres fabuleux pour des films comme LE CHEVALIER BLANC, une adaptation de la légende des NIEBELUNGEN, et le péplum PERSEE L'INVINCIBLE, pour lequel il réalise un dragon à l'apparence réaliste qui n'aurait pas déparé l'ère mésozoïque, ainsi que la plus originale des Gorgones vues à l'écran, plus proche de l'extraterrestre vorace de l'épisode célèbre de la série COSMOS 1999 que de la figure mythologique traditionnelle.

Son compatriote, le producteur Dino de LAURENTIIS, fait appel à ses services pour le remake de KING KONG mis en scène en 1976 par John GUILLERMIN. Il réalise non seulement pour les gros plans une main géante et des têtes articulées comme dans la version originale, mais décide aussi avec une grande audace de construire une version articulée grandeur nature du Gorille monumental, avec l'aide de l'Américain Glen ROBINSON, un vétéran qui avait débuté comme accessoiriste sur des films comme LE MAGICIEN D'OZ et PLANETE INTERDITE. Malheureusement, cette dernière n'apparaît guère à l'écran compte tenu de problèmes techniques et le maquilleur Rick BAKER grimé, en insertion de manière à paraître gigantesque, occupe finalement sa place dans la plupart des plans; il faut dire que ces machineries ne sont pas toujours dans la réalité aussi maniables que prévu compte tenu des forces en jeu, le créateur du Requin des DENTS DE LA MER avait ainsi dû appeler en renfort Robert MATTEI, auquel on devait le Calmar géant de 20 000 LIEUES SOUS LES MERS, et Stan WINSTON lui-même a parfois dû s'y reprendre à plusieurs reprises pour obtenir des Dinosaures grandeur nature de la trilogie JURASSIC PARK les mouvements escomptés.

La renommée croissante de Carlo RAMBALDI lui permet par la suite d'être engagé dans d'autres productions anglo-saxones. Il réalise ainsi la tête articulée aux grands yeux enfantins et au cou extensible de l'extraterrestre de RENCONTRES DU 3ème TYPE de Steven SPIELBERG, puis celle à la langue protractile de l' ALIEN mis en scène par Ridley SCOTT. Viennent ensuite l'entité visqueuse et fornicatrice de POSSESSION d'Andrew ZULAWSKI et sa création probablement la plus célèbre, E.T. L'EXTRATERRESTRE.

En 1984, il a l'occasion de démontrer, après la mésaventure de KING KONG, sa capacité à animer des créatures gigantesques avec DUNE de David LYNCH, produit à nouveau par de LAURENTIIS, pour lequel il conçoit un gigantesque mutant, le Navigateur de la Guilde ( photo ci-dessous de la version miniature utilisée pour les scènes de transit interstellaire ), ainsi que les Vers géants. Le film ne rend malheureusement pas complètement justice à ces derniers, d'une part parce que le réalisateur a gardé peu de plans pour éviter que son œuvre ne soit perçue comme "un film de monstres", et aussi parce qu'ils sont à chaque apparition couverts de la poussière du désert afin de les intégrer complètement au décor.

Malheureusement, la propension de Carlo RAMBALDI à minimiser les mérites des autres spécialistes d'effets spéciaux lui aliène l'essentiel de la profession, tandis que les réalisations de grande qualité de DUNE ne parviennent pas, assez injustement, à estomper auprès des spécialistes les échecs techniques de KING KONG qu'on a fini par lui accoler systématiquement. De plus, son loup-garou de PEUR BLEUE, conformes aux exigences spécifiques du producteur Dino de LAURENTIIS, ne fait pas oublier ceux conçus quelques années plus tôt par Rob BOTTIN pour HURLEMENTS et par Rick BAKER avec le superbe LOUP-GAROU DE LONDRES.

Aussi, le nom de Carlo RAMBALDI qui avait également œuvré dans la même période sur le monstre humanoïde de CONAN 2, toujours produit par de LAURENTIIS, et sur le Troll de CAT'S EYE basé sur une nouvelle de Stephen KING disparaît-il des écrans après sa participation à KING KONG 2, suite pour laquelle il conçoit une famille de Gorilles géants réalistes – bien que cette fois, il décide de recourir bien plus souvent à des figurants en costume qu'aux modèles mécaniques à grande échelle.

