vendredi 15 février 2013

THE THING, LE CHEF-D'ŒUVRE MAL AIMÉ



Conclusion de l'article en trois parties consacré au chef-d'oeuvre du cinéma THE THING.

Un succès attendu... longtemps!


Le réalisateur John CARPENTER a gardé un souvenir contrasté de THE THING ; persuadé d'avoir réalisé un grand film, il n'imaginait pas qu'il se ferait tirer l'oreille et devrait attendre des années pour que son chef-d'oeuvre obtienne enfin la reconnaissance du public et des critiques.

Projeté sur les écrans durant l'été 1982, à partir du 25 juin, le studio s'attendait à ce que THE THING, film d'épouvante à grand budget, issu d'un processus créatif abouti, soit un des grands succès de l'été. Les résultats des chiffres d'entrée furent en réalité bien décevants, les recettes étant tout juste suffisantes pour couvrir les dépenses engagées. Les effets spéciaux conçus par l'équipe de Rob BOTTIN sont si impressionnants qu'ils accaparent alors toute l'attention, bien que durant trois quarts d'heure d'affilée dans le film (entre la mort de Bennings et la tentative de réanimation de Norris par le Docteur Copper), il n'y ait en réalité pas un seul trucage à l'écran et que la réalisation se concentre sur le climat d'angoisse psychologique. Cependant, tout le monde ne retint que cela, jugeant les effets spéciaux outrancièrement horribles et réalistes - des spectateurs iront jusqu'à penser, comme Rob BOTTIN l'entendit lors d'une projection, qu'il avait été nécessaire de sacrifier de vrais chiens pour la scène du chenil ! - au point qu'on dénia soudain à John CARPENTER tout talent de mise en scène, estimant qu'il ne s'agissait que d'un film de commande consistant en un festival de scènes sanguinolentes et qu'il pourrait tout aussi bien filmer des accidents de la circulation... (Abel FERRARA endura des reproches similaires quant à l'abandon de ses talents d'auteur après avoir réalisé en 1993 le remake très réussi de L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES, THE BODY SNATCHERS, L'INVASION CONTINUE). Les acteurs de la première version de THE THING, LA CHOSE D'UN AUTRE MONDE, qui avaient été conviés - à l'exception de Margaret SHERIDAN qui s'éteignait à cause d'un cancer - à une projection dans l'espoir qu'ils participent à la promotion de la nouvelle mouture s'étaient au contraire montrés plus que réservés, et même révulsés par les trucages, ainsi que les acteurs même du film, Kurt RUSSELL (MacReady) le trouvant trop violent et Wilford BRIMLEY (Blair) regrettant alors avec virulence d'avoir apporté son concours au cinéaste… Les critiques se montrèrent quasi-unanimes à fustiger le film (cela dit BLADE RUNNER et, dans une certaine mesure, THE DARK CRYSTAL, d'autres grandes productions Universal de l'année, reçurent un accueil guère plus chaleureux des revues cinématographiques, toute cette créativité aboutissant à un désintérêt assez consternant des critiques censées apprécier le genre). Il faudra des années pour que le film trouve un public avec la sortie du film en vidéocassettes, et, quelques années plus tard, les critiques de cinéma ne feront pratiquement plus paraître que des critiques favorables. A présent, le film est unanimement présenté comme un classique, et souvent même comme le plus grand film d'auteur de John CARPENTER, étant parvenu à porter à son paroxysme l'art du huis-clos de de son modèle Howard HAWKS.

Blair désabusé face à la mainmise de la Chose sur la station, ou son interprète Wilford BRIMLEY faisant part de son écœurement à la vision du film ?

La Chose a été éclipsée par un autre extraterrestre célèbre, E.T. L'EXTRATERRESTRE (E.T. THE EXTRATERRESTRIAL) qu' Universal sortit dans la même période. La conjoncture n'était pas favorable, le public attendri par le visiteur de l'espace amical n'ayant sans doute pas alors éprouvé d'intérêt pour les manifestations d'une forme de vie extraterrestre meurtrière. On pourrait objecter à cette interprétation que le film de Steven SPIELBERG s'adressait avant tout à un public familial, tandis que celui de John CARPENTER, interdit en France aux moins de 13 ans, était destiné à un public plus ciblé, composé d'amateurs de films d'épouvante, et que l'explication est donc un peu schématique.  Il est cependant indéniable que le studio Universal, faisant finalement porter l'opprobre sur John CARPENTER, a en fait une certaine part de responsabilité propre dans l'échec commercial, ayant fait porter l'essentiel des efforts de promotion sur E.T. L'EXTRATERRESTRE.


Presque un film maudit?


Le film qui devait être un titre de gloire pour tous ceux ayant participé à son élaboration, n'a pas apporté les suites favorables escomptées. Si la carrière de l'acteur principal Kurt RUSSELL n'en a pas trop pâti, celui-ci ayant déjà accédé à une certaine respectabilité, celle de la plupart des autres acteurs venus principalement de la télévision est souvent demeurée cantonnée à des rôles secondaires sur le grand écran, comme Charles HALLAHAN dans LA QUATRIÈME DIMENSION (THE TWILIGHT ZONE-THE-MOVIE), Richard DYSART qui fait un très court passage sous les traits d'un cow-boy un peu taciturne dans RETOUR VERS LE FUTUR 3 (BACK TO THE FUTURE 3) ou encore David CLENNON à peine entrevu dans MATINÉE (MATINEE) de John DANTE (interprétant un parent d'élève) et L’ÉTOFFE DES HEROS (THE RIGHT STUFF) - film dans lequel Donald MOFFAT, célèbre androïde de la série L'ÂGE DE CRISTAL (LOGAN'S RUN) et directeur de la station dans THE THING, passe brièvement sous les traits du président des États-Unis Lyndon B. JOHNSON. L'acteur prêta sa voix à un collectif d'acteurs de second plan dénonçant leur précarité économique. A la télévision, certains sont parvenus à devenir des rôles récurrents dans des séries, tels Charles HALLAHAN (Norris) dans le rôle stéréotypé du supérieur toujours irascible de RICK HUNTER, et Richard DYSART (qui succombait les bras arrachés dans THE THING après avoir eu les jambes mordues par l'ours mutant de PROPHECY !), incarnant un responsable du cabinet d'avocats de LA LOI DE LOS ANGELES (L.A. LAW). Wilford BRIMLEY a cependant obtenu un des rôles principaux dans COCOON et sa suite, Richard MASUR a partagé la vedette avec Kurt RUSSELL du thriller psychologique UN ÉTÉ POURRI, et est apparu dans diverses œuvres télévisées comme l'adaptation de ÇA (IT) d'après Stephen KING et sous les traits d'un homme politique particulièrement manipulateur dans la série HIGH SECRET SPIRIT – dont le héros, un policier un peu désabusé, était quant à lui interprété par Tom SKERITT, le capitaine de ALIEN. Dans le téléfilm BULLETIN SPECIAL, dirigé par Edward ZWICK, réalisateur néozélandais passé ensuite aux grandes productions, David CLENNON a composé, dans le rôle du docteur Lyman, un terroriste écologique, formant un duo brillant avec David RASCHE*. A l'exception de Kurt RUSSELL, seul Keith DAVID tient régulièrement le haut de l'affiche sur le grand écran, obtenant notamment des rôles importants dans des films de science-fiction comme INVASION LOS ANGELES (THEY LIVE), un petit budget de John CARPENTER alors dans une nouvelle phase de disgrâce, ROBERT HEINLEIN'S PUPPET MASTERS, PITCHBLACK et LES CHRONIQUES DE RIDDICK (RIDDICK'S CHRONICLES).