Cependant, Carlo RAMBALDI a repris du service en Italie 2007 en concevant pour l'opéra LA DIVINE COMEDIE, adapté de l'oeuvre de Dante ALIEGHERI, des personnages fantastiques, construits par Sergio STIVALETTI, un maquilleur italien bien connu à qui l'on doit notamment les effets spéciaux du film italien THE CHURCH, qui comportait notamment une incarnation de Satan digne des peintures érotico-fantastiques de Boris VALLEJO - et auquel a aussi participé Benoît LESTANG récemment décédé, maquilleur évoqué dans l'hommage du 31 août 2008 sur ce même site. Sur une musique composée par Ennio MORRICONE - auteur de la musique de nombreux westerns ainsi que de films comme MISSION, WOLF, MISSION TO MARS, ou encore THE THING, en collaboration avec John CARPENTER - cette plongée au cœur des cercles de l'Enfer permet de voir certaines créatures diaboliques et un griffon, dans une mise en scène colorée et spectaculaire. Cet opéra fournit ainsi l'opportunité de rendre un petit hommage à Carlo RAMBALDI, une figure importante du monde des effets spéciaux.

Signalons à l'attention des anglophones, un beau site rendant hommage au remake de KING KONG de 1976 auquel participa Carlo RAMBALDI, à une époque à laquelle le monstre de Skull Island n'était pas une simple animation créée par ordinateur ( à noter que l'auteur du site fait part de son intime conviction selon laquelle le singe mécanique était davantage destiné à une mystification publicitaire qu'à une réelle participation au film ) :

http://www.pulpanddagger.com/canuck/kongpage.html

( illustration originale)

jeudi 18 septembre 2008

LE TENTACULE D'ABYSS EXISTE REELLEMENT

Dans le film ABYSS de James CAMERON, une intelligence extraterrestre entre en contact avec les humains en créant une sorte de pseudopode géant capable de mimer les traits de son vis-à-vis. Il s'agit là d'une des rares, si ce n'est de la seule, utilisation heureuse d'images générées par ordinateur pour représenter une créature inconnue, celle-ci n'étant censée être constituée que d'une substance presque immatérielle, de l'eau polymérisée.

Il existe réellement dans la nature des êtres ayant l'allure générale du pseudopode d'ABYSS. On peut voir l'un d'entre eux en gros plan sur le célèbre site de vidéos You tube : http://fr.youtube.com/watch?v=M3OiDeyHJgM, de même que d'autres exemplaires filmés dans leur milieu naturel: http://www.youtube.com/watch?v=5EQGA_4BZ5s&feature=related ainsi que : http://fr.youtube.com/watch?v=TTTbrDCjzvU.*

Cette espèce marine en forme de long cylindre translucide s'appelle un Pyrosome. Certains représentants peuvent atteindre dix mètres comme figuré sur la deuxième photographie ci-dessous. Il s'agit en réalité d'une colonie de très petits animaux marins, qui, comme leurs parents les Salpes, forment aussi de longues chaînes d'individus ondulant au gré des flots. Encore plus surprenant, ces animaux ne sont en rien proches des Méduses, que leur consistance et leur quasi-transparence conduiraient à en rapprocher, mais ont davantage d'affinités avec leurs lointains cousins sessiles les Ascidies, à allure d' Eponges filtrant l'eau de mer avec leurs siphons d'inhalation et d'expulsion, lesquelles sont plutôt apparentées aux Vertébrés, puisqu'elles débutent leur existence sous forme de larve mobile rappelant un têtard, pourvue d'une ébauche de colonne vertébrale, la notochorde.

Un autre animal géant a suscité beaucoup de commentaires : http://fr.youtube.com/watch?v=wST01hAmbRA.

Cette créature vermiforme inconnue est incontestablement un Némertien ou Ver rubané, le plus primitif des animaux pourvus d'un tube digestif complet - celui-ci s'achevant par un orifice excréteur, ce qui est plus hygiénique que chez les organismes pourvus d'un orifice unique servant aux deux usages, comme chez les Anémones de mer, la plupart des Méduses ou les Vers plats tels les Planaires de nos rivières. L'animal rappelle extérieurement des genres de Némertiens comme Baseodiscus ( première photographie ci-dessous ). Certaines espèces atteignent une taille gigantesque: replié, Lineus longissimus qui vit dans l'Atlantique tiendrait dans un verre d'eau, mais détendu, il peut mesurer bien plus de 30 mètres de long, soit davantage que les plus grandes Baleines bleues ( deuxième photo ci-dessous ).

L'animal que j'ai eu le plus de satisfaction d'avoir identifié sur You tube, car le plus énigmatique même pour un familier de la diversité animale, est cette autre créature nageuse, qu'on pourrait se représenter comme un croisement entre un caneton sans tête et un cœur en train de battre: http://fr.youtube.com/watch?v=oew73zd914w.

La couleur de l'eau m'avait initialement induit en erreur, car je cherchai la solution parmi les animaux d'eau douce, ce qui était vain. Par élimination, je parvins à résoudre l'énigme, finissant pas déduire qu'il ne pouvait s'agir que d'un Mollusque marin de la classe des Gastéropodes, dépourvu de coquille comme les Nudibranches - ou "Limaces de mer" - aux couleurs étonnantes, avant de trouver son identité exacte. L'animal est un lointain parent de celles-ci, se rapprochant de l'Aplysie ou Lièvre de mer, nommé Akera bullata, dont la posture de nage est d'autant plus étonnante que la partie arrondie portant le rudiment de coquille pend sous le manteau comme une bulle, d'où le nom d'espèce. Les schémas tirés d'une étude scientifique montrent le détail de ses évolutions en eau libre.

( *: cliquer sur le lien pour visionner la séquence )

dimanche 31 août 2008

UN MAQUILLEUR FRANÇAIS TIRE SA RÉVÉRENCE

Le maquilleur Benoît LESTANG a disparu précocement à l'âge de 44 ans, le 27 juillet 2008. Il a été retrouvé décédé dans son lit après avoir semble-t-il absorbé une certaine quantité de médicaments. Visiblement désireux de quitter le maquillage pour la réalisation à temps complet, il semblait connaître des difficultés pour viabiliser à long terme sa nouvelle carrière.

Il appartenait à cette catégorie de spécialistes français d'effets spéciaux, comme Jacques GASTINEAU et son frère, pionniers de l'animatronique, Pascal PINTEAU, créateur de maquettes ( comme pour le générique de l'émission Temps X ) et également maquilleur, et Jean-Manuel COSTA, auteur de films d'animation image par image, qui tentèrent dans les années 1980 de promouvoir l'imaginaire à l'écran dans un pays dont les producteurs sont pour le moins rétifs au fantastique et à la science-fiction.

Benoît LESTANG réalise son premier maquillage pour le cinéma à 17 ans ( LA MORTE-VIVANTE ). Il travaille sur trois publicités télévisées très singulières pour la marque Spring gum, animant trois personnages conçus d'après des concepts du dessinateur de bandes dessinées GOTLIB, un robot, un mort-vivant et un monstre glouton, qui explosent à la fin du spot après avoir tâté du chewing gum.


Benoît LESTANG réussit à se faire une place d'honneur dans le maquillage du cinéma français, travaillant aussi bien pour la comédie policière LES RIPOUX que pour LA CITE DES ENFANTS PERDUS. Compte tenu du peu d'appétence du cinéma hexagonal pour le cinéma fantastique, les maquillages consistent souvent en des maquillages conventionnels ou bien en plaies et autres maquillages sanglants.

Cependant, il a aussi l'occasion de créer quelques monstres pour le grand écran.

Celui de CLASH, film onirique de 1984 de Raphaël DELPARD, avec Catherine ALRIC et Bernard FRESSON, n'est pas particulièrement mémorable: le costume de caoutchouc-silicone du « Monstre de la nuit », figure semi-anthropomorphe, fait penser à un figurant recouvert grossièrement d'argile rouge. Benoît LESTANG attribue au manque de temps et d'argent le rendu décevant de la créature.