Les années ont passé mais David CLENNON, interprète de Palmer, n'a pas perdu son expression un peu sardonique.

Le metteur en scène est naturellement celui qui a subi le plus directement le contre-coup de la mauvaise performance du film dans les salles. Alors en pleine ascension, sa réputation déclina soudain. La conséquence la plus directe est que le projet d'adaptation du roman de Stephen KING dans lequel une fillette met le feu par le simple jeu de la volonté, FIRESTARTER, lui est alors retiré et est confiée à Mark LESTER. Il se consolera en transcrivant au cinéma un autre roman de l'écrivain, CHRISTINE et sa voiture maléfique (le fantôme du roman disparaît d'ailleurs, CARPENTER substituant habilement à la possession le rapport trouble et croisé entre l'adolescent et son véhicule, symbole de puissance de la société de consommation). Le réalisateur parviendra de nouveau à être engagé ponctuellement sur des productions plus importantes comme LES AVENTURES DE JACK BURTON (BIG TROUBLE IN LITTLE CHINA), mais devra alterner avec des budgets modestes alloués par une petite maison de production comme Alive Films. En quelques années, le visage du trentenaire va porter les stigmates du grand âge, les cheveux blanchis et le visage creusés, comme s'il avait du se vider de toute son énergie pour pouvoir continuer à réaliser les films qu'il souhaitait, et il ne cachera jamais dans les entretiens à quel point il a du affronter les difficultés pour poursuivre son œuvre. Au-delà des aléas inévitables du succès, il est certain que la carrière de John CARPENTER connaît un tournant fâcheux en 1982, il y'a incontestablement un avant et un après THE THING, et on ne lui rendra jamais assez justice pour compenser l'ostracisme que le film a injustement suscité à son encontre.


John CARPENTER sur le tournage de la scène durant laquelle Blair détruit la salle des communications radio (après avoir massacré les chiens survivants), dans l'intention de couper la station du reste du monde et d'empêcher ainsi la forme de vie extraterrestre de se propager. Le metteur en scène semble pensif comme une préfiguration de la suite à venir, bien en-deçà de ses espérances.

L'attente déçue d'un succès commercial a certainement par convaincu par ailleurs le studio Universal qu'investir dans un film avec des monstres extraterrestres n'était pas le meilleur des investissements et a sans doute contribué à l'abandon de projets similaires.

Bill LANCASTER avait été acclamé pour son scénario; il s'estima cependant frustré par le film, car il considérait que John CARPENTER avait écarté la scène dont il était le plus fier, une longue scène de paranoïa dans le noir - dans le film, le sabotage plonge seulement dans l'obscurité la pièce dans laquelle Fuchs était en train de réfléchir à un autre type de test sanguin pour déterminer quels membres de l'équipe sont des imposteurs extraterrestres, ce qui est le prélude à son élimination, et il ne subsiste qu'une allusion à la scène lorsque Palmer évoque la perspective que MacReady ait été remplacé par une réplique de la Chose « quand les lumières se sont éteintes ». Atteint par la poliomyélite qui lui a laissé une jambe plus courte que l'autre, Bill LANCASTER pâtira par la suite de graves problèmes de santé, l'empêchant de poursuivre sa carrière qui promettait d'être brillante, et il disparaîtra en 1997 suite à une attaque cardiaque, peu de temps après avoir figuré dans le documentaire "The Thing : the terror takes shape", 
ainsi que l'acteur Charles HALLAHAN décédé la même année (dans le documentaire apparaît aussi le spécialiste de la peinture sur verre Albert WHITLOCK, auquel on doit notamment celle de l'épave de la soucoupe volante enfouie dans la glace, durement atteint par la maladie de Parkinson et qui s'éteindra quant à lui en 1999). 

Le compositeur Ennio MORRICONE fera également part de sa déception, en découvrant le remixage de sa partition sur le film. Une part importante de sa composition, notamment celle consistant en pizzicatos saccadés, a été laissée de côté, au profit de notes au synthétiseur plus enveloppantes qui préfigurent la composition d'HALLOWEEN 3 conçue peu après par John CARPENTER et son collaborateur Alan HOWARTH.


Rencontre entre Ennio MORRICONE et John CARPENTER, lui-même compositeur, fructueuse mais en définitive quelque peu frustrante pour le maestro italien.

Rob BOTTIN lui-même a eu une expérience contrastée ; il est peut-être le seul à avoir vu sa réputation confortée par le film, mais il l'a payé par une très forte pression et par les problèmes de santé qu'elle a engendrés au cours de la production. Par ailleurs, en raison des divers composantes des effets spéciaux impliquées dans THE THING, et notamment les parties mécaniques, il a dû accepter de subir une épreuve de pose de nez classique pour prouver qu'il pouvait toujours se prévaloir du titre de maquilleur et être autorisé par l'union syndicale des maquilleurs à concourir pour un Oscar du maquillage qu'il n'obtiendra pas (il devra attendre LEGEND pour être distingué). Rob BOTTIN fera ensuite une belle carrière jusqu'au début des années 1990, avec notamment la superproduction TOTAL RECALL avant d'être finalement évincé par les trucages faits par ordinateur. Ne travaillant plus qu'occasionnellement pour la publicité, l'argent qu'il a gagné dans l'industrie du cinéma et placé dans l'immobilier l'a mis à l'abri du besoin.

Rob BOTTIN à la fête en 1982; n'est-il pas le seul dont la carrière a tiré profit du film mal-aimé ?


Même si, comme l'a reproché le syndicat des maquilleurs, THE THING comporte peu de maquillage classique, un masque à l'effigie de l'acteur Richard DYSART a été réalisé, ainsi que deux moignons, pour le plan dans lequel Joe CARONE incarne le Docteur Copper au moment où celui-ci connaît un trépas effroyable causé par la Chose (photo exclusive).

D'autres créateurs d'effets spéciaux ressentirent plus amèrement l'expérience de THE THING, estimant que John CARPENTER n'avait pas fait justice de leur travail. Ainsi, Roy ARBOGAST, dont la participation au film concerne l'essentiel des effets spéciaux mécaniques du films (comme indiqué précédemment il est responsable notamment de la scène dans laquelle Palmer transformé saisit Windows par la tête et du plancher arraché dans le final par la dernière apparition du monstre) est non seulement demeuré dans l'ombre de Rob BOTTIN, mais le réalisateur a coupé ce qui se rapportait à ses chiens mécaniques incroyablement réalistes, capables de vibrer et de se contorsionner pour représenter le début de la métamorphose du faux chien norvégien, John CARPENTER ayant finalement estimé que la scène serait plus terrifiante si la tête de l'animal s'ouvrait brusquement pour laisser apparaître l'orifice suintant du monstre - un court plan de la bande-annonce montre une des répliques mécaniques d'ARBOGAST à l'oeuvre, reproduit dans le volet précédent de cet article.

Randall William COOK a quand à lui fort peu apprécié que John CARPENTER coupe pratiquement tous les plans d'animation image par image qu'il avait réalisés avec le modèle miniature pour l'apparition finale du monstre, n'en subsistant que ceux dans lesquels les tentacules surgissent du sol pour ravir à MacReady son détonateur, d'autant plus qu'il s'était appliqué à finir dans les délais requis pour la date de la sortie prévue du film que le studio ne voulait pas repousser. Tout en se rangeant officiellement aux arguments du réalisateur, il laissa percer son amertume en déclarant que c'était la première fois que son travail apparaissait sur l'écran pendant la même durée que son nom figurait au générique. A l'instar de l'artiste Dale KUIPERS, dont le concept pour la créature du film fut évincé par celui de Rob BOTTIN, Randall William COOK n'a pas accepté que le réalisateur revienne sur l'engagement qui avait été contracté.