En 1987, travaillant avec le maquilleur Gabe BARTALOS ( THE DEADLY SPAWN ), il construit et peint l'entité sarcastique du film américain BRAIN DAMAGE réalisé par Frank HENENLOTTER, auteur de l'assez célèbre FRERES DE SANG ( BASKET CASE ) qui narrait l'épopée meurtrière de deux frères, dont l'un monstrueux (il s'agit littéralement d'un «demi-frère»). BRAIN DAMAGE se différencie des films «gore» ( basés sur l'outrance sanguinolente ) par la métaphore sur la toxicomanie qui l'imprègne de bout en bout et qui l'éloigne ainsi quelque peu dans l'intention de la gratuité sadique qui est l'ordinaire de ce genre de production. La créature surnommée Elmer ( d'où le titre français, ELMER LE REMUE-MENINGES ), une sorte de ver au cerveau hypertrophié, est une véritable seringue vivante inoculant à son hôte une substance euphorisante provoquant une complète accoutumance, au point de le pousser à tuer pour alimenter son partenaire en substance cérébrale de victimes, dont il est friand. Le caractère scabreux de la situation est allégé par un humour noir vigoureux.

Deux ans plus tard, le maquilleur français conçoit à nouveau un ver redoutable, très bien animé, pour un autre film «gore», BABY BLOOD du Français Alain ROBAK. Cette fois, l'horreur est délivrée au premier degré, tandis que les protagonistes ne suscitent guère l'empathie, ni le personnage principal interprété par Emmanuelle ESCOURROU, femme tuant sans aucun état d'âme pour nourrir le bébé monstrueux que la créature originelle a engendré en son sein, pas plus que la plupart de ses victimes, des brutes avinées, ce qui pourrait rapprocher l'œuvre de manifestes féministes radicaux comme THELMA ET LOUISE ou MONSTER. Comme dans LA MOUCHE 2, l'enveloppe du bébé dissimule une créature bien différente; pour celle-ci, Benoît LESTANG, sur qui reposent tous les effets spéciaux du film, a conçu deux versions, une pour les plans généraux et une seconde mécanisée pour les gros plans. Tandis que l'organisme initial qui parasitait une Panthère rappelle certains parasites des poumons de Carnivores ( les Pentastomides comme Armillifer ), la progéniture évoque un peu un face-hugger d'ALIEN dont des tentacules tiendraient lieu de pattes et qui posséderait une petite tête quelque peu insectoïde.

Par ailleurs, Benoît LESTANG avait, outre la création de maquillages pour les victimes du film, écrit le scénario du film fantastique BROCELIANDE (2003), réalisé par Doug HEADLINE qui avait, comme lui, et à l'instar également de Christophe GANS (NECRONOMICON) écrit dans des revues spécialisées dans le cinéma au cours des années 1980.

Benoît LESTANG disparaît peu avant la sortie du film MARTYRS de Pascal LAUGIER, dont il avait réalisé les maquillages sanglants. Les amateurs garderont de lui le souvenir de l'un d'entre eux qui avait obtenu une reconnaissance de la profession, disparu alors que sa carrière laissait augurer encore de nombreuses années d'activité intense, et qui se montrait toujours disponible pour faire partager sa passion et prodiguer ses conseils.


( dernière interview du maquilleur à visionner, cliquer sur le lien : http://www.filmsactu.com/interview-cine-interview-benoit-lestang-les-sfx-de-maquillage-3654.htm)

Les extraterrestres comme ce Thermien vu dans GALAXY QUEST qui avaient pleuré Stan WINSTON en juin déplorent à présent la disparition d'un second créateur de monstres. Triste été 2008 pour les créatures et pour ceux qui les aiment...

samedi 5 juillet 2008

L'ÉTRANGE FIN DES MARSUPIAUX ?