Randy W. COOK très appliqué à sculpter le corps du "Monstre-Blair", une contribution qu'il espérait alors déterminante pour sa carrière.


Le pseudo-chien animé image par image.
Certains des collaborateurs de Rob BOTTIN sur THE THING ont eu des destins tragiques pour des raisons diverses. 
La pression régnant sur la production avait fini par pousser un des membres de l'équipe de Rob BOTTIN, James CUMMINS, à quitter son poste. Devenu metteur en scène quelques années plus tard après avoir créé les effets spéciaux de maquillage de plusieurs autres films, il a contracté une grave maladie infectieuse lors d'un tournage dans les marécages, et finit par succomber quelques années plus tard de complications, comme évoqué dans l'hommage qui lui fut alors consacré: http://creatures-imagination.blogspot.fr/2010/12/james-cummins.html).
Le sculpteur attitré de Rob BOTTIN, Henry ALVAREZ, qui se résolut à quitter le cinéma au début des années 1990, les effets spéciaux étant concurrencés par l'imagerie virtuelle, a disparu au début de l'année 2012 victime de l'amiante des moules qu'il employait lorsqu'il créait des statues de cire avant sa rencontre avec Rob BOTTIN (un hommage lui a aussi été consacré: http://creatures-imagination.blogspot.fr/2012/03/cetait-le-maitre-doeuvre-de-rob-bottin.html)
Jeff KENNEMORE disparut prématurément victime d'un cancer à 42 ans après avoir œuvré sur des films représentatifs de la grande époque des effets spéciaux dans les années 1980 (voir: http://creatures-imagination.blogspot.fr/2011/08/les-tentacules-de-cracken.html).

Richard DAVISON a été recruté par le studio d'effets spéciaux de Stan WINSTON, collaborant à des films comme TERMINATOR 2 et la suite de JURASSIC PARK, LE MONDE PERDU (THE LOST WORLD). Amené à quitter le studio, il intégra ensuite la compagnie KBN, laquelle devint à son tour une importante société d'effets spéciaux mais nonobstant, il conserva toujours une grande nostalgie de l'époque à laquelle il était un employé de Stan WINSTON. Souffrant de dépression, il mit fin à cette carrière au service des plus grands films fantastiques en se jetant sous un métro de Los Angeles le 12 mai 2001, peu après son 41ème anniversaire, le sujet du présent article offrant ici l'occasion de saluer sa mémoire.

Les lecteurs réguliers savent aussi que Stan WINSTON, devenu à partir de TERMINATOR une vedette du domaine des effets spéciaux, a fini par succomber en juin 2008 à une grave maladie. Son apport à THE THING reste un peu imprécis dans l'esprit des amateurs de films fantastiques : certains ignorent parfois qu'il a apporté sa contribution au film, celui-ci ayant demandé que son nom n'apparaisse que modestement dans le générique pour ne pas diminuer le crédit dû à Rob BOTTIN, principal maître d'œuvre des effets de maquillage du film ; d'autres, au contraire, ayant appris sa participation, lui attribuent à tort les effets spéciaux de l'ensemble de la scène du chenil.


D'autres contributeurs, naturellement, ont poursuivi leur carrière dans le domaine des effets spéciaux, comme Lance ANDERSON (THE LAST STARFIGHTER, THE GRINCH, LA CABANE DANS LES BOIS ), James KAGEL (BABY LE SECRET DE LA LÉGENDE OUBLIÉE, CHÉRIE J'AI RÉTRÉCI LES GOSSES, TREMORS II et III) qui a son site en ligne (http://www.kagelstudio.com - actuellement désactivé), Brian WADE (ENEMY MINE, VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE), Rob BURMAN (LA MOUCHE, TERMINATOR 2, TREMORS ), Ken DIAZ (VAMPIRE VOUS AVEZ DIT VAMPIRE, ANACONDA)... Quant à Willy WHITTEN, il s'est reconverti dans la sculpture d'ornements amérindiens basée sur une vraie recherche ethnologique.

Un chef-d'oeuvre du cinéma fantastique

John CARPENTER estime aujourd'hui, en dépit des déconvenues que le quasi-échec commercial du film ont engendré sur sa carrière, que THE THING est son meilleur film.

Des acteurs considérés pour la plupart comme de "second plan", livrant pourtant une interprétation d'une rare intensité, pour une distribution sans fausse note ( de gauche à droite, pour n'en citer que quelques exemples, Donald MOFFAT (Garry, le chef de la station dont l'autorité est mise en cause), David CLENNON (l'ambigu Palmer), et Richard MASUR (le responsable du chenil, contraint à une confrontation peu plaisante avec ses semblables).
Il était manifeste dès sa sortie que THE THING s'imposerait tôt ou tard comme un classique. Et pourtant, le film fut presque unanimement ignoré lors de son passage en salles. Initiée dès le générique par la musique sourde et envoûtante de CARPENTER suivie de celle de MORRICONE, l'angoisse monte progressivement tandis que l'intrigue se met en place dans la première demi-heure. Après quoi, la tension atteint son apogée pour ne plus lâcher le spectateur. CARPENTER orchestre magnifiquement le huis-clos, la caméra s'attardant sur les visages des différents occupants de l'avant-poste 31 pour rendre perceptible la propagation de la paranoïa. On n'éprouve pas réellement de terreur à la place de personnage précis car, comme l'a déclaré Kurt RUSSELL (MacReady), la vedette du film, THE THING est l'histoire d'un groupe. Contrairement aux scènes mettant directement un individu aux prises avec une créature, comme dans ALIEN ou PREDATORqui engendrent une empathie spontanée du spectateur à l'endroit du personnage, le sujet du film de CARPENTER ne se prête pas aisément à une semblable identification, d’autant plus que le public est amené à suspecter MacReady lui-même alors que, dans un contexte analogue, le héros de L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES de Siegel demeurait quant à lui ostensiblement humain jusqu'au dénouement.


MacReady attendu de pied ferme par ses camarades qui sont persuadés qu'il n'appartient plus à l'espèce humaine... Un moment particulièrement déstabilisant pour le spectateur qui ne sait alors plus lui-même à qui se fier..
CARPENTER fait en fait participer très directement le spectateur, en l'impliquant en tant que témoin saisi par les mêmes doutes et les mêmes appréhensions que les douze résidents de la station polaire. L'aspect documentaire confère au drame un troublant sentiment de réalité. Certains critiques ont reproché au réalisateur de privilégier les effets spéciaux alors que le monstre reste parfaitement invisible pendant près de trois quarts d'heure, à partir de la mort de Bennings, le premier Américain victime de la Chose, à l'occasion d'une scène impressionnante et très lyrique, et la tentative de réanimation de Norris par le Docteur Copper; les monstres ne paraissent à l'image que 6 minutes et cinq secondes, et si on en retranche les scènes de dissection des créatures (le corps norvégien incroyablement distordu et les manifestations du chenil brûlées par Childs), les effets spéciaux occupent l'écran un peu moins de trois minutes sur une durée totale de 112 minutes !

Des dissections, certes, mais d'un genre fort différent de celles des EXPERTS ou des opérations d'URGENCE...