Les Marsupiaux comme le Kangourou représentent une lignée de Mammifères chez lesquels les petits naissent à un stade fœtal et achèvent leur développement dans la poche maternelle, ou marsupium, laquelle donne son nom au groupe; seuls les Monotrèmes pondeurs d'œufs comme l'Ornithorynque présentent des caractéristiques plus ancestrales chez des Mammifères vivants. Apparus à la fin de l'ère des Dinosaures en même temps que les ancêtres des Mammifères plus modernes ou Placentaires, les Marsupiaux se sont répandus dans le monde entier avant d'être évincés par ces derniers, sauf dans les régions plus isolées.
Ils ont ainsi pu se maintenir au sommet de la chaîne alimentaire en Amérique du sud jusqu'à l'invasion des Tigres à dents de sabre. Aujourd'hui encore, le Nouveau-monde abrite quelques espèces de petits Marsupiaux comme l' Opossum. On trouve également en Indonésie plusieurs espèces comme le Couscous à la robe tachetée. Néanmoins, c'est en Océanie, en dépit de la présence, à l'origine, d'un petit Mammifère plus moderne, Tingamarra, vite supplanté, que les Marsupiaux ont pu pleinement prospérer.
Lorsque les premiers humains ont investi l'Australie il y' a quelques dizaines de milliers d'années, les Marsupiaux y régnaient sans partage malgré la présence de quelques Reptiles prédateurs. L'un de ces Marsupiaux était vraisemblablement un carnivore redoutable, tandis qu' une espèce végétarienne devait peser jusqu'à 3 tonnes. Ces différentes créatures ont disparu après l'installation des populations "arborigènes".

Beaucoup plus récemment, les Européens transformèrent à leur tour l'environnement australien, et, après le Dingo, Chien d'Asie importé par les "Arborigènes", ceux-ci amenèrent avec eux de nouveaux animaux de compagnie, ce qui eut pour effet d'occasionner une seconde vague d'extinction, cette fois de petits Marsupiaux. Le dernier grand Marsupial carnivore, le Thylacine ou Loup marsupial, concurrencé par le Dingo, qui ne substituait plus qu'en Tasmanie à l'arrivée des Européens, fut quant à lui totalement exterminé au milieu des années 1930 par les éleveurs parce qu'il s'attaquait aux Moutons.


Or, alors que nombre d' Australiens prennent conscience de leur devoir de préserver les espèces encore vivantes de cette faune unique, une mystérieuse maladie décime le plus grand Marsupial restant, de la taille d'un Chien, le Diable de Tasmanie ( parfois appelé aussi Sarcophile ), lequel ne subsiste plus que sur l'île de Tasmanie. Les représentants de cette espèce, qui est l'équivalent écologique du Glouton en Océanie, sont en effet rongés par de volumineuses tumeurs faciales cancéreuses qui leur sont fatales, et qui les font ressembler à l' Ourse mutante victime du mercure dans le film PROPHECY, inspiré indirectement de la catastrophe écologique de Minamata . Il semblerait que l'origine du mal soit
à rechercher parmi des cellules malignes, qui se propageraient, à l'occasion de morsures, d'un individu à l'autre, la population s'étant suffisamment homogénéisée sur un espace réduit pour que la variabilité immunitaire se soit estompée. Même s'il arrive, comme l'illustre tristement le drame de l' encéphalopathie spongiforme bovine, que des composants déviants d'un organisme puissent non seulement infecter d'autres individus mais aussi franchir la barrière génétique entre espèces, le danger pesant sur le Diable de Tasmanie illustre la difficulté d'assurer la pérennité d'une espèce lorsque celle-ci ne subsiste plus qu'au travers d'un nombre assez restreint d'individus dans quelques réserves, ce qui empêche que se développent des profils génétiques relativement variés, susceptibles de développer des spécificités individuelles profitables à l'espèce. Ces considérations prennent un tour particulièrement sinistre quand on songe que bien des espèces dans le monde sont réduites à un très petit nombre d'individus : il ne resterait plus que 1500 Pandas géants, ainsi que seulement quelques centaines de Gavials ( Crocodilien indien piscivore à museau très effilé ) et de Dauphins d'eau douce à long bec ( en Inde et en Amazonie ) après l'extinction du genre chinois Lipotes en 2006 suite à l'édification d'un barrage ).
En l'absence de remède, l'espèce, popularisée par un personnage des dessins animés de la Warner Bros, ne devrait plus en dernier recours sa survie qu'aux individus vivant en captivité, et il ne resterait alors qu'à souhaiter que les zoos gèrent leur population avec une plus grande efficience que cela s'est produit pour le Loup marsupial : en 75 ans, le zoo de Londres avait ainsi hébergé 18 individus, puis l'animal s'est éteint simultanément dans la nature et en captivité.

Et voici que les Koalas, déjà fragilisés par leur régime alimentaire spécialisé les rendant dépendants des Eucalyptus, dont les forêts cèdent du terrain devant l'extension des activités humaines et qui pâtissent de l'aridité due notamment au réchauffement climatique, sont eux aussi menacés, étant les victimes d'un mystérieux Virus causant le cancer. Ce Virus semble apparemment être entré dans une phase active qui vient au plus mauvais moment fragiliser encore davantage une espèce mise en péril par la réduction des espaces naturels.

Cette concordance troublante paraît sonner comme le glas de la faune résiduelle de Marsupiaux, alors que, pour cette fois, l'implication directe de l'action humaine n'est pas avérée. On dirait que, après avoir dû céder leur place devant les Mammifères placentaires, sauf en Océanie, les derniers Marsupiaux y étaient finalement rattrapés par la marche incoercible de l'évolution, à la manière de Faust que le diable vient chercher lorsque son sursis est épuisé et que l'heure des comptes a sonné. Ces événements, même si on ne peut exclure qu'il s'agisse de simples coïncidences, ne peuvent que surprendre ceux, au rang desquels je me place, qui ne sont pas réellement de grands adeptes de la théorie de la pandémie ( bien qu'ayant en ce qui me concerne écrit il y' a longtemps une courte nouvelle sur ce thème ), laquelle est censée selon quelque chercheurs avoir décimé la plupart des grands Mammifères à la fin de la dernière ère glaciaire . Lorsque la nature vient seconder l'action destructrice de l'homme, on ne peut qu'être extrêmement inquiet quant aux chances de maintien de la richesse de la vie sur notre planète.

lundi 23 juin 2008

GALERIE DE CREATURES DE STAN WINSTON


Quelques instantanés de la carrière du maquilleur et créateur d'effets spéciaux pour faire suite à l'hommage consécutif à sa disparition toute récente (voir hommage du 17 juin 2008 intitulé "Un magicien du cinéma s'en est allé" ).

Le premier monstre de Stan WINSTON est sans doute la créature vorace de PARASITE de Charles BAND, film qui a vu pratiquement vu débuter l'actrice Demi MOORE, dans lequel Robert GLAUDINI incarne un scientifique qui s'est enfui après s'être injecté le parasite qu'il a créé, pour le soustraire aux visées d'un état totalitaire. Stan n'était pas très fier de sa participation à ce petit film d'épouvante estimable, bénéficiant d'une atmosphère assez glauque, mais on a vu depuis des créatures nettement moins réussies que celle-ci, qui n'est d'ailleurs pas sans anoncer un des stades du monstre de LEVIATHAN ( à noter que le Parasite est aussi mystérieux que la Joconde, puisqu'il possède un nombre d'yeux assez indéfini, qui paraît varier en fonction de l'éclairage de chaque plan - son sourire ( carnassier ) est par contre sans ambiguïté ).

Parmi les diverses incarnations de la Chose (THE THING de John CARPENTER ) figure ce chien glabre assez informe, que Stan a conçu pour suppléer, à sa demande, Rob BOTTIN victime de surmenage. La main qui l'anime lui confère des mouvements très organiques, et la créature incarne parfaitement le caractère particulier du monstre qui, à cet instant, ressemble à un chien sans en être un, pour reprendre les termes du scénario.

MANIMAL était une série policière dont le héros joué par Simon MacCORKINDALE ( également vu, entre autres, dans LES DENTS DE LA MER 3 ) était capable, par sa concentration mentale ( il est fort... l'animal ! ) de se changer en différentes bêtes pour espionner des malfrats ( dont l'un interprété par le sinistre Richard LYNCH ). Stan WINSTON réalisa de belles transformations en Panthère et Faucon, qui, bien que principalement limitées à la tête pour des raisons financières, étaient fort efficaces ( des années plus tard, il conçoit aussi les saisissants hybrides hommes-bêtes de L’ÎLE DU DR. MOREAU de John FRANKENHEIMER ) - la métamorphose en serpent est quant à elle dûe à Michael McCRAKEN à qui sera consacré un futur article.