Il a aussi été dit que les créatures incroyablement saisissantes et réalistes de Rob Bottin étaient outrancièrement exhibées alors qu'elles auraient dû conserver quelque mystère. Le face-hugger d'ALIENfilm souvent donné en exemple par les détracteurs, est plus aisément discernable, grâce à des vues générales et des plans fixes, que l'étrange cadavre ramené du camp norvégien. La terrible séquence du chenil dans laquelle la Chose révèle sa véritable nature est assez obscure et énigmatique. Quant à la transformation de Norris, montrée distinctement, elle n'intervient que tardivement dans le film.

THE THING se rattache à cette époque où les films fantastiques étaient en tous point parfaits, comme ALIEN, BLADE RUNNER, LA MOUCHE (THE FLY), THE DARK CRYSTAL et tant d'autres de la fin des années 1970 et de la décennie suivante, chacun porté par une histoire forte, servi par des effets spéciaux convaincants, une photographie irréprochable, une musique parfaitement appropriée, et un univers qui marque longtemps après la projection. Certes, on pourrait toujours s'interroger sur quelques questions que THE THING laisse en suspens, comment par exemple la créature parvient-elle à produire instantanément des substances organiques non cellulaires telles que les cheveux et les dents, comme on peut le voir sur la contrefaçon grotesque qui s'extraie du corps du faux Norris, ainsi que sur la dernière incarnation du monstre? Comment contrôle-t-elle les globules rouges, étant donné qu'ils sont chez l'être humain dépourvus du noyau que la Chose pourrait investir et reproduire? Plus prosaïquement, comment le monstre qui avait pris l'apparence de Palmer saisit-il l'infortuné Windows terrorisé avec sa langue démesurée, alors qu'il s'est alors dépourvu des organes de la vision?

Il serait par ailleurs vain de chercher à savoir précisément quand les victimes de la Chose ont été attaquées et subrepticement remplacées  (même si lorsque MacReady et le Docteur Copper sont partis en expédition de reconnaissance au camp norvégien, le faux chien norvégien passe à proximité d'une ombre qui évoque fortement Palmer, bien que le réalisateur ait choisi d'utiliser la silhouette du cascadeur Anthony CECERE pour brouiller l'identification) ; en effet, John CARPENTER et Bill LANCASTER ont finalement estimé que rentrer dans ces considérations compliquait l'histoire sans lui apporter d'intérêt supplémentaire, et ont donc choisi de conserver le mystère quant à la chronologie exacte de l'infiltration de la station américaine par l'intrus. On pourra notamment spéculer à posteriori sur le personnage de Blair. Lorsqu'on le voit dans l'intimité de son laboratoire s'inquiétant de la facilité avec laquelle la forme de vie extraterrestre est capable de se propager, on ne peut douter qu'il soit alors humain, et on imagine que c'est seulement une fois enfermé par ses compagnons suite à son sabotage du système de radiocommunication et des véhicules que la Chose s'est emparée de lui. Cependant, les plus imaginatifs pourront aussi considérer que les agissements du responsable du laboratoire lui procuraient en fin de compte un isolement lui laissant tout loisir de construire sous la baraque une soucoupe volante de petite dimension lui laissant augurer la possibilité d'une échappatoire vers un autre endroit à investir. L'hypothèse paraît audacieuse, cependant, dans la nouvelle originelle, WHO GOES THERE ? de John CAMPBELL, c'est au cuisinier nommé Kinner qu'échoit la crise de folie consécutive à la terreur qu'inspire aux occupants de la station la perspective que certains de ceux côtoyés soient des êtres extraterrestres prêts à les assimiler. Kinner exprime sa terreur en clamant des prières lancinantes jusqu'à ce que quelqu'un ne supportant plus de l'entendre l'assassine, et que l'on découvre alors que la victime n'était pas humaine. Aussi, la Bête d'un autre monde avait copié la nature humaine jusqu'à simuler le dérangement mental pour donner le change sur sa vraie nature !..


Sans doute Blair est-il encore humain lorsque ses compagnons l'enferment, en tout cas, Palmer, qui s'avère être une Chose, n'est pas très confraternel avec ses semblables puisqu'il n'hésite pas à signaler aux résidents la tentative de fuite d'un des monstres, la tête de Norris qui s'échappe sur ses pattes d'araignée...

Un monstre multiforme... et omniprésent

John CARPENTER attribue l'essentiel de l'échec commercial du film au ton désabusé de THE THING, en estimant que le public n'était alors pas encore près à apprécier une histoire faisant écho au désenchantement du monde contemporain. 


La stratégie de survie de la Chose la conduit à se dissimuler en adoptant une apparence humaine; on peut se demander si cette face terrifiante ne concrétise pas en réalité le vrai visage de l'humanité.

En luttant contre cet être d’instinct, l'homme redevient à son tour une créature d'instinct. L'O.V.N.I. est chez CARPENTER enseveli dans la glace depuis 100 000 ans (au lieu des 65 millions d'années dans la nouvelle), soit à peu près depuis l'apparition de l'humanité véritable, allusion symbolique au fait que la Chose, loin d'être un simple processus destructeur exogène qui détourne le matériel génétique à son profit, fait émerger ce qu'il y a de plus enfoui et primitif chez l'homme. Le monstre en perpétuelle mutation semble incarner la violence latente et multiforme qu'engendre le monde moderne, alors que la vie de la station en butte à la terrible menace et à la dépersonnalisation qu'elle induit n'est plus régie que par les rapports de force. Avec THE THINGcontrairement à l'imagerie traditionnelle du fantastique (le loup-garou), la violence n'émane pas uniquement du for intérieur de l'individu, mais provient aussi des rapports entre individus, de la désagrégation du lien social, de l'éclatement complet du groupe. Lorsqu’est coupé le câble de guidage qui relie, au travers de l'informel du blizzard brumeux, MacReady, que les manigances de la Chose sont parvenues à faire soupçonner, au reste de l'équipe, on peut y déceler la rupture symbolique, d'actualité, de la chaîne de solidarité qui rattache les individus les uns aux autres, dans la société actuelle en voie de décomposition avancée. La phrase prononcée par Childs ( Keith DAVID ) lors d'un paroxysme de la tension est d'ailleurs terrible : « Tu es mort MacReady... MÊME si tu n'es PAS la Chose! »


Le câble de guidage n'est pas la seule chose qui va être rompue dans THE THING...

L'univers du film de CARPENTER paraît ainsi symboliser le monde contemporain : l'individu est seul au milieu de ses semblables, le froid glacial représente le manque de chaleur humaine, et l'obscurité prolongée de la nuit polaire la disparition des repères. Et peu importe finalement qu'à l'issue de l'incertain dénouement l'intrus ait été réellement ou non détruit : la méfiance est maintenant installée pour longtemps ( John CARPENTER a depuis déclaré : «la confiance, c'est ce qui s'est le plus perdu à notre époque » ) et le contraste entre les deux survivants en perdition (un Blanc et un Noir, à la manière d'une image et de son négatif photographique) doit peut-être être perçu comme la manifestation emblématique, schématique, de l'instauration d'antagonismes irréversibles.


Non seulement Windows (Thomas WAITES) n'apprécie guère de passer l'hiver en Antarctique, mais en plus il ne bénéficie même pas de la quiétude liée à ce cadre isolé, depuis que les évènements font peser sur lui la charge pressante de faire fonctionner la radio en dépit des intempéries. THE THING, une fable philosophique sur la communication dans tous les sens du terme. 

Qu'est devenue la "Chose" ?