On ne présente plus TERMINATOR de James CAMERON. Stan WINSTON s'est chargé notamment du maquillage de l'androïde perdant son apparence humaine, et a œuvré sur les suites, concevant des squelettes métalliques impressionnants pour les scènes se situant dans le futur.
Pour L'INVASION VIENT DE MARS de Tobe Hopper, il conçut, à partir des concepts initiaux de l'illustrateur William STOUT, l'inquiétante Intelligence suprême et ses serviteurs ( volontairement ) grotesques mais nonobstant redoutables, animés de manière ingénieuse comme indiqué dans le premier volet de l'hommage.

L'extraterrestre chasseur d'hommes de PREDATOR, avec sa tête insectoïde, est une autre création célèbre de Stan WINSTON. Son faciès n'apparaît que peu de temps dans le premier film mais il s'agit là encore d'un moment marquant, et il est encore bien plus terrifiant dans le film que sur les photos.
Stan WINSTON a mis en scène une de ses créations dans PUMPINKHEAD, histoire d'un démon vengeur.
S'il n'a pas œuvré sur ALIEN, il a travailé sur sa suite, ALIENS, riche en créatures terrifiantes.

Son studio a également donné vie aux mutations de l'entité transgénique de LEVIATHAN, tâche conséquente bien que le monstre ne soit souvent qu'assez fugitivement entrevu dans le montage final.
La physionomie du monstre de RELIC, qui évoque un mélange de Vertébré et d'Arachnide, présente quelque parenté avec celle de PREDATOR.

Pour la comédie GALAXY QUEST, Stan WINSTON a réalisé des êtres un peu moins terrifians, comme cette espèce bipède qu'on devine aisément goulue en observant sa gueule béante, d'après des concepts du peintre Wayne BARLOWE.

Pour rendre hommage aux petits films de série B, et échapper aux images de synthèse que les grands studios réclamaient de plus en plus, Stan WINSTON avait notamment conçu DAY OF THE WORLD ENDED, avec Natassia KINSKI et Randy QUAID. Sans doute soucieux que l'aspect psychologique de l'histoire soit au premier plan, Stan a finalement fort peu dévoilé son extraterrestre qui, avec sa coiffe tentaculaire évoque - à ceci près qu' il a un oeil unique au lieu de trois - la créature de LA CHOSE D'UN AUTRE MONDE de Christian Niby, fidèlement inspirée de la description de la nouvelle de John CAMPBELL, qu'on aurait dû voir à l'écran, si les producteurs de la RKO, la jugeant trop effrayante, n'avait pas décidé de détruire le costume réalisé au profit de James ARNESS grimé ( le sort de celle qui aurait dû être le premier extraterrestre non humanoïde fut ainsi scellé et celle-ci disparut à jamais).

Même si Stan WINSTON est encore l'auteur de d'autres maquillages célèbres, notamment ceux d'EDWARD AUX MAINS D'ARGENT et d'ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE, difficile de ne pas évoquer ses Dinosaures, gigantesques machineries très loin du grimage plus traditionnel d' acteurs qu'il réalisait à ses débuts à la télévision. Il avait eu quelques devanciers en la matière, l'Anglais Roger DICKEN ou l'Italien Carlo RAMBALDI, mais il avait affiné la technique en obtenant des mouvements souples, même si la sophistication n'empêchait jamais quelques difficultés lors du tournage alors que celles-ci ne s'étaient pas forcèment manifestées lors des répétitions. Les animations informatiques de la trilogie JURASSIC PARK ont dans les médias estompé les Dinosaures que son équipe avait agencés, tels que le Tricératops malade, les Vélociraptors et le Tyrannosaure ( dans nombre de plans ) du premier film, le petit Tyrannosaure geignard de la suite LE MONDE PERDU et l'énorme Spinosaurus de JURASSIC PARK 3.
Ainsi, même si son nom n'était peut-être pas très familier du grand public, Stan WINSTON est une référence dans la profession, et celui qui était à l'origine de nombre des êtres saisissants aperçus dans les salles obscures.