S'il a fallu longtemps pour que le film soit reconnu comme un classique, la fin ambiguë choisie par John CARPENTER semblait appeler une suite éventuelle. Il n'était pourtant pas envisagé à l'époque que THE THING soit suivi d'un autre long-métrage.
Un montage dans lequel les phrases à la tonalité les plus pessimistes quant à la destruction effective de la "Chose" avaient été coupées, fut d'ailleurs proposé, le studio craignant que la tonalité très sombre du film ne nuise à son succès, et une fin positive fut même tournée dans laquelle MacReady secouru se prêtait au test sanguin, vraisemblablement à la base McMurdo, prouvant qu'il était toujours ce qu'il pensait être. 

Lors de son passage à la télévision américaine, une version s'achevait par ailleurs sur la course d'un chien dans la neige, comme au début du film, montrant que le péril pouvait encore une nouvelle fois se propager, enfermant le téléspectateur dans un cauchemar cyclique, appelé à se répéter.

Un projet de suite fut initié en 2003 sous forme de mini série télévisée par la chaîne Sci Fi Channel, transportant l'histoire aux Etats-Unis, mais il ne passa pas l'étape de la préproduction. John CARPENTER exprima en personne en 2004 son souhait de prolonger le film par une suite qui verrait les deux survivants, interprétés par les deux acteurs d'origine, être secourus, mais il se fit peu d'illusion quant à l'envie d'Universal d'investir à la hauteur des cachets de Kurt RUSSELL. Le studio d'effets spéciaux de Vincent Guastini fut engagé, puis il fut remplacé par KNB Fx. Le projet de suite, auquel avaient failli être associés le réalisateur de l'original et le co-producteur Stuart COHEN, porté en 2007 par le coproducteur David Foster, qui devait voir la Chose atteindre l'océan, fut repris par le Studio Universal qui confia à nouveau à l'atelier de Vincent Guastini la conception des effets spéciaux. Cette nouvelle tentative n'aboutit pas davantage et il fut finalement transformé en une préquelle, comme il en a été rendu compte aux lecteurs, celle-ci se proposant de visualiser la découverte initiale de la créature prise dans les glaces par les Norvégiens et de la destruction de leur base quand celle-ci revient à la vie. Même si la relation d'évènements connus était moins attendue que celle de l'épilogue ultime du combat des hommes contre la Chose, la préquelle pouvait apporter quelque émotion au spectateur si, à défaut d'avoir engagé John CARPENTER lui-même comme le bon sens l'eut commandé, les auteurs du nouveau film s'étaient tenus à se couler totalement dans les marques forgées par le film initial. 
Un dessin conceptuel pour la série télévisée non concrétisée par le studio d'effets spéciaux de Vincent Guastini, d'une inspiration voisine de son travail sur le projet de remake de LA MOUCHE de David CRONENBERG qui avait été envisagé en 2005.

Quelques sculptures avaient été produites pour la suite télévisuelle, dont une réédition de la tête à pattes d'araignée représentant un des moments saillants du film de 1982.

La Chose à la conquête du milieu océanique : dessin exécuté par John JAGUSAK pour un projet de suite abandonné, THE THING 2, basé sur un scénario de de Todd ROBINSON, montrant la créature s'étant emparée d'un cachalot, dont la langue revêt une curieuse allure canine.

Conception d'une mutation de la Chose par le célèbre dessinateur Bernie WRIGHSTON - connu notamment pour la série LA CREATURE DU MARAIS (THE SWAMP THING) - pour la préquelle, à une époque à laquelle il n'était semble-t-il pas encore totalement exclu que la réalisation en soit confiée à John CARPENTER.

Cependant, l'utilisation d'effets spéciaux virtuels au lieu des créations réalistes conçues notamment par le studio Amalgamated Dynamics, ceci en dépit de la volonté du metteur en scène, contrecarrée par les producteurs, fait dévier de son modèle la préquelle de manière fâcheuse, le recours à une créature infographique étant un absolu non sens pour rendre ce monstre particulièrement organique. Par ailleurs, on peut se demander ce que John CARPENTER et le maquilleur Rob BOTTIN auraient réalisé s'ils avaient été engagés sur un projet relatif à THE THING, car, délestés du poids de l'hommage à leur propre créations, ces perfectionnistes se seraient sans doute dépassés  pour ne pas avoir à se répéter et auraient probablement cherché un moyen de surprendre les spectateurs tout autant que les connaisseurs du film original. La préquelle propose au moins au spectateur une révélation de l'aspect du monstre lors de sa découverte, assez proche d'une créature cuirassée aux pattes articulées, ainsi que l'allure de la créature qui conduisait la soucoupe volante - malheureusement, comme pour la plupart des effets spéciaux concrets, la scène montrant la Chose reprenant l'allure du pilote, non loin du cadavre de l'original, pour piloter l'engin, créature pourvue d'une rangée de trois yeux verticaux et de deux jambes fusionnées (ce dernier caractère pouvant laisser penser que cet extraterrestre est issu d'une lignée qui a pu passer par une forme aquatique) a disparu du film de 2011, les producteurs estimant que l'aspect trop symétrique de la créature était trop déroutant pour le public habitué aux incarnations bouillonnantes et composites de la Chose, ce qui est un curieux raisonnement étant donné que cette morphologie n'est qu'une imitation, comme les simulacres d'êtres humains, et non un nouveau stade évolutif du monstre.

                            Extrait du storyboard de la préquelle par Rob McCALLUM.                                                   

La Chose telle que les Norvégiens la découvraient dans la glace.

L'apparition d'un élément féminin n'est pas pour autant un gage de douceur...


Sculpture du personnage pour ce qui devait être un festival d'effets spéciaux traditionnels.. initialement.

En raison de l'échec de ces tentatives successives, le film de John CARPENTER demeura donc sans suite. Un scénario complet avait été développé par David Leslie JOHNSON pour le projet de mini série de quatre heures envisagé en 2003 par la chaîne de télévision Science-fiction Channel, et le Studio V.G.P. Effects and Design de Vincent GUASTINI avait commencé à travailler sur les effets spéciaux après l'abandon d'un autre projet de remake par la même chaîne, THE DAY OF THE TRIFFIDS, sur lequel il avait collaboré avec Ron COLE. Dans cette histoire, les Soviétiques, ayant capté les messages radio de l'avant-poste 31, avaient découvert ce qu'il s' y était produit, ainsi que la soucoupe volante comprenant les restes d'extraterrestres insectoïdes et des échantillons du sang de la Chose, et avaient entrepris d'effectuer des expériences pour produire l'arme biologique ultime. 23 ans plus tard, le professeur Lukanov qui a mené les travaux s'aperçoit qu'un Russe se trouvant dans un avion au-dessus du Mexique a emporté un échantillon de la créature. Il fait abattre l'avion par les Américains en le faisant passer pour un Tchétchène ayant le projet de répandre un germe mortel, mais un coyote est contaminé par un échantillon issu de l'épave, et un Amérindien qui a compris le péril se lance à sa poursuite. La Chose se propage néanmoins à grande vitesse, et les habitants de la région se révèlent bientôt comporter un grand nombre de simulacres extraterrestres en leur sein, et des membres des forces armées américaines eux-mêmes avoir été remplacés par des monstres. Un nouveau test est mis au point pour démasquer les intrus, un choc électrique fort, comme celui appliqué à Norris dans le film de John CARPENTER dans le but de stimuler son cœur, amenant la perte de contrôle des cellules de la Chose et son retour à des états initiaux ; les faux humains se transforment ainsi, convoquant certains aspects empruntés précédemment, comme la physionomie de leurs anciennes victimes, et jusqu'aux Insectoïdes de la soucoupe, avant de régresser jusqu'à l'état initial, une masse informe de matière protoplasmique analogue au Blob dans lequel apparaissent les traits de toutes les créatures assimilées précédemment depuis l'espace lointain. L'armée envisage de larguer une bombe afin de stériliser l'ensemble de la région.

Création d'effets spéciaux par le Studio V.G.P. de Vincent GUASTINI à l'époque du projet de série imaginant que la créature invasive a atteint le continent (voir également la mention précédente de la préproduction : https://creatures-imagination.blogspot.com/2009/09/retour-annonce-de-deux-grands-monstres.html).
L'éditeur Dark Horse, qui a acquis les droits d'adaptation pour le titre en matière de bande dessinée, a proposé plusieurs séries, dessinées par différents artistes, prolongeant également la saga de la Chose sous forme d'albums. Les premiers volets se situent en Antarctique où MacReady est retrouvé en vie et secouru. Désireux de s'assurer de ce qu'il est advenu de la forme de vie extraterrestre, il retourne sur le site de la station de recherche scientifique américaine et découvre avec effroi que la créature a commencé à se reconstituer. La destruction des restes ne résout pas le problème, car MacReady ne peut trouver aucune trace de l'autre rescapé de l'explosion de l'avant-poste 31, Childs. Après diverses péripéties dramatiques, dont la destruction d'un sous-marin, Childs s'avère avoir intégré un bataillon de l'armée. MacReady le retrouve en Amérique du sud, où il est manifeste qu'il est bien en réalité une incarnation du monstre, et il le combat dans la seconde série produite par Dark Horse. Dans les séries ultérieures, la créature atteint un port d'une île de Nouvelle-Zélande. La thématique finit par se rapprocher du scénario non retenu de William NOLAN, la Chose, en s'emparant du corps d'une femme, découvre la différence des sexes et réalise qu'il peut exister un autre mode de reproduction que le processus de division cellulaire. La saga s'achève sur l'envol d'une mouette aux yeux rouges, nouvelle incarnation de la créature, prête à disséminer la menace dans le reste du monde.


Les restes gelés du Monstre-Blair ( à gauche ). Macready poursuit sa traque du redoutable extraterrestre en Amérique du sud, où il emprunte de gigantesques dimensions (à droite)

Une manifestation qui n'est pas sans rappeler l'extraterrestre du célèbre classique de Ridley SCOTT, peut-être le fruit d'une rencontre précédente entre les deux terreurs extra-sidérales.


Comme dans le projet de scénario pour une suite agencé par Todd ROBINSON, la Chose finit dans la saga en bande dessinée par s'emparer de formes de vie marines, produisant de nouvelles incarnations monstrueuses.

Pour être complet, on peut aussi mentionner un jeu vidéo datant de 2002 inspiré par le film, se basant sur l'idée que la Chose se propage au sein d'un laboratoire qui essayait de contrôler la forme de vie extraterrestre pour en faire une arme biologique. A noter que William B. DAVIS (le mystérieux "fumeur" de la série X-FILES) ainsi que John CARPENTER lui-même ont prêté leur voix à des personnages.


Illustration conceptuelle pour le jeu vidéo montrant le monstre atteignant une taille fort respectable, s'attaquant un hélicoptère, lointaine réminiscence de la scène non tournée dans laquelle la Chose s'attaquait à un chasse-neige.

L'illustrateur britannique connu sous l'identité de KADUFLYER avait été contacté par Bob KEEN, le célèbre maquilleur, pour imaginer l'aspect du jeu vidéo, mais ses concepts n'ont pas été retenus ; son style n'est pas sans rappeler celui des dessins conceptuels agencés par Mike PLOOG pour THE THING et THE DARK CRYSTAL.

La consécration tardive de THE THING a aussi engendré un remake non officiel à l'occasion d'un épisode de la première saison de la série X-FILES intitulé PROJECT ARCTIQUE, au point qu'il est parfois gênant d'entendre, au sujet du parasite vermiforme extraterrestre qui possède son hôte, des répliques semblant tant coller au film de John CARPENTER qu'on a une forte impression de déjà vu. Celui-ci se permettait même de reprendre, comme, plus tard LE BOUTON DU MORTun épisode de la troisième saison de AU-DELÀ DU RÉEL, L'AVENTURE CONTINUE (THE NEW OUTER LIMITS) des vues extérieures de la station provenant directement du film.

Le concept développé par Rob BOTTIN a lui-même eu une belle postérité, paraissant inspirer nombre de créateurs de monstres dans les années qui suivirent. Les films LEVIATHAN, THE NEST, POLTERGEIST 2, HOUSE (le "monstre de la guerre"), FROM BEYOND (la manifestation finale),  le remake de THE BLOB ou encore FREDDY 3, ont montré des visages de victimes assimilées et agglomérées dans des créatures monstrueuses.

Comme pour la préquelle de THE THING de 2011, certains se sont même aventurés à convoquer des succédanés monstrueux en usant d'images créées par ordinateur, comme pour la colonne de corps constitutive du monstre de PHANTOMS,  ce qui, pour des créatures organiques, est particulièrement inapproprié, pour ne pas dire hérétique... Sur THE FACULTY, la séparation de la tête d'un personnage (l'enseignante interprétée par Famke JAMSEN) animée d'une vie propre par le trucage numérique paraît une parodie de la séquence de la tête de Norris se pourvoyant de pattes d'araignée, l'aspect absurde occultant cette fois ce que Rob BOTTIN avait pu conserver de dérangeant à cette métamorphose extravagante.

" - Regarde, Fuchs, qu'est-ce que cette actrice vient faire dans la préquelle? Je n'ai pas souvenir qu'il y'ait eu de femme ni dans notre film ni dans la nouvelle originelle..."
 "  - Attendez de voir les effets spéciaux, Docteur, tout a été fait par ordinateur ! "
Jusqu'à présent, aucun ouvrage totalement consacré au film de John CARPENTER n'est sorti, à l'exception du livret analytique signé par Anne BILLSON édité par le British Film Institute, qui décortique la chronologie des scènes du film en s'intéressant à leur mécanisme d'instillation de la peur, et en les rapportant aux angoisses collectives et aux œuvres similaires, mais l'histoire elle-même du projet cinématographique ayant abouti à l'œuvre définitive, comme sommairement relaté ici, n'a pas été restituée de manière réellement détaillée. Un projet de parution d'un livre sur la création du film est cependant en projet," The Complete History of John Carpenter’s The Thing", sous la plume d'un auteur anglais, Michael DOYLE, qui s'est attaché à recueillir un très grand nombre de témoignages de personnes ayant apporté leur concours à THE THING, ainsi que d'appréciations de la part d'autres personnalités. L'auteur promet la révélation de nombreuses anecdotes inédites. Il est, par ailleurs, aussi question de la préparation par le maquilleur Rob BOTTIN d'un livre relatant sa carrière, et incluant notamment des photos représentant la création de la Chose, qu'il aurait prises au cours du processus d'élaboration comme il semble qu'il l'ait fait. Deux ouvrages excitants en perspectives, dont on ne peut que souhaiter qu'ils voient effectivement le jour. Comme dit MacReady: "Il n'y a rien d'autre à faire qu'attendre. Attendre...."

NB : On a rendu compte de la production de la préquelle, on renvoie le lecteur intéressé aux articles concernés :

https://creatures-imagination.blogspot.com/2009/09/retour-annonce-de-deux-grands-monstres.html

https://creatures-imagination.blogspot.com/2010/09/la-chose-se-concretise.html

https://creatures-imagination.blogspot.com/2011/07/la-chose-retrouve-lecran.html

https://creatures-imagination.blogspot.com/2011/12/finalement-la-chose-etait-bien-revenue.html



(* à noter qu'il existe un site en anglais consacré au téléfilm et à son étude, http://specialbulletin.wordpress.com)



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Des marionnettes aux space-operas

Gerry ANDERSON entouré de Pénélope et de son majordome, deux personnages récurrents des SENTINELLES DE l'AIR.


En 1969, il écrit et produit avec son épouse Sylvia le film DANGER, PLANÈTE INCONNUE (DOPPLEGANGER, distribué aux Etats-Unis sous le titre JOURNEY TO THE FAR SIDE OF THE SUN ), réalisé par Robert PARISH, avec Roy THINNES - l'acteur récurrent de la série LES ENVAHISSEURS (THE INVADERS), dans lesquels une équipe d'astronautes découvre une autre Terre totalement identique à la nôtre, mais où tout y inversé comme dans un miroir.

Les extraterrestres étaient souvent d'aspect tout à fait humains dans les productions de Gerry ANDERSON, de UFO à COSMOS 1999 - le célèbre Christopher LEE en a d'ailleurs interprété un occasionnellement dans un épisode de la seconde. Cependant, cette dernière a présenté quelquefois des créatures plus extraordinaires. Dans la première saison, le célèbre épisode LE DOMAINE DU DRAGON (DRAGON'S DOMAIN) préfigure quelque peu ALIENS, l'astronaute Cellini, seul rescapé de sa mission, peinant, comme Ripley dans le film de James CAMERON, à convaincre que l'expédition a été décimée par une créature monstrueuse, tapie comme une araignée dans sa toile au sein du cimetière de vaisseaux spatiaux où échouent les navires intersidéraux. Comme Ripley toujours, Cellini ne pourra faire face à ses cauchemars qu'en retournant se confronter avec son ennemi. La créature est une forme à l'épiderme caoutchouteux, pourvue de tentacules, qui aspire ses victimes dans le vortex lumineux qui émane du centre de son corps et qui recrache leurs corps consumés.


Dans le maelström généré par le prédateur extraterrestre.


Un autre épisode en deux parties UN MESSAGE D'ESPOIR (THE BRINGERS OF WONDERS) montre l'invasion de la base lunaire Alpha investie par des extraterrestres dont l'apparence est celle d'une masse de chair cylindrique dotée d'un oeil saillant. Les créatures extraterrestres de L'ANNEAU DE LA LUNE (RING AROUND THE MOON ) ressemblent à un oeil dans une sphère, rappelant les créatures de l'épisode PIERRE DE LUNE (MOONSTONE) de la série AU-DELÀ DU RÉEL (THE OUTER LIMITS). La série propose aussi un homologue des cerveaux géants de films des années 1950 dans l'épisode CERVEAU SPATIAL (SPACE BRAIN.) Enfin, TOUT CE QUI BRILLE (ALL THAT GLISTERS) montre une énigmatique forme siliceuse, qui représente une forme de vie quasi-minérale.

Ce visiteur de l'espace n'est pas du genre à passer inaperçu.


Des monstres humanoïdes pittoresques parsèment aussi la seconde saison, Fred FREIDEBERGER qui avait déjà repris en main la série STAR TREK, appelé à dynamiser la série, ayant décidé de rajeunir l'audience en ayant recours à davantage d'action; un nouveau personnage, Maya (Katherine SCHELL) est introduit, capable de changer provisoirement son apparence de jeune fille en adoptant l'aspect de monstres pittoresques conférant alors à la série un petit air de la série LOST IN SPACE conçue pour un plus jeune public.

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Quand les gnomes n’étaient pas virtuels..


Il y a bien longtemps, à une époque à laquelle aucun Gollum virtuel n'avait investi les écrans.

Signalons la disparition d’un maquilleur britannique renommé, Stuart FREEBORN, le 6 février 2013, à l’âge de 98 ans. Né le 5 septembre 1914, il rêvait de travailler pour le cinéma et s’entraîna à réaliser sur lui-même des essais de maquillage ; cependant, aucun des professionnels qu’il avait contactés ne donna la moindre suite à ses demandes. Il parvint alors à attirer l’attention des médias en prenant les traits d’Haile SELASSIE au volant de son automobile, donnant l’impression que ce dignitaire étranger se trouvait incognito en Grande-Bretagne et lui valant d’être interrogé par la police. Il adressa alors des coupures de journaux et les photos de l’élaboration de son maquillage à Alexander KORDA, directeur des studios Denham, qui, après lui avoir demandé de recréer le maquillage devant lui, l’engagea. Ayant enfin l’occasion de rencontrer les maquilleurs qu’il admirait et auxquels il avait écrit en vain en leur demandant des conseils, il déclara à ce sujet : « j’ai soudain réalisé qu’ils ne m’avaient pas répondu car ils en savaient moins que moi ». Il commence à travailler en 1936 sur LA BAIE DU DESTIN (WINGS OF THE MORNING), premier film en Technicolor, nécessitant alors que les visages des acteurs soient peints en gris pour éviter qu’ils n’apparaissent en magenta. Non crédité en tant que simple assistant, il apporte son concours à des films comme LE VOLEUR DE BAGDAD (THE THIEF OF BAGDAD). Le nom de Stuart FREEBORN apparaît sur un écran en 1946, mais c’est une nouvelle polémique qui contribue à sa notoriété, en réalisant le nez du Juif Fagin interprété en 1948 par Alec GUINESS dans OLIVER TWIST, qu'on lui a demandé de créer conformément aux illustrations du livre, et qui, jugé trop outrancièrement « sémite », a pu amener certains à considérer le film comme ouvertement antisémite. 

Le maquilleur échappa par la suite de peu à la mort suite à un accident de circulation après une journée de tournage sur LE PONT DE LA RIVIÈRE KWAI, seul rescapé, demeurant durant plusieurs heures accroché à un arbre dans un état semi-conscient.


Un pionnier de l’utilisation de l’animatronique en maquillage

Ayant créé les différents visages de l’acteur Peter SELLERS dans DR FOLAMOUR (DR STRANGELOVE), le réalisateur Stanley KUBRICK fait de nouveau appel à lui pour créer les préhominiens de 2001, L’ODYSEE DE L’ESPACE (2001, SPACE ODYSSEY ). La légende dit que l’Oscar du maquillage spécial fut décerné à John CHAMBERS pour LA PLANÈTE DES SINGES (PLANET OF THE APES) plutôt qu’à Stuart FREEBORN parce que le jury aurait cru que le film de KUBRICK avait utilisé de vrais singes; l’incorporation d’éléments mécaniques pour l’animation du visage pourrait cependant en constituer la véritable raison. Les prothèses de mâchoires simiesques étaient si légères qu’elles accompagnaient les mouvement de celle de l’acteur sur laquelle elles étaient façonnées, et Stuart FREEBORN a aussi conçu un mécanisme permettant aux lèvres de se retrousser, ainsi qu’une fausse langue autour de celle de l’acteur. Il élabora aussi le vieillissement accéléré du personnage principal vu à la fin du film, et eut l'idée d'utiliser une préparation à base d'algues pour donner un teint réaliste aux répliques figurant les plongés en hibernation.


Première version abandonnée des Hominiens de 2001; réalisant qu'il était difficile de dissimuler leurs parties intimes, et ceux-ci se devant d'être dévêtus puisque n'ayant pas encore reçu l'impulsion du Monolithe extraterrestre qui les mènent sur la voie de la technique, Stanley KUBRICK a choisi de les remplacer par des formes plus ancestrales, les Australopithèques présentant l'avantage d'être velus aux endroits dont l'exposition aurait pu heurter les spectateurs.

Stuart FREEBORN supervisa la confection des masques d’extraterrestres vus dans la séquence du bar de LA GUERRE DES ETOILES (STAR WARS) – avant qu’en raison de problèmes de santé, il soit demandé à Rick BAKER d’en concevoir un nombre supplémentaire, et se chargea personnellement du costume de Chewbacca, le compagnon velu d'Han Solo, recouvrant un masque en fibre de verre capable de retranscrire tous les mouvements faciaux de l’interprète Peter MAYHEW. Pour la suite, L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE (THE EMPIRE STRIKES BACK), Stuart FREEBORN eut la responsabilité du personnage de Yoda, lui prêtant sa propre physionomie tout en s’inspirant d’Albert EINSTEIN pour son regard, créant une marionnette mécanisée très sophistiquée qui ne laissa pas insensible Jim HENSON, initiateur de THE DARK CRYSTAL. Stuart FREEBORN a également sur LE RETOUR DU JEDI (RETURN OF THE JEDI) la responsabilité de la nouvelle galerie de monstres pittoresques qui peuplent l’antre de Jabba the Hutt, avec des mécanismes toujours plus sophistiqués. Stuart FREEBORN a aussi conçu les maquillages de LA MALÉDICTION (THE OMEN) ainsi que les faux chiens mécaniques terrifiants qui apparaissent dans le cimetière italien, et contribué aux effets spéciaux de la saga SUPERMAN. Il avait d’abord créé un costume destiné à doter Superman d’une musculature impressionnante, mais celui-ci ne s’est pas avéré utile suite à l’entraînement intensif suivi par l’acteur Christopher REEVES. Il a réalisé la coque permettant à l’acteur de maintenir sa position acrobatique, avant d’être transféré grâce à l’écran bleu sur le théâtre de ses exploits aériens. Stuart FREEBORN met un terme à sa carrière à la fin des années 1980.


Un des masques inventés par Stuart FREEBORN pour le bar de LA GUERRE DES ETOILES, évoquant ceux de certains folklores médiévaux.

La marionnette du Yoda; le vieux sage est devenu si populaire que le créateur d'effets spéciaux Jacques GASTINEAU en avait réalisé une version pour une publicité française, bientôt retirée suite à l'action de George LUCAS.

Si le personnage de Yoda est le personnage non humain de la trilogie STAR WARS qui a le plus touché le public, la création la plus incroyable de Stuart FREEBORN pour la saga est sans doute la créature dénommée Jabba, à l'énorme corps de limace, qu'animent plusieurs manipulateurs cachés à l'intérieur de son corps creux.

L’un des trois fils de Stuart FREEBORN, Graham, était devenu maquilleur, travaillant avec son père et sa mère Kay, mais il a péri prématurément dans un accident en 1986. Le maquilleur britannique Nick MALEY qui fut l’assistant de Stuart FREEBORN, et a eu la responsabilité des maquillages de films prestigieux comme KRULL, LIFEFORCE et LA FORTERESSE NOIRE (THE KEEP), perpétue son héritage artistique, tout comme Nick DUDMAN, auteur des meilleurs effets spéciaux du cycle HARRY POTTER qui  fut un des assistants principaux de Stuart FREEBORN avec son propre fils Graham FREEBORN.



Stuart FREEBORN entouré de son fils Graham et de son épouse Kay dans son atelier, à présent tous trois disparus.

liens : 
première version des humanoïdes de 2001: 
http://www.underview.com/asodoma.html#top
version finale des singes de 2001: 
http://www.underview.com/asodomb.html#top



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Saluons enfin la mémoire de Jacques SADOUL, disparu le 18 janvier 2013 à l'âge de 78 ans, après avoir fait publier en 2006 ses mémoires sous le titre "C'est dans la poche" (éditions Bragelonne). Auteur de romans policiers qui lui permirent d'obtenir en 1986 le Grand prix de la littérature policière avec TROIS MORTS AU SOLEIL, ce natif d'Agen s'était particulièrement distingué dans le domaine de l'édition de science-fiction, se chargeant des collections du Club du livre d'anticipation et Galaxie-bis chez Opta ainsi que de l'importante série relevant du genre chez J'ai lu, incluant nombres de récits de VAN VOGT. Connaisseur des périodiques américains connus sous le nom de pulps des années 1920 et 1930, auxquels il avait consacré une (trop) courte série d'anthologies chez J'ai lu, proposant un volume, occasionnellement deux, du meilleur de la production des principaux magazines, il avait lui-même écrit un célèbre essai sur le genre "Histoire de la science-fiction moderne". Bien qu'assez sévère envers nombre d'auteurs des collections populaires, au moins n'envisageait-il pas l'ensemble de la période des pulps américains, dont nombre de récits comportant d'extraordinaires créatures imaginaires - qu'on évoquera sûrement à l'occasion - avec la condescendance qui lui est généralement allouée, de la même manière qu'il n'estimait pas indignes d'intérêt l'ensemble des auteurs français des années 1950 de la collection Fleuve noir, même si là aussi, il se montra très sélectif quant à ceux qui méritaient d'être repêchés au titre de la science-fiction honorable. On pourra être moins enthousiaste pour une autre série d'anthologie qu'il avait constituée chez J'ai lu, la collection Univers laquelle, à l'opposé des récits des pulps qui, aussi audacieux soit-ils, respectaient un canevas narratif traditionnel, présentait des textes de la science-fiction expérimentale, "new wave" qui n'échappent pas toujours à l'abscons. Comme Gérard KLEIN, Jacques SADOUL se sera en tout cas beaucoup attaché à conférer à la science-fiction ses lettres de noblesse, s'efforçant de faire reconnaître comme tels les grands classiques du genre dans un pays peut enclin à percevoir cette littérature de l'imaginaire comme une forme de culture honorable.


Compilations de pulps éditées par Jacques SADOUL.


Pas plus que le monstre vert et tentaculaire ornant la couverture précédente, la créature aux ailes membraneuses qui orne la partie droite de cette édition de "L'Histoire de la science-fiction moderne" n'est évoquée dans l'ouvrage, Jacques SADOUL n'ayant pas retenu l'auteur de la nouvelle concernée parmi sa sélection opérée parmi les très nombreux écrivains de l'époque de l'Age d'or (qu'on espère avoir l'occasion d'évoquer en ces pages ultérieurement).



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Poursuivons l'action de Stan WINSTON : Une marche blanche en l'honneur de la petite Marina suppliciée dans la Sarthe pendant plus de six ans et tuée à l'âge de 8 ans par ses "parents" se tient au Mans le 7 avril 2013, afin d'attirer l'attention sur la protection insuffisante des enfants martyrs. Les admirateurs du célèbre maquilleur ainsi que les lecteurs de ce blog sont amicalement encouragés à s'y rendre et à diffuser l'information. Le rassemblement débute à 14 heures devant le Mac Donald de l'avenue Georges Durand.




Le T-shirt blanc est de rigueur pour la marche mais il est possible de le personnaliser.


Comme dans le film INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (A.I.) auquel Stan WINSTON a apporté son concours, certains enfants donneraient tout pour que leur mère les aime ( photo montage de Marina SABATIER bébé avec le créateur d'effets spéciaux et son nounours robotisé réalisé pour Steven SPIELBERG ). La société doit les protéger des familles indignes.

On peut lire sur cette tragédie que chacun devrait connaître le livre d'Isabelle LORRAINE, "Une rose blanche", édité chez Edilivre, et disponible sur tous les sites en ligne